Australia

Australie
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Contexte de Australie

L'Australie, en forme longue le Commonwealth d'Australie (en anglais : Australia et Commonwealth of Australia), est un pays d'Océanie, situé entre les océans Pacifique et Indien. Elle comprend la partie continentale du continent australien, l'île de Tasmanie ainsi que de nombreuses petites îles. Elle est entourée par l'Indonésie, le Timor oriental et la Papouasie-Nouvelle-Guinée au nord, les îles Salomon, le Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie au nord-est et la Nouvelle-Zélande au sud-est. L'État le plus proche de l'Australie est la Papouasie-Nouvelle-Guinée, toutes deux séparées par le détroit de Torrès, large en son point le plus étroit de seulement 40 km.

Avec une superficie de 7 741 200 km2, l'Australie est le plus grand pays d'Océanie et le sixième plus grand pays du monde. Son territoire continent...Lire la suite

L'Australie, en forme longue le Commonwealth d'Australie (en anglais : Australia et Commonwealth of Australia), est un pays d'Océanie, situé entre les océans Pacifique et Indien. Elle comprend la partie continentale du continent australien, l'île de Tasmanie ainsi que de nombreuses petites îles. Elle est entourée par l'Indonésie, le Timor oriental et la Papouasie-Nouvelle-Guinée au nord, les îles Salomon, le Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie au nord-est et la Nouvelle-Zélande au sud-est. L'État le plus proche de l'Australie est la Papouasie-Nouvelle-Guinée, toutes deux séparées par le détroit de Torrès, large en son point le plus étroit de seulement 40 km.

Avec une superficie de 7 741 200 km2, l'Australie est le plus grand pays d'Océanie et le sixième plus grand pays du monde. Son territoire continental est plat et sec, avec des sols peu fertiles. L'Australie est un pays mégadivers et sa taille lui confère une grande variété de paysages et de climats, avec des déserts au centre, des forêts tropicales humides au nord-est et des chaînes de montagnes au sud-est.

Le territoire australien a d'abord été habité par des peuples aborigènes, dont les premiers peuplements sont arrivés d'Asie du Sud-Est il y a environ 50 000 ans, au cours de la dernière période glaciaire. L'exploration maritime du territoire par les Européens commence au début du XVIIe siècle. En 1606, le navigateur néerlandais Willem Janszoon devient le premier Européen à atteindre la partie continentale de l'Australie. En 1770, l'explorateur britannique James Cook cartographie et revendique la côte est pour la Grande-Bretagne.

Le , la Première flotte de navires britanniques arrive à Sydney Cove pour établir la colonie pénitentiaire de Nouvelle-Galles du Sud. Au cours des décennies suivantes, les Britanniques colonisent des terres qu'ils considèrent comme terra nullius, mais qui mènent aux guerres de la frontière décimant les populations autochtones d'Australie, qui comptaient jusque-là 300 000 à un million d'individus. Au moment de la ruée vers l'or des années 1850, cinq autres colonies ont été établies. Des parlements démocratiques sont progressivement instaurés au cours du XIXe siècle, culminant avec un vote en faveur de la Fédération des six colonies le , pour former le Commonwealth d'Australie. Depuis, l'Australie maintient un système politique stable de type démocratie libérale ainsi qu'une riche économie de marché.

Politiquement, l'Australie est une monarchie constitutionnelle parlementaire fédérale, constituée de six États et dix territoires. Le roi, représenté par le gouverneur général, agit comme chef d'État et le Premier ministre agit comme chef du gouvernement. Sa capitale est Canberra, tandis que sa ville la plus peuplée et son centre financier est Sydney. Ses autres grandes villes sont Melbourne, Brisbane, Perth et Adélaïde. Sa population, estimée à près de 26 millions d'habitants en 2021, est en majorité blanche, mais elle comporte également plusieurs minorités raciales, depuis la fin de la politique de l'Australie blanche en 1973. Elle est fortement urbanisée et est majoritairement concentrée sur la côte est. Aujourd'hui, les immigrés représentent 30 % de la population du pays.

L'Australie est un pays développé avec une économie à revenu élevé. Ses ressources naturelles abondantes et ses relations commerciales internationales développées sont essentielles pour son économie, qui génère des revenus à partir des services, des exportations minières, de la banque, de l'industrie manufacturière, de l'agriculture et de l'éducation internationale. En 2022, l'Australie est la douzième économie mondiale avec le neuvième revenu par habitant le plus élevé. L'Australie est une puissance régionale et possède la treizième plus grande dépense militaire au monde.

L'Australie figure en haut des classements internationaux en termes de qualité de vie, de démocratie, de santé, d'éducation, de liberté économique, de libertés publiques, de sécurité et de droits politiques. En 2017, elle est classée au cinquième rang de l'indice de développement humain. En 2022, elle est classée en 25e position pour l'indice mondial de l'innovation. Plusieurs de ses grandes villes figurent dans les classements des villes les plus agréables à vivre. L'Australie est membre de plusieurs organisations internationales, dont l'ONU, le G20, l'OCDE, l'OMC, l'ANZUS, l'AUKUS, le FVEY, le Quad, l'APEC, le Forum des îles du Pacifique, la Communauté du Pacifique et le Commonwealth.

Plus à propos Australie

Informations de base
  • Devise Dollar australien
  • Nom natif Australia
  • Indicatif d'appel +61
  • Domaine Internet .au
  • Speed limit 50
  • Mains voltage 240V/50Hz
  • Democracy index 8.96
Population, Area & Driving side
  • Population 26473055
  • Zone 7692024
  • Côté conduite left
Historique
  • Préhistoire
     
    L'art primitif du parc national de Kakadu.

    La date exacte de la première présence humaine en Australie est toujours sujet de débats. Le peuplement de Sahul (le continent combiné de l'Australie et de la Nouvelle-Guinée) représente le premier événement de migration et d'établissement d'humains anatomiquement modernes....Lire la suite

    Préhistoire
     
    L'art primitif du parc national de Kakadu.

    La date exacte de la première présence humaine en Australie est toujours sujet de débats. Le peuplement de Sahul (le continent combiné de l'Australie et de la Nouvelle-Guinée) représente le premier événement de migration et d'établissement d'humains anatomiquement modernes. Les dates de ce peuplement sont estimés entre 75 000 ans et 50 000 ans AP, la migration ayant probablement eu lieu d'abord via le nord-ouest du plateau Sahul, puis a été été potentiellement suivie d'une deuxième entrée via la Nouvelle-Guinée[1].

    Il y a de sérieuses preuves scientifiques de présence humaine il y a environ 50 000 ans[2]. C’est une période d’énormes bouleversements écologiques en Australie et elle est considérée comme la conséquence de la colonisation humaine. L'homme de Mungo est un ancien habitant de l'Australie qui aurait vécu, il y a environ 40 000 ans au Pléistocène et a été découvert au bord du lac Mungo, au sud de la Nouvelle-Galles du Sud, à 3 000 kilomètres de la côte du nord de l'Australie. Il avait été enterré avec un cérémonial. On a trouvé près de lui des outils en pierre, des os de wombats d'espèces disparues et de kangourous géants[3]. Ces restes sont les plus anciens restes humains trouvés en Australie mais leur âge est encore sujet à discussion.

    Ces premiers Australiens sont les ancêtres lointains des Aborigènes d'Australie d’aujourd’hui. Ils sont arrivés via des ponts terrestres apparus avec la glaciation de Würm. Il existe de nombreuses espèces de plantes et animaux communs à l’Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée et quelques îles indonésiennes, ce qui laisse à penser qu’il devait exister des ponts terrestres entre ces pays. La fin de la période glaciaire avec la montée des mers a isolé la Nouvelle-Guinée et la Tasmanie du continent et les Aborigènes australiens ont commencé une longue période d'isolement sans influence extérieure[4].

    Les peuples d’Australie et de l'archipel indonésien dont les habitants étaient depuis longtemps d'entreprenants marins et commerçants ont développé des échanges entre eux. Des marins du sud de Célèbes en Indonésie venaient sur les côtes nord de l'Australie, qu'ils appelaient Marage, pêcher l'holothurie.

    En 1788, l'Australie était peuplée d'environ 250 tribus, couvrant tout le continent, chacune d'entre elles ayant sa propre langue, ses lois et ses frontières tribales avec une population totale estimée à 350 000 personnes[5] : ils représentent la plus ancienne culture existant sur Terre[6].

    Ces populations avaient une mythologie commune appelée le temps du rêve (Tjukurpa en langue anangu) ou le rêve. Le « temps du rêve » explique les origines du monde, de l’Australie et de ses habitants. Selon cette tradition, des créatures géantes comme le Serpent arc-en-ciel sont sorties de la terre, de la mer et du ciel et ont créé la vie et les paysages. Leurs corps géants ont formé les sols, créé les fleuves et les chaines de montagnes et leurs esprits sont restés dans la terre, la rendant ainsi sacrée aux peuples indigènes.

    L'art indigène australien est l'une des traditions les plus anciennes du monde. Les formes d'art indigènes les plus anciennes sont des peintures et des gravures dont certaines remontent à 30 000 ans. La musique traditionnelle était principalement chantée mais les Aborigènes pouvaient utiliser des instruments musicaux comme des didjeridoos en accompagnement[5]. Le passe-temps le plus célèbre des Aborigènes d'Australie est la pratique sportive du boomerang : un objet bipale, rigide et plat, coudé ou angulaire, doté de profils déterminés qui, lancé à la main d'une certaine façon, vole en tournoyant sur lui-même. Ces créations indigènes, d'origine antique, demeurent des symboles de la nation australienne à l'heure actuelle.

    Découverte par les Européens
     
    La mappemonde Dauphin (vers 1547) avec représentation de la côte occidentale de l'Australie (La Grande Jave)[7]. Carte de l'école de cartographie de Dieppe.

    Pendant des siècles, les Européens présument l'existence d'une grande terre méridionale. Le premier Européen à visiter l'Australie pourrait avoir été l’explorateur portugais Cristóvão de Mendonça en 1522 et quelques historiens ont proposé la théorie de la découverte de l'Australie par les Portugais.

    Il semblerait que Cristóvão de Mendonça ait utilisé, en 1522, un des planisphères du cartographe allemand Johann Schöner. En effet celui-ci réalise en 1515 un globe terrestre représentant dans l'hémisphère austral, une terre aux dimensions imposantes et reprenant les contours de l'Australie. Il reprend ce travail qu'il approfondit dans une nouvelle mappemonde en 1520. Cette Terra Australis est située de part et d'autre du détroit de Magellan. Cet emplacement géographique correspondrait plus à celui du continent Antarctique, mais les contours rappellent ceux du continent australien, tout comme la végétation dessinée sur cette terre. Reste à comprendre comment Johann Schöner et les autres géographes européens de ce début du XVIe siècle ont eu connaissance de l'existence de cette Terra Australis. Selon les hypothèses de Gavin Menzies, une flotte chinoise importante, commandée par Zheng He, aurait abordé les côtes australiennes au début du XVe siècle. Cette hypothèse de la circumnavigation chinoise serait à la base des connaissances géographiques transmises par les Chinois eux-mêmes et connue des voyageurs et commerçants arabes et européens, tel que Marco Polo ou Jean de Mandeville.

    Les cartes marines et portulans du XVIe siècle de l'École de cartographie de Dieppe représentent l'Australie sous le nom de La Grande Jave. Les navigateurs portugais collaboraient avec les cartographes de cette célèbre école. Nicolas Vallard, Jean Rotz, Pierre Desceliers, Nicolas Desliens et d'autres cartographes français représentèrent ainsi les contours exacts de l'Australie dès le milieu du XVIe siècle.

    En 1570, Abraham Ortelius réalise une mappemonde montrant les contours septentrionaux de l'Australie sous le nom de Terra Australis. À cette époque l'hypothèse d'un continent austral unique reliant l'Australie et l'Antarctique est de mise.

    Représentation de l'Australie (La Grande Jave) début du XVIe siècle. 

    Représentation de l'Australie (La Grande Jave) début du XVIe siècle.

    Représentation de l'Australie sur la mappemonde de Johann Schöner 1520 d'après son globe terrestre de 1515. 

    Représentation de l'Australie sur la mappemonde de Johann Schöner 1520 d'après son globe terrestre de 1515.

    Représentation de l'Australie sur la mappemonde de Abraham Ortelius réalisée en 1570. 

    Représentation de l'Australie sur la mappemonde de Abraham Ortelius réalisée en 1570.

    Représentation de l'Australie (Nouvelle-Hollande) sur le globe de Coronelli (1688). 

    Représentation de l'Australie (Nouvelle-Hollande) sur le globe de Coronelli (1688).

    Explorations par les Européens (1606-1788)
     
    Pendant des siècles les Européens présument l'existence d'une grande terre méridionale. En 1721, Jonathan Swift place Les Voyages de Gulliver près du pays mystérieux décrit par l'explorateur néerlandais Abel Tasman.

    Ce n’est qu’au XVIIe siècle que l’île devient le sujet d’explorations européennes. Quelques expéditions aperçoivent la fameuse Terra Australis : le Néerlandais Willem Jansz devient en 1606 le premier visiteur européen à identifier l'Australie[8]. Son bateau, le Duyfken, jette l'ancre devant cap York. Dans un récit postérieur, un Néerlandais décrit le territoire qu'il voit « comme non cultivé, et peuplé par de sauvages barbares noirs et cruels, qui ont massacré certains de nos marins »[9]. Suivront l'Espagnol Luis Váez de Torrès, en mission pour son pays en 1607, les Néerlandais Dirk Hartog en 1616, Jan Carstensz en 1623, Pieter Nuyts en 1627, Gerrit Frederiksz de Witt en 1628[10] et Abel Tasman en 1642. Ce dernier donne son nom à l’île de Tasmanie mais lui-même l'a nommée d’après le nom de l'amiral et gouverneur Anthony van Diemen : « Van Diemenslandt ».

     
    En 1770, l'explorateur James Cook prend possession aux deux tiers de l’île pour le Royaume de Grande-Bretagne.

    Environ 150 ans avant l'arrivée des colons britanniques à Botany Bay, des marins néerlandais deviennent les premiers habitants européens d'Australie, quand leur bateau le Batavia, fait naufrage le 4 juin 1629 sur l'archipel des Abrolhos de Houtman, des îlots coralliens en Australie-Occidentale. 300 rescapés survivent pendant 4 mois, sur ces îles de quelques centaines de mètres de long. Mais pendant cette période et avant que les secours arrivent, Jeronimus Cornelisz et son groupe assassinent 125 des naufragés. Cette affaire est connue sous le nom de l'« horreur du Batavia »[9]. Les protagonistes seront finalement jugés et pour la plupart exécutés (sur place ou à Java). Cependant deux d'entre eux, Wouter Loos et Jan Pelgrom, seront abandonnés sur le chemin du retour sur les côtes australiennes, devenant ainsi les deux premiers habitants européens sur le continent.

    En 1644, le cartographe français Melchisédech Thévenot réalise une carte représentant, avec détails, la côte occidentale de l'Australie qu'il nomme Nova Hollandia. En 1688, le cartographe italien Vincenzo Coronelli réalise deux globes terrestres monumentaux, dont l'un représentant avec exactitude l'Australie, sous le nom de « Nouvelle-Hollande ».

    Les premiers explorateurs britanniques sont William Dampier sur la côte ouest en 1688 et 1699 et le lieutenant James Cook qui, en 1770, peut-être 250 ans après le navigateur portugais Cristóvão de Mendonça, prend possession aux deux tiers de l’île pour le Royaume de Grande-Bretagne, malgré les ordres du roi George III stipulant qu’il doit d’abord conclure un traité avec la population indigène. Son rapport à Londres déclarant que l’Australie est inoccupée (Terra nullius) permet l’établissement d’une colonie pénitentiaire (voir Convicts in Australia (en)), ce qui est vu comme pratique après la perte des colonies américaines pour la Grande-Bretagne.

    Cook note ses impressions sur les Aborigènes de Nouvelle-Hollande dans son journal : « en réalité ils sont bien plus heureux que nous les Européens… Ils vivent dans la tranquillité qui n'est pas troublée par l'inégalité de la condition. La terre et la mer leur fournissent toutes les choses nécessaires pour vivre… Ils vivent dans un climat agréable et ont un air très sain… ils n'ont aucune abondance »[11]. Cook est accompagné par le célèbre botaniste Joseph Banks qui est émerveillé par la flore et la faune unique de la côte est de l'Australie et se montre favorable à la colonisation européenne.

    Le 16 mars 1772, la gabare Le Gros Ventre sous le commandement de Louis Aleno de Saint-Aloüarn est en vue du cap Leeuwin et remonte la côte de la Nouvelle-Hollande pour atteindre le 30 la passe du Naturaliste et mouiller dans la baie des Chiens marins (Shark Bay) au nord de l'île Dirk Hartog soit à environ 700 km au nord de l'actuelle ville de Perth. Le Gros Ventre est le vaisseau d'accompagnement de l'expédition d'Yves de Kerguelen qui, le 12 février 1772, vient d'apercevoir les îles qui porteront son nom. Conformément aux instructions[12], Saint-Aloüarn, malade, fait route à l'est. Au cours du mouillage à Shark Bay, Le Gros Ventre perd deux de ses ancres, enterre un marin mort du scorbut, tandis que l'enseigne de Rosily dépose au pied d'un arbuste une bouteille renfermant un parchemin et deux écus à l'effigie du roi Louis XV. Ces objets sont retrouvés le 1er avril 1998, lors d'une campagne de fouilles dirigée par Myra Standbury et Philippe Godard[13].

    Treize ans après le mouillage de Saint-Aloüarn dans la Shark Bay, le gouvernement français de Louis XVI choisit Jean-François de La Pérouse pour diriger une expédition autour du monde visant à compléter les découvertes de James Cook dans l'océan Pacifique. Mais, après un long voyage jusqu'en Australie, il arrive à Botany Bay juste après la première flotte britannique (First Fleet) de colons. Son expédition disparaît corps et biens à Vanikoro, aux îles Salomon, en 1788.

    Colonisation britannique dès 1788
     
    Un épisode des guerres de la frontière en Australie : combats entre l'une des troupes de l'Expédition de Burke et Wills et les Australiens autochtones à Bulla, Queensland en 1861
     
    Melbourne est la capitale de l'Australie jusqu'en 1908 et abrite de nos jours l'ancien bâtiment du Parlement australien.

    La colonisation britannique de la Nouvelle-Galles du Sud commence par la fondation d’un camp pénitentiaire de 1 030 personnes (avec 736 prisonniers) à Port Jackson (Sydney) par le capitaine Arthur Phillip le 26 janvier 1788[14],[15],[16]. Le voyage depuis l'Angleterre est le plus long jamais réalisé par un groupe aussi nombreux. Les premiers temps sont marqués par une mortalité importante parmi les arrivants. Ces premières années sont surnommées « les années de famine » et causées principalement par le manque de compétences en agriculture, la mauvaise qualité des outils et les faibles quantités de nourriture disponibles.

    Vers 1788, les Autochtones d'Australie sont entre 300 000 et un million[17]. Robert Ørsted-Jensen (2011) donne le chiffre de 795 000[18]. Le navigateur britannique James Cook ayant affirmé n'avoir observé aucun signe d'agriculture, des historiens de l'époque ont soutenu qu'en vertu du droit européen en vigueur, ces terres étaient considérées comme terra nullius ou terres n'appartenant à personne ou terres "vides d'habitants" (telles que définies par Emerich de Vattel)[19].

    Le gouverneur Arthur Phillip est chargé de nouer des relations avec les Aborigènes et de vivre dans « l'amitié et la bonté » avec eux mais les maladies européennes, l'alcool et l'expansion coloniale exercent rapidement un effet destructif sur les populations indigènes. Bennelong (1764-1813), un Aborigène eora de Sydney, enlevé par les colons et qui sert de premier intermédiaire entre colons britanniques et Aborigènes, devient avec l'un de ses compagnons les premiers Australiens à voyager en Europe[20]. Il y a d'autres médiateurs, comme Bungaree qui accompagne Matthew Flinders lors de son premier voyage autour de l'Australie en 1803[21]. Il existe également des résistants militants comme Pemulwuy ; en 1790, il tue un colon qu'il accuse d'avoir assassiné des Aborigènes. À partir de 1792, il mène des attaques répétées contre des colons. Il est finalement capturé en 1802. Sa tête est tranchée et envoyée à Londres, accompagnée d'une lettre soulignant sa bravoure, écrite par le gouverneur Philip King[22].

    La colonisation de l'Australie est si meurtrière qu'elle est souvent considéré comme un génocide[23].

    La révolte du rhum de 1808 est le seul cas de renversement militaire d'un gouvernement de l'histoire de l'Australie. William Bligh, alors gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud est à l'origine de cette rébellion lorsqu'il tente de normaliser les échanges commerciaux en interdisant l'usage des spiritueux comme monnaie d'échange pour le paiement de produits. Le New South Wales Corps, corps d'infanterie installé dans la région, impliqué dans ce commerce, n'accepte pas son interférence. La querelle dégénère en rébellion militaire. William Bligh est arrêté par le New South Wales Corps qui prend le contrôle de la colonie. Bligh est détenu pendant plus d'une année, jusqu'à ce qu'il accepte de repartir pour l'Angleterre[24].

    En 1809, le gouvernement britannique remplace Bligh par Lachlan Macquarie, gouverneur de 1810 à 1821, qui joue un grand rôle dans la transformation de cette colonie pénitentiaire en une nouvelle base de peuplement civil. Il décide que les bagnards ayant terminé leur peine doivent être réintégrés dans la société au rang qui était le leur avant leur condamnation[25]. Des exportations très rentables de laines sont organisées avec l'Europe et de grands édifices publics sont construits par l'architecte Francis Greenway.

     
    Le Parlement de Nouvelle-Galles du Sud est le plus ancien d'Australie, ayant son origine en 1824. Les femmes obtiennent le droit de vote en 1902[26].

    En 1803, une colonie est créée dans la Terre Van Diemen (aujourd’hui la Tasmanie). Le reste du continent australien (aujourd’hui l’Australie-Occidentale) est déclaré britannique en 1829. Au fur et à mesure de l’extension des établissements britanniques, la Nouvelle-Galles du Sud est divisée en plusieurs colonies séparées : l'Australie-Méridionale en 1836, le Victoria en 1851 et le Queensland en 1859. Le Territoire du Nord est fondé, comme partie de l’Australie-Méridionale, en 1863. Il s'en sépare en 1911. L'Australie-Méridionale, l'Australie-Occidentale et le Victoria furent créés comme des colonies libres (free colonies) c'est-à-dire comme des colonies ne recevant pas de prisonniers britanniques, mais assez rapidement les deux dernières en acceptèrent trouvant ainsi une main-d'œuvre bon marché pour mettre le pays en valeur[27]. L'envoi de prisonniers en Nouvelle-Galles du Sud cessa en 1848 après de violentes manifestations de ses habitants[28].

    La population aborigène, estimée à 350 000 personnes au moment de l'arrivée des premiers Européens[29] décline dans les 150 ans qui suivent cette arrivée, essentiellement par l'introduction de nouvelles maladies infectieuses mais aussi par suite de ses déplacements et du changement de son mode de vie[30]. Selon l'historien Geoffrey Blainey, pendant la colonisation de l'Australie : « dans mille endroits isolés, il y avait les décès occasionnés par le pistolet et la lance. Pire, variole, rougeole, grippe et autres nouvelles maladies se sont répandues d'une communauté indigène à l'autre et les ont décimées… Le principal conquérant des Aborigènes a été la maladie et son alliée, démoralisation »[31]. La séparation des enfants de leurs familles pour leur imposer un mode de vie européanisé est considérée par certains historiens et Aborigènes comme un génocide[32] car il a favorisé la diminution de la population aborigène. Ce point de vue n'est pas partagé par certains commentateurs qui affirment que les faits ont été amplifiés et déformés pour des questions politiques et idéologiques[33]. Ces événements sont regroupés sous le nom d'History Wars en Australie. Le placement obligatoire des enfants aborigènes métissés hors des communautés indigènes, pour leur donner une éducation européenne a été autorisé par la loi en Australie entre 1909 et 1969. En 2008 après une période de discussion nationale, le premier ministre Kevin Rudd demande pardon pour cette politique, au nom du parlement australien[34].

     
    La mort de l'explorateur Robert O'Hara Burke en 1861.

    Le XIXe siècle est une période d'explorations éprouvantes pour des Européens en Australie. La première circumnavigation du continent est accomplie par Matthew Flinders en 1803. C'est Flinders qui suggéra que le nom d'Australie soit appliqué au continent. Vers la même époque, Napoléon Bonaparte envoie Nicolas Baudin relever le tracé des côtes australiennes pour la France. L'expédition de Hume et de Hovell a traversé le pays entre Sydney et Geelong en 1824. Charles Sturt explore le Murray-Darling en 1830, utilisant des émissaires indigènes pour annoncer son arrivée à chaque frontière tribale. John McDouall Stuart atteint le centre géographique du continent en 1860.

    Les premiers explorateurs souffrent de grandes privations. Edmund Kennedy, qui mène une exploration vers le cap York en 1848, et la plus grande partie de son équipe sont tués par des Aborigènes. Ludwig Leichhardt, explorateur et naturaliste prussien, mène trois expéditions à l'intérieur de l'Australie et disparaît lors de la dernière. Charles Sturt contracte le scorbut en menant une expédition au centre du continent pour essayer de trouver une mer intérieure qui n'existe pas. La plus célèbre de toutes les expéditions est, en 1861, l'expédition de Burke et Wills qui traverse le continent du sud au nord (un parcours de 2 800 kilomètres) où les deux explorateurs meurent à Cooper Creek, à quelques heures de marche du reste de leur groupe. L'unique survivant de l'expédition a été soigné par les Aborigènes locaux. Les rapports entre les explorateurs européens et les indigènes ont varié considérablement : Sir Thomas Mitchell faisait attention à noter des noms indigènes de lieu - et c'est pour cette raison que 70 % des noms des localités australiennes sont d'origine indigène ; mais d'autres explorateurs du XIXe siècle ne se sont pas donné cette peine et les noms ont été perdus[35].

    L'installation d'éleveurs dans l'intérieur du pays est souvent une cause de conflit avec des Aborigènes mais les compétences de gardiens de troupeaux indigènes sont la source d'importantes économies[36]. Les missions religieuses fournissent souvent un asile lors des conflits tout en facilitant la colonisation[37]. Au cours du XIXe siècle, les Européens prennent le contrôle de la plupart des régions du pays.

     
    Le drapeau eureka de la rébellion de 1854.

    Les années 1850 et 1860, époque de la ruée vers l'or, voient une expansion rapide de la population, menant à une augmentation de la richesse mais également à une certaine tension sociale - notamment la rébellion de la révolte d'Eureka en 1854, ce qui a accéléré l'introduction du suffrage masculin universel au Victoria[38]. Au cours de la période allant de 1855 à 1890, les six colonies devinrent chacune autonomes, l’une après l’autre, gérant leurs propres affaires. Les hommes, y compris les indigènes, ont été autorisés à voter en Australie-Méridionale, au Victoria et en Nouvelle-Galles du Sud dans les années 1850 et en Tasmanie en 1896. Le Queensland a obtenu son autonomie en 1859 et l'Australie-Occidentale en 1890, mais ces colonies ont refusé à leurs Aborigènes le droit de vote[39]. La loi britannique fut appliquée dans chaque colonie, lorsque le Royaume-Uni autorisa chacune d'entre elles à se doter d’un gouvernement responsable et leur accorda de plus en plus d'autonomie avec le temps. Le gouvernement britannique garda le contrôle de certains domaines comme les affaires étrangères, la défense et le commerce international.

    L'âge d'or des bushrangers fut certainement l'époque de la ruée vers l'or. Les bushrangers sont des hors-la-loi qui réussissent à survivre dans le bush en se cachant des autorités[40]. On pense que plus de 2 000 bushrangers ont parcouru les étendues australiennes, des premiers bagnards évadés jusqu'à la fin des bushrangers, le dernier combat était celui de Ned Kelly à Glenrowan en 1880[41]. Les plus violentes attaques de bushrangers eurent lieu en Tasmanie[41]. Des centaines de bagnards étaient en liberté, des fermes furent abandonnées et la loi martiale proclamée. Le bushranger aborigène Musquito défia les autorités coloniales et dirigea des attaques contre les colons.

     
    Le bushranger Ned Kelly lors de son procès.

    Les bushrangers s'attiraient souvent la sympathie du public, en incarnant le romantisme et la rébellion contre les autorités coloniales, dont la dureté et l'anti-catholicisme déplaisaient. Certains bushrangers, et tout particulièrement Ned Kelly dans sa lettre de Jerilderie, se présentaient comme des rebelles politiques. Les bushrangers apparaissent régulièrement dans la littérature, la musique, le cinéma et la télévision australienne : Jack Donahue, Dan Morgan, dit « Mad Dog », et Ned Kelly (fut le sujet du premier long-métrage de l'histoire (plus d'une heure), The Story of the Kelly Gang, réalisé en 1906)[42].

    Malgré son économie fortement rurale, la population australienne reste fortement urbaine, se concentrant surtout dans les villes de Melbourne et de Sydney. Financée par la prospérité due à la ruée vers l'or, la National Gallery of Victoria a été fondée en 1861 et a commencé à recueillir les travaux des maîtres européens ainsi que les nouvelles écoles australiennes de peinture. En 1854-1856, utilisant la compression de vapeur, l'inventeur australien James Harrison a produit, en Victoria, le premier réfrigérateur pratique au monde[43]. Son invention a permis plus tard à des viandes d'être exportées vers l'Europe. Ceci s'ajoute à la prospérité apportée par l'industrie de la laine et l'extraction de l'or pendant le XIXe siècle. Les règles du football australien ont été codifiées à Melbourne en 1858[44]. Dans les années 1880, Marvellous Melbourne fut la seconde plus grande ville de l’Empire britannique.

    L’Australie gagna aussi la réputation d’être un paradis du travailleur et un laboratoire pour la réforme sociale. C’est en effet elle qui organisa la première élection à bulletin secret et connut le premier gouvernement d'un Parti travailliste élu. Le Parti travailliste tire son origine des mouvements travaillistes fondés au début des années 1890 dans les colonies qui allaient ensuite former la fédération australienne.

    La première organisation pour obtenir le droit de vote des femmes a été créée au Victoria en 1884. En 1894, les femmes d'Australie-Méridionale obtiendront ce droit.

    Vers la fin du XIXe siècle, l'art des peintres comme ceux de l'Heidelberg School et la prose des écrivains comme Banjo Paterson et Henry Lawson ont fait naître un sentiment croissant d'identité nationale et des hommes politiques comme Sir Henry Parkes et Sir Edmund Barton ont fait campagne pour une fédération indépendante des colonies, avec la reine Victoria en tant que Sovereign.

    Fédération et guerres mondiales (1901-1945)
     
    L'ouverture de premier Parlement du Commonwealth d'Australie, le 9 mai 1901, faisant suite aux élections fédérales australiennes de 1901, les premières du genre.

    Le 1er janvier 1901, la fédération des colonies est achevée après 10 ans de gestation et le Commonwealth d'Australie naît en tant que dominion de l’Empire britannique. Entre 1901 et 1911, la capitale sera provisoirement située à Melbourne mais c'est sur un territoire cédé au gouvernement fédéral par la Nouvelle-Galles du Sud en 1911 que sera construite la nouvelle capitale fédérale, Canberra. En 1902, les femmes de tous les états obtenaient le droit de vote ainsi que celui d'être éligibles[45]. En 1901, l'Australie adopte une loi interdisant aux non-Blancs de s'installer[46].

    Dès le début de la Première Guerre mondiale, l'Australie qui comptait alors 5 millions d'habitants se joint aux Alliés ; 416 000 Australiens participeront à ce conflit où 60 000 d'entre eux mourront. L'Australie est le seul pays qui s'interdit de fusiller pour l'exemple ses soldats. Les forces armées australiennes combattirent, notamment à Gallipoli (avec l'ANZAC), à Beersheba, à la bataille de la Somme et à Ypres.

    Le 25 avril 1915, le débarquement de l’ANZAC commence à Gallipoli, sur un promontoire étroit couronné par des fortifications, face à des escarpements quasi infranchissables. Les Turcs déclenchèrent un feu d’enfer, mais les Australiens parvenaient, vers 6 h, à occuper le sommet de la première colline. Le jeune général turc Kemal Pacha (Mustafa Kemal Atatürk) lança une contre-attaque[47]. 8 141 Australiens mourront vers la fin de la bataille. En Australie, on se rappelle la défaite de Gallipoli comme « baptême du feu » pour l'armée et la nouvelle nation australienne[48]. Une cérémonie s'y déroule chaque année le 25 avril (ANZAC Day).

    En juillet 1916, en marge de la bataille de la Somme, Fromelles fut le théâtre de combats entre soldats du Commonwealth (en particulier d'Australie) et de l'Allemagne qui ont fait quelque 7 000 morts et blessés dans les rangs alliés. Le 19 juillet 2010, un nouveau cimetière où reposent environ 200 corps est inauguré en présence du Prince Charles et de Quentin Bryce, ainsi que de nombreuses familles de soldats.

     
    Bataille d'Amiens Le 8 août 1918, toile de William Longstaff. 46 000 Australiens sont morts en combattant en France.

    Le 31 octobre 1917, les Australiens du 4e de cavalerie légère également nommée 4th Light Horse Brigade, commandés par le général de brigade William Grant, mènent la charge sur les tranchées ottomanes et prennent possession des puits de Beer-Sheva. Cet événement est souvent décrit comme la dernière charge de cavalerie victorieuse de l'Histoire.

    Les Australiens jouent un rôle décisif à la fin de la guerre. Le 8 août 1918, la bataille d'Amiens, menée par les troupes australiennes, voit la première victoire importante de la guerre pour l'armée britannique. Le général allemand Ludendorff parlera de la bataille comme « le jour noir de l'armée allemande ». Le 12 août, le général John Monash, commandant des forces australiennes est anobli sur le champ de bataille par le roi George V (c'était la première fois qu'un monarque britannique honorait ainsi un officier depuis 200 ans)[49]. Monash organise alors l'attaque sur les défenses allemandes pour la bataille de la ligne Hindenburg. Les alliés réussissent à ouvrir une brèche et, le 5 octobre, les Allemands demandent un armistice[50].

    En 1919, le premier ministre Billy Hughes signe le traité de Versailles au nom de l'Australie, ce qui en fait le premier traité international signé par ce pays. À Versailles, Hughes demande de lourds dédommagements à l'Allemagne et se heurte souvent au président des États-Unis, Woodrow Wilson qui décrivit Hughes comme un « vaurien emmer… ». « Je parle pour 60 000 morts australiens[51]…pour combien parlez-vous ? » demanda Hughes à Wilson. Hughes réussit à obtenir le contrôle par l'Australie de l'ancienne colonie allemande de Nouvelle-Guinée et une place dans la toute nouvelle Société des Nations.

    L'historien Geoffrey Blainey a écrit de la « tyrannie de la distance » comme défi constant dans le développement de la nation australienne. Qantas, la deuxième plus vieille compagnie aérienne du monde toujours en opération, est fondée en 1920 dans l'Outback[52]. Le révérend John Flynn a créé le Royal Flying Doctor Service, le premier service d'ambulances aériennes au monde en 1928[53] et la même année, Sir Charles Kingsford Smith fit la première traversée de l'océan Pacifique en avion entre les États-Unis et l'Australie (il réalisa également la première traversée de l'Australie sans escale et le premier vol entre l'Australie et la Nouvelle-Zélande)[54].

    Dans les années 1930, la Grande Dépression provoque une grave crise économique en Australie. En 1931, Jack Lang (premier ministre de Nouvelle-Galles du Sud) publia son propre plan de lutte contre la dépression, qui était en opposition avec les autres gouvernements et le gouvernement fédéral. Lang s'opposa violemment au plan fédéral du travailliste James Scullin qui appelait à de plus fortes réductions encore de dépenses du gouvernement pour équilibrer le budget. Lang retira tous les fonds de l'État détenus sur des comptes bancaires fédéraux et les garda en liquide à la Chambre de Commerce, de sorte que le gouvernement fédéral ne pouvait plus avoir accès à l'argent. Le gouverneur Sir Philip Game informa Lang que, selon lui, cette action était illégale. Lang resta ferme et, en mai 1932, le gouverneur retira sa charge à Lang et nomma le chef de l'opposition premier ministre. Ce fut la seule fois où un gouvernement d'un État australien fut destitué par un gouverneur jusqu'à ce que le gouverneur général Sir John Kerr destitue le gouvernement de Gough Whitlam en 1975[55].

    Pendant la Dépression, les Australiens ont trouvé la consolation dans les sports. En particulier, les exploits du cheval Phar Lap et le cricketeur Don Bradman ont inspiré la nation.

    Bien que l’Australie soit devenue indépendante, le gouvernement britannique garde quelques pouvoirs sur le dominion jusqu’au statut de Westminster de 1931, ratifié par le Parlement d'Australie en 1942.

     
    Des prisonniers de guerre australiens et néerlandais à Tarsau, en Thaïlande en 1943. 22 000 Australiens ont été faits prisonniers par les Japonais. Environ 8 000 mourront des conditions de détention[56].
     
    Pendant la Seconde Guerre mondiale : Douglas MacArthur, chef des forces alliées en Asie, et John Curtin, premier ministre australien.

    L’invasion de la Pologne par les nazis entraîne les déclarations de guerre de la Grande-Bretagne et de l’Australie en 1939. L'armée australienne deviendrait la première à arrêter l'avance des armées allemandes et japonaises : arrêtant l'Afrika Korps d'Erwin Rommel à Tobrouk en 1941, et l'avance japonaise vers la baie de Milne, en 1942[57].

    Les Australiens combattent à la bataille de Grèce, la bataille de Crète et au siège de Tobrouk mais, en décembre 1941, le Japon décide de bombarder Pearl Harbor par surprise et, simultanément, l’armée japonaise occupe les possessions britanniques, néerlandaises et américaines d’Asie du Sud-Est en menaçant même l’Australie. La plus grande partie de l'armée australienne est ramenée dans la région Asie-Pacifique. Les Japonais s'emparèrent du bastion des forces Commonwealth-britanniques à Singapour en 1942. 14 972 soldats australiens sont faits prisonniers dont environ 2 650 mourront en construisant la ligne du chemin de fer de la mort, Birmanie-Thaïlande (parmi les prisonniers australiens de la guerre les plus célèbres figurent le médecin Edward Dunlop et l'infirmière Vivian Bullwinkel). Le Service aérien de l'armée impériale japonaise et celui de la marine mènent une campagne de bombardements contre des objectifs civils et militaires dans le nord de l'Australie notamment contre la ville de Darwin. Des sous-marins de la marine impériale japonaise portent une série d'attaques contre les villes de Sydney et de Newcastle. La population australienne sent la menace d'invasion japonaise qui pèse sur le pays. La campagne de mobilisation qui s'ensuit sera désignée sous le nom de bataille pour l'Australie.

    Le nouveau premier ministre John Curtin passe alors un accord avec les États-Unis, ce qui constitue un changement fondamental dans la politique étrangère de l'Australie. En mars 1942, le général américain Douglas MacArthur arrive en Australie et déclare : « I came out of Bataan and I shall return » (« Je suis parti de Bataan mais j'y reviendrai »). En mai 1942, lors de la bataille de la mer de Corail, au nord-est de l'Australie, une flotte d'invasion japonaise qui se dirige vers Port Moresby est repoussée par un groupe de navires américains. Les succès australiens durant la bataille de la baie de Milne et la campagne de la Kokoda Track arrivent vers la fin de l'année 1942 et marquent les premières victoires de forces terrestres alliées contre les Japonais. Quelques centaines d'Australiens tiennent le Kokoda Track contre 6 000 Japonais et leur commandant, le lieutenant-colonel Ralph Honner, décrit la bataille comme Australia's Thermopylae[58]. À partir de Melbourne où il a installé le siège de son état-major, le général MacArthur commence la reconquête des territoires de l'océan Pacifique, île par île. Le 21 octobre 1944, pendant la bataille du golfe de Leyte, aux Philippines, l'HMAS Australia est devenu le premier vaisseau de guerre allié à être frappé par une attaque d'avion kamikaze[59].

    Le général Thomas Blamey signa les actes de capitulation du Japon au nom de l'Australie au cours de la cérémonie qui s'est déroulée à bord de l'USS Missouri le 2 septembre 1945. Les forces australiennes ont accepté la capitulation de leurs adversaires japonais lors de cérémonies menées à Morotai et en plusieurs endroits de Bornéo, Timor, Wewak, Rabaul, Bougainville et Nauru[60].

    L'après 1945
     
    Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, plus de 6,5 millions de personnes d'environ 200 pays se sont établies en Australie[61].

    Après la guerre, l'Australie devient un membre fondateur des Nations unies. Herbert Vere Evatt est élu président de l'Assemblée générale pendant sa troisième session de 1948 à 1949 et il supervise la rédaction de la déclaration universelle des droits de l'homme. La délégation australienne rédige un certain nombre d'articles principaux de la déclaration comme la protection des droits économiques, la protection sociale, l'adhésion aux syndicats et la protection des minorités[62].

    Sous le gouvernement du libéral Robert Menzies (1949-1966), l'après-guerre est une période de prospérité pour l'Australie. La politique d'immigration est élargie par les gouvernements successifs et un grand nombre d'immigrants méditerranéens ont commencé à arriver. Menzies recommence le commerce avec le Japon, permettant à cette nation de remplacer par la suite le Royaume-Uni en tant que partenaire commercial principal de l'Australie[63]. En 1951, Menzies fait entrer l'Australie dans l'ANZUS (Australia, New Zealand, United States Security Treaty) ; un pacte militaire entre l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis. L'Australie envoie des troupes pour lutter contre les forces communistes durant l'état d'urgence en Malaisie de 1950 à 1960 puis lors de la guerre de Corée et la guerre du Viêt Nam, de 1962 à 1972.

    L'Australie est un pionnier de la course à l'espace pendant la guerre froide. Le programme spatial de l'Australie est basé à Woomera[64]. L'Australie devient la 4e nation à lancer un satellite dans l'espace, en 1967. La NASA emploie des stations d'observation australiennes situées près de Canberra et de Parkes pour la mission d'Apollo 11, en 1969[65].

    Le plan d'aménagement des Snowy Mountains est mené entre 1949 et 1974. Il comprend la déviation de cours d'eau pour produire de l'électricité pour les villes du sud-est et pour permettre l'irrigation de l'intérieur sec du pays[66]. Sa réalisation nécessite 100 000 ouvriers, issus de 30 pays. La nature multiculturelle de la main-d'œuvre employée contribue à la diversification de la société australienne au XXe siècle[67].

    En termes constitutionnels, une importante réforme est obtenue par le Premier ministre Harold Holt avec les référendums de 1967, lors desquels une grande majorité d'Australiens (90 %) vote pour pouvoir donner au pouvoir fédéral le droit de légiférer sur les Aborigènes et leur intégration dans la population. En 1971, Neville Bonner devient le premier sénateur indigène au Parlement fédéral et Douglas Nicholls le premier gouverneur indigène d'un État australien, en 1976[39].

     
    Le plan d'aménagement des Snowy Mountains est mené entre 1949 et 1974 pour produire de l'électricité pour les villes du sud-est et pour permettre l'irrigation de l'intérieur sec du pays.

    Holt fait passer la monnaie australienne au système décimal le 14 février 1966. Le 17 décembre 1967, Holt plonge dans une déferlante à la plage de Cheviot, près de Melbourne et disparaît tragiquement.

    Les années 1960 et 1970 sont une période de croissance artistique pour les Australiens avec le succès naissant d'interprètes et d'intellectuels comme Barry Humphries, Germaine Greer et Robert Hughes ; le succès international de séries télévisées comme Skippy le kangourou en 1966 et des chanteurs comme les Bee Gees et AC/DC ; le commencement d'une période de grand succès pour le cinéma australien et l'inauguration de l'Opéra de Sydney en 1973. À partir des années 1970, des Aborigènes abordent la peinture acrylique sur toile. Ce Western Desert Art Movement devient l'un des mouvements d'art les plus significatifs du XXe siècle[68].

    Le cyclone Tracy dévaste la ville de Darwin (Territoire du Nord) du 24 décembre 1974 au 25 décembre 1974, tuant 71 personnes et causant pour 837 millions de dollars de 1974 de dégâts. Il détruit plus de 70 % des édifices de la ville de Darwin dont 80 % des maisons[69]. Plus de 20 000 personnes se retrouvent sans abris sur une population de 49 000 habitants[70], un désastre sans précédent dans l'histoire de l'Australie[71].

    Le Parti travailliste revient au gouvernement en 1972, sous la direction du Premier ministre Gough Whitlam qui soumet un programme de réformes législatives mais est démis de ses fonctions en 1975 par le gouverneur général John Kerr, après une crise constitutionnelle prolongée provoquée par un refus de l'opposition sénatoriale de voter un projet de loi de finances ; Whitlam perd les élections qui s'ensuivent.

    Les élections de 1975 voient le Parti libéral retourner au gouvernement avec Malcolm Fraser comme Premier ministre. Fraser encourage l'immigration et le multiculturalisme venant d'Asie. Fraser est battu par le Parti travailliste de Bob Hawke en 1983. L’autorité théorique du Parlement britannique sur les États qui n'est alors pas complètement supprimée, l'est avec l’Australia Act en 1986. La décennie 1980 est une période de modernisation de l’économie australienne. En 1988, le bicentenaire de l'arrivée de la First Fleet est célébré en grande pompe sur le port de Sydney et la reine Élisabeth II est invitée pour inaugurer le nouveau Parlement national à Canberra. Cependant, le successeur de Hawke, Paul Keating, soulève le projet de voir l'Australie devenir une République. En 1992, la Haute Cour, dans l'affaire Mabo vs Queensland annule la notion juridique de terra nullius (« terre à personne ») créée au moment de l'occupation européenne.

    Au début des années 1990, l'Australie connaît une période de récession économique profonde et, en 1996, le libéral John Howard est élu Premier ministre. Il reste au pouvoir jusqu'en 2007, ce qui en fait le Premier ministre ayant le deuxième plus long mandat de l'histoire. Il déclare qu'il souhaite « une société australienne qui verrait ce pays comme un carrefour unique entre l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie. L'Australie a la chance incroyable d'avoir un héritage européen, d'étroites relations avec l'Amérique du Nord mais d'être aussi située géographiquement dans la région Asie-Pacifique, et si nous arrivons à nous considérer comme ce carrefour stratégique, alors je pense que nous avons une occasion unique de nous tailler une place spéciale dans l'histoire du prochain siècle »[72].

    En 1999, le gouvernement organise un référendum sur une modification constitutionnelle faisant du pays une République. Le Parti libéral permet à ses membres de décider librement de leur propre position en la matière, alors que le Parti travailliste fait campagne pour une République[73].

    Les monarchistes arguent que le statu quo offre à l'Australie des protections constitutionnelles incomparables. Le projet rencontre d'autres oppositions, puisqu'une partie des républicains appelle à voter contre le projet à cause du désaccord avec la méthode proposée pour désigner le chef de l’État, qui aurait été nommé par le Parlement à la majorité des deux tiers, ce système ayant pour avantage de placer le président au-dessus des querelles des partis mais pour inconvénient d'exclure le citoyen du choix de sa représentativité. Face à ces critiques, une majorité de la population (55 %) s'exprime de manière négative. Le débat républicain n’est toujours pas tranché : le gouvernement travailliste prévoit d'organiser un autre référendum dans un avenir assez lointain, pour proposer l'établissement d'une République en Australie.

    XXIe siècle
     
    Les chefs des gouvernements de l'Asie-Pacifique à la conférence de l'APEC à Sydney, en 2007.

    Au cours des années 2000, le commerce avec la Chine s'accroît considérablement et l'Australie joue un rôle actif dans des affaires internationales, notamment : en fournissant des finances aux économies asiatiques pour récupérer de la crise financière asiatique et en incitant à l'établissement du G20 ; en organisant la Force internationale pour le Timor oriental en 1999 ; en déployant des troupes vers l'Afghanistan et l'Irak, en participant aux secours après le tsunami qui a suivi le tremblement de terre du 26 décembre 2004.

    Le travailliste Kevin Rudd bat Howard aux élections du 24 novembre 2007. Ancien diplomate, son premier acte officiel en tant que Premier ministre est, le jour même de sa nomination, de ratifier le protocole de Kyoto et d'annuler certaines des réformes sur la législation du travail mises en place par le Parti libéral. Le 13 février 2008, tenant une promesse de campagne, il prononce un discours solennel, s'excusant auprès des Aborigènes, peuple autochtone, pour les maltraitances qu'ils ont subies.

    En 2009, l'Australie est ravagée par les incendies les plus meurtriers de son histoire. Les incendies de végétation du Victoria de 2009, aussi appelés « Samedi noir », font plus de 231 morts et des destructions importantes (365 000 hectares, 1 000 maisons[74]).

     
    La ligne d'horizon de Gold Coast au crépuscule, ville qui se développe rapidement au XXIe siècle.

    En 2008 et 2009, après 25 ans de réforme économique, et une période de croissance commerciale forte avec la Chine, l'Australie surpasse pratiquement chaque économie comparable en termes de croissance, tandis que la crise économique saisit le monde[75].

    En 2010, Rudd démissionne avant un vote interne du parti, demandé par Julia Gillard, devenant la première femme à prendre la tête du gouvernement australien[76]. Aux élections de 2010, l'Australie se retrouve, pour la première fois depuis 70 ans, avec une Chambre des représentants en situation de Parlement minoritaire. Après avoir obtenu le ralliement du seul représentant des Verts australiens, Gillard décroche progressivement le soutien de trois représentants indépendants et dispose ainsi d'une majorité absolue à la Chambre[77].

    L'Australie poursuit sa croissance, en partie grâce à la croissance minière, et à l'appétit croissant de la Chine sur le plan énergétique. Julia Gillard occupe le poste de Premier ministre jusqu'en 2013, année des nouvelles élections australiennes, où les sondages prédisent une défaite des travaillistes face au Parti libéral, mené par Tony Abbott. Gillard devient de plus en plus impopulaire au sein de son parti, et le 26 juin 2013, à quelques semaines d'élections fédérales prévues en septembre, elle est finalement désavouée lors d'un vote de confiance des représentants de sa formation[78]. Elle n'obtient que 45 votes en sa faveur, contre 57 pour son rival, Kevin Rudd, qui redevient ainsi chef du Parti travailliste et Premier ministre[78]. Elle annonce qu'elle quitte la politique à l'issue des prochaines élections[79]. Les élections ont lieu le 7 septembre 2013, Tony Abbott bat Kevin Rudd, et devient le 28e Premier ministre d'Australie le 18 septembre 2013. Cependant, il est lui-même renversé par son ministre Malcolm Turnbull en 2015. Celui-ci est à son tour mis en minorité et doit céder sa place à Scott Morrison qui a pu garder sa place de chef de gouvernement après les élections fédérales anticipées de 2019.

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