قبة الصخرة

( Dôme du Rocher )

Le dôme du Rocher ou la coupole du Rocher (en arabe : قبة الصخرة, Qubbat Aṣ-Ṣakhrah ; en hébreu : כיפת הסלע, Kippat ha-Sel‘a), appelé parfois mosquée d'Omar, est un sanctuaire érigé à la fin du VIIe siècle sur ordre du calife Abd al-Malik ibn Marwan sur le mont du Temple. Il fait partie du « Haram al-Sharif » (« le noble sanctuaire », connu en français sous le nom d'esplanade des Mosquées et partout ailleurs sous celui de mont du Temple), le site qui comprend aussi la mosquée al-Aqsa à Jérusalem-Est.

Achevé en l'an 691 ou dans la seconde partie de l'année 692 (an 72 de l'hégire), son dôme est reconstruit en 1022 et rénové en 1089, 1318, 1448, 1830, 1874, 1962 puis complètement en 1994. Lors de cette dernière restauration, on pose des plaques de cuivre recouvertes d'une fine couche de nickel et d'or.

Le bâti...Lire la suite

Le dôme du Rocher ou la coupole du Rocher (en arabe : قبة الصخرة, Qubbat Aṣ-Ṣakhrah ; en hébreu : כיפת הסלע, Kippat ha-Sel‘a), appelé parfois mosquée d'Omar, est un sanctuaire érigé à la fin du VIIe siècle sur ordre du calife Abd al-Malik ibn Marwan sur le mont du Temple. Il fait partie du « Haram al-Sharif » (« le noble sanctuaire », connu en français sous le nom d'esplanade des Mosquées et partout ailleurs sous celui de mont du Temple), le site qui comprend aussi la mosquée al-Aqsa à Jérusalem-Est.

Achevé en l'an 691 ou dans la seconde partie de l'année 692 (an 72 de l'hégire), son dôme est reconstruit en 1022 et rénové en 1089, 1318, 1448, 1830, 1874, 1962 puis complètement en 1994. Lors de cette dernière restauration, on pose des plaques de cuivre recouvertes d'une fine couche de nickel et d'or.

Le bâtiment dérive de modèles de l'architecture byzantine, avec une influence perse sassanide. Si on connaît le nom des personnes qui en ont supervisé la construction (Raja ibn Haywa, Yazid ibn Sallam et Sahaba), on ignore celui de son architecte. Les carreaux qui le recouvrent ont quant à eux été installés par Soliman Ier en 1545-1552 ; certains présentent des sourates qui rejettent la trinité chrétienne.

Sous le dôme du Rocher se trouve une grande pierre appelée « Rocher de la Fondation ». La tradition musulmane y voit l'endroit depuis lequel Mahomet s'est élevé au ciel lors de l'Isra et Miraj. Mais la tradition juive reconnaît dans ce même rocher le mont Moriah, le massif montagneux sur lequel, d'abord, Abraham monta avec son fils Isaac afin de l'offrir à Dieu en holocauste, puis sur lequel sont bâtis successivement les Temples de Jérusalem (le Temple de Salomon et le temple dit « d'Hérode »). Enfin, le rocher fut aussi considéré par les Juifs de la région comme l'emplacement du centre du monde.

Le dôme du Rocher occupe une place de premier plan dans l'art et l'architecture de l'islam, et l'historien de l'art Oleg Grabar y voit le « premier monument qui se voulut une création esthétique majeure de l'islam ».

Le Haram al-Sharif est considéré comme un troisième lieu saint islamique après La Mecque et Médine.

Contexte pré-islamique  Maquette du Second Temple de Jérusalem sur le Mont du Temple, (Musée d’Israël, Jérusalem)

Le Dôme du Rocher est situé au centre du Mont du Temple - site sur lequel se trouvait autrefois le Temple de Salomon, érigé par ledit roi d'Israël, mais détruit et pillé lors du siège de Jérusalem en 586 av. J.-C., puis le Second Temple juif reconstruit entre -538 et -417 - lequel avait été considérablement agrandi sous Hérode le Grand au Ier siècle avant notre ère, et appelé Temple d'Hérode.

L'emplacement exact du Temple juif n'est plus connu avec certitude ; il existe plusieurs opinions différentes à ce sujet (le temple serait plus au nord, ou plus au sud selon une étude de l'architecte Tuvia Sagiv[1]).

Le Temple d'Hérode est détruit en 70 de notre ère par les Romains sur l'ordre de Titus, et après la révolte de Bar Kokhba en 135, un temple romain dédié à Jupiter Capitolinus est à son tour construit sur le site par l'empereur Hadrien[2].

Jérusalem est gouvernée par l'Empire romain du Ier siècle av. J.-C. au VIe siècles. À cette époque, le pèlerinage chrétien à Jérusalem commence à se développer[3]. L'église du Saint-Sépulcre est construite sous l'empereur Constantin dans les années 320, mais le Mont du Temple demeure abandonné après l'échec d'un projet de restauration du temple juif sous l'empereur Julien[4],[5] ; sous les dominations romaine comme byzantine, l'esplanade reste jonchée seulement de ruines éparses[5].

En 638 de notre ère, la Jérusalem byzantine est à nouveau conquise par les armées arabes d'Omar ibn al-Khattâb[6], deuxième calife du califat de Rashidun.

Parmi les premiers musulmans, le Mont du Temple est appelé Madinat bayt al-Maqdis (« Ville du Temple »), sans référence au Coran[7].

Construction  Le Rocher de la Fondation à l'intérieur de l'édifice, lieu le plus saint du judaïsme.

Comme le révèle une des inscriptions en arabe qui courent autour du bâtiment, le dôme du Rocher est construit en l'an 72 de l'Hégire, c’est-à-dire en 691 ou 692 de l'ère chrétienne, sous le règne du calife Abd al-Malik[8],[Note 1].

Il s'élève sur le Haram al-Sharif, à l'endroit où le premier Temple des Juifs aurait été édifié par le roi biblique Salomon, soit le Mont du Temple[5].

Après la conquête musulmane de Jérusalem (vers 635-638), le calife et compagnon de Mahomet Omar ibn al-Khattab, Omar est informé par Ka'ab al-Ahbar, un rabbin converti à l'islam (ou crypto-juif[9]),[10] que le « sanctuaire [masjid] de David » que le calife désire voir mais qu'il ne reconnaît pas tel que décrit par le prophète Mahomet, est identique au site des anciens temples juifs de Jérusalem[11],[12]. Horrifié de voir l'état dans lequel se trouvait ce lieu saint, il l'aurait fait nettoyer et y aurait prié. Selon la même source[Laquelle ?], il ordonne la construction d'une mosquée à cet emplacement. Certains historiens médiévaux, en particulier le chroniqueur byzantin Théophane le Confesseur, relèvent que cet acte de Omar ibn al-Khattab est salué par les Juifs de l'époque[13].

En plus du Dôme, le Haram al-Sharif (« le noble sanctuaire »), appelé aujourd'hui « esplanade des Mosquées » ou « esplanade du Temple » ou « mont du Temple », comprend de nombreuses constructions, dont la mosquée al-Aqsa (construite avant 679) ou encore le Dôme de la Chaîne (Qubbat al-Silsila)

Élément central et majestueux de cet ensemble, le Dôme fut restauré à de nombreuses reprises. Dès le début du IXe siècle, le calife abbasside Al-Mamun faisait ainsi effacer le nom d'Abd al-Malik pour le remplacer par le sien sur l'inscription[Note 2]. Ensuite, depuis les Fatimides jusqu'aux Ottomans, chaque dynastie maîtresse de Jérusalem a cherché à poser sa marque sur l'édifice, tout en conservant sans doute le plan et les proportions originelles[Note 3].

Des croisades au XXe siècle  Intérieur du Dôme du Rocher (1884)[14]

Durant les Croisades du XIIe siècle, l'édifice est transformé en église sous le nom de « Templum Domini »[Note 4], tandis que la mosquée al-Aqsa toute proche est transformée en palais par Baudouin de Boulogne. Les deux monuments sont tous deux rendus au culte musulman en 1187 après la prise de Jérusalem par Saladin[Note 5].

Néanmoins, de nombreux éléments ont été remplacés, dans les mosaïques intérieures, où l'on note en particulier des restaurations mamelouks maladroites, dans la coupole, de nombreuses fois reconstruite, ou encore dans les plafonds peints, dont les motifs peuvent être datés du XIIIe siècle. Cependant, c'est sans doute le décor extérieur qui est le plus marqué par ces restaurations : au milieu du XVIe siècle (deux dates sont inscrites, équivalent à 1545 et 1551/1552), sur ordre de Soliman le Magnifique, il a été complètement remplacé par un revêtement de carreaux de céramique ottomans[Note 6].

Entre le XVIIIe siècle et le début du XXe siècle, le monument a fait l'objet d'au moins quatre campagnes de restauration : en 1720-1721 à la demande du sultan Ahmed III ; en 1817 pour Mahmoud II ; dans le troisième quart du XIXe siècle (1853-1874), à l'initiative d'Abdülmecid, mais terminée par Abdülaziz ; entre 1918 et 1928 par l'architecte anglais C.R. Ashbee[15].

Le monument et l'histoire de l'art

Monument majeur de l'art islamique, le dôme du Rocher a très tôt fait l'objet d'études. Dès 1900, l'archéologue suisse Max van Berchem a relevé les inscriptions[16], et sa fille, Marguerite van Berchem, publie une étude sur les mosaïques en 1932 dans l'ouvrage de KAC Creswell, Early muslim architecture[17]. Creswell propose lui-même une analyse approfondie du monument. Mais le scientifique qui s'est le plus penché sur le monument est sans contestes Oleg Grabar, qui publie ses premières hypothèses sur sa signification en 1959. Ses articles constituent le plus important corpus sur ce sujet, sur lequel de nombreux scientifiques ont travaillé.

Galerie du passé
Plus ancienne carte imprimée de Jérusalem avec le Mont du Temple et le Dôme du Rocher (1490)[18] 
Plus ancienne carte imprimée de Jérusalem avec le Mont du Temple et le Dôme du Rocher (1490)[18]
Vers 1800 
Vers 1800
Entre 1842 et 1844 
Entre 1842 et 1844
1854 
1854
Entre 1850 et 1888 
Entre 1850 et 1888
1894 
1894
Vers 1900 
Vers 1900
Avant 1910 
Avant 1910
1920 
1920
1920 
1920
Vue aérienne, 1938 
Vue aérienne, 1938
(en)Tuvia Sagiv, « Determination of the location of the Temple based on the angle of sight of Agrippa II » sur templemount.org, 2004 [lire en ligne (page consultée le 26 novembre 2020)] (en)Chisholm, Hugh, ed. (1911). "Aelia Capitolina". Encyclopædia Britannica (11th ed.). Cambridge University Press. p. 256. Lester L. Grabbe (2010). An Introduction to Second Temple Judaism: History and Religion of the Jews in the Time of Nehemiah, the Maccabees, Hillel, and Jesus. A&C Black. p. 29. (en) Linda Kay Davidson et David Martin Gitlitz, Pilgrimage: From the Ganges to Graceland : an Encyclopedia, ABC-CLIO, 2002 (ISBN 978-1-57607-004-8, lire en ligne), p. 274 (trad.) « Julien pensa reconstruire à grands frais le fier Temple une fois à Jérusalem, et confia cette tâche à Alypius d'Antioche . Alypius se mit vigoureusement au travail, et fut secondé par le gouverneur de la province, lorsque de terribles boules de feu éclatèrent près les fondations, ont continué leurs attaques, jusqu'à ce que les ouvriers, après des brûlures répétées, ne puissent plus s'approcher : et il a renoncé à la tentative ». Ammien Marcellin, Res Gestae, 23.1.2–3. ↑ a b et c Oleg Grabar, La formation de l'art islamique, Paris : Flammarion, « Champs », 2013 [1973], p. 77. (en) Dan Bahat, « The illustrated atlas of Jerusalem », Carta Jerusalem, 1996 (ISBN 965-220-348-3, consulté le 15 avril 2022), p. 71 (en) Ben-Dov, M. Historical Atlas of Jerusalem. Translated by David Louvish. New York : Continuum, 2002, p. 171 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées vanEss (en) « Yakub of Syria (Ka'b al-Ahbar) Last Jewish Attempt at Islamic Leadership - Alsadiqin English », sur www.alsadiqin.org (consulté le 15 avril 2022) : « Il a continué à suivre la tradition rabbinique de sorte que les historiens islamiques ultérieurs se sont demandé s'il s'était jamais "converti" à l'islam. » David Nirenberg, Antijudaïsme : Un pilier de la pensée occidentale, 2023, Labor et Fides (ISBN 978-2830917994), p. 255-256 (en-US) Hillel Cohen, « The Temple Mount/al-Aqsa in Zionist and Palestinian National Consciousness: A Comparative View », Israel Studies Review, vol. 32, no 1,‎ 1er juin 2017, p. 1–19 (ISSN 2159-0370 et 2159-0389, DOI 10.3167/isr.2017.320102, lire en ligne, consulté le 15 avril 2022) :

« La rencontre entre Juifs et musulmans sur le Mont du Temple/al-Aqsa a commencé à l'aube de l'islam et se poursuit encore aujourd'hui. Cela a commencé par un mélange de coopération et de compétition ; un Juif converti à l'islam, Ka'ab al-Ahbar, a guidé le calife Omar vers le site du Temple. »

Encyclopaedia Universalis, Dictionnaire de l’Islam, religion et civilisation: Les Dictionnaires d'Universalis, Encyclopaedia Universalis, 27 octobre 2015 (ISBN 978-2-85229-121-8, lire en ligne) (en) «The Secrets of Rabbi Simon ben Yohai (post-680?)», sur christianorigins.com. Extrait de Robert G. Hoyland, Seeing Islam as Others Saw It: A Survey and Evaluation of Christian, Jewish and Zoroastrian Writings on Early Islam, Princeton (NJ), The Darwin Press, Inc. 19997. [lire en ligne (page consultée le 26 novembre 2020)] Charles Robarts - University of Toronto, Palestine Exploration Fund et C. R. (Claude Reignier) Conder, The survey of Western Palestine-Jerusalem, London : Palestine Exploration Fund, 1884 (lire en ligne) St. Laurent, Beatrice ; Riedlmayer, András, « Restorations of Jerusalem and the Dome of the Rock and Their Political Significance », Muqarnas X, 1993. p. 76-84 Max van Berchem, Matériaux pour un Corpus Inscriptionum Arabicarum, vol. II : Syrie du Sud, Jérusalem, Le Caire, Imprimerie de l'Institut français d'archéologie orientale (no 215), 1927, p. 228-246 Marguerite van Berchem, « The mosaics of the dome of the rock in Jérusalem and of the great mosque in Damascus », in KAC Creswell, Early muslim architecture, t. 1, Oxford, Oxford University Press, 1932. Erhard Reuwich, English: Jerusalem in Peregrinatio in Terram Sanctam, oldest printed map of Jerusalem, 29 juillet 1490 (lire en ligne)


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Shmuel Spiegelman - CC BY-SA 1.0
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