大昭寺
( Temple de Jokhang )Le temple ou monastère du Jokhang (tibétain : ཇོ་ཁང་, Wylie : jo khang), signifiant « maison du Jowo » en référence à la célèbre statue qu'il abrite, aussi appelé Tsuklakang, est le premier temple bouddhiste construit au Tibet. Cœur spirituel de Lhassa et lieu de pèlerinage depuis des siècles, il est situé dans le quartier du Barkhor.
Depuis 1961, il est classé sur la première liste des sites historiques et culturels majeurs protégés au niveau national de Chine, et depuis 2000, le Jokhang est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO dans le cadre de l'« ensemble historique du palais du Potala », et il est un des hauts-lieux touristiques de Lhassa avec le palais du Potala et le parc du Norbulingka.
Le temple du Jokhang, le tout premier temple bouddhiste du Tibet, est édifié par le roi tibétain Songtsen Gampo au début de l'année 639 pour héberger la statue dite du Jowo, représentant le Bouddha, apportée par son épouse népalaise Bhrikuti. L'autre épouse du roi, la princesse Tang chinoise Wencheng apporta une autre statue du Bouddha, hébergée initialement au Ramoché. Après la mort du roi, les deux statues furent interverties. Le Jokhang est le temple le plus vénéré de tout le Tibet car il abrite une statue du Jowo, représentant le jeune Bouddha, qui a été sculptée de son vivant selon les Tibétains[1].
Le doring ou stèle devant la porte principale du temple de Jokhang, 1950En 823, est érigée devant la porte principale du temple une stèle connue sous le nom de « Tablette de pierre de l’unité du long terme » et dont il existerait deux autres exemplaires, l'un à Cha'ang an à la porte de l'empereur, et l'autre à la frontière tibéto-chinoise[2]. Y sont inscrits les clauses du traité de paix sino-tibétain de 822 par lequel les deux souverains du Tibet et de la Chine sont convenus d'unir leurs royaumes ; il est précisé notamment : « Le Tibet et la Chine garderont les frontières qu'ils possèdent actuellement. Tout à l'est est le pays de la grande Chine, tout à l'ouest est le pays du grand Tibet. Désormais, de part et d'autre, il n'y aura ni hostilité, ni guerre, ni prise de territoire »[3],[4].
Révolution culturelleEn 1961, le temple est ajouté à la liste des monuments d'intérêt national par le Conseil d'État de la Chine[5].
En 1966, au début de la révolution culturelle, il est profané et mis à sac par les gardes rouges[6]. Le 6 août, les gardes rouges « commencent le pillage du Jokhang qu'ils transforment en urinoir et en boucherie »[7],[8]. Il sert ensuite de base aux gardes rouges de la faction Gyenlo (tib. gyen log, « Rebelles ») opposée à la faction Nyamdre (tib. mnyam brel, peut-être « Alliance »). En juin 1968, une attaque de cette forteresse par l'Armée populaire de libération se traduit par la mort de 12 militants Gyenlo et de deux soldats[9]. Pour finir, il est occupé par l'Armée populaire de libération[10]. Les ailes méridionale et occidentale du Ngakhang, un bâtiment servant à entreposer des ustensiles rituels, sont mises à mal pendant les troubles. Au début des années 1980, elles sont un champ de ruines[11].
Réhabilitation et protectionLes premiers travaux de remise en état ont lieu en 1972, pendant la révolution culturelle : le bâtiment central est nettoyé, des peintures sont restaurées par quelques-uns des derniers maîtres encore en vie[12].
Au début des années 1980, le Jokhang est ouvert au public trois matinées par semaine[13]. Le temple n'est complètement réhabilité qu'à la suite de nouvelles restaurations entreprises de 1978 au début des années 1990. À cette occasion, la plupart des fresques murales les plus anciennes (Xe-XIIIe siècles), qui avaient survécu à la révolution culturelle, sont déménagées. À partir de cette date, la qualité des restaurations s'améliore de façon spectaculaire, on fait appel aux techniques et méthodes traditionnelles, les peintures chargées d'histoire sont conservées sur place. En 2000, le Jokhang est inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO dans le cadre de l'« ensemble historique du palais du Potala »[14]. La même année, l'administration d'État pour les vestiges culturels remet en vigueur l'ancienne limitation de hauteur en faisant démolir le dernier étage du grand magasin Surkhang[15].
Troubles de mars 2008Lors des troubles au Tibet en mars 2008, des moines perturbent une conférence de presse organisée au temple par les autorités pour des journalistes chinois et étrangers[16].
Incendie de 2018Le 17 février 2018, le jour du Losar, le Nouvel An tibétain, le temple subit un important incendie[17]. En raison de cette fête, le monastère était fermé au public. Les photos et vidéos se sont répandues sur les médias sociaux, mais ont été rapidement censurées. Le quotidien en ligne Tibet Daily a déclaré que l'incendie avait été rapidement éteint sans faire de morts ni de blessés, tandis que le Quotidien du Peuple ajoutait que les reliques étaient sauves, mais aucun n'a publié de photos. Radio Free Asia a posté une vidéo montrant les toits du Jokhang en flamme[18].
Françoise Robin a analysé de façon critique la communication au sujet de cet incendie[19].
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