Portugal

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Contexte de Portugal

Le Portugal, en forme longue la République portugaise, en portugais : República Portuguesa, est un pays d'Europe du Sud, membre de l'Union européenne, situé dans l'Ouest de la péninsule Ibérique. Délimité au nord et à l'est par l'Espagne puis au sud et à l'ouest par l'océan Atlantique, il est le pays le plus occidental de l'Europe continentale. Il comprend également les archipels des Açores et de Madère, deux régions autonomes situées dans le nord de l'océan Atlantique, pour une superficie totale de 92 090 km2. Membre fondateur de l'OTAN, le Portugal est étroitement lié politiquement et militairement avec l'ensemble des autres pays occidentaux. Il est également membre de l’OCDE, de l'ONU, du conseil de l'Europe et de l’espace Schengen et est l'un des pays fondateurs de la zone euro. Le Portugal entretient en outre d'i...Lire la suite

Le Portugal, en forme longue la République portugaise, en portugais : República Portuguesa, est un pays d'Europe du Sud, membre de l'Union européenne, situé dans l'Ouest de la péninsule Ibérique. Délimité au nord et à l'est par l'Espagne puis au sud et à l'ouest par l'océan Atlantique, il est le pays le plus occidental de l'Europe continentale. Il comprend également les archipels des Açores et de Madère, deux régions autonomes situées dans le nord de l'océan Atlantique, pour une superficie totale de 92 090 km2. Membre fondateur de l'OTAN, le Portugal est étroitement lié politiquement et militairement avec l'ensemble des autres pays occidentaux. Il est également membre de l’OCDE, de l'ONU, du conseil de l'Europe et de l’espace Schengen et est l'un des pays fondateurs de la zone euro. Le Portugal entretient en outre d'importantes relations avec l'Espagne et la France, l'Allemagne, le Royaume-Uni et l'Italie, qui sont ses cinq plus importants partenaires commerciaux.

Fondé au XIIe siècle, le royaume de Portugal devient au XVe siècle l'une des principales puissances d'Europe occidentale, jouant un rôle majeur dans les Grandes découvertes et se constituant un vaste empire colonial en Afrique, en Asie, en Océanie, et en Amérique du Sud. La puissance du pays décline à partir du XVIIe siècle. La monarchie portugaise est renversée en 1910, à l'issue d'un soulèvement militaire qui contraint le roi Manuel II à l'exil. La Première République portugaise (en portugais : Primeira República) est le régime politique en vigueur au Portugal entre la fin de la monarchie constitutionnelle marquée par la révolution du et le coup d'État militaire du . Puis, pendant plus de quarante ans, le pays est soumis au régime autoritaire d'António de Oliveira Salazar, jusqu'à la révolution des Œillets de 1974 qui met fin à la dictature et restaure la démocratie dans le pays. L'économie du Portugal a alors connu un essor important. Il devient à la fin du XXe siècle un pays développé selon les standards européens, économiquement prospère, socialement et politiquement stable. En 2011, la dégradation économique mondiale conduit le Portugal à la récession et provoque une crise socio-économique et politique. Le Portugal doit également relever le défi du renouvellement des générations, le pays a en effet la fécondité la plus faible d'Europe et une des plus faibles au monde avec seulement 1,23 enfant par femme.

Durant la dictature de 1926 à 1974 près d'un million et demi de Portugais sont partis travailler en dehors du pays pour fuir la pauvreté de la campagne et les guerres coloniales. Les fortes zones d'émigration portugaise sont le Brésil, les États-Unis, la France, le Luxembourg (14,1 % de la population totale du pays), la Suisse, l'Argentine, le Venezuela, le Canada, ainsi que la principauté d'Andorre. Avec plus de 30 millions de luso-descendants (descendants portugais) dans le monde, la diaspora portugaise est à l'heure actuelle l'une des principales diasporas européennes et mondiales.

Le tourisme, principalement balnéaire, est une ressource très importante, notamment en Algarve et dans la région de Lisbonne. Le climat subtropical de Madère et ses paysages singuliers en font une destination touristique appréciée. Le Portugal est l'un des pays les plus visités d'Europe avec 12,7 millions de touristes en 2019. Il est également un grand pays viticole, réputé notamment pour le vin de Porto. Le Portugal est par ailleurs le premier producteur mondial de liège. Le Portugal rayonne enfin grâce aux grands événements qu'il organise. Sa capitale, Lisbonne, a ainsi accueilli l'Exposition universelle sur le thème des océans en 1998. Il s'est également porté candidat, conjointement avec l'Espagne, à l'organisation de la coupe du monde de football 2018 après avoir été l'hôte du championnat d'Europe en 2004.

Plus à propos Portugal

Informations de base
  • Devise Euro
  • Nom natif Portugal
  • Indicatif d'appel +351
  • Domaine Internet .pt
  • Mains voltage 230V/50Hz
  • Democracy index 7.9
Population, Area & Driving side
  • Population 8857716
  • Zone 92225
  • Côté conduite right
Historique
  • Préhistoire, Antiquité pré-romaine et romaine
     
    Une gravure rupestre de la vallée de Côa.

    Les plus anciennes traces de civilisation retrouvées au Portugal datent du Paléolithique : peintures et gravures rupestres des grottes d'Escoural (Alentejo),...Lire la suite

    Préhistoire, Antiquité pré-romaine et romaine
     
    Une gravure rupestre de la vallée de Côa.

    Les plus anciennes traces de civilisation retrouvées au Portugal datent du Paléolithique : peintures et gravures rupestres des grottes d'Escoural (Alentejo), de Mazouco[n 1] (Tras-os-Montes) et surtout de Vale de Côa, datées entre 22000 et 10000 av. J.-C. La majorité de ces traces se trouvent au nord du Tage, témoignant de l'existence de peuples de chasseurs-cueilleurs. Vers 10000 av. J.-C., les Ibères peuplent l'intérieur des terres de la péninsule. Ce territoire prend dès lors le nom de « péninsule Ibérique »[1].

     
    Le cromlech des Almendres.

    Entre 4000 et 2000 av. J.-C., le Portugal et la Galice voient se développer une culture mégalithique originale par rapport au reste de la péninsule, caractérisée par son architecture funéraire et rituelle particulière, et par la pratique de l'inhumation collective. On peut encore trouver dans le pays de nombreuses traces monumentales, la plupart dans l'Alentejo : le cromlech d'Almendres près d'Évora, ceux de Vale Maria do Meio ou de Portela de Mogos, ainsi que le dolmen de Zambujeiro.

    L'âge du bronze voit l'établissement de contacts maritimes entre le littoral atlantique et celui de la Bretagne, et des îles Britanniques alors que le sud de la péninsule entretient des liens commerciaux avec la Méditerranée : des Grecs et des Phéniciens venus de l'actuel Liban, ainsi que leurs descendants carthaginois, y installent de petits comptoirs commerciaux semi-permanents[2]. Le moteur de ce commerce est la richesse de la péninsule en métaux (or, argent, fer et étain), ainsi que le salage du poisson de l'Atlantique, réputé dans le bassin méditerranéen.

     
    La Citânia de Briteiros, dans la province du Minho, est le site de l'âge du fer le mieux conservé du Portugal.
     
    L'empire romain au IIIe siècle.

    Durant l'âge du fer, un peuple indo-européen s'établit dans la région. Ils occupent bientôt le centre et l'ouest de la péninsule, vivant regroupés en petits noyaux de population isolés, établis sur les hauteurs avec des habitations circulaires (castros), et pratiquant l'agriculture et l'élevage. Chaque maison (150 environ) est défendue par une enceinte (comme on peut en voir dans la Citânia de Briteiros). On trouve aussi dans ces regroupements un édifice funéraire. Comme ils maîtrisent le fer, le travail de la terre devient plus efficace, les cueillettes augmentent, améliorant par la même les conditions de vie et la démographie. Les Lusitaniens occupent une partie du territoire actuel du Portugal et les provinces espagnoles du León et l'Estrémadure. Ils parlent leur propre langue, et s'étendent peu à peu vers l'Estrémadure[3].

    La présence romaine est ancienne et déterminante dans la culture ; les usages et la langue lusitaniens sont fortement latinisés. Le peuplement romain proprement dit commence au Ier siècle av. J.-C. après la conclusion de la paix entre les Lusitaniens et Jules César (en 48 av. J.-C.). Les Romains créent un réseau urbain et de transport qui structure le pays jusqu'à nos jours. Il est spécialement destiné à l'exportation maritime vers la Méditerranée des principales productions du pays : métaux, huile d'olive, vin, conserves de poisson. L'occupation par les Suèves précédant l'époque wisigothique est partielle et discrète[réf. nécessaire].

    Conquête germanique : les royaumes suève et wisigoth
     
    Le royaume suève en vert et le wisigoth en orange

    Au début du Ve siècle, des peuples germaniques, les Suèves, les Vandales (Silinges et Hasdingi) et leurs alliés, les Sarmates et les Alains envahissent la péninsule Ibérique où ils forment un royaume sous la direction du roi suève Herméric.

    Le Royaume suève est un royaume germanique post-romain établi dans les anciennes provinces romaines de Gallaecia et du Nord de la Lusitanie. Vers 410 et au VIe siècle, il devient un royaume officiel, après qu'Herméric eut conclu un traité de paix avec les Gallaeci avant de la transmettre à sa mort à Rechila, son fils. Un fœdus concédé par Rome légitime par ailleurs sa fondation. Il est le premier royaume du haut Moyen Âge qui frappe monnaie pour signifier son existence. En 448, Rechila meurt, laissant le soin de poursuivre l'expansion à Rechiar. Le Royaume suève, qui essaye à plusieurs reprises d'étendre son territoire, conserve son indépendance jusqu'en 585, lorsqu'il est annexé par les Wisigoths, devenant la sixième province du Royaume wisigoth d'Hispania.

    Depuis sa défaite contre les Francs à la bataille de Vouillé en 507 et la chute de Toulouse en 508, le Royaume wisigoth s'est replié en Hispanie, avec Tolède pour capitale. Après la soumission du Royaume suève et sa capitale Bracara (aujourd'hui Braga) en 584-585, la péninsule Ibérique est gouvernée par les Wisigoths jusqu'en 711, année de la bataille du Guadalete, véritable tournant dans la conquête du royaume par les troupes musulmanes.

    Conquête arabo-musulmane et période du Gharb Al-Andalus
     
    La péninsule Ibérique au plus fort de l'avancée omeyyade.

    La conquête musulmane de l'Hispanie par les Omeyyades se fait à partir du Maghreb[4]. Après avoir battu les Wisigoths en 711, les armées arabo-berbères[4],[5] de Tariq ibn Ziyad occupent en trois mois la majeure partie de la péninsule Ibérique (à l'exception d'un réduit chrétien dans le Nord, qui se constitue en royaume des Asturies). L'occupation se fait sous l'autorité de Moussa Ibn Noçaïr, gouverneur omeyyade de l'Ifriqiya et général des troupes musulmanes[6]. Dans la foulée de la conquête de la péninsule et de la Septimanie, les armées musulmanes remontent en 719 vers Narbonne[5], débarquent en Sicile en 720, puis en Sardaigne, en Corse et dans les îles Baléares en 724. L'ancienne Lusitanie romaine est alors intégrée dans le vaste empire omeyyade de Damas sous les noms d'al-Tagr al-Adna (en)[7] (Marca Inferior) et de Gharb al-Ândalus. Très vite cependant, des tensions apparaissent entre les chefs berbères, arabes et Damas au sujet du partage du butin des vaincus[6],[8]. Et des particularismes liés à l'histoire spécifique de la région émergent. En 750, la péninsule Ibérique passe sous le joug d'Abd al-Rahman Ier, qui crée et donne son indépendance à l'Émirat de Cordoue, élevé au statut de Califat de Cordoue en 929.

     
    Royaumes des Taifas en 1037.

    À la chute du Califat en 1031, l'Hispanie musulmane, qui se fragmente, est partagée entre 23 roitelets indépendants : c'est la période des Reyes de taïfas — muluk at tawaif en arabe). La plus grande partie de la Lusitanie relève alors de la Taïfa de Badajoz des Aftasies, et de la Taïfa de Séville des Abbadides. Pris dans des jeux d'alliances et des guerres intestines, les gouverneurs de ces taïfas se proclament émirs et lient des relations diplomatiques avec les royaumes chrétiens. D'un point de vie socio-économique et culturel, cette période correspond à un âge d'or musulman en Lusitanie. L'émulation qui se crée entre les différentes taïfas entraîne une mise en valeur soignée du territoire : développement des villes, du commerce, de la navigation, des sciences, de la littérature, et particulièrement de la poésie de cour mozarabe. En revanche politiquement et militairement, les musulmans désunis et parfois en rivalité ont plus de difficultés à contenir l'avancée des chrétiens, qui jouent habilement de leurs dissensions. Cette période de fragmentation prend un terme avec l'avancée des Almoravides venus du Maroc en 1086 lors de la Bataille de Sagrajas, puis des Almohades venus également de Marrakech en 1147 à la suite de la Deuxième période de taïfas[9]. Du Xe au XIIIe siècle, les dynasties berbères almoravides et almohades dominent l'ancienne Lusitanie romaine.

     
    L'Empire Almoravide en 1100.

    D'un point de vue administratif, la Lusitanie musulmane est partagée en deux régions: Al-Tagr Al-Adna (pt), ou la « Marche Inférieure », qui correspond approximativement aux actuelles régions Centre, de Lisbonne et du Ribatejo, et le Gharb Al-Andalus, qui correspond aux actuelles régions de l'Alentejo et de l'Algarve. Ces deux grandes régions sont elles-mêmes divisées en différents districts nommés Kura. À son apogée, Gharb Al-Andalus est constitué de dix kuras[10], dont chacune possède une capitale. Les principales villes de l'époque sont Beja, Silves, Alcácer do Sal, Santarém, Lisbonne ou Coimbra. L'occupation musulmane se révèle particulièrement structurante au sud du Mondego, et surtout du Tage, dans les territoires directement sous influence andalouse et rechristianisés tardivement (vers 1249). Silves connaît un rayonnement culturel jusqu'au XIIIe siècle et Mertola joue un rôle économique par les échanges maritimes fluviaux.

    La population musulmane de la province est constituée d'Arabes, de Berbères et d'Ibères convertis de force ou non à l'islam. Issus de prestigieuses familles, les Arabes sont essentiellement originaires du Yémen. Bien que minoritaires, ils constituent l'élite des armées et de l'administration musulmane. On les retrouve notamment dans les villes de Séville, Beja, Huelva jusqu'aux côtes d'Alentejo. Peu nombreux, et regroupés en fonction de leur tribu d'origine, ils forment un groupe solidaire jusqu'au IXe siècle[11]. Les Berbères originaires des montagnes d'Afrique du Nord sont, quant à eux, essentiellement des nomades. Ils constituent la majorité des occupants venus de l'extérieur. D'abord installés dans le nord, ils sont chassés par le roi des Asturies Alphonse Ier et viennent s'installer dans le sud du Gharb, où ils surpassent rapidement en nombre les Arabes[12]. Enfin, les Ibériques convertis à l'islam et nommés muwallads forment le groupe musulman majoritaire.

     
    Localisation des œuvres mozarabes à travers la péninsule.

    Au départ, la situation des chrétiens dépend de la manière dont leur ville s'est rendue aux conquérants arabo-berbères. Lorsqu'elle a capitulé pacifiquement comme à Mérida, Beja ou encore Évora, les nobles wisigoths sont autorisés à conserver leurs terres, si bien que certains documents attestent de la présence de très riches propriétaires terriens wisigoths jusqu'au XIIe siècle et l'Église, elle aussi, peut conserver ses terres[12]. En revanche si, comme à Séville, la ville s'est révoltée face à l'arrivée musulmane, les Arabes divisent les terrains des nobles et les réattribuent à un grand nombre de personnes comme aux serfs, favorisant ainsi les petites propriétés qui caractérisent par la suite certaines régions du Portugal. Ces derniers, opprimés durant le règne des rois wisigoths, jouissent d'une certaine indépendance dans l'exploitation de ces terres dans la mesure où leurs nouveaux maîtres ne souhaitent pas pratiquer eux-mêmes l'agriculture et donc laissent leurs subordonnés cultiver comme ils le souhaitent. La particularité du Gharb est le fait que la noblesse y a toujours été très indépendante, et cela bien avant l'arrivée arabe.

    Les nouveaux conquérants, qui comptent plusieurs milliers de personnes (environ 16 000)[13], s'installent d'une façon générale au sud du Mondego, et surtout du Tage, en particulier dans la région de l'Algarve[13]. La période d'Al-Andalus laisse un héritage décisif dans la langue portugaise[14], mais aussi dans la topographie du Portugal et dans les domaines des arts, de l'urbanisme[15], de la propriété foncière, des sciences[n 2], des techniques[n 3] et de l'agriculture[n 4],[n 5],[15]. Dans ce dernier domaine, les apports essentiels touchent à l'irrigation (connaissance des calculs de pente et de débit d'eau) et à la culture d'espèces nouvelles : les spécificités portugaises sont les fruits (notamment les pommes, les poires et les figues en Algarve), la vigne car la consommation du vin s'est perpétuée chez les Andalous, les céréales dont le riz en Alentejo, les légumes comme l'artichaut. De cette époque subsiste également la tradition décorative des azulejos[réf. nécessaire].

    Reconquista, formation du royaume de Portugal et expulsion des Maures

    Dès le premier quart du VIIIe siècle, des militaires et des nobles germaniques réfugiés dans le Nord de la péninsule refondent une souveraineté chrétienne, le royaume des Asturies, et se lancent dans une longue guerre d'expansion territoriale vers le sud, la Reconquista, également appelée « Reconquête chrétienne ». Ce mouvement, qui englobe l'ensemble de la péninsule Ibérique, vise à faire repasser les terres ibériques perdues au profit des envahisseurs arabo-berbères sous souveraineté chrétienne.

     
    Carte politique du Nord-Ouest de la péninsule Ibérique à la fin du XIIe siècle.

    Historiquement, la Reconquista commence avec la bataille de Covadonga (soit 718 ou 722), pendant laquelle l'élite wisigothique, réunie autour du roi Pélage (718-737), vainc une armée islamique et établit son autorité sur un réduit montagneux dans le nord de la péninsule, appelé royaume des Asturies. Sous le règne d'Alphonse Ier (739-757), les croisés chrétiens des Asturies s'emparent des territoires jusqu'au Douro. Par la suite, la fragmentation du royaume en différentes entités donne naissance aux différents royaumes chrétiens Ibériques. Le royaume de León, héritier direct du royaume des Asturies, est à l'origine subdivisé en cinq provinces : les Asturies, le León, la Galice, le Portugal et la Castille. Chacune est dirigée par un comte. Au fur et à mesure des conquêtes, les terres sont divisées en comtés ou en duchés. En 868, Porto et Braga sont reprises. À partir du IXe siècle, le sud de la Galice forme un comté dynamique autour de sa métropole religieuse, Braga, et de son port, Porto. Il porte le nom de « Portucale » ou « Terra portucalensis » (pays de Portucale), du nom latin d'un bourg voisin de Porto, Gale devenue Vila Nova de Gaia, (« Portucale »).

     
    Afonso Henriques, premier roi de Portugal.

    En 1095, le pape Urbain II lance la première croisade pour libérer les lieux saints et surtout réagir à la menace que représentent les Turcs récemment convertis à l'islam. Déjà, les réformes grégoriennes appellent à s'unir pour lutter contre toutes les croyances païennes et hérétiques. C'est dans ce cadre qu'en 1095, Alphonse VI de Castille et de León, annexant la Galice et le comté de Portugal, réunifie l'ensemble du León. Marié à Constance de Bourgogne, il fait appel à sa belle-famille bourguignonne pour l'aider à reconquérir la péninsule. Immédiatement, Raymond et Henri de Bourgogne, princes de la famille royale de France, issus d'une noblesse en quête de terre et de prestige, répondent favorablement à l'appel[16]. En remerciement, et pour consolider ses liens avec les autres monarchies, Alphonse VI donne à Raymond sa fille Urraque, ce qui en fait le futur roi de León et de Galice. À Henri, il donne la main de sa fille bâtarde, Thérèse de León et le comté de Portugal en 1093. Dès lors, celui-ci installe sa cour près de Braga, dans la ville de Guimarães, considérée depuis comme « berceau » du Portugal. Installé dans ses domaines, Henri continue à prêter allégeance à Alphonse VI tout en bénéficiant d'une certaine autonomie, et poursuit la reconquête jusqu'au fleuve Mondego[réf. nécessaire].

     
    Le premier drapeau du Portugal.

    Suivant une vieille coutume germanique, après avoir remporté une victoire éclatante sur les musulmans lors de la bataille d'Ourique, le prince (princeps) Alphonse Ier, fils de Henri de Bourgogne[17], est proclamé premier roi du Portugal par ses troupes sur le champ de bataille[18]. La légende, teintée de mysticisme, veut que le Christ lui soit apparu pendant les combats. La situation est officialisée par le traité de Zamora (1143) par lequel Alphonse VII reconnaît le royaume de Portugal et son roi Alphonse Ier. Grâce à son habileté politique et militaire, ce dernier a réussi là où d'autres comtés échouent, et gagne son indépendance[19].

    Pendant plusieurs siècles, soutenus par les Templiers et les Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, les souverains portugais poursuivent leur Reconquista vers le Sud jusqu'à ce que les Arabo-andalous qui dominent le sud de l'ancienne Lusitanie romano-barbare soient définitivement battus. Au début du XIIIe siècle, l'Inquisition catholique, une institution judiciaire chargée de lutter contre l’hérésie, et qui est à l'origine mise en place pour faire face aux mouvements manichéens cathares et albigeois, est étendue à la péninsule Ibérique dans une logique de persécution envers les hérétiques et les musulmans[20]. Cependant, pragmatiques, les souverains portugais pratiquent une politique très tolérante vis-à-vis de leurs communautés juives et mauresques jusqu'au début du règne de Manuel Ier, afin de sauvegarder la paix civile, mais aussi pour des raisons financières et technologiques. Contrairement à ce qui se passe en Castille, l'Inquisition portugaise ne commence à jouer un rôle majeur dans l'expulsion des Maures et la persécution des Juifs au Portugal qu'à partir du XVIe siècle.

    En l'an 1249, les souverains portugais de la dynastie de Bourgogne achèvent leur Reconquista, avec la conquête de la taïfa de Silves, puis la conquête de l'Algarve, avec la prise de Faro par Alphonse III. Après la destruction des dernières taïfas arabo-berbères de Lusitanie, le Portugal continue à s'investir dans les guerres de Reconquête de ses voisins, qu'il aide occasionnellement, alors que le pays intègre les apports arabo-andalous, et connait une homogénéisation religieuse, culturelle et ethnique progressive très lente, qui s'étend sur plusieurs siècles, au croisement des mondes ibérique, germanique, arabo-berbère et juif. La reconquête achevée, s'ouvre alors la période des Grandes découvertes.

    Découvertes
     
    Le Monument des Découvertes, à Lisbonne.

    Le retour de la paix favorise l'exploration et l'expansion de nouveaux territoires au-delà des mers : c'est le temps des découvertes, grâce à Henri le Navigateur et au roi Jean II. Ceuta est conquise par le Portugal en 1415[21]. En 1474, João Vaz Corte-Real et Alvaro Martins Homem auraient découvert le Groenland et Terre-Neuve[22].

    Devenu roi, Jean II (1481-1495) centralise le pouvoir et continue de planifier de grandes expéditions. Jean II est le monarque de la Renaissance par excellence : il met fin à certains privilèges, oblige la noblesse à lui prêter serment, se débarrasse des traîtres. Ainsi, le duc Ferdinand II de Bragance, qui conspire avec les Rois catholiques, est arrêté et exécuté en 1483 ; en 1484, c'est le duc de Beja et de Viseu Diogo qu'il assassine lui-même pour les mêmes raisons. Le pouvoir et le domaine royal s'en trouvent agrandis, au prix de la haine de la grande noblesse. Ce ressentiment est d'autant plus vif que le roi privilégie désormais la poursuite des découvertes de nouvelles terres et surtout de la route des Indes. L'Afrique n'est plus l'enjeu ; il s'agit de la contourner[réf. nécessaire].

     
    Les voyages des explorateurs portugais.

    La mission en est confiée à Diogo Cão, qui, en 1481, emporte le premier padrão (borne de pierre revêtue des symboles du Portugal plantée dans les terres découvertes). Il remonte le fleuve Congo, débarque au royaume de Kongo, au Gabon, en Angola et en Afrique du Sud enfin, en 1486. Ces coûteuses expéditions ne sont plus royales mais confiées à des commerçants privés : en échange, ces derniers doivent découvrir 500 km de côtes par an. Ces commerçants se financent par l'exploitation des terres conquises et par l'établissement de São Jorge da Mina, dans le golfe de Guinée, qui voit converger l'or de la région. Construit en 1482, il vise aussi à interdire aux navires étrangers l'accès aux eaux portugaises. Le traité de Tolède (6 mars 1480) instaure un partage de l'Atlantique avec la Castille, lui abandonnant les découvertes à l'ouest des Canaries et assurant au Portugal le monopole en Afrique. Madère devient un point d'escale. Le vin, la canne à sucre et l'élevage s'y développent grâce à l'arrivée de migrants et d'esclaves. Le blé des Açores sert à ravitailler le pays[réf. nécessaire]. Le Cap-Vert, les îles de São Tomé et de Principe fournissent du sucre et du bétail. Jean II passe une alliance avec le roi du Kongo pour enseigner la religion catholique[23]. Le commerce avec les Africains rapporte aussi de l’ivoire et des fruits tropicaux.

    C'est ensuite Bartolomeu Dias qui est envoyé en 1487. Il double le cap de Bonne-Espérance (qu'il avait nommé « cap des Tempêtes »[24] avant que le roi ne le rebaptise) le 6 janvier 1488, par hasard, emporté par une tempête. Il atteint l'actuelle Namibie mais une mutinerie l'empêche d'aller plus loin.

    Dans le but de préparer le voyage vers les Indes, Jean II envoie en 1488 des émissaires par voie de terre. C'est un moyen de recueillir des informations sur les courants dans l’océan Indien, peut-être même de trouver une trace du mythique royaume du prêtre Jean. C'est d'abord Pedro de Montanoio et Pedro de Lisboa qui mènent l'expédition. Ils sont suivis de Pêro da Covilhã et d'Afonso de Paiva, qui apportent de précieux renseignements pour le voyage de Vasco de Gama[réf. nécessaire].

     
    Vasco de Gama.

    Ils partent vers Jérusalem, accèdent au golfe Persique, à Aden à l'embouchure de la mer Rouge. Ils se séparent ensuite. Paiva part vers l'Abyssinie à la recherche du prêtre Jean. Covilhã part vers les Indes. Il passe par Calicut, puis Sofala, Madagascar, revient au Caire où il apprend la mort de son compagnon. Il envoie ses informations au roi et part pour Ormuz. Il parvient à la cour du négus chrétien, s'y marie et y finit ses jours. Grâce à lui, on fait construire des navires spéciaux : la caraque va être remplacée par la caravelle permettant d'emporter plus d'équipage, d'armes et de ravitaillement[réf. nécessaire].

    Pendant ce temps là, les Rois catholiques prennent Grenade et mettent fin à la reconquête (1492). Cette victoire leur laisse les mains libres pour entreprendre des expéditions. Christophe Colomb embarque en leur nom pour atteindre les Indes par l'ouest. Jean II, à qui il s'adresse auparavant, refuse de financer ce voyage, privilégiant la route découverte par Vasco de Gama et estimant, à juste titre, que Colomb se trompe. En 1493, Christophe Colomb revient d'Amérique et c'est à Lisbonne qu'il débarque en premier. Il annonce au roi que les terres découvertes lui appartiennent en vertu du traité d'Alcaçovas. Jean II les revendique donc auprès du pape Alexandre VI. Une bulle papale établit alors une division des terres qui passe à 100 lieues à l'ouest du Cap-Vert. Jean II exige un autre accord : le 7 juin 1494, Espagnols et Portugais signent le traité de Tordesillas qui fixe la limite à 370 lieues. Ce nouvel accord permet au Brésil, qui n'a pas encore été découvert, d'être portugais tout en abandonnant à l'Espagne les nouvelles terres d'Amérique[réf. nécessaire].

     
    Carte anachronique de l'Empire portugais (1415–1999).

    C'est le nouveau roi Manuel Ier (1495-1520) qui tire profit de la politique intelligente de Jean II. Celui-ci, très impopulaire auprès de la noblesse, meurt probablement empoisonné en 1495. Vasco de Gama arrive aux Indes le 20 mai 1498, ouvrant la voie au commerce très fructueux des épices contrôlé jusque-là par les Vénitiens. Son voyage a été minutieusement préparé. Mais, à son arrivée à Calicut, il est mal accueilli par le Zamorin. En 1499, une deuxième expédition, commandée par Pedro Alvares Cabral est envoyée avec l'objectif de s'imposer, par la force si nécessaire. Le 22 avril 1500, Cabral aborde au Brésil et en prend possession. Il envoie un messager à Lisbonne et poursuit sa route[réf. nécessaire].

    Arrivé à Calicut, il reçoit meilleur accueil mais très vite les Portugais doivent affronter la concurrence des Vénitiens, des Turcs et des Égyptiens. C'est la fin des voyages pacifiques. Les Portugais tirent parti des divisions entre les hindous et les musulmans de la région. Une feitoria est créée à Cochin puis à Cannanore, Sofala, Quiloa et Malacca (1511). Elles sont protégées par des forteresses et une armada. On finit par installer une administration et créer un poste de vice-roi des Indes pour maintenir l'ordre dans l’océan Indien : Francisco de Almeida en est le premier, suivi d'Afonso de Albuquerque qui installe de solides forts aux points stratégiques (Malacca, Siam, Goa qui devient la capitale de cet empire, Moluques, Timor, archipel de Socotra, Ormuz) et consolide cet empire naissant. Tout l'océan Indien est bientôt sous contrôle[réf. nécessaire].

     
    Possessions Portugaises au Maroc.

    Amerigo Vespucci fait partie du premier voyage officiel au Brésil (1501). La découverte du Brésil permet aux commerçants portugais de s’approprier le pau-brasil, un bois de teinture et de construction très recherché. Mais le pays semble peu intéressant au départ jusqu'à ce que la concurrence espagnole et française se fasse sentir. On y envoie des colons, on crée des factoreries. Les Indiens du Brésil, puis de nombreux Africains, sont mis en esclavage pour la culture du sucre. En 1600, le Brésil est le premier producteur mondial de sucre et le principal fournisseur de ressources du Portugal. Au XVIIe siècle, les Bandeirantes découvrent également au sud de la colonie des mines d’or et de diamants qui sont exploitées grâce à une même main-d’œuvre servile. Les découvertes se poursuivent par ailleurs : en 1495, Pêro de Barcelos et João Fernandes Lavrador explorent les côtes du Canada et du Groenland (donnant son nom au Labrador). En 1500, Gaspar Corte-Real arrive à Terre-Neuve. En 1513, Jorge Álvares arrive en Chine et Tomé Pires à Pékin[réf. nécessaire].

    C'est la naissance d'un véritable empire reposant sur les comptoirs. La Casa da India à Lisbonne contrôle et vérifie les marchandises importées d'Orient. Les richesses venues des colonies (épices, or, pierres…) affluent pendant les siècles suivants. Jamais le pouvoir royal n'a été aussi grand. Manuel Ier réforme d'ailleurs l'administration avec un nouveau code législatif afin de renforcer encore ce pouvoir (les ordonnances Manuelines de 1521). Mais il sait aussi ménager la noblesse (contrairement à son prédécesseur) qui, grâce aux nouvelles colonies, finit par y trouver son compte. En 1555, le pays est considéré comme le plus riche d'Europe. C'est également une période de croissance démographique. Le Portugal compte environ 1,5 million d'habitants ; tout un peuple vit alors impliqué dans le colonialisme. Beaucoup partent vers les colonies. L'esclavage fait que le travail devient une valeur dévaluée[réf. nécessaire].

    Il s'agit également d'une période de développement culturel avec le début des grandes constructions influencées par la Renaissance, avec l'installation définitive de l'université à Coimbra. Le style manuélin, gothique propre au pays, se propage sous l'influence de grands architectes (Mateus Fernandes, les frères Diogo et Francisco de Arruda et les Français Diogo Boitaca ou Nicolau de Chanterene). La littérature connaît aussi une époque faste avec les œuvres de João de Barros, Damião de Góis ou Gil Vicente[réf. nécessaire].

    Union ibérique
     
    Carte de l'Union ibérique (1580–1640)
    Empire portugais Empire espagnol

    En 1578, le roi Sébastien Ier entreprend une expédition au Maroc, mais, le 4 août 1578, la bataille des Trois Rois tourne au carnage, avec des milliers de morts et de nombreux prisonniers. Une centaine de rescapés rentrent à Lisbonne. Le roi y trouve la mort et son corps n'est pas retrouvé. C'est un désastre militaire, économique et politique : la défaite marque la fin de la dynastie d'Aviz et d'une époque glorieuse, chantée dans Les Lusiades par le poète Luís de Camões, disparu également à cette époque. Quatre siècles d'une indépendance chèrement acquise sont alors remis en cause[25].

    Outre la crise politique et économique, c'est une crise morale que connaît le pays : une Couronne endettée, des milliers de morts et des prisonniers dont il faut payer la rançon minent le pays. C'est dans cette atmosphère que vont surgir et prospérer de nombreuses prophéties évoquant le retour du jeune roi : le sébastianisme. Pas moins de quatre imposteurs cherchent à se faire passer pour le roi au cours de cette période, le dernier, un Italien, est pendu en 1619[26]. Le vieux cardinal Henri, dernier fils de Manuel Ier, monte sur le trône le 28 août 1578. Il est chargé de se trouver un successeur. De nombreux prétendants existent dont Philippe II d'Espagne, qui apparaît comme le mieux à même d'assurer la conservation de l'Empire portugais en renouvelant ses infrastructures maritimes et surtout en soldant la dette portugaise. Cette solution a les faveurs de la noblesse et du clergé. Le peuple, lui, favorise un Portugais (dom Antoine, prieur de Crato) mais les Cortes n'arrivent pas à trancher. La grande bourgeoisie penche du côté espagnol pour des raisons économiques. Elle entend profiter des marchés offerts par l'Espagne et ses colonies.

    Henri Ier meurt sans les départager. Philippe II s'impose avec une démonstration de force face au prieur de Crato lors de la bataille d'Alcántara (25 août 1580). Celle-ci marque la fin de la dynastie d'Aviz et le début de celle des Habsbourg. À l'occasion de la tenue des Cortes à Tomar (1581), le roi Philippe de Habsbourg, intronisé sous le nom de Philippe Ier de Portugal, accorde son pardon aux soutiens du prieur de Crato et s'engage à respecter l'ensemble des lois et coutumes portugaises. L'exploitation des colonies et l'administration du pays restent du domaine exclusif des Portugais. Dirigé par les Habsbourg, le Portugal est désormais associé in persona regis à la Monarchie catholique espagnole, la cour portugaise est transférée de facto à Madrid, mais le royaume conserve son indépendance juridique, ainsi qu'une grande autonomie politique. L'Union ibérique permet au royaume de retrouver une certaine stabilité économique, avec le paiement momentané de l'immense dette publique portugaise, mais le pays perd aussi progressivement des positions au profit de la Hollande et de la France, traditionnellement opposés aux Habsbourg.[réf. nécessaire] En 1588, le conflit entre l'Espagne et l'Angleterre aboutit à l'épisode de l'Invincible Armada, à l'occasion duquel le Portugal perd 12 navires. Les premiers accrocs entre Portugais et Castillans surgissent à la fin du règne de Philippe Ier et se poursuivent avec son successeur, Philippe II de Portugal, qui se désintéresse du pays et de l'administration en général. Il délègue ses pouvoirs au vice-roi qui cherche à centraliser le pouvoir et à remettre en cause l'autonomie du Portugal. Le nouveau roi se rend impopulaire en augmentant les impôts, en affichant une certaine tolérance envers les nouveaux chrétiens et en signant une trêve avec la Hollande qui en profite pour conforter sa place dans les colonies portugaises.

    Un nouveau code législatif est introduit : les Ordonnances Philippines (1603). Philippe IV bafoue les accords sur l'autonomie du pays et alourdit encore la pression fiscale. Des troubles éclatent. Face à la concurrence des Anglais et des Hollandais, les places portugaises tombent une à une : Ormuz en 1622, Bahia en 1624, Arguin en 1633, São Jorge da Mina en 1637. Dès lors, le Portugal se tourne essentiellement vers le Brésil déjà menacé par les Néerlandais et les Français. L'Espagne devient la cause de tous les maux du pays. Des révoltes éclatent et l'unité nationale en sort renforcée. Les opposants soutiennent le duc Jean IV de Bragance, ils s’emparent du palais royal de Lisbonne le 1er décembre 1640. Le 15 du même mois, Jean devient roi de Portugal sous le nom de Jean IV.

    Restauration, absolutisme et libéralisme
     
    Acclamation de Jean IV, dit « le Restaurateur ».

    La restauration de l'indépendance du Portugal est suivie d'une guerre contre l'Espagne qui dure jusqu'en 1668. Avec le traité de Lisbonne, l'Espagne reconnaît définitivement l'indépendance de son voisin[27].

     
    Cette gravure de 1755 montre les ruines de Lisbonne en flammes et le raz-de-marée submergeant les navires du port.

    Dans la fin du XVIIe siècle et dans la première moitié du XVIIIe siècle, débute l'exploration minière du Brésil, où il fut découvert de l'or et des pierres précieuses. Ces richesses servaient aussi pour payer des produits importés, majoritairement d'Angleterre (il n'existait presque pas d'industrie textile dans le royaume portugais et tous les tissus étaient importés d'Angleterre). Le commerce externe se basait sur l'industrie du vin et le développement économique du royaume fut impulsé, déjà dans le règne de Joseph Ier, par les efforts du Marquis de Pombal (ministre entre 1750 et 1777), pour inverser la situation avec de grandes réformes mercantilistes. Ce règne fut marqué par un violent séisme qui a dévasté le Portugal (Lisbonne, Madère et l'Algarve), le Maroc, le Royaume-Uni[28] et d'autres pays le 1er novembre 1755[29].

    Pour ne pas briser l'alliance avec l'Angleterre, le Portugal a refusé d'adhérer au blocus continental, en conséquence il fut envahi par les armées napoléoniennes en 1807[30]. La cour et la famille royale portugaise se sont réfugiées au Brésil. Lisbonne n'est plus la capitale du Royaume-Uni portugais, celle-ci étant transférée à Rio de Janeiro[31], où il reste jusqu'en 1821, quand Jean VI est retourné à Lisbonne pour la première Constitution. Dans l'année suivante, le 7 septembre 1822, son fils Pedro IV s'était proclamé empereur du Brésil[32].

    Pendant le XIXe siècle, le Portugal a vécu d'importantes perturbations politiques et sociales (une guerre civile et des révoltes ainsi que des soulèvements militaires, comme la révolution de septembre 1836, la révolution du Minho, celle de Patuleia…). Dans la fin du XIXe siècle, les ambitions coloniales portugaises se distinguent de celles des Anglais, différence qui est à l'origine de l'ultimatum britannique de 1890. Les concessions aux exigences britanniques et la croissance des problèmes économiques propulsent la monarchie dans un discrédit croissant.[réf. nécessaire] Charles Ier et le prince héritier Louis Philippe de Bragance sont assassinés le 1er février 1908. La monarchie se maintient pendant deux ans, sous le règne de Manuel II, mais une révolution l'abolit le 5 octobre 1910 à la suite de laquelle le Portugal devient une république[33].

    République, Estado Novo et retour à la démocratie
     
    1 Escudo commémorant la naissance de la République promue le 5 octobre, escudo frappé en 1914.
     
    Le Portugal et ses provinces ultramarines en Afrique, pendant la guerre coloniale (1961–1974).
     
    Allégorie de la proclamation de la República Portuguêsa en 1910.

    Le 5 octobre 1910, peu après la proclamation de la République, le jeune roi Manuel II s'exile en Angleterre. Pendant la Première Guerre mondiale, le corps expéditionnaire portugais est envoyé en France pour servir aux côtés des alliés. Après plusieurs années d'instabilité politique marquées par des luttes de travailleurs, des tumultes, des homicides politiques (comme la nuit sanglante de 1921) et des crises financières, l'armée prend le pouvoir en 1926 (coup d'État militaire conduit par le général Gomes da Costa).[réf. nécessaire] Le général Oscar Carmona est nommé président du Conseil puis devient chef de l'État.

    Le régime militaire nomme António de Oliveira Salazar, un enseignant de l'université de Coimbra[34], ministre des Finances, avec pleins pouvoirs budgétaires afin de redresser l'économie du pays, ce qu'il fait de façon spectaculaire en un an. Il est nommé en 1932 président du Conseil par le président de la République, le général Óscar Carmona.[réf. nécessaire]

    Salazar consolide le pouvoir autoritaire et introduit en 1933 une nouvelle constitution qui lui donne les pleins pouvoirs. Habile homme d'État, il écarte du pouvoir tous les généraux du coup d'État de 1926 et définit dans un discours l'orientation du régime : « tout pour la nation, rien contre la nation ». Il fonde le parti unique, l'Union nationale. Partis, syndicats et grèves sont interdits. L'Estado Novo (« État Nouveau »), régime à parti unique, nationaliste, proche de l'idéologie du parti fasciste italien (du moins jusqu'en 1945), reste en place pendant plus de quarante ans[35]. Il est neutre pendant la Seconde Guerre mondiale. C'est en 1940, que le gouvernement portugais organise l'exposition du monde portugais.

    Présentant le pays comme une nation une et indivisible et pluricontinentale, le régime dictatorial refuse d'enclencher une décolonisation ; les colonies n'existeraient pas. En 1951, il renomme celles-ci en « provinces ultramarines », calmant ainsi les critiques de la communauté internationale. Il abandonne également la dénomination d'« Empire colonial portugais »[36],[37]. Ces décisions entraînent une série de conflits coloniaux. La première colonie à se révolter est l'Angola en 1961, suivie par la Guinée-Bissau en 1963 et enfin par le Mozambique en 1964. L'Inde profite de cette situation pour annexer Goa, Damao et Diu, les îles Anjidiv, lors de l'opération Vijay en décembre 1961. Entre 1974 et 1975, le Portugal doit donner l'indépendance à toutes ses colonies, seules deux régions n'ont pas pris l'indépendance : Madère et les Açores. Le 10 septembre 1974, les deux premières colonies qui ont pris leur indépendance vis-à-vis du Portugal sont le Cap-Vert et Guinée-Bissau[38]. Sao Tomé-et-Principe suivra ensuite le 12 juillet 1975. Le Timor oriental fut aussi une colonie portugaise jusqu'au 28 novembre de la même année, où il acquiert son indépendance. Mais neuf jours plus tard, l'Indonésie l'annexe militairement[39], mais perd la bataille grâce à la résistance populaire, aux efforts du Portugal et la pression de l'ONU.

     
    Manifestation du 25 avril 1983 à Porto.

    Avec un coup d'État militaire, le 25 avril 1974, le gouvernement instauré par Salazar et dirigé par Marcelo Caetano depuis 1968 (Salazar ayant quitté le pouvoir à la suite d'un accident cérébral, dont il meurt deux ans plus tard) est renversé. La foule manifeste dans la capitale portugaise pour soutenir les militaires dirigés par le général António de Spínola. Les jours suivants, les prisonniers politiques sont libérés, la censure de la presse est levée et le secrétaire général du parti socialiste, Mário Soares[40], rentre de son exil en France. En septembre 1974, le général de Spinola démissionne de la présidence de la République pour protester contre une orientation trop à gauche du gouvernement et du MFA (Mouvement des Forces Armées), très largement pénétré par le PCP (Parti Communiste Portugais) ; il s'ensuit une compétition très forte entre le PCP et le MFA, d'une part et le Parti Socialiste et la Droite modérée, d'autre part pour le contrôle du pouvoir. Le Parti Social-Démocrate allemand, par le biais de la Fondation Friedrich-Ebert apporte une aide financière importante au Parti Socialiste ; le 25 avril 1975, le Parti Socialiste et la Droite modérée remportent les élections pour l'Assemblée constituante, mais le MFA refuse de modifier l'orientation politique favorable au PCP ; l'Église catholique, sous la direction du Patriarche de Lisbonne, mobilise la société civile pour soutenir les adversaires du PCP et du MFA pour permettre à Mario Soarès de devenir Premier ministre ; celui-ci est élu deux fois président de la République, la première fois en 1986 et la seconde en 1991[41].

    Dans les années 1940-1960, le Portugal est parmi les membres fondateurs de l'OTAN, de l'OCDE et de l'AELE. Il quitte cette dernière en 1985 pour entrer dans la Communauté économique européenne en même temps que l'Espagne l'année suivante.[réf. nécessaire][42],[43],[44]

    En 1999, le Portugal adhère à la zone euro, et le 20 décembre de la même année, le gouvernement portugais rend le territoire de Macao à la Chine[45]. Depuis son entrée dans l'Union européenne, le pays a présidé le Conseil européen trois fois et en 2007, la capitale du pays voit la signature du traité de Lisbonne[46].


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