Vitoria-Gasteiz (en espagnol : Vitoria [biˈto.ɾja] ; en basque : Gasteiz [gaLire la suite
Vitoria-Gasteiz (en espagnol : Vitoria [biˈto.ɾja] ; en basque : Gasteiz [gasˈteis̪] ; officiellement Vitoria-Gasteiz) est la capitale de la province d'Alava et de la Communauté autonome du Pays basque en Espagne.
Située à un carrefour, la ville a été à travers l'histoire un point stratégique important, aussi bien sur le plan militaire que commercial ou culturel. Depuis l'époque romaine avec la route qui reliait Astorga à Bordeaux, ces lieux n'ont jamais cessé d'être le point de ralliement des communications entre le Plateau central espagnol et l'Europe. À la croisée des chemins a émergé le village de Gasteiz.
En tant que capitale administrative, Vitoria est le siège de grandes institutions politiques depuis le tel que le gouvernement et le parlement basque. Un dicton est souvent utilisé par les Basques pour expliquer le statut de Vitoria comme capitale administrative de la communauté : la Biscaye, avec Bilbao, était la capitale des affaires avec ses banques et son industrie, Saint-Sébastien était la capitale culturelle et touristique, la province d'Alava quant à elle, le siège du gouvernement[réf. nécessaire].
Après la chute de l'Empire romain, plusieurs tribus du nord de l'Europe s'installent dans la zone du plateau central. Il s'agit alors d'une zone située à la marge des domaines wisigoths au sud et francs au nord[1].
La tradition affirme que la ville nommée « Victoriacum (es) », fondée par le roi wisigoth Léovigild en 581, correspondrait à la ville actuelle[2]. Cette affirmation se base sur le texte suivant[3] :
Anno V Tiberii, qui est Leovegildi XIII annus, [...] Leovegildus rex partem Vasconiae occupat et civitatem, quae Victoriacum nuncupatur, condidit
Toutefois, de récentes fouilles archéologiques effectuées dans la ville poussent à penser à une éventuelle présence franque, et non wisigothique, dans la zone. Cela complique l'identification de Victoriacum comme étant l'actuelle Vitoria. Il n'existe pas beaucoup de restes archéologiques de cette époque, mais il y a eu apparemment des établissements permanents de Francs dans les alentours. Par exemple, sur le site d'Aldaieta (Nanclares de Gamboa), se trouvent des tombes ornées qui ressemblent à des coutumes franques[4],[5]. On pense que cette installation date des VIe et VIIIe siècles[6]. De même, les objets trouvés dans les excavations effectuées sous la cathédrale Santa Maria de Vitoria semblent eux aussi provenir de cette culture venue du nord. Après avoir examiné les caractéristiques de ces objets, on peut affirmer qu'ils datent du VIIIe siècle ou sont postérieurs à cette époque[7].
De toute façon, l'influence wisigothe ou franque n'est pas significative dans cette zone. La toponymie de toute cette région démontre plutôt la présence de tribus basques. Comme le démontre le cartulaire de San Millán de la Cogolla, au XIe siècle la majorité des toponymes de la plaine alavaise, où on trouve Vitoria, étaient d'origine basque ou latine mais adaptée aux règles phonétiques de l'euskara[8]. Le cartulaire de San Millán est un document de 1025 qui énumère une série de populations qui payaient les diezmos au monastère de San Millán. La première mention documentée d'un village appelé Gastehiz se trouve dans ce document. Ce même document mentionne également beaucoup de populations qui composent actuellement la commune de Vitoria.
En 581, le roi wisigoth Léovigild fonde la ville de Victoriacum (en), en essayant d'imiter les fondations romaines, comme conclusion de la victoire contre les Vascons sur ce que - pour des raisons étymologiques nous devons supposer était une colline occupée par un village primitif de Gasteiz (cette donnée n'est pas suffisamment prouvée et des historiens experts jugent que Victoriaco n'était pas dans l'actuelle Vitoria ou ancienne Gasteiz mais dans une zone proche, probablement aux pieds de la montagne Gorbeia (il y a aussi là un village appelé « Vitoriano »)).
Selon des études récentes, Vitoria disposait déjà pour le changement de millénaire d'une muraille de défense.
Fondation en 1181En 1181, le roi Sanche VI de Navarre, dit le Sage, refonda la ville sur le village de Gasteiz, changeant l'ancienne dénomination par celle de « Nueva Victoria ». L'origine de la fondation a été, tout comme dans le cas d'autres villes de la zone (Antoñana, Bernedo, La Puebla de Arganzón, Laguardia), la nécessité pour le roi navarrais de créer une ligne de défense face au royaume de Castille[9].
En 1200, Vitoria s'incorpore à la Couronne de Castille, à la prise par les troupes du roi Alphonse VIII, qui l'a dotée de sa première extension gothique vers l'ouest. Alphonse X le Sage l'a étendue en 1256 vers l'est avec de nouvelles rues. La juiverie a été importante, avant l'expulsion des Hébreux, ordonnés par les Rois Catholiques : le vieux cimetière juif est encore conservé sous la forme d'un parc avec un monument commémoratif. En 1431, le roi Jean II de Castille lui accorda le titre de ville. En 1463, elle fut une des cinq villes fondatrices de la Fraternité d'Alava[10] avec Sajazarra, Miranda de Ebro, Pancorbo et Salvatierra-Agurain.
Ère moderneLe 22 janvier 1522, Adriaan Florensz[11], qui était à ce moment-là dans la ville, hébergé dans la Casa del Cordón, avait été élu comme nouveau pape 13 jours auparavant. Le futur Adrien VI restera dans la capitale alavaise un peu plus d'un mois, exerçant la régence d'Espagne et préparant la Navarre à la défense face à l'invasion française.
En 1615, à l'occasion des mariages royaux, sont hébergés dans la ville, Anne d'Autriche, reine de France, et Élisabeth de France, conjointe du futur Philippe IV.
Pendant la guerre du Roussillon, Vitoria-Gasteiz, ainsi qu'une grande partie du Pays basque, a été occupée pendant une courte période par les troupes françaises, lesquelles sont allées jusqu'à Miranda de Ebro. Cette occupation se termine avec le traité de Bâle qui met fin au conflit.
XIXe siècle Tour de doña Ochanda. Monument à la Bataille de Vitoria sur la plaza de la Virgen Blanca.Le 13 avril 1808, Fernando VII est logé dans la Casa Consistorial alors qu'il se dirigeait vers Bayonne, où auront lieu les célèbres entrevues. À l'aube du 19 avril, une foule qui remplissait l'actuelle rue Moraza, empêcha que ce voyage ait lieu en coupant les lanières du carrosse. Le roi dut quitter Vitoria précédé de la cavalerie française.
Entre le 5 et le 9 novembre, Napoléon coucha dans la maison Etxezarra sur son chemin vers Madrid afin de placer son frère Joseph Bonaparte sur le trône d'Espagne. Joseph, pendant la retraite qui suivit la défaite de la Bailén, avait fait du palais de Montehermoso, son palais royal particulier.
Parmi les événements historiques les plus remarquables, il y a la bataille de Vitoria le 21 juin 1813, durant laquelle les troupes françaises, en se retirant, furent mises en échec par le duc de Wellington, en perdant sur la route d'Altsasu (Navarre), presque tout le butin volé aux Espagnols. Cette bataille a pratiquement mis fin à la Guerre d'indépendance espagnole. À la fin juillet de la même année, à Vienne, Johann Nepomuk Mälzel chargea Ludwig van Beethoven d'écrire la composition d'une symphonie sur cette bataille. Il s'agit de l'opus no 91 Wellingtons Sieg ou Die Schlacht bei Vitoria ou Siegessymphonie. En 1843, la ville donne l'autorisation de construire l'Instituto de Enseñanza Media (Institut d'enseignement moyen), siège actuel du Parlement basque et précédemment le couvent de Santa Clara. Durant l'année académique de 1853-1854, débutent les cours concrétisant ainsi un vieux rêve de la ville[12]. Le vieil IEM est le lieu où se passe en grande partie la vie culturelle de la ville. Il faut rappeler qu'il a été créé à la suite de la révolution de 1868, entre autres, l'Universidad Libre (Université Libre). Cette université a fonctionné à partir de 1869, en tronquant le cours 1873-1874, en grande partie à cause de la seconde guerre carliste. Des noms comme Ricardo Becerro de Bengoa, Julian Apraiz, Federico Baraibar[13], etc. y figurent. Ce dernier, grand helléniste (1851-1918), a en outre été un des premiers qui à Vitoria a dispensé des cours de langue basque.
XXe siècleEn pleine transition démocratique, l'église Saint-François-d'Assise a été le théâtre le 3 mars 1976 de graves affrontements[14] entre la police et les travailleurs en grève. Le délogement de l'église dans laquelle avait lieu une assemblée s'est terminé par le mitraillage de la police, ce qui a provoqué le décès de cinq personnes et blessé par balle plus d'une centaine de personnes. Les responsables du massacre n'ont jamais été jugés[15].
Le 20 mai 1980, sur décision du Parlement basque, est décidé au moyen de la Loi de Sièges, que Vitoria-Gasteiz sera la capitale de la communauté autonome basque.
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