Colonna Traiana

( Colonne Trajane )

La colonne Trajane (en latin : Columna Traiani) est une colonne triomphale romaine située sur le forum de Trajan à Rome. Elle mesure 40 mètres de hauteur. Elle est célèbre pour le bas-relief qui s'enroule en spirale autour de son fût et commémore la victoire de l'empereur Trajan sur les Daces lors des deux guerres daciques (101-102 et 105-106). Depuis 1587, sous le pape Sixte-Quint, elle est surmontée de la statue de bronze de saint Pierre, remplaçant celle de Trajan depuis longtemps disparue.

La colonne a été construite de 107 à 113, peut-être par l'architecte Apollodore de Damas dont le rôle dans la construction de l'ensemble du forum de Trajan n'est pas bien établi : il est possible qu'il ait seulement supervisé les travaux. La colonne est dédiée en mai 113, alors que le forum de Trajan a été inauguré l'année précédente.

Antiquité  Denarius daté de 114. Au revers figure une représentation de la colonne Trajane.

En 117, après la mort de Trajan, le Sénat décide de déposer les cendres de l’empereur dans la base de la colonne[a 1], un honneur exceptionnel, puisque la colonne est construite dans les limites du pomerium, à l'intérieur duquel les Romains respectent en théorie l'interdit funéraire[m 1].

Durant l’Antiquité, la colonne Trajane sert de modèle pour de nombreuses colonnes commémoratives. En 161, au décès d'Antonin le Pieux, Marc Aurèle et Lucius Verus décident d'ériger une colonne en sa mémoire et en celle de son épouse Faustine l'Ancienne. Dressée sur le Champ de Mars, elle comporte une base décorée de reliefs (apothéose d'Antonin et Faustine et scène de decursio), mais, contrairement à la colonne Trajane, son fût de granite est lisse. À partir de 176, Marc Aurèle fait construire sur le Champ de Mars une autre colonne à décor en spirale, qui commémore les deux campagnes de l'empereur contre les Marcomans et les Sarmates. À Constantinople ont été réalisées plus tard d'autres colonnes spiralées, aujourd'hui détruites, comme la colonne de Théodose, à la fin du IVe siècle, sur le forum de Théodose, et la colonne d'Arcadius, en 401, sur le forum d'Arcadius.

Base de la colonne d'Antonin le Pieux. 
Base de la colonne d'Antonin le Pieux.
Colonne de Marc-Aurèle. 
Colonne de Marc-Aurèle.
Base de la colonne d'Arcadius. 
Base de la colonne d'Arcadius.
Moyen Âge

C’est durant le Haut Moyen Âge que les urnes en or contenant les cendres de Trajan et de Plotine sont retirées de la petite salle du soubassement de la colonne[1], sans doute lors du sac de Rome par les Wisigoths en 410. La statue de bronze de Trajan est retirée de l'attique en 663 sur ordre de Constant II Héraclius[2].

La colonne reste quasiment intacte tout au long du Moyen Âge, contrairement aux autres bâtiments du forum de Trajan qui s'écroulent en partie lors du tremblement de terre de 801[3]. Néanmoins, les chevilles métalliques scellées au plomb fondu unissant les tambours du fût sont quasiment toutes retirées pour fabriquer des armes ou d'autres ustensiles. Seules deux demeurent en place sur près de quatre-vingt présentes initialement[4]. Une petite église, San Niccolò de Columna, bâtie au pied du monument et attestée à partir de 1032, utilise la colonne comme oratoire[m 2]. Les traces du toit de la petite église sont encore visibles aujourd'hui sur le côté du piédestal où se trouve l'inscription dédicatoire qui a été rognée[5]. Sa construction remonte peut-être au VIIIe ou IXe siècle. L'église est encore attestée en 1464 mais a disparu lors de la visite de Charles Quint à Rome, en 1546.

Le plus grand respect est accordé à la colonne comme en témoigne un document du Sénat daté du 25 mars 1162 qui, à la suite d'un litige concernant l'église Saint-Nicolas, en établit la propriété publique et en interdit tout endommagement[6].

« Nous, sénateurs romains, [...] nous décrétons que l'église [de Saint-Nicolas] et la Colonne sont la propriété de l'abbesse, à condition que soit sauvegardé l'honneur de la ville de Rome. Par conséquent la Colonne Trajane ne devra jamais être abattue ou endommagée, mais elle devra rester telle qu'elle est pour toute éternité, pour l'honneur du peuple romain, entière et intacte aussi longtemps que la terre durera. Quiconque attentera à l'intégrité de la Colonne sera condamné à mort, et ses biens seront confisqués. »

— Biblioteca Apostolica Vaticana, Pergamene di S. Maria in via Lata, c. 302, nr. I, alias 362.

Époque moderne

Durant la Renaissance, l'intérêt que portent les artistes pour la colonne est de plus en plus important. Elle est beaucoup étudiée, en particulier par Raphaël et ses élèves[m 3]. Les grands monarques d'Europe, plus particulièrement les rois de France, s'intéressent aux vestiges de l'Antiquité romaine et notamment aux œuvres d'art qu'ils font copier. La colonne et ses reliefs sont considérés à l'époque comme un des plus beaux exemples de l'art antique, alliant les influences hellénistiques à un art purement romain[7]. François Ier commande les premiers moulages en 1540 et envoie Le Primatice, sculpteur, peintre et architecte italien, à Rome pour superviser l'opération[7]. Sur place, le travail n'est pas mené à terme, jugé trop coûteux. Le projet est repris par Louis XIII en 1640 mais sans aboutir[8].

 Dessin de la colonne, par Étienne Dupérac, 1575.

Au cours du XVIe siècle, on fait de la place autour de la colonne en démolissant quelques bâtiments privés. Le piédestal est dégagé des gravats sous lesquels il était enseveli et un mur de clôture est élevé tout autour de la place. Le 4 décembre 1587, sous le pape Sixte Quint, la statue en bronze de saint Pierre[m 4], œuvre de Tommaso della Porta et de Leonardo Sormani[m 5] est érigée au sommet de la colonne, remplaçant la statue de Trajan détruite depuis longtemps[9]. La zone autour du piédestal est encore arrangée et nettoyée à plusieurs reprises, jusqu'aux fouilles du début du XIXe siècle.

En 1665[m 3], Louis XIV, surnommé le « Trajan de France »[10], envisage à son tour de réaliser un moulage complet de la frise historiée de la colonne[11]. L'opération dure de 1666 à 1670. Quelques moules sont transportés jusqu'à Paris où sont réalisés des copies en plâtre entre 1671 et 1672[8].

Ces premiers moulages se détériorent rapidement et Napoléon III fait réaliser à ses frais entre 1861 et 1862 une troisième et dernière copie intégrale de la colonne[12] avec l'accord du pape Pie IX[13]. Ces premiers moules, conservés d'abord au musée du Latran jusqu'en 1953 puis au Museo della Civiltà Romana, servent à produire deux autres séries complètes de moulages. La première, réalisée dès 1864, est une reproduction sur plaques de cuivre renforcées par galvanoplastie aujourd'hui entreposée au musée d'Archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye. Le résultat est ensuite surmoulé pour la réalisation de la deuxième série qui est exposée au South Kensington Museum[m 3] puis dans le Victoria and Albert Museum de Londres[12].

Époque contemporaine

Actuellement, plusieurs musées exposent tout ou partie des reliefs de la colonne, facilitant leur étude. Parmi ceux-ci, on peut citer :

le musée de la Civilisation romaine de l'EUR, à Rome, présente une des trois copies réalisées en 1861 par Napoléon III, qui a donné cet exemplaire au pape Pie IX (en tout 125 moulages de plâtre) ; le musée d'archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye possède une galvanoplastie du XIXe siècle de la partie basse du fût ; le musée du Louvre conserve, dans sa collection de moulages hébergée dans la Petite Écurie de Versailles, environ un tiers de la frise, ainsi que toute la base remontée ; un moulage complet est présenté au Victoria and Albert Museum de Londres ; le musée national d'histoire de Roumanie de Bucarest présente un autre moulage complet de la colonne, réalisé par les Allemands durant la Seconde Guerre mondiale, surmoulage de la série initiale de 1861.
Exposition des 125 moulages de plâtres au musée de la Civilisation romaine. 
Exposition des 125 moulages de plâtres au musée de la Civilisation romaine.
Galvanoplastie de la partie basse de la colonne Trajane, exposé dans les fossés du Château de Saint-Germain-en-Laye. 
Galvanoplastie de la partie basse de la colonne Trajane, exposé dans les fossés du Château de Saint-Germain-en-Laye.
Moulage présenté au Victoria and Albert Museum. 
Moulage présenté au Victoria and Albert Museum.
Exposition des moulages de la colonne Trajane du musée national d'histoire de Roumanie de Bucarest. 
Exposition des moulages de la colonne Trajane du musée national d'histoire de Roumanie de Bucarest.


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Chevallier 1976. Galinier 2007, p. 1-37 (3). Galinier 2007, p. 1-37 (1). Martines 2013, p. 23. Settis 1991, p. 187. Settis 1991, p. 186. ↑ a et b Pinatel 2013, p. 82. ↑ a et b Pinatel 2013, p. 83. Froehner 1865, p. 52. Settis 1991, p. 188. Millela et Ungaro 2013, p. 72. ↑ a et b Millela et Ungaro 2013, p. 74. Chew 2013, p. 76.
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