Tignes est une commune française située dans le massif de la Vanoise en Haute-Tarentaise, dans le département de la Savoie en région Auvergne-Rhône-Alpes. Elle comptait 2 005 habitants en 2021.

À l'origine, cette commune de montagne était composée d'un village central et de plusieurs hameaux, essentiellement tournés vers l'agriculture. Le village central est détruit et englouti à la suite de la construction du barrage du Chevril, mis en eau en 1952. Sur ses hauteurs, Tignes devient durant les décennies suivantes une station de ski implantée à plus de 2 000 mètres d'altitude sur deux sites principaux (Tignes le Lac et Tignes Val Claret) et internationalement réputée pour son domaine skiable, couplé avec celui de Val-d'Isère sous l'appellation Espace Killy. Lors des Jeux olympiques d'Albertville de 1992, la station accueille trois épreuves de ski acrobatique ; elle accueille les X-Games Europe d'hiver au cours des années 2010.

 La station de sports d'hiver au bord du lac de Tignes.

Au Moyen Âge, la paroisse de Tignes, dont la communauté de La Val de Tignes (l'actuel Val d'Isère), appartient à la seigneurie de la Val d'Isère avec les paroisses de Montvalezan, Sainte-Foy, Villaroger, ainsi que Séez qui est le centre de celle-ci[1],[2]. Cette seigneurie dépendait initialement de la famille de Briançon[3], apparue vers le Xe siècle, qui porte d'ailleurs le titre de vicomte de Tarentaise, donné soit par les comtes de Savoie[4], soit par l'empereur Henri IV du Saint-Empire[5]. À la fin du XIIIe siècle, sous le règne du comte Philippe Ier de Savoie, les terres des Briançon passent sous le contrôle direct des Savoie, qui prennent le titre de vicomte de Tarentaise[6].

Le 29 mai 1310, Jacquemet de Beaufort obtient en échange de sa seigneurie de Beaufort, la seigneurie de la Val d'Isère et achète le titre de vicomte de Tarentaise en 1346 au comte Amédée V de Savoie, pour 2 000 florins[7].

Au XVe siècle, le titre passe à la famille de Duin (ou Duyn)[2]. Puis en 1540, celui-ci passe à Jean de Duyn-Mareschal. Les membres de cette famille portent selon les textes le nom de Mareschal (de) Duyn (de) La Val d'Isère[2]. Les possessions et titres passent ensuite en 1795, à la famille d'Allinges-Coudrée, dont le dernier descendant, Prosper-Gaëtan d'Allinges, marquis de Coudrée, meurt le 26 février 1843[8].

Avant la Seconde Guerre mondiale, le village de Tignes, situé dans la haute Tarentaise, était quasiment inconnu hors de la Savoie. Situé à l'intérieur d'une cuvette, et bénéficiant de bonnes conditions d'ensoleillement, c'était un des endroits les plus favorables à l'agriculture de haute montagne. Toutefois, cette vie pastorale devait être bouleversée par le développement de deux activités : le tourisme et l'énergie.

Le développement de la pratique du ski dans le val débute dans les années 1930 avec la mise en place des premières remontées mécaniques (mars 1936), des premières écoles de ski privées (hiver 1933-1934)[9], ainsi que des premiers hôtels. Le premier syndicat d'initiative est créé en mars 1937[9].

Dès 1933, l'administration envisage la construction d'un barrage au sommet des gorges des Boisses, mais les Tignards n'en eurent connaissance qu'en 1941. La construction débute en 1946 et le village est finalement noyé en 1952, quand le barrage du Chevril acheva son plein d'eau. 384 habitants du village sont déplacés[10]. Cependant, cela ne s'est pas fait sans tensions. L'aménagement de la structure semble remettre en cause la pratique pastorale des habitants qui gardent leurs troupeaux dans les étables du village durant la période hivernale et les laissent paître autour du lac en été, avant de vendre leur production à La Val[10]. Par ailleurs, le système d'achat, peu clair, des maisons et des terrains a débouché sur une certaine méfiance de la part des habitants[10]. Enfin, aucune information n'a été donnée aux habitants sur leur futur comme les questions de reconstruction des bâtiments administratifs, déplacement du cimetière et de l'église, voire de leur propre réinstallation[10]. Face aux différents grondements, craignant une forme d'insurrection à la suite d'actes de sabotage, le préfet de la Savoie demande l'intervention de la garde mobile[10]. La commune de Tignes assigne EDF en justice[10]. Des CRS surveillent désormais le chantier de construction. En 1951, une décision par la Commission arbitrale est rendue pour le dédommagement de la population et diffère de celui, inférieur, proposé par la société énergétique[10]. Les événements s’enchaînent avec la mise en œuvre opérationnelle du barrage alors que les opérations de déménagement du cimetière, des archives et d'une partie de la population n'ont pas commencé[10]. Le tout se fera manu militari avec le déplacement du cimetière, l'expulsion des réfractaires et le dynamitage final des maisons et de l'église le 24 avril 1952[11]. Le 4 juillet 1953, le président de la République Vincent Auriol inaugure le barrage[10].

Vue générale du lac du Chevril vide avec les restes de l'ancien village de Tignes au fond. 
Vue générale du lac du Chevril vide avec les restes de l'ancien village de Tignes au fond.
Vue de la route avec un petit pont et des traces d'habitations. 
Vue de la route avec un petit pont et des traces d'habitations.
Vue de l'ancien pont par-dessus l'Isère habituellement englouti. 
Vue de l'ancien pont par-dessus l'Isère habituellement englouti.
Vue des vestiges de l'ancien village de Tignes et de la route. 
Vue des vestiges de l'ancien village de Tignes et de la route.
Lavoir de l'ancien village remonté à Tignes-Le Lac. 
Lavoir de l'ancien village remonté à Tignes-Le Lac.

À partir de 1956 commença, près du lac naturel de Tignes, à 2 100 mètres, la construction de la station de sports d'hiver. La station s'étendit ensuite de l'autre côté du lac, à partir de 1968, sur le site du Val Claret (2 150 m), avec essentiellement des constructions en hauteur du fait de l'espace limité. Adoptant une philosophie qui se voulait novatrice pour l'époque, consistant à interpénétrer espace skiable et station, le Val Claret fut en requalification progressive. La construction des résidences de haut-standing MGM dans un style plus proche du chalet de haute montagne devrait en changer progressivement le visage.

La station de Tignes est choisie pour accueillir trois épreuves de ski acrobatique lors des Jeux olympiques d'hiver de 1992, organisés par la ville d'Albertville et le département de la Savoie[12].

Chanoine Joseph Garin, Le Beaufortain : une belle vallée de Savoie : guide historique et touristique illustré, Montmélian, La Fontaine de Siloé, 1996 (réimpr. 1996) (1re éd. 1939), 287 p. (ISBN 978-2-84206-020-6 et 2-84206-020-2, lire en ligne), p. 33. ↑ a b et c Hudry 1982, p. 173. Jean-Paul Bergeri, Histoire de Moûtiers : Capitale de la Tarentaise, Montmélian, La Fontaine de Siloé, Coll. « Les Savoisiennes », 2007, 503 p. (ISBN 978-2-84206-341-2, lire en ligne), p. 293. Hudry 1982, p. 14. D'après Léon Vercoutère, auteur de Les seigneurs de Briançon et d'Aigueblanche en Tarentaise (1933), repris par Bernard Bligny, L'église et les ordres religieux dans le royaume de Bourgogne, Impr. Allier, 1960, 535 p. (ISBN 978-2-7171-0159-1), p. 138. Volume 1 de Archives de l'ancien duché de Savoie. Série S A. Inventaire, Archives départementales de la Savoie, 1966, p. 59. Marcel Charvin, Histoires... de Val d'Isère, Éditions du C.N.R.S., Centre régional de publications Lyon, 1979, 323 pages, p. 69. Christian Regat et François Aubert, Châteaux de Haute-Savoie : Chablais, Faucigny, Genevois, Éditions Cabédita, 1999, 193 p. (ISBN 978-2-88295-117-5), p. 163. ↑ a et b Alzieu 1999, p. 138. ↑ a b c d e f g h et i Armelle Faure, « Le barrage de Tignes, questions sociales » (p. 27-29), dans Nathalie Blanc et Sophie Bonin, Grands barrages et habitants. Les risques sociaux du développement, Éditions Quæ, coll. « Natures sociales », 2008, 336 p. (ISBN 978-2-7592-0071-9). Fabien Fournier, « Tignes, mon amour », L'Express,‎ 4 mai 2000 (lire en ligne). Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Ponson 113
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