Le bourg de Gyantsé ((tibétain : རྒྱལ་རྩེ་, Wylie : rgyal rtse), aussi écrit Gyantse, Gyangtse, Gyangdzê ; chinois : 江孜镇 ; pinyin : jiāngzī zhèn ; litt. « Bourg de Gyantsé ») est une ville située dans le comté de Gyantsé, ville-préfecture de Shigatsé, dans la région autonome du Tibet.

 Le monastère, encore doté de tous ses bâtiments, derrière son enceinte (1938)

Aux XIVe et XVe siècles, Gyantsé devint un fief lié à l'école Sakyapa. Un dzong remplaça, vers 1365, un château édifié à l'époque des rois de Yarlung et qui englobait l'ensemble de la ville entre ses murailles. Un grand temple (tsglag khang) fut établi à proximité en 1390[1].

La ville amorça son déclin à partir de la fin du XVe siècle tout en restant un grand centre du commerce du bois et de la laine entre l'Inde et le Tibet[2].

La forteresse eut à subir les assauts des envahisseurs népalais[3].

L'explorateur et médecin anglais Thomas Manning, séjournant à Gyantsé en 1811, décrit la ville comme étant pour moitié sur une colline et pour l'autre au pied de cette colline, ajoutant que les jolies maisons de pierre blanche que l'on voit de loin se muent, vues de près, en murs d'un blanc sale[4].

La ville est surnommée la « ville héroïque » car en 1904, 500 soldats tibétains tinrent la forteresse plusieurs jours durant avant d'être défaits par les forces britanniques lors de l’invasion par l'armée de l'Inde britannique menée par Younghusband.

À la suite de la signature du traité inégal de la convention entre la Grande-Bretagne et le Tibet en 1904 (amendé par le traité de Pékin de 1906), Gyantsé devint, avec Yatung et Gartok, un des trois comptoirs britanniques du Tibet. Jusqu'en 1947, un agent commercial britannique (trade agent) y résida sous la supervision de l'agent politique britannique au Sikkim[5]. Une garnison britannique y stationna également[6], ainsi qu'une école militaire ouverte par la Grande-Bretagne pour former les officiers tibétains[7],[8]. Le 13e dalaï-lama y envoya des troupes pour qu'elles s'y familiarisent avec les méthodes anglaises[9]. Les Britanniques ouvrirent aussi un dispensaire[10].

En 1923, le 13e dalaï-lama y établit la première école anglaise mais elle dut fermer en 1926 en raison, selon Jérôme Edou et René Vernadet, de l'opposition des monastères[11], ou, selon Yangdon Dhondup, des factions conservatrices du clergé[12].

L'exploratrice Léa Lafugie rapporte avoir croisé, dans la ville dans les années 1930, des prisonniers aux chevilles passées dans de lourdes barres de fer qui les obligeaient à marcher les jambes écartées. Lâchés à l'aube et repris au crépuscule, ils mendiaient leur nourriture, l'administration pénitentiaire n'y pourvoyant pas[13].

En 1954, la ville fut gravement affectée par des inondations[14].

Après le soulèvement tibétain de 1959, les industries locales furent démantelées et des artisans fuirent tandis que les autres furent placés en camp de travaux forcés. Environ 400 moines et laïcs furent emprisonnés dans le monastère[15].

Pendant la révolution culturelle la forteresse, le monastère et le Kumbum[16] furent mis à sac, les objets précieux étant détruits ou envoyés dans l'est du pays, toutefois, le chorten fut épargné[15].

(en) Ingun B. Amundsen, On Bhutanese and Tibetan Dzongs, in Journal of Bhutan Studies, vol. 5, hiver 2001, pp. 8-41, en part. p. 21. Bradley Mayhew, Tibet, op. cit., p. 184. (en) Michael Buckley et Robert Strauss, Tibet: a travel survival kit, Lonely Planet Publications, South Yarra, Australia, 1986, p. 182, (ISBN 0908086881) Michael Taylor, Le Tibet - De Marco Polo À Alexandra David-Néel, Payot, Office du Livre, Fribourg (Suisse), 1985 (ISBN 978-2-8264-0026-4), p. 99. (en) Alex. C. McKay, The Establishment of the British Trade Agencies in Tibet: A Survey, in Journal of the Royal Asiatic Society (1992), Third Series, 2, pp. 399-421 : « Between 1904 and 1947 Agents from the Indian Political Service, and supporting staff, were stationed in Gyantse and Yatung, under the control of the Political Officer in Sikkim. An Agency was also maintained at Gartok in Western Tibet, where a native officer was posted as the Trade Agent. » Dans la notice nécrologique consacrée le 4 mars 2006 à (en) Hank Baker, un opérateur radio posté au Tibet pendant la 2e guerre mondiale, le site Telegraph.co.uk parle plus précisément de « the Indian army garrison » « at Gyantse fort », garnison de l'armée des Indes que Hank Baker, de passage en 1938, avait été invité à inspecter. (en) Sir Walter Buchanan, A recent trip into the Chumbi Valley, Tibet, in The Royal Geographical Society, 1919 : « (...) our small garrison at Gyantse, where another British Trade Agent resides ». (en) chap. The Tibetan Army's First Eastward Invasion, in The Historical Status of China's Tibet, China Intercontinental Press, 1997 : « Britain opened a military school in Gyangze to help train Tibetan officers ». (en) Sanderson Beck, Tibet, Nepal, and Ceylon, 1800-1950. (en) “The Birth of a Clinic”? The IMS Dispensary in Gyantse (Tibet), 1904–1910. Jérôme Edou et René Vernadet, Tibet, les chevaux du vent : une introduction à la culture tibétaine, Paris, L'Asiathèque, 2007, 462 p. (ISBN 978-2-915255-48-5), p. 76-77 : « Durant les quelques années qui suivirent la Convention de Simla, le dalaï-lama tenta de développer un rapprochement avec les Anglais [...]. Une école anglaise fut créée à Gyantsé mais, devant la réaction des grands monastères [...], l'école dut rapidement fermer ses portes. » (en) Yangdon Dhondup, Roar of the Snow Lion: Tibetan Poetry in Chinese, in Lauran R. Hartley, Patricia Schiaffini-Vedani, Modern Tibetan literature and social change, Duke University Press, 2008, 382 p., (ISBN 0822342774 et 9780822342779), p. 37 : « There were a number of attempts to establish other schools such as the Gyantsé school and the Lhasa English school but unfortunately these projects were undermined by conservative factions within the clergy. » Les voyages de Léa Lafugie, site de Jean Dif. Marc Moniez, Christian Deweirdt, Monique Masse, Le Tibet, Éditions de l'Adret, Paris, 1999, (ISBN 2-907629-46-8), p. 352. ↑ a et b Michael Buckley et Robert Strauss, op. cit., p. 158. Bradley Mayhew, op. cit., p.187
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