Colosseo

( Colisée )

Le Colisée (Colosseo en italien), à l'origine amphithéâtre Flavien (amphitheatrum Flavium en latin), est un immense amphithéâtre ovoïde situé dans le centre de la ville de Rome, entre l'Esquilin et le Cælius, le plus grand jamais construit dans l'Empire romain. Il est l'une des plus grandes œuvres de l'architecture et de l'ingénierie (en) romaines.

Témoignage monumental de la propagande flavienne, sa construction, juste à l'est du Forum Romain, a commencé entre 70 et 72 apr. J.-C., sous l'empereur Vespasien, et s'est achevée en 80 sous Titus. D'autres modifications ont ensuite été apportées au cours du règne de Domitien (81-96). Le nom d'amphithéâtre Flavien dérive du nom de famille (gens Flavii) de l'empereur Vespasien et ses fils Titus et Domitien.

Pouvant accueillir probablement 50 000 s...Lire la suite

Le Colisée (Colosseo en italien), à l'origine amphithéâtre Flavien (amphitheatrum Flavium en latin), est un immense amphithéâtre ovoïde situé dans le centre de la ville de Rome, entre l'Esquilin et le Cælius, le plus grand jamais construit dans l'Empire romain. Il est l'une des plus grandes œuvres de l'architecture et de l'ingénierie (en) romaines.

Témoignage monumental de la propagande flavienne, sa construction, juste à l'est du Forum Romain, a commencé entre 70 et 72 apr. J.-C., sous l'empereur Vespasien, et s'est achevée en 80 sous Titus. D'autres modifications ont ensuite été apportées au cours du règne de Domitien (81-96). Le nom d'amphithéâtre Flavien dérive du nom de famille (gens Flavii) de l'empereur Vespasien et ses fils Titus et Domitien.

Pouvant accueillir probablement 50 000 spectateurs (les estimations plus anciennes de 80 000 spectateurs, soit un douzième de la population romaine, étant exagérées), le Colisée, témoin de l'évergétisme impérial, a été utilisé pour les venationes (combats d'animaux sauvages), les munera (combats de gladiateurs) et autres spectacles publics, tels que des exécutions de condamnés à mort, des reconstitutions de batailles célèbres et des drames basés sur la mythologie romaine. Il est resté en service pendant près de 500 ans, les derniers jeux se prolongeant jusqu'au VIe siècle. Pour l'inauguration du Colisée, en 80 apr. J.-C., Titus donne une naumachie dans le Colisée transformé en bassin reconstituant la bataille navale de Corinthe contre Corcyre. Le bâtiment a finalement cessé d'être utilisé au cours du haut Moyen Âge. Il a plus tard été réutilisé pour des usages variés tels que des habitations, des ateliers d'artisans, le siège d'un ordre religieux, une forteresse, une carrière et un sanctuaire catholique chrétien.

Le Colisée est actuellement en état de ruine, en raison des dommages causés par les tremblements de terre (443, 508, 801, 847 et 1349) et la récupération des pierres, mais il continue à donner la mesure de l'ancienne puissance de la Rome Impériale. Aujourd'hui, il est l'un des symboles de la Rome moderne, une de ses attractions touristiques les plus populaires avec 7,6 millions de visiteurs, et a encore des liens étroits avec l'Église catholique romaine : chaque Vendredi saint, le pape mène une procession aux flambeaux sur un chemin de croix aboutissant à l'amphithéâtre. Le Colisée est représenté sur la pièce de monnaie italienne de 5 centimes d'euro.

Antiquité  Plan de Rome de Paul Bigot au IVe siècle. À gauche le Colisée et à droite le Circus maximus. Représentation historique au Colisée de Rome.

Après le grand incendie de Rome en 64 apr. J.-C, Néron se fit construire un somptueux palais. S'étant saisi de terrains au fond d'une vallée basse au fond de laquelle courait un ruisseau canalisé, entre le Cælius, l'Esquilin et le Palatin, il fit édifier la magnifique Domus aurea. Devant des pavillons, jardins, et portiques, il créa un lac artificiel qui constituait la partie centrale du complexe palatial et fit placer le Colosse de Néron non loin de l'entrée du domaine. L'aqueduc préexistant de l'Aqua Claudia fut prolongé pour l'approvisionnement en eau de cette zone[1],[2].

 Vue au pied du Colisée.

À sa mort en 68, Néron fit l'objet d'une damnatio memoriae. La zone fut transformée par Vespasien et ses successeurs qui, par un geste de propagande antinéronienne, voulaient rendre aux plaisirs du peuple romain une partie de l'espace urbain que Néron avait confisqué pour sa propre jouissance, dans le cadre de l'évergétisme impérial[3]. La statue colossale fut conservée, mais on démolit une grande partie de la Domus aurea dont les vestiges servirent de fondations aux thermes de Trajan. Le lac d'agrément fut comblé et le terrain réutilisé pour la construction du nouvel Amphithéâtre Flavien qui était destiné à remplacer l'amphithéâtre de Statilius Taurus ravagé lors du grand incendie de Rome[4]. La construction du Colisée commença autour de 70-72 (le début et la durée des travaux de construction restent incertains, mais selon la plupart des historiens, ils durèrent environ dix ans, avec deux années supplémentaires pour la finition[5]) sous le règne de l'empereur Vespasien dont la décision peut être vue comme un geste populiste de retour au domaine public d'un quartier annexé par Néron pour son propre usage[6].

 Sesterce montrant les statues et les boucliers ornant la façade.

Selon l'inscription portée sur un bloc de marbre trouvé sur le site, telle que reconstituée par l'épigraphiste Géza Alfödy, « l'empereur Vespasien a ordonné que l'on édifie ce nouvel amphithéâtre sur sa propre part de butin [7] ». Compte tenu des montants en cause, il ne peut s'agir que des trésors saisis par les Romains à la suite de leur victoire dans la première guerre judéo-romaine de 70, notamment lors du sac de Jérusalem et du pillage de son temple[8],[9]. Il est peu probable que les 30 000 prisonniers juifs emmenés à Rome à la suite de cette campagne militaire aient été employés à la construction du monument, bien que certains, réduits en esclavage, aient pu être affectés aux travaux les moins qualifiés (ouvriers posant le béton plutôt que maçons spécialisés dans le travail du travertin)[10]. Le Colisée peut donc être interprété comme un grand monument triomphal construit dans la tradition romaine de célébration des grandes victoires, ce qui expliquerait la présence d'un arc de triomphe ornant l'entrée principale du Colisée et l'ajout par Domitien de boucliers de bronze sur l'attique[1].

Contrairement à beaucoup d'autres amphithéâtres situés à la périphérie des villes, le Colisée fut construit littéralement et symboliquement au cœur de Rome. Des écoles de gladiateurs et d'autres bâtiments annexes furent construits à proximité. À la mort de Vespasien, en 79, le troisième étage du Colisée était achevé. Le dernier niveau fut inauguré par son fils Titus, en 80. Dion Cassius rapporte que 9 000 bêtes sauvages furent tuées lors des jeux inauguraux. Le bâtiment fut ensuite rénové par Domitien, fils cadet de Vespasien, empereur nouvellement désigné, qui ajouta l'hypogée, réseau de souterrains utilisés pour abriter les animaux et les gladiateurs. Il adjoignit également une galerie tout au sommet du Colisée, destinée à accroître encore le nombre de places.

Sous le règne de Trajan, en 107, 11 000 animaux et 10 000 hommes auraient été impliqués durant 123 jours de fête. Côté technique, 2 000 marins étaient employés pour manœuvrer au-dessus du Colisée l'immense velarium qui donnait de l'ombre aux 55 000 spectateurs. Ceux-ci pouvaient alors admirer à la belle saison, et environ six fois par an, le combat des gladiateurs dont l'âge dépassait rarement 22 ans.

En 217, le Colisée fut gravement endommagé par un incendie majeur (causé par la foudre, selon Dion Cassius[11]) qui détruisit les étages supérieurs des gradins construits en bois. Il ne fut entièrement réparé que vers 240 et subit d'autres réparations en 250 ou 252, puis en 320. Une inscription enregistre la restauration de diverses parties du Colisée sous Théodose II et Valentinien III (règne : 425-450), peut-être pour réparer les dommages causés par un tremblement de terre majeur, en 443 ; d'autres travaux furent entrepris en 484 et en 508.

L'arène continua d'être utilisée pour des concours jusqu'au VIe siècle au moins, avec les derniers combats de gladiateurs vers 435. Les chasses aux animaux sauvages se poursuivirent au moins jusqu'en 523[1].

Époque médiévale  Carte médiévale montrant le Colisée enserré dans les quartiers d'habitations.

Le Colisée a connu bien des changements au cours du Moyen Âge. Une petite église fut construite à l'intérieur de la structure, à la fin du VIe siècle, et l'arène devint un cimetière.

Les nombreux espaces voûtés, sous les gradins, furent utilisés comme habitations ou comme ateliers, et on relève encore des locataires au XIIe siècle, époque où les Frangipani fortifièrent l'édifice, apparemment pour en faire une forteresse.

Le Colisée eut à souffrir de plusieurs tremblements de terre, dont ceux de 443, 508, 801, 847 et surtout celui de 1349 qui provoqua l'effondrement de tout un pan du mur extérieur du côté sud bâti sur une couche d'alluvions argileuse[12]. Avec l'autorisation du pape, une grande partie des pierres fut alors récupérée pour la construction des palais, églises, hôpitaux et autres bâtiments. Ainsi les façades du palais de Venise et de la basilique Saint-Pierre sont issues du réemploi des blocs de travertin du Colisée[13]. Les placages de marbre alimentèrent les fours à chaux[1]. Les agrafes de fer ou de bronze scellées au plomb servant à assujettir les pierres furent systématiquement pillées en creusant au burin entre les joints, laissant les innombrables cicatrices (trous) aujourd'hui visibles sur tous les murs intérieurs et extérieurs, et affaiblissant encore l'édifice qui souffrit des tremblements de terre de 1703 et de 1812[14].

Un ordre religieux s'installa dans les ruines au milieu du XIVe siècle, pour s'y maintenir jusqu'à la fin du XIXe siècle[15].

Époque moderne  Le Colisée, la Meta Sudans et l'arc de Constantin, vus par Bernardo Bellotto, vers 1742.

Au cours des XVIe et XVIIe siècles, les fonctionnaires de l'Église cherchèrent à donner un rôle productif au grand monument à l'abandon. Sixte Quint (1585-1590) envisagea de transformer l'édifice en filature de laine où l'on emploierait les prostituées, mais cette proposition ne fut pas suivie d'effet par suite de son décès[16]. En 1671, le cardinal Altieri autorisa son utilisation pour des courses de taureaux, ce qui provoqua un tollé.

 Intérieur du Colisée, Rome. Thomas Cole, 1832. Le chemin de croix autour de l'arène et la végétation couronnant les murs ont été supprimés à la fin du XIXe siècle.

Au début du XVIIIe siècle, un moine Carme, le père Angiolo Paoli, intervint auprès du pape Clément XI pour préserver ce lieu qui « avait été imprégné du sang des martyrs » et avait été laissé à l'abandon. Le Pape approuva le projet du moine. Le Carme, avec l'aide de quelques volontaires, se transforma en maçon et fit fermer les arcs avec des murs épais, et les portes avec de grosses traverses en fer. À l'intérieur, il érigea trois grosses croix de bois[17].

En 1749, Benoît XIV décida que la politique officielle de l'Église serait de faire du Colisée le lieu sacré où les premiers chrétiens ont été martyrisés. Il interdit l'utilisation du Colisée comme carrière, et consacra l'édifice à la Passion du Christ et fit installer un chemin de croix, le déclarant sanctifié par le sang des martyrs chrétiens qui y périrent. Plus tard furent entrepris divers projets de restauration et de stabilisation : sous l'Empire français, la façade fut renforcée par des étais de brique en 1807 et 1827, Napoléon faisant employer 1 800 hommes à la restauration et aux fouilles des principaux monuments de Rome de 1811 à 1814. À la suite de l'occupation de Rome, Napoléon III poursuivit les travaux de restauration et de fouilles[18]. L'intérieur fut restauré en 1831, 1846 et 1930. Avant le nettoyage et les restaurations effectuées au XIXe siècle par des archéologues et ingénieurs, les voyageurs avaient une vision romantique du site, les arcs et les ruines devenues un jardin rempli de fleurs et de verdure leur rappelant la splendeur passée de Rome[19].

L'arène fut partiellement fouillée en 1810-1814 et en 1874, puis totalement déblayée dans les années 1930[1]. En 1995, débuta un chantier de restauration, le plus important depuis 1836, dont l'objectif était de diminuer le nombre de fragments du monument se détachant et d'ouvrir 85 % du monument au public (contre 15 % en 1995)[20]. Les restaurations se poursuivent encore actuellement.

↑ a b c d et e Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées claridge Jean-Claude Golvin, Rome antique retrouvé, Errance, 2021, p. 107 Anne Daguet-Gagey, Stéphane Benoist, Un discours en images de la condamnation de mémoire, Centre régional universitaire lorrain d'histoire, 2008, p. 69 Dion Cassius, Histoire romaine, LXII, 18. (it) Giuseppe Lugli, L'anfiteatro Flavio, Bardi editore, 1961, p. 11. (en) Leland M. Roth, Understanding Architecture : Its Elements, History and Meaning, 1993, boulder, p. 227–8. Le bloc de marbre, qui faisait probablement partie d'une architrave, a été découvert en 1813 dans le sous-sol du Colisée. On peut y lire l'inscription latine « Salv[is dd.]nn. (= dominis nostris duobus) Theodosio et Placido V[alentiniano Augg.(= Augustis duobus)] / Rufi.[us] Caecina Felix Lampadius v(ir) c(larissimus) [et inl(ustris) praef(ectus) urbi] / har.[e]nam amphiteatri a novo una cum po[dio et pulpito (?) et portis] / p[ost]icis sed et reparatis spectaculi gradibus [ex sumptu suo restituit(?)] », faisant référence au préfet de la ville, Rufius Caecina Felix Lampadius, qui a restauré l'édifice sous les règnes de Théodose II et Valentinien III, en 443 ou 444. Trois lignes parallèles de trous, qui servaient à insérer des lettres métalliques, indiquent une inscription plus ancienne, reconstruite par Géza Alföldy en : « Imp. T. Caes. Vespasianus Aug. Amphitheatrum Novum Ex Manubis Fieri Iussit ». Cf. la photo du bloc de marbre et la reconstruction de l'inscription. Alessandro Giraudo, Quand le fer coûtait plus cher que l'or : 60 histoires pour comprendre l'économie mondiale, Fayard, 2015, 368 p. (ISBN 978-2-213-68540-3, lire en ligne), chap. 7 (« La construction du Colisée est partiellement financée par le butin du temple de Jérusalem »). (de) Géza Alföldy, « Eine Bauinschrift aus dem Colosseum », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, no 109,‎ 1995, p. 195–226 (lire en ligne). (en) Bernard R. Youngman, Lands and Peoples of the Living, Random House Value Publishing, 1989, p. 374. Dion Cassius LXXVIII, 25. (en) Thomas Homer-Dixon, The Upside of Down : Catastrophe, Creativity, and the Renewal of Civilization, Island Press, 2010 (102). (en) Keith Hopkins et Mary Beard, The Colosseum, Profile Books, 2011, p. 161 Pierre Grimal, À la recherche de l'Italie antique, p. 52-58 Norbert Brockman, Encyclopedia of Sacred Places, ABC-CLIO, 2011, p. 108 art. Rome, Encyclopædia Britannica, 2006. Bienheureux Angiolo Paoli (1642-1720) (en) Desmond Gregory, Napoleon's Italy, Fairleigh Dickinson Univ Press, 2001, p. 203 (en) Augustus J. C. Hare, Walks In Rome, Strahan, 1872, p. 206 (it) Frondose arcate : il Colosseo prima dell'archeologia, Mondadori Electa, 2000, 115 p.
Photographies by:
Jaakko Luttinen - CC BY-SA 3.0
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