Dinan /di.nɑ̃/ est une commune nouvelle française, créée le , issue de la fusion des communes de Dinan et Léhon et une sous-préfecture située dans le département des Côtes-d'Armor en région Bretagne. C'est une ville du Poudouvre, pays traditionnel du nord de la Haute-Bretagne.

La ville de Dinan est fortifiée par une ceinture de remparts et était défendue par un imposant ch...Lire la suite

Dinan /di.nɑ̃/ est une commune nouvelle française, créée le , issue de la fusion des communes de Dinan et Léhon et une sous-préfecture située dans le département des Côtes-d'Armor en région Bretagne. C'est une ville du Poudouvre, pays traditionnel du nord de la Haute-Bretagne.

La ville de Dinan est fortifiée par une ceinture de remparts et était défendue par un imposant château. Point stratégique pour la circulation entre la Normandie et la côte nord de Bretagne, Dinan est construite principalement sur une colline. La cité domine de 75 m la Rance qui coule vers le nord pour se jeter dans la Manche entre Saint-Malo et Dinard. Dinan proposa longtemps le pont le plus au nord pour traverser la Rance et son large estuaire.

Dinan est le siège de Dinan Agglomération, communauté d'agglomération créée en 2017.

Ses 14 675 habitants sont les Dinannais et Dinannaises.

Préhistoire et Antiquité

La région de Dinan est habitée depuis le Néolithique, comme en témoigne la présence d'un dolmen en ruines à la sortie de la ville en direction de Lanvallay. Sa proximité avec la grande cité gallo-romaine de Corseul et le port gaulois puis gallo-romain de Taden permettent d'en déduire une occupation humaine à cette période.

Moyen Âge

L’histoire de Dinan est mieux connue à partir du XIe siècle, bien que le site eût été occupé depuis l'Antiquité. C’est à l’époque une bourgade dans laquelle s’implante un couvent bénédictin. En 1064, les Normands du duc Guillaume le Bâtard assiègent le château sur motte. Cet assaut figure sur la tapisserie de Bayeux[1].

 L'attaque de la motte castrale de Dinan (tapisserie de Bayeux, XIe siècle). Hic milites Willelmi ducis pugnant contra Dinantes : « Ici les soldats du duc Guillaume combattent contre les Dinannais ».

Organisée autour des paroisses Saint-Malo et Saint-Sauveur, la moitié de Dinan est achetée en 1283 par le duc de Bretagne Jean le Roux. C'est à cette époque que la ville acquiert la ceinture de remparts qu’on lui connaît. Les tours de Beaumanoir, Vaucouleurs, Saint-Julien, Beaufort, du Connétable, de Coëtquen, Penthièvre, Longue et Sainte-Catherine entourent la vieille ville dans le sens trigonométrique. Ce chemin de ronde encore intact sur 2 600 m est percé par les portes du Jerzual, de Saint-Malo, de Brest, du Guichet et plus tard de Saint-Louis (1620).

 Statue de Bertrand du Guesclin à Dinan.

En 1357, lors de la guerre de succession du duché de Bretagne, Bertrand Du Guesclin et son frère Olivier défendent avec succès la ville assiégée par les troupes anglaises et les Bretons fidèles à Jean de Montfort. Il affronte Thomas de Canterbury[a] en combat singulier et en sort vainqueur. En 1364, après plusieurs tentatives infructueuses, le duc Jean IV parvient à reprendre le contrôle de la ville et y fait construire la Tour ducale.

Les fortifications de la ville sont modernisées dans la deuxième moitié du XVe siècle avec l'addition de plusieurs tours d'artillerie. Cela passe par la destruction de la partie des faubourgs située contre les murailles par l'incendie, afin de dégager un glacis[2]. Le château de Léhon, tout proche, est alors abandonné[3]. Les canons n'ont jamais tiré : le gouverneur de la ville rend les clefs au représentant du roi de France après la bataille de Saint-Aubin-du-Cormier en 1488. Comme toutes les autres villes bretonnes, Dinan est définitivement rattachée au Royaume de France en août 1532.

Temps modernes  Port de Dinan. Viaduc sur la Rance.

La ville continue à prospérer, avec une activité artisanale soutenue intra-muros et la présence du port sur la Rance qui favorise le commerce. Dinan contrôle en effet la voie fluviale permettant de transporter les marchandises jusqu’à Saint-Malo. En 1598, Dinan choisit le camp du nouveau roi de France, Henri IV, contre son gouverneur, Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, qui s’y oppose lors des guerres de la Ligue. C’est à partir de cette époque que les fortifications perdent leur usage défensif et ne sont plus entretenues.

Au XVIIe siècle, d’autres ordres religieux implantent de nouveaux couvents : Capucins, Ursulines, Bénédictines, Dominicaines, Clarisses s’ajoutent aux Cordeliers et aux Jacobins. À compter de ce siècle, la ville ouvre une nouvelle porte économique avec sa source minérale « La Fontaine des Eaux ». Un premier livre est publié en 1648 par Jan Duhamel[4] mais le site se développera plus amplement au XVIIIe siècle.

Dinan participe à la Révolte du papier timbré survenue en 1675. Le bailliage de Dinan dépendait de l'abbaye Notre-Dame du Tronchet[5].

Au XVIIIe siècle, l’activité commerciale est stimulée par l’installation de nombreux tisserands, qui produisent notamment des toiles utilisées pour les voiles des navires, envoyées ensuite à Saint-Malo par la vallée de la Rance. Sous l’impulsion d’une bourgeoisie qui se développe, diverses mesures sont prises pour lutter contre l’insalubrité régnant dans la ville, parallèlement à son développement extra-muros.

À partir de 1769, la ville de Dinan va investir dans sa « Fontaine des Eaux », une source d'eaux minérales qui a des vertus « miraculeuses » selon certains analystes de l'époque. Le vallon sera aménagé pour recevoir de nombreux curistes nobles, venant de la province et de Paris même. Ce développement de la vallée n'est pas négligeable dans l'économie de la ville et va encore s'étoffer au XIXe siècle[6].

Révolution française

Pendant la Révolution, Jean Jules Coupard, avocat né en 1740, est élu député du Tiers état aux États généraux de 1789 et participe donc à la réorganisation administrative de la France et à la rédaction de constitution de 1791. Il est à nouveau élu député en 1792 à la Convention. Marie Toussaint Gagon du Chesnay, avocat et ancien maire de Dinan, est lui aussi député aux États généraux. Il adhère aux idées nouvelles. La constitution de 1791 prévoyait que les députés des États généraux ne pourraient se représenter à l'Assemblée nationale législative : il se retire donc sur ses terres en 1791. À la fin de la Révolution, il est appelé par Bonaparte au poste de sous-préfet de Dinan.

Le XIXe siècle

Pendant les épisodes de la deuxième Commune de Paris, la ville de Dinan connut une exportation de ce modèle politique, et ainsi fut créée la Commune de Dinan toujours officiellement existante[réf. souhaitée].

Au XIXe siècle, le port perd progressivement de son importance, avec la construction d’un viaduc routier qui désenclave la ville, en 1852, et avec l’arrivée du chemin de fer en 1879. La ville voit se construire de nombreuses demeures cossues et se transforme peu à peu en destination de villégiature, particulièrement prisée par les Britanniques.

Le XXe siècle

Lors de son passage dans le pays de Dinan[7], Thomas Edward Lawrence, dit Lawrence d'Arabie[8], écrit à sa mère : "Je suis tombé amoureux de la Rance" dans une lettre en date du 26 août 1907 où il compare le canal aux rives de la Tamise à Londres ainsi qu'à la rivière Isis empruntée par les courses d'aviron de l'université d'Oxford.

Lawrence d’Arabie s’était pris de passion pour le cidre. En Angleterre, il avait découvert les « modern ciders », des cidres élaborés à partir de pommes de table.

Malgré un incendie en 1907 qui a détruit cinq maisons à colombages, et un bombardement en août 1944, la ville n'a pas connu de grands changements depuis le début du XXe siècle.

La Porte du Jerzual (photographie de 1902). 
La Porte du Jerzual (photographie de 1902).
La Première Guerre mondiale

Dinan était alors une ville de garnison (le 10e régiment d'artillerie et le 13e régiment de hussards y étaient basés).

La Seconde Guerre mondiale

Ange Dubreuil, né et installé à Dinan, fut arrêté pour avoir initié une rixe avec un jeune soldat allemand dans un bar de la rue de la Chaux. Il fut arrêté, jugé et condamné à la peine de mort. Le Préfet des Côtes-du-nord intervint auprès du Général de corps d'Armée (français) afin qu'il demande aux autorités allemandes de commuer cette peine : ce dernier n'en fit rien. Ange Dubreuil fut fusillé le 5 décembre 1940... pour une simple bagarre[9].

Anne Beaumanoir, alors étudiante en médecine et résistante, amène à Dinan deux enfants juifs qu'elle a fait échapper à une rafle parisienne et les cache chez ses parents Jean et Marthe Beaumanoir. Ils sont reconnus tous les trois Justes parmi les nations[10].

Le 2 août 1944, les Américains de la 6th Armored Division (6e division blindée US) approchent Dinan. À Lanvallay, ils sont sévèrement accrochés par les troupes allemandes qui résistent. Ils décident de contourner le nid de résistance, et de poursuivre leur course vers Brest. Au cours de leur retraite, un barrage d'artillerie et un soutien aérien sont effectués pour couvrir le repli des troupes américaines. Ce n'est que le 6 août 1944 qu'un groupe de reconnaissance du 802nd Tank Destroyer Battalion (802e Bataillon antichar) apprend que Dinan et Lanvallay ont été évacués par les troupes allemandes. Ils mènent plusieurs reconnaissances dans la ville et la libèrent. Le lendemain, un régiment et un groupe de reconnaissance passent Dinan, et progressent vers Dinard, qui est un des bastions de la Festung Saint-Malo.

Originaire d'Ille-et-Vilaine, René Fayon s'installe avec sa famille à Dinan en tant que gardien du pont de la Fontaine-des-Eaux. Membre du groupe FTP de Dinan, il est amené, avec ses camarades, à prendre d'assaut la prison de Dinan le 11 avril 1944 afin de libérer deux membres importants de la direction des FTP d'Ille-et-Vilaine. Bien que très risquée, l'opération fut un succès[11]. Le 9 mai 1944 au matin, René Fayon fut arrêté au cours de son service de garde près du viaduc sur la ligne de chemin-de-fer Dinan-Dinard. Soupçonné d'actes de terrorisme et porteur d'un révolver, il fut transféré à la prison de Rennes. Jugé et condamné à la peine de mort le 30 mai, il fut fusillé le lendemain 31 mai au camp de la Maltière à Saint-Jacques-de-la-Lande avec 9 autres de ses camarades du secteur de Dinan.

Le monument aux morts

Le monument aux morts porte les noms de 308 soldats morts pour la Patrie[12] :

258 sont morts durant la Première Guerre mondiale ; 33 sont morts durant la Seconde Guerre mondiale ; 8 sont morts durant la guerre d'Algérie ; 9 sont morts durant la guerre d'Indochine.La fermeture des casernes

Les casernes, longtemps occupées par les régiments de hussards et de dragons vont peu à peu se vider de leurs militaires[13].

En 1979, le 11e Régiment d'artillerie de marine (RAMA), quitte la caserne Duguesclin qu'elle occupait depuis 1948, pour la Lande d'Ouée (Saint-Aubin-du-Cormier)[14]. Cette unité est remplacée par le 9e régiment de commandement et de soutien (9e RCS), régiment de soutien de la 9e DIMA, qui restera dans la ville jusqu'en 1986, avant de déménager sur Nantes. En 1998, l'école nationale de Spécialisation du service de santé pour l’armée de terre (ENSSSAT) située à Dinan depuis 1981 est supprimée, 500 militaires quittent la ville[15].

Le XXIe siècle  Le haut de la rue Jerzual.

De nos jours, la ville a largement restauré son patrimoine. Des maisons à colombage bordent encore la place des Cordeliers, la rue de l'Horloge, la célèbre rue du Jerzual et d'autres voies pavées du centre. Les églises Saint-Sauveur et Saint-Malo s'élèvent au milieu des anciennes paroisses de la ville.

Les casernes Beaumanoir et Duguesclin, désaffectées, ont été rachetées par la commune. Elle conserve 60 % des bâtiments pour aménager le nouveau quartier Europe, mêlant constructions militaires réhabilitées, bâtis contemporain et espaces verts[16]. L'ensemble de cet aménagement couvre près de 15 ha, le projet urbain a été conçu par le cabinet d'architecte Philippe Madec.

Dans la nuit du 6 au 7 juin 2007, une petite portion des remparts s'est effondrée sur la rue principale d'accès (rue du Général-de-Gaulle), et nécessite des travaux de consolidation.

L'agglomération de Dinan déborde aujourd'hui de ses remparts et s'étend jusqu'aux communes de Léhon, Quévert, Taden et Lanvallay.

Depuis septembre 2017, Dinan et Léhon ont fusionné pour constituer la commune nouvelle de Dinan[17]. Par arrêté du préfet des Côtes-d'Armor en date du 30 septembre 2017, publié au JORF no 21 du 26 janvier 2018 au 30 septembre 2017, la commune nouvelle de Dinan est créée en lieu et place des communes de Dinan et de Léhon (canton de Dinan, arrondissement de Dinan) à compter du 1er janvier 2018[17].

Stéphane William Gondoin, « Les châteaux forts au temps de Guillaume le Conquérant », Patrimoine normand, no 94,‎ juillet-août-septembre 2015, p. 42 (ISSN 1271-6006). Jean-Pierre Leguay, Les catastrophes au Moyen Age, Paris, J.-P. Gisserot, coll. « Les classiques Gisserot de l'histoire », 2005, 224 p. (ISBN 978-2-877-47792-5 et 2-877-47792-4, OCLC 420152637)., p. 40 et 158. Notice no PA22000021, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture. Jan Du Hamel, De la nature et des vertus des eaux minérales de Dinan, Dinan, Jacques Mahé, 1648. Déclarations de 1675 & 1790. Charles Montécot, Dinan et son histoire, la Fontaine des Eaux, Lanvallay, La Griffe du temps, éditions, novembre 2011, 416 p. (ISBN 2-916057-01-3). https://www.ouest-france.fr/bretagne/dinan-22100/il-souhaite-mettre-en-lumiere-le-passage-de-lawrence-d-arabie-a-dinan-6942990 https://actu.fr/bretagne/dinan_22050/pres-de-dinan-kevin-lognone-sur-les-traces-de-lawrence-d-arabie_36475367.html Prigent Alain et Tilly Serge, "Les fusillés et décapités après jugement d'un tribunal militaire allemand (Côtes-du-Nord, 1940-1944)", Les cahiers de la Résistance populaire, mai 2011, page 46.. « Beaumanoir (Anne) ; Beaumanoir (Jean) ; Beaumanoir (Marthe) », dans Israel Gutman, Lucien Lazare, Dictionnaire des Justes de France, Jérusalem et Paris, Yad Vashem et Arthème Fayard, 2003 (ISBN 2-213-61435-0), p. 77-78. Prigent Alain et Tilly Serge, "Les fusillés et décapités après jugement d'un tribunal militaire allemand (Côtes-du-Nord, 1940-1944)", Les cahiers de la Résistance populaire, mai 2011. « MémorialGenWeb Relevé », sur memorialgenweb.org (consulté le 25 février 2021). « dinan », sur cavaliers.blindes.free.fr (consulté le 24 avril 2018). Thibaud Grasland, « Dinan et le 11e RAMa, une histoire qui dure », Ouest-France,‎ 14 novembre 2014 (ISSN 0999-2138, lire en ligne). Vincent Jarnigon, « Comment Dinan a réussi le départ de ses militaires », Ouest-France,‎ 26 septembre 2013 (ISSN 0999-2138, lire en ligne). « Reconversion des anciennes casernes Beaumanoir et Du Guesclin - 2004 / 2009 », sur atelierphilippemadec.fr (consulté le 24 avril 2018). ↑ a et b Arrêté du 30 septembre 2017 portant création de la commune nouvelle de Dinan (lire en ligne).


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