Massada (écrit avec ss ou avec s, vient de l'hébreu מצדה, metsada, « forteresse ») est un site constitué de plusieurs palais et de fortifications antiques perchés sur un socle de calcaire, situé en Israël au sommet d’une montagne isolée sur la pente est du désert de Judée.

Les falaises du côté est, qui surplombent la mer Morte, sont hautes d’environ 450 mètres ; à l'ouest elles dominent la vallée d'une centaine de mètres. L’accès pédestre au site est difficile. Il s'agit d'une mesa, plateau presque plat qui s'étend sur une quinzaine d'hectares flanqué de falaises abruptes. Il a la forme d’un triangle d’environ 600 mètres sur 300. Une muraille de pierres blanches, d'une hauteur de 5,3 mètres pour une épaisseur de 3,6 mètres, était équipée de 37 tours hautes de 22 mètres d'où l'on pouvait passer dans des habitations construites sur toute la face intérieure du mur. L'encein...Lire la suite

Massada (écrit avec ss ou avec s, vient de l'hébreu מצדה, metsada, « forteresse ») est un site constitué de plusieurs palais et de fortifications antiques perchés sur un socle de calcaire, situé en Israël au sommet d’une montagne isolée sur la pente est du désert de Judée.

Les falaises du côté est, qui surplombent la mer Morte, sont hautes d’environ 450 mètres ; à l'ouest elles dominent la vallée d'une centaine de mètres. L’accès pédestre au site est difficile. Il s'agit d'une mesa, plateau presque plat qui s'étend sur une quinzaine d'hectares flanqué de falaises abruptes. Il a la forme d’un triangle d’environ 600 mètres sur 300. Une muraille de pierres blanches, d'une hauteur de 5,3 mètres pour une épaisseur de 3,6 mètres, était équipée de 37 tours hautes de 22 mètres d'où l'on pouvait passer dans des habitations construites sur toute la face intérieure du mur. L'enceinte courait sur une longueur de 1 300 mètres et verrouillait le sommet du plateau. La forteresse comprenait un palais tourné vers le nord, situé sous les remparts de la citadelle. Le mur du palais était haut et solide ; il était flanqué aux angles de quatre tours de 26,6 mètres de haut. À l'intérieur, la disposition des appartements, des portiques et des bains témoignait du luxe et de la variété des styles ; partout s'élevaient des colonnes monolithes : les murs et le pavé des appartements étaient revêtus de mosaïques aux couleurs variées. Au palais, Hérode avait fait ajouter dans la forteresse, des entrepôts, des citernes en grand nombre alimentées à dos d'animaux, des casernes et une armurerie. Deux chemins, étroits et sinueux, s’élevaient depuis les flancs jusqu’aux portes fortifiées du site.

À l’origine, Massada ou Masada était une simple garnison fortifiée par les premiers princes hasmonéens. Selon Flavius Josèphe, un historiographe juif du Ier siècle, Hérode le Grand aménagea la forteresse en trois étapes successives de travaux, entre 37 et 15 av. J.-C. comme refuge contre d’éventuelles révoltes intérieures et menaces d’invasion égyptienne. En 66, au début de la Grande Révolte contre les Romains, un groupe de rebelles juifs, les Sicaires du parti nommé zélotes, prirent Massada à la garnison romaine qui y était stationnée. En 70, ils furent rejoints par d’autres Juifs et leurs familles expulsés de Jérusalem lorsque la ville fut prise par les Romains.

Siège de Massada

Pendant les trois années suivantes, ils utilisèrent Massada comme base pour se défendre contre les Romains.

 Les restes d'un des huit camps romains, situé versant ouest.

En 72, un légat, le général commandant l’armée romaine de Judée, Lucius Flavius Silva, marcha sur Massada avec la Légion X Fretensis et six cohortes auxiliaires pour faire le siège de la forteresse. Les légionnaires construisirent un mur d’encerclement (mur de circonvallation de trois kilomètres de long), puis érigèrent huit camps et enfin une gigantesque rampe d'accès de 100 m de haut contre la face ouest du plateau, avec des milliers de tonnes de pierres, de terre battue et de troncs d’arbres : un exploit technique. Flavius Josèphe ne signale aucune tentative importante de contre-attaque des Sicaires pendant la construction. Les Sicaires étaient sûrs que la forteresse serait imprenable, car ils possédaient les armes prises à l’ancienne garnison romaine, de l'eau en quantité dans des citernes creusées dans la falaise (des canaux reliant les citernes creusées sous Hérode alimentaient un système d'irrigation complexe permettant la culture de vignes, d'oliviers donnant une huile très fine, de fruits — dattes, grenades — et de céréales)[1] et beaucoup de vivres dans les entrepôts de la forteresse. On raconte aussi que lors de la construction de cette rampe, les Romains utilisèrent des prisonniers hébreux afin d'éviter les attaques des Sicaires, ceux-ci ne pouvant se résoudre à tuer leurs frères pour leur survie. La forteresse avait été conçue pour soutenir un long siège. Environ 8 000 Romains encerclaient un millier de rebelles. La géographie des lieux, le désert, rendaient impossible toute fuite.

La rampe fut achevée au printemps 73, après environ sept mois de siège, ce qui permit aux Romains d’enfoncer la muraille de la forteresse avec un bélier monté sur une tour mobile. Mais quand les légionnaires pénétrèrent dans la forteresse le 16 avril[2], ils découvrirent que les défenseurs avaient mis le feu à tous les bâtiments, à l’exception des entrepôts de nourriture, et qu’ils s’étaient suicidés en masse plutôt que d'affronter une capture ou une défaite certaine. Les entrepôts avaient probablement été préservés pour montrer que les défenseurs avaient gardé la capacité de vivre et de choisir l’heure de leur mort. Le récit du suicide collectif semble avoir été rapporté à Flavius Josèphe par deux femmes qui ont échappé au suicide en se cachant dans une citerne avec leurs cinq enfants.

Flavius Josèphe décrit les Sicaires comme des fanatiques violents et ne fait pas un portrait flatteur de ces hommes. Il reconstruit le discours du chef, Elazar ben Ya’ir (dont un sur l’immortalité de l’âme), expliquant les motivations de ce suicide collectif, mais, en tant que Juif, il reste perplexe devant un tel acte.

Remise en cause et survivance du mythe

À la suite des récentes découvertes archéologiques, certains historiens ne croient plus qu’un suicide en masse ait été organisé à Massada, bien qu’ils admettent généralement que les défenseurs de Massada ont mis le feu aux bâtiments quand les murailles ont été enfoncées, et qu'il est vraisemblable que beaucoup d’entre eux se sont tués. Néanmoins, le siège de Massada est devenu un récit populaire illustrant l’héroïsme face à l’oppression, et les détails les plus douteux du comportement des Sicaires sont désormais souvent relativisés.

De nos jours, c'est sur cet éperon rocheux que les officiers israéliens de l'armée blindée viennent prêter serment ou que les pilotes de chasse de Tsahal se voient solennellement remettre leur insigne et qu'a lieu la prestation de serment de diverses troupes de Tsahal, dont les parachutistes. C'est là qu'ils répètent, avec leur promotion, les vers du célèbre poème épique composé par Yitzhak Lamdan (en), Massada, publié en 1927, si cher aux pionniers du sionisme : « Non, la chaîne n'est pas rompue sur le sommet inspiré. Plus jamais Massada ne tombera. »[3]

Masada est également le nom d'un groupe de jazz créé aux États-Unis par John Zorn, Joey Baron, Greg Cohen et Dave Douglas durant l'été 1993 à l'occasion de la composition de la musique du film Thieves Quartet.

L'histoire du siège de Massada fut adaptée en 1981 sous forme de mini-série de la télévision américaine : Masada[4].

(en) Jodi Magness, Masada. From Jewish Revolt to Modern Myth, Princeton University Press, 2021, p. 65 Félix-Marie Abel, Géographie de la Palestine: Géographie politique. Les villes, J. Gabalda et Cie, 1967. A.Louyot, « La forteresse du sionisme », sur l'express, 22 août 2002 « Masada (TV Mini-Series 1981) - IMDb » [vidéo], sur imdb.com (consulté le 25 octobre 2020).
Photographies by:
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