Ostie (en latin Ostia, ostium signifiant : « embouchure d'un fleuve » ; en italien Ostia Antica) était le port de la Rome antique, situé à l'embouchure du Tibre, à 35 km au sud-ouest de Rome (du fait de l'ensablement, le site se trouve désormais à l'intérieur des terres).

Le port antique importait les céréales, l'huile d'olive, le vin, le garum et les autres marchandises en provenance de tout le monde romain, qui étaient ensuite acheminées jusqu'au port fluvial de l'Emporium.

La ville portuaire, abandonnée à la fin de l'Empire romain, conserve des rues et des bâtiments antiques, en particulier des entrepôts, des boutiques, des sanctuaires et des immeubles d'habitation (insulae), parfois sur une hauteur de plusieurs étages.

Elle est parfois confondue avec l'actuelle ville d'Ostie qui se trouve non loin de là sur le littoral, ainsi qu'avec la localité d'Ost...Lire la suite

Ostie (en latin Ostia, ostium signifiant : « embouchure d'un fleuve » ; en italien Ostia Antica) était le port de la Rome antique, situé à l'embouchure du Tibre, à 35 km au sud-ouest de Rome (du fait de l'ensablement, le site se trouve désormais à l'intérieur des terres).

Le port antique importait les céréales, l'huile d'olive, le vin, le garum et les autres marchandises en provenance de tout le monde romain, qui étaient ensuite acheminées jusqu'au port fluvial de l'Emporium.

La ville portuaire, abandonnée à la fin de l'Empire romain, conserve des rues et des bâtiments antiques, en particulier des entrepôts, des boutiques, des sanctuaires et des immeubles d'habitation (insulae), parfois sur une hauteur de plusieurs étages.

Elle est parfois confondue avec l'actuelle ville d'Ostie qui se trouve non loin de là sur le littoral, ainsi qu'avec la localité d'Ostia Antica qui se situe à proximité.

Période archaïque  Plan d'Ostie, emplacement du castrum en vert.

Selon Virgile, c'est à l'embouchure du Tibre, sur le site d'Ostie que le prince Énée, fuyant l'incendie de Troie, aurait débarqué et implanté un fort[1], licence poétique même pour les Romains, puisque Varron fait débarquer Énée à Lanuvium.

Selon la tradition romaine rapportée par de nombreux auteurs[2], la ville aurait été fondée vers 640 av. J.-C. par Ancus Marcius, quatrième roi légendaire de Rome. Ces auteurs évoquent un site entouré de bois et de salines, mais aussi l'inconvénient de l'alluvionnement du Tibre, qui gêne l'accès des gros navires et oblige à transborder les cargaisons sur des barques fluviales[3].

Les recherches archéologiques ne font cependant pas remonter l'existence d'Ostie au-delà de 335 av. J.-C.[4], et l'inscription la plus ancienne est une borne milliaire de la via Ostiensis datée entre le milieu et la fin du IIIe siècle[5]. La fondation d'un castrum (camp militaire) pourrait avoir eu lieu lors du desserrement du contrôle étrusque sur la rive droite du Tibre, après la prise de Fidènes en 426 av. J.-C. ou celle de Véies en 396 av. J.-C.[6]. Le tracé archéologique du camp est bien repéré par ses vestiges de murs en grand appareil de tuf volcanique au cœur d'Ostie dans un rectangle de 193 par 125 mètres, orienté sur les axes cardinaux selon les rites de fondation[4]

Période républicaine  Voie d'entrée des ruines d'Ostie.

En 267 av. J.-C. est instituée la questure d'Ostie (quaestor classicus), chargée de l'acheminement du ravitaillement jusqu'à Rome[7] : cette date marque le départ de la transformation de la petite citadelle en une véritable ville romaine, plus grande, entourée de nouveaux murs, prévoyant la place pour le développement futur.

La deuxième guerre punique montre l'importance stratégique d'Ostie. En 217 av. J.-C., les bateaux chargés des approvisionnements pour l'armée romaine qui se trouvait en Ibérie partirent d'Ostie[8], et en 212 av. J.-C., le blé provenant de la Sardaigne y était entreposé[9]. En 211 av. J.-C., Publius Cornelius Scipion part d'Ostie avec ses trente quinquérèmes et gagne l'Espagne en longeant les côtes[10]. En 204 av. J.-C., un navire qui ramène la statue de la déesse Cybèle s'échoue et selon la tradition est miraculeusement halé par la vestale Claudia Quinta. L'épisode témoigne des difficultés de débarquement dans une embouchure sujette à l'alluvionnement[11].

Au cours du IIe siècle av. J.-C., le préteur urbain Caius Caninius déclare domaine public l'espace qui borde l'ancien castrum vers la via ostiensis et le délimite de quatre cippes. Cette zone restera toujours publique, et verra sous l'Empire l'édification de bâtiments publics tel que le théâtre et la place des Corporations[12].

En 87 av. J.-C., cherchant à s'imposer au Sénat romain, Marius débarque à Ostie avec une flotte de 40 navires, la pille et tue une partie des habitants, puis bloque les approvisionnements maritimes de ses adversaires et prend le contrôle de Rome[13],[14].

La ville est pillée et ses bateaux sont brûlés par les pirates en 69 av. J.-C.[15]. En 63 av. J.-C., pour protéger la ville et l'approvisionnement de Rome, le consul Cicéron lance les travaux de réfection des murailles et des portes, qui seront achevés par Clodius Pulcher en 58 av. J.-C.[16]. Lors des guerres civiles, Ostie est de nouveau menacée par Sextus Pompée qui s’oppose au second triumvirat[17].

À l'époque républicaine, la ville était seulement considérée comme l'emporium (le comptoir) de Rome, avec ses nombreuses boutiques et ses entrepôts. D'élégantes maisons à atrium et péristyle furent construites, tandis que les rues étaient ornées de colonnades. Sous les voies couraient les égouts, alors que les cimetières étaient rejetés hors les murs dans des nécropoles. La population à la fin de la république peut être estimée grâce à l'inscription de P. Lucilius Gamala[18] qui offrit aux colons d'Ostie un banquet public de 217 lits, soit 1 953 personnes sur la base de 9 convives par lit. Les femmes, les enfants et probablement les affranchis n'ayant pas pris part au banquet, on extrapole une population d'environ 10 000 habitants[19].

Le développement du luxe à Rome engendre de nouvelles importations : au dernier siècle de la république romaine, de riches aristocrates décorent leur maison de marbres venus de Numidie ou de l'île de Chio, puis Auguste et ses successeurs font venir d'Égypte de grandes quantités de marbre, d'onyx, de basanite, de granite[20]. D'exceptionnels transports sont réalisés sous Auguste et Caligula avec l'arrivée d'obélisques entiers en granite.

Le port d'Ostie

L’emplacement exact du port fluvial d’embouchure d’Ostie est longtemps resté incertain. Depuis la Renaissance, de nombreuses tentatives de localisation du port d’Ostie ont été entreprises, sans succès. Il faut attendre les XIXe et XXe siècles pour que des archéologues italiens identifient un secteur au nord-ouest de la ville, proche du « Palais Impérial », comme le site potentiel [21]. Au début du XXIe siècle, des archéologues allemands confirment la probable localisation du bassin, dans ce secteur nord, au moyen de prospections magnétiques. Toutefois, pour certains, l’absence de structures archéologiques dans cette parcelle attestait la présence d’un bassin, tandis que pour d’autres elle impliquait davantage la présence d’une place ou d’un espace destiné au débarquement des marchandises et à leur manœuvre.

Il faut attendre 2012 pour que des carottages sédimentaires valident la présence d'un bassin portuaire à Ostie [1]. La stratigraphie révèle que les premiers sédiments portuaires, datés au radiocarbone, remontent entre le IVe et IIe s. av. J.-C.[21]. Le bassin disposait d'une profondeur de 6 mètres sous le niveau marin antique. Cette donnée bathymétrique est importante car, considéré jusqu’alors comme un port essentiellement fluvial, ne pouvant accueillir que des bateaux à faible tirant d’eau, ce bassin d’Ostie bénéficiait en réalité d'une profondeur suffisante pour accueillir de grands navires maritimes à fort tonnage. Enfin, la strate la plus récente, constituée d’accumulations massives d’alluvions, témoigne de l’abandon du bassin à l’époque romaine impériale. Grâce aux datations au radiocarbone, il est possible d’en déduire qu’une succession d’épisodes de crues majeures du Tibre est venue colmater définitivement le bassin portuaire d’Ostie entre le IIe siècle av. J.-C. et le premier quart du Ier siècle apr. J.-C.[22]. Ces résultats sont en accord avec le discours du géographe Strabon (58 av. J.-C. – 21/25 ap. J.-C.) qui indique un comblement du port d’Ostie par des sédiments du Tibre à son époque : "Ostie, n'a point de port, et cela à cause des atterrissements formés à l'embouchure du Tibre par le limon que charrient le fleuve et ses nombreux affluents; il faut donc (ce qui n'est pas sans danger) que les bâtiments venant du large jettent l'ancre à une certaine distance de la côte et restent ainsi exposés à toute l'agitation de la pleine mer. Mais l'appât du gain fait surmonter tous les obstacles : il y a à Ostie une foule d'embarcations légères toujours prêtes, soit à venir prendre les marchandises des navires à l'ancre, soit à leur en apporter d'autres en échange, ce qui permet à ces navires de repartir promptement, sans avoir eu même à entrer dans le fleuve" (Strabon, Géographie, livre V, chap. III, parag. 5)[23].

Ce bassin portuaire d'Ostie, une fois ensablé, a alors été abandonné au profit d’un nouveau complexe portuaire construit à 3 km au nord d'Ostie, du nom de Portus. L'empereur Claude commence à construire un immense bassin, puis Trajan complète le dispositif avec un bassin hexagonal.

Port de Claude  Embouchure du Tibre avec sur l'extrême gauche : le port hexagonal de Trajan et site d'Ostie antique. Entre les deux : Isola Sacra.

En son temps déjà, Jules César avait envisagé de créer un nouveau port à l'embouchure du Tibre, mais il y avait renoncé, en raison des difficultés techniques. Cependant l'augmentation du trafic rendait insuffisant le mouillage naturel d'Ostie, par ailleurs difficile en raison des bancs de sable, et l'empereur Claude fit construire, à partir de 42, un nouveau port à environ trois kilomètres au nord d'Ostie (41,777968694, 12,250614194), le Portus Claudii[24]. Un grand bassin artificiel alimenté et drainé par un canal dérivé du Tibre fut inauguré en 46[25]. Ce port fut achevé par Néron, vers 64-66 et doté d'un phare comme l'indiquerait une monnaie de Néron de 64 doté d'un phare. Une nouvelle ville, Portus, se développa autour du nouveau port, au détriment d'Ostie.

Le port, de forme à peu près circulaire, fut créé à partir d'un bassin artificiel de 90 ha et de 4 à 5 m de profondeur, construit sur une lagune en formation dont le cordon sablonneux constituait une protection naturelle. Le bassin fut protégé par une immense digue de 758 m de long et 3 m de large, laissant une entrée de 206 m, ménagée entre la digue et un môle de 600 m de long et 12 m de large, le monte Giulio, reposant au nord-est sur la terre ferme. Des débarcadères et des horrea furent installés sur les deux bras du port, faisant chacun plus de cent hectares, pour le déchargement et le stockage des marchandises.

Entre les deux digues avait été érigé un phare maritime fondé sur un îlot artificiel formé par le grand bateau de 104 m de long[26] utilisé par Caligula pour ramener d'Égypte l'obélisque du Vatican : le navire avait été rempli de roches, puis coulé en mer.

Port de Trajan  Navires de commerce du bureau des armateurs de Carthage. Mosaïque de sol, place des Corporations à Ostie.

Mais ce nouveau port était exposé aux lames lors des tempêtes. Tacite rapporte qu'en 62, une tempête envoya par le fond environ deux cents navires dans le port même[27]. Aussi l'empereur Trajan fit-il construire un nouveau port, le Portus Traiani, plus fonctionnel et un peu plus en retrait (41,779280806, 12,262287111). Les travaux furent menés de 100 à 112, pour aménager un bassin hexagonal de 358 m de côté et 5 m de profondeur, pour une surface de 32 hectares, avec 2 000 m de quais, relié au Tibre par un nouveau canal, la « fosse Trajane » (aujourd'hui canal de Fiumicino), et à Rome par la Via Portuensis.
De nouveaux grands magasins à étage et des entrepôts sont construits, couvrant une surface de 10 ha, pour assurer une meilleure conservation des denrées alimentaires. Tous les produits du monde méditerranéen antique y sont stockés : les produits et objets courants (chandelles, torches, cahiers de parchemin, rouleaux de papyrus) ; les denrées alimentaires (poivre et épices, quintaux de blé, amphores de vin, jarres d'huile d'olive), les vêtements, les matériaux de construction.

Une étude des universités de Southampton et de Cambridge en cours depuis 2007 montre une visite virtuelle des ports de Claude et de Trajan.

Si les amarrages sont mieux protégés, la navigation reste dépendante de la belle saison, et la circulation maritime s'interrompt chaque année à mi-novembre[28].

Les courants commerciaux

L’étude des vestiges en terre cuite, qu’il s’agisse d’ustensiles ou de contenants, apporte des informations sur les circuits commerciaux autres que ceux des céréales et des matériaux de construction. Par sa forme typique et standardisée, une amphore renseigne sur son pays de fabrication et son contenu. La colline du Testaccio à Rome est ainsi une mine archéologique évaluée à 50 millions d’amphores, jetées entre le règne d’Auguste et 255, pour les trois quarts des amphores d’huile de Bétique[29].

Au début de l’Empire, les échanges entre Ostie et les provinces se font dans les deux sens. La part du vin italien exporté massivement durant la République tend à se réduire, sauf pour les crus de qualité. En revanche, la céramique sigillée d’Arezzo et les lampes à huile sont diffusées dans tout l’Empire. Dans l’autre sens, Ostie importe des vins à bon marché de Tarraconaise, l’huile d’olive de Bétique, le garum et les conserves de poissons de Bétique[30] et de Maurétanie Tingitane[31].

Au Ier siècle, les productions gauloises de sigillée et de vin concurrencent celles d’Espagne et d’Italie : vers 75, le vin à Ostie est pour 40 % gaulois, pour moins de 30 % italien et pour moins de 15 % espagnol. Le vin de Tarraconaise disparaît à Ostie à la fin du Ier siècle. Les importations de vins fins provenant des îles de la mer Égée se maintiennent au Ier siècle et au IIe siècle à un niveau marginal mais régulier d’environ 5 %[32].

Les importations en provenance d’Afrique romaine ne concernent pas uniquement le blé. Sous les Flaviens, les productions africaines arrivent de plus en plus à Ostie, avec l’huile d’olive ou la poterie de cuisine de qualité commune. Dans la deuxième moitié du IIe siècle, les amphores africaines sont aussi nombreuses à Ostie que celles d’Espagne et représentent environ un quart du total. Elles les supplantent dans les années 230/240, en constituant près de la moitié des trouvailles dans les fouilles[33].

Au début du IIIe siècle, les importations de garum de Bétique et de Mauritanie Tingitane s’effondrent, et la part des vins gaulois diminue nettement. Le vin de Maurétanie Césarienne dépasse alors le vin gaulois, et la vaisselle fine de fabrication africaine domine à Ostie[33].

Apogée du développement urbain  Moulins, à Ostie. Thermopolium à Ostie.

Ostie est au faîte de sa prospérité, aux IIe et IIIe siècles. L'estimation de sa population est délicate comme pour toute ville antique, diverses méthodes basées sur la superficie construite et des coefficients de densité la situent entre 27 000 habitants selon Parker, 36 000 selon Guido Calza et Girri, 50 000 à 60 000 pour Russell Meiggs[34].

L'afflux de population dû aux travaux de Trajan et à l'essor de l'activité entraîne la construction de grands immeubles d'habitation à plusieurs étages. Hadrien, en qualité de duumvir quinquenal d'Ostie en 121 et 126 lance d'importants programmes d'aménagement dans le centre, fournit les marbres pour le nouveau Capitole, finance à hauteur de deux millions de sesterces les thermes de Neptune et fait reconstruire le quartier de la caserne des vigiles[35]. Antonin le Pieux achève ces travaux. En 180, l'empereur Commode fait construire le nouveau théâtre d'Ostie. Puis, de 203 à 217, Septime Sévère et Caracalla font agrandir et rénover le théâtre et la place des Corporations, où se pressent les bureaux des marchands, armateurs et banquiers.

Des magistrats et fonctionnaires sont chargés de surveiller le chargement et le déchargement des denrées alimentaires, d'en contrôler la qualité et la quantité, d'effectuer les paiements et prélever les taxes, de faire assurer le respect des contrats, en particulier ceux entre l'État et le privé, de gérer les rapports avec les armateurs, de surveiller les corporations de travailleurs des bacs transbordeurs, des docks, des chantiers navals, et des maçons chargés de l'entretien des quais et des entrepôts. Il y avait même une corporation de plongeurs chargés de récupérer les marchandises tombées à l'eau.

Déclin

La crise du troisième siècle provoque un ralentissement de l'activité commerciale et portuaire. Les dépôts d'amphores du Testaccio à Rome témoignent d'un arrêt des importations d'huile espagnole. Mal entretenu, le port d'Ostie tend à s'ensabler, tandis que Portus est moins touché par le marasme économique[36]

Au début du IVe siècle, Constantin Ier transfère le statut de municipe à Portus et prive Ostie de son autonomie administrative : c'est le début d'une lente décadence. L'activité d'Ostie diminue, et de nombreuses maisons à étages destinées à l'habitat populaire sont transformées en luxueuses résidences pour l'aristocratie[37].

En 387, Augustin d'Hippone fait étape à Ostie, dans une maison avec jardin. Sa mère Monique y trouve la mort pendant qu'ils attendaient d'embarquer pour l'Afrique[38]. En 417, le poète Rutilius Namatianus rejoint Portus depuis Rome en passant par le bras droit du Tibre, car le bras gauche qui dessert Ostie est ensablé et impraticable[39]. Néanmoins, au Ve siècle, Cassiodore évoque dans sa correspondance les deux villes de l'embouchure du Tibre - Portus et Ostie - comme des cités très décorées (ornatissimas civitates)[40].

Au VIe siècle, Procope de Césarée décrit Ostie et Portus dans sa Guerre des Goths : Ostie n'a plus de murailles, et la route terrestre d'Ostie à Rome n'est pas entretenue, tandis que reste actif à Portus le déchargement des navires sur des embarcations fluviales halées par des bœufs. Pour affamer l'armée de Bélisaire, les Ostrogoths assiègent et s'emparent de Portus, obligeant les bateaux romains à décharger à Antium, à un jour de marche d'Ostie[41].

Face à la menace des pirates sarrasins, Ostie est trop étendue dans son périmètre antique et est abandonnée, le pape Grégoire IV la cantonne en 830 dans une enceinte réduite nommée un temps Gregoriopolis en son honneur. Ceci n’empêche pas un raid des Sarrasins en 846, qui s’emparent de Porto et d’Ostie et pillent les environs de Rome[42].

En ruines, Ostie s'ensable, tandis qu'au fil des siècles, les alluvions du Tibre repoussent le rivage. Une inondation modifie le cours du Tibre, raccourcissant la boucle qu'il formait en amont d'Ostie, et érode une partie nord du site.

Abandon, et redécouverte

La cité antique demeure à l'abandon, mais ne tombe pas dans un oubli complet. Lorsqu’en 1581, Montaigne la visite, il y trouve de grandes ruines et des pacages, entend les appellations de « lac de Trajan » et « Arc de Claudius » pour les bassins de Porto, traverse l'« Îsle sacrée » puis Ostie. Il note que le pape fait « désenterrer tous les jours et porter à Rome » des colonnes de marbre[43]. Les besoins de la Rome de la Renaissance provoquent la récupération de marbres antiques comme matériau de décoration ou comme aliment des fours à chaux.

Le XVIIIe siècle voit le développement de l’intérêt pour l’art antique, et les fouilles clandestines ou autorisées font la chasse aux belles œuvres qui partent en Angleterre ou dans les musées du Vatican[44]. Sous l’impulsion du pape Pie VII, les premières fouilles à vocation archéologique commencent en 1802-1804, et se poursuivent par intermittence à partir de 1824 puis de 1855, conduites par Ercole Visconti avec la restauration de ce qui est encore debout. C'est également au XIXe siècle, à la suite des travaux de bonification des salines, qu'une ville moderne homonyme est construite à proximité. Le rattachement en 1870 des États de l'Église au reste de l’Italie interrompt les recherches, qui ne reprennent qu’en 1909 avec une équipe d’archéologues sous la direction de Dante Vaglieri puis de Guido Calza de 1913 à 1946. La période mussolinienne pour des raisons idéologiques (retrouver le souvenir de la grandeur de Rome) mène avec des travaux d’ampleur de 1938 à 1942 : quelque 600 000 mètres cubes de déblais sont dégagés mais, comme le déplore Filippo Coarelli, avec des méthodes hâtives et peu scientifiques et des restaurations excessives comme sur le théâtre. Les diverses secteurs fouillés sont réunis en seul tenant, la superficie visible double pour atteindre les 34 hectares, sensiblement la surface actuelle, et le plan de la ville antique est établi pour les deux tiers de son extension[45],[37].

Les travaux archéologiques se sont poursuivis à notre époque, et font l’objet de communications régulières[46].

Les ruines très étendues ne le cèdent qu'à celles de Pompéi. Aujourd'hui, à l'exemple d'Aigues-Mortes en Camargue, les ruines d'Ostie sont entourées de champs et situées à 4 km à l'intérieur des terres. Les eaux jaunes du Tibre, lourdement chargées, forment, en se jetant dans la mer, une côte alluviale, plate et marécageuse. Une station balnéaire, le lido d'Ostie, s'y est développée au XXe siècle. Cette agglomération a été incorporée dans la commune de Rome à l'époque fasciste.

Virgile, Énéide, VII, 157; IX, 8, 36, etc; X, 122; XI, 466 Cicéron, De republica, II, 5; Tite-Live, Histoire romaine, I, 33; Denys d'Halicarnasse, III, XVI, 2, 44, 4; Strabon, 58, 25 Chevallier 1986, p. 12-20 ↑ a et b Chevallier 1986, p. 53-54 CIL VI, 31585 Coarelli 1994, p. 313 Cébeillac-Gervasoni, Caldelli et Zevi 2006, p. 23. Tite-Live, Histoire romaine, XXII, 11, 6-7 Tite-Live, Histoire romaine, XXV, 20, 3 Tite-Live, Histoire romaine, XXVI, 19, 11 Aurelius Victor, de viris illustribus, 46 Cébeillac-Gervasoni, Caldelli et Zevi 2006, p. 82-83. Periochae de Tite-Live, 79; Appien, Guerres civiles, I, 67; Orose, V, 19, 17; Plutarque, Vie de Marius, 42 François Hinard, Sylla, Fayard, 1985, (ISBN 2-213-01672-0), p. 143 Dion Cassius, Histoire romaine, livre XXXVI, 22 Inscriptions CIL XIV, 4707 de la Porta Romana dans Cébeillac-Gervasoni, Caldelli et Zevi 2006, p. 90-92. Florus, 2, 18, 2 CIL XIV, 375 CIL 375 Cébeillac-Gervasoni, Caldelli et Zevi 2006, p. 98, 100-101. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, livre XXXVI, 8, 11-12 ↑ a et b GOIRAN J.-Ph., SALOMON F., PLEUGER E., VITTORI C., MAZZINI I., BOETTO G., « Port antique d'Ostie : résultats préliminaires de la première campagne de carottages », Chronique MEFRA,‎ 2012 (lire en ligne) (en) J.-Ph. Goiran, F. Salomon, I. Mazzini, Jean-P. Bravard, E. Pleuger, C. Vittori, G. Boetto, J. Christiansen, P. Arnaud, A. Pellegrino, C. Pepe, L. Sadori, « Geoarchaeology confirms location of the ancient river mouth harbour of Ostia (Italy) », Journal of Archaeological Sciences, no 41,‎ 2014, p. 389-398. (lire en ligne) « Strabon Géographie » (en + it) Museo delle navi Romane Inscription CIL XIV, 85 Filippo Coarelli, Guide archéologique de Rome, 1998, p. 325 Tacite, Annales, livre XV, 18 Chevallier 1986, p. 30 Jacques et Scheid 1999, p. 388 Jacques et Scheid 1999, p. 390 Jacques et Scheid 1999, p. 391 Jacques et Scheid 1999, p. 392 ↑ a et b Jacques et Scheid 1999, p. 394 Chevallier 1986, p. 147-148 Cébeillac-Gervasoni, Caldelli et Zevi 2006, p. 147, 210. André Chastagnol, L'évolution politique, sociale et économique du monde romain de Dioclétien à Julien : La mise en place du régime du Bas-Empire (284-363), Sedes, coll. « Regards sur l'histoire », 1994 (1re éd. 1985), (ISBN 2-7181-3552-2), pp. 56-57. ↑ a et b Coarelli 1994, p. 315 Augustin d'Hippone, Confessions, livre IX, chap X, 23 Rutilius Namatianus, De reditu suo, I, 179 et suivants Cassiodore, Variae, VII, 9 Procope de Césarée, Guerre des Goths,V, 3 ; XXVI, 8, 13, 16, 17 Lucien Musset, Les invasions, le second assaut contre l’Europe chrétienne, PUF, collection Nouvelle Clio – l’histoire et ses problèmes, Paris, 1965, 2e édition 1971, p. 161 Journal du voyage de Michel de Montaigne en Italie par la Suisse et l'Allemagne en 1580 & 1581, Avec des Notes par M. de Querlon. Édition par Meusnier de Querlon du journal rédigé en route et non repris par Montaigne. Le Jay, Rome et Paris, 1774. lire en ligne sur Wikisource Chevallier 1986, p. 38-39 Jeannine Siat, Promenades romaines, le port d’Ostie, Lethielleux, 2004, (ISBN 2283612284), p. 14. Sur le site (en) ostia antica.org
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