Arantzazuko santutegia

( Sanctuaire d'Arantzazu )

Le sanctuaire de Notre Dame d'Arantzazu est un sanctuaire marial situé dans la municipalité d'Ognate au Guipuscoa, dans le Pays basque (Espagne). On y vénère la Vierge d'Arantzazu, patronne de cette province.

Il se trouve à une altitude de 750 m, entouré de montagnes et de végétation. La Vierge y serait apparue en 1469. Depuis 1514, des religieux de l'ordre des Franciscains y résident. Sa basilique, construite dans les années 1950, est une œuvre architecturale, sculpturale et artistique de grande importance dans laquelle ont travaillé d'éminents artistes de renommée internationale.

L'histoire du sanctuaire catholique est peu riche de reliques et de documents, notamment à cause de la perte d'une bonne partie du patrimoine au XIXe siècle.

Débuts

Durant la première partie du XVe siècle, des guerres dans différents territoires du Pays basque, opposant les factions oñacinos[1] (oñaciens) et les gamboinos[2] (gamboins), ont mené le pays à la ruine. À la même époque, il y a une grande sècheresse, que certains attribuent à une punition divine à cause des atrocités de la guerre. C'est alors qu'apparaît l'image de la Vierge sur le mont Aloña[3].

D'après la légende de la découverte de la Vierge par Rodrigo, celui-ci descend au village, où se déroulent des prières publiques pour que cesse la sècheresse. Il raconte aux villageois sa découverte en leur disant qu'ils doivent aller en procession, jusqu'au lieu où il a trouvé l'image, pour qu'il commence à pleuvoir. C'est ce qu'il se produit lorsqu'ils descendent l'image de la Vierge au village.

Une confrérie d'Arantzazu a été constituée par ceux qui forment la noblesse d'Oñati. Cette confrérie, qui à ses débuts est uniquement composée par le voisinage d'Oñati et d'Arrasate, disparaît en 1834.

Juana de Arriarán appuie économiquement la construction du sanctuaire catholiquet construit une pension pour pèlerins à côté de l'ermitage de la Vierge. Elle demande aussi à son fils, Pedro de Arriarán, moine de l'ordre de Notre-Dame de la Merced, de s'installer avec d'autres moines et d'ériger un monastère, avec la permission du comte d'Oñate. La communauté s'installe à Arantzazu en 1493.

L'ordre de Notre-Dame de la Merced abandonne le monastère assez rapidement. Pedro de Arriarán tente de donner la charge des installations aux Franciscains pour que ceux-ci l'incorporent dans la province franciscaine de Castille mais le projet n'aboutit pas. Ce sont les Dominicains qui prendront en charge le couvent et le sanctuaire.

En 1510, le frère Domingo de Córdova Montemayor est nommé prieur. Les Franciscains entament un procès avec les Dominicains pour la propriété du monastère. Ils obtiennent un jugement favorable par le Tribunal de la Rota[4] en 1512. Deux ans plus tard, le 22 avril 1514, les installations sont rendues aux Franciscains. L'ordre des Jéronimos[5] engage également un procès pour prendre possession du complexe spirituel. C'est Juana de Arriarán en personne qui défend l'ordre devant la reine Jeanne la Folle et appelle les Jeronimes au sanctuaire. Cet épisode est consigné dans une bulle du pape Léon X.

Premier incendie

En 1553, les installations sont entièrement terminées dans leur fonctionnement. Mais un incendie va entièrement les détruire. Le responsable provincial des Franciscains, dans une lettre envoyée à Ignace de Loyola, décrit les faits de cette manière :

Et c'est tout ce couvent avec tout ce qui se trouvait à l'intérieur qui s'est embrasé et a brûlé entièrement, excepté l'église qui miraculeusement resta préservée. Les religieux ont pu se réfugier, sans être brûlés, sur un rocher, par la grâce particulière de Notre-Dame. Cela survint en raison d'un défaut du bâtiment de la cuisine : comme il se trouvait au-dessus d'un vide, le feu pénétra par le bas sans être remarqué jusqu'à ce qu'il fût trop tard pour y porter aucun remède, et sans qu'on ne pût obtenir l'aide de personne dans une telle solitude sauvage[6]

Dans cet incendie sont perdus les archives et les ex-votos qui étaient conservés dans le cloître, témoignages de reconnaissance des gens qui se rendaient en ce lieu en quête de réconfort. Avec la collaboration et la donation des fidèles et des nobles, ainsi que de beaucoup d'institutions, la municipalité d'Oñati verse une donation de 300 ducats d'or pour la construction d'un nouveau couvent. Selon l'historien Esteban de Garibay, il est bien mieux bâti que le précédent, et ceci en très peu de temps. Dès 1567, l'ouvrage est terminé et on commence à planifier la restauration de l'église qui avait été sauvée. Seule la construction du nouvel autel et du porte-croix prend encore 18 ans. En 1621, on transfère la Vierge sur le nouvel autel. Les autorités catholiques de Rome accordent un jubilé solennel et la célébration de divers actes festifs et liturgiques amènent des fidèles de tout le Pays basque et de la Navarre. Les cérémonies sont célébrées en espagnol et en basque[7].

Second incendie  Vierge d'Arantzazu dans son autel.

Le 22 juillet 1622, peu après l'inauguration de la nouvelle église, un autre incendie dévaste les installations. La Vierge est sauvée des flammes mais tout le reste est détruit. Un témoignage écrit relate les faits de cette manière :

On ne peut exprimer avec des mots le trouble du cœur et l'affliction de l'esprit que nous causa à tous ce que nous vîmes, nous plus de quatre-vingt religieux qui nous trouvions alors en ce saint couvent, pleins de frayeur et d'épouvante, sans aucun réconfort ni abri, dispersés ce soir-là dans la montagne, bien que la plupart d'entre nous se rassemblèrent pour veiller et assister la très sainte image[8].

À la suite du nouvel incendie, on recommence la construction des installations. De nouveau, l'appui des fidèles et des autorités est fondamental pour mener à bien les travaux. Cette fois, on gagne du terrain sur le précipice en réalisant une partie de l'ouvrage au-dessus du vide. Comme le dit le père Luzuriaga :

L'art céda à la disposition souveraine, et la nature de la montagne s'assujettit au bras et au niveau supérieur de notre science, il semble qu'avec un secours singulier elle aida à tracer et disposer sur les précipices de la profondeur les ciments sur lequel s'élève l'église[9].

La nouvelle église compte deux chapelles superposées, la supérieure dédiée au service de la Vierge. Les installations sont habillées de diverses œuvres d'art que Luzuriaga en personne qualifie de richissimes et de joyaux artistiques. La Vierge est placée derrière un voile très fin, que deux religieuses lèvent à la demande des pèlerins, et entourée de douze chandelles. Tant l'autel que le chœur sont bien travaillés. Dans le chœur, on fait construire un orgue par un frère du couvent, Juan de Tellería, qui est déjà très réputé comme maître facteur d'orgue. À l'église succède la construction d'autres dépendances comme l'hôtellerie pour pèlerins et un amphithéâtre.

Le XIXe siècle et le troisième incendie  Église de Saint-Michel d'archange d'Oñati.

Le XIXe siècle est très peu favorable au sanctuaire guipuscoan. Le 9 août 1809, le roi Joseph Bonaparte, frère de Napoléon Bonaparte et installé par ce dernier, signe un ordre qui supprime les ordres religieux et saisit leur biens. Le 9 septembre, la mairie d'Oñati ordonne l'exécution de la loi et le déménagement des installations du sanctuaire. Il ne reste plus que le prêtre Javier de Aguirre. Quelques mois plus tard, en décembre, on nomme le chapelain Jose Manuel de Uralde, qui assume ses fonctions avec un cortège de 15 religieux originaires d'Oñati.

Le 2 juillet 1810, on transfère l'image de la vierge d'Arantzazu à l'église paroissiale Saint-Michel d'Oñati. Le 24 avril 1811, on arrête neuf religieux du monastère que l'on emmène à Vitoria-Gasteiz (Alava) et Monmendi. Ces faits se déroulent en pleine guerre d'indépendance[10]. Celle-ci terminée, on ramène l'image de la Vierge au sanctuaire d'Aránzazu, le 20 avril 1814.

Le 11 septembre 1822, le sanctuaire catholiquest attaqué par un capitaine de l'armée mettant le feu à certaines installations et causant des dégâts mineurs. La communauté religieuse abandonne temporairement le couvent et se réfugie dans la chapelle franciscaine de Bidaurreta à Oñati, emmenant la Vierge avec eux. Le 11 juin 1823, ils ramènent l'image à Arantzazu.

Les troupes libérales commandées par le Général Rodil, au cours d'une des guerres carlistes[11], considèrent les Frères comme des défenseurs de l'absolutisme de Ferdinand VII. Ils détruisent les installations du couvent et le sanctuaire catholiquee 18 août 1834, emprisonnant la communauté franciscaine. Assez rapidement, on réalise la construction d'installations provisoires pour héberger l'image de la Vierge et quelques rares frères qui la gardent. Le 13 décembre 1840, un ordre est dicté, dissolvant la communauté franciscaine d'Aránzazu, tout en maintenant celle de Biduarreta. La mairie d'Oñati nomme chapelain d'Arantzazu le frère Tomás de Echenagusía et l'image de la Vierge est déplacée à l'église du couvent de Bidaurreta.

Le 14 juillet 1844, le chef politique du Guipuscoa donne l'autorisation de commencer la restauration des installations d'Arantzazu et, deux ans plus tard, en octobre 1844, on termine les travaux qui seront inaugurés le 17 novembre. Dans la procession qui emmene la Vierge depuis Oñati à sa nouvelle église d'Arantzazu, plus de 10 000 personnes sont présentes.

Le 27 septembre 1878, on autorise la restauration de la communauté franciscaine. En 1879, on autorise la récolte de fonds pour mener à terme l'amélioration du chemin du sanctuaire. La nouvelle route sera inaugurée en 1881. Trois ans plus tard, le 10 août 1884, on inaugure le nouveau couvent, pratiquement cinquante années après sa destruction lors des guerres successives.

Le 13 septembre 1885 est la date choisie pour couronner la vierge d'Arantzazu, devenant le premier couronnement canonique en Pays basque. À cause d'une épidémie de choléra, le couronnement ne se fera que le 6 juin 1886.

Les installations du sanctuaire vont se compléter et, en 1892, on inaugure le retable majeur de l'église.

Les Oñaciens étaient des partisans de la lignée guipuscoane des Oñas. Elle était menée par la famille Mendoza, avec comme alliés les Beaumontais et la couronne de Castille. Les Gamboins étaient les partisans de la lignée guipuscoane des Gamboa. Ils étaient alliés aux Agramontais (qui apparaissent pour la première fois au début du XIIe siècle avec Sanche VII le Fort) et le Royaume de Navarre. Juan Luzuriaga, "livre 1, chapitre 4, page 10", historia de la mystica zarza, milagrosa imagen, y prodigioso santuario de Aránzazu.- San Sebastián, 1690.- ISBN Le Tribunal de la Rota Romana, dont le nom vient probablement du fait qu'il soit circulaire, est un lieu où se réunissent les auditeurs qui assistent le Pape pour juger les causes portées devant lui. Il est le tribunal ecclésiastique le plus élevé de l'église catholique. Ordre de San Jerónimo ou Ordo Sancti Hieronymi est un ordre religieux masculin approuvé en 1373 à Avignon par le pape Grégoire XI. Les sœurs aussi sont des Jeronimes et utilisent le sigle OSH. Y es que todo aquel Convento con todo lo que había dentro se ha abrasado y quemado, excepto la iglesia que miraculosamente quedó reservada, y los religiosos aberse podido escapar, sin ser abrasados, sobre una peña, se tiene por particular favor de nuestra Señora. Subscedió por falta del edificio de la cozina que, como estava sobre hueco, caló el fuego abaxo sin poderse sentir hasta que no llevó ningún remedio, ni se pudo aber favor de gente en aquella tan grande soledad o yermo Fray Pedro de Anasagasti, Guipúzcoa: Editorial Franciscana Aránzazu., (ISBN 84-7240-086-7) No se puede ponderar con palabras la turbación de corazón y aflicción de espíritu que nos causó a todos los que vimos, quedando más de ochenta religiosos, que a la sazón nos hallábamos en este santo convento, llenos de pavor y espanto, sin alivio alguno, ni abrigo, repartidos aquella noche por la montaña, aunque los más nos recogimos a velar y asistir a la santísima imagen Cedió el Arte a la disposición soberana, y se sujetó la naturaleza fragosa de la montaña al brazo y superior nivel de nuestra ciencia, parece que con singular auxilio ayudó a trazar y disponer sobre barrancos de la profundidad los cimientos sobre el que se lebantase la Iglesia. La guerre d'indépendance espagnole fut un conflit armé qui opposa l'Espagne contre les forces du Premier Empire français entre 1808 et 1814. Issu du contexte d'affrontement précédent des Français et des Portugais et le Royaume-Uni. Les guerres carlistes se succédèrent au XIXe siècle, en Espagne, entre les Carlistes, partisans de Charles Marie Isidore de Bourbon (Charles V d'Espagne) et le gouvernement d'Isabelle II d'Espagne, sa nièce. Il y en eut trois : la première s'est déroulée de 1833 à 1840, la seconde de 1846 à 1849 et la troisième de 1872 à 1876.

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