Contexte de Mauritanie

La Mauritanie (en arabe : موريتانيا), en forme longue la république islamique de Mauritanie (en arabe : الجمهورية الإسلامية الموريتانية), est un État d'Afrique du Nord-Ouest. Elle fait partie de l'Union africaine, de la Ligue arabe, de l'Union du Maghreb arabe, de l'Organisation de la coopération islamique et de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), en plus d'être membre de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Sa capitale et sa plus grande ville est Nouakchott. Les autres villes principales sont Nouadhibou, Kiffa, Kaédi, Zouerate et Rosso.

La plupart de la surface du pays se trouve dans le Sahara. Elle possède une côte d'environ 800 km ouverte sur l'océan Atlantique s'étirant de Ndiago au sud jusqu'à Nouadhibou au nord. Au nord, elle est limitrophe du Sahara occidental (revend...Lire la suite

La Mauritanie (en arabe : موريتانيا), en forme longue la république islamique de Mauritanie (en arabe : الجمهورية الإسلامية الموريتانية), est un État d'Afrique du Nord-Ouest. Elle fait partie de l'Union africaine, de la Ligue arabe, de l'Union du Maghreb arabe, de l'Organisation de la coopération islamique et de l'Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS), en plus d'être membre de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Sa capitale et sa plus grande ville est Nouakchott. Les autres villes principales sont Nouadhibou, Kiffa, Kaédi, Zouerate et Rosso.

La plupart de la surface du pays se trouve dans le Sahara. Elle possède une côte d'environ 800 km ouverte sur l'océan Atlantique s'étirant de Ndiago au sud jusqu'à Nouadhibou au nord. Au nord, elle est limitrophe du Sahara occidental (revendiqué par le Maroc et la République arabe sahraouie démocratique), de l'Algérie au nord-nord-est, du Mali à l'est et au sud-sud-est, et du Sénégal au sud-ouest.

Le territoire devient une colonie française en 1903 et obtient son indépendance en 1960. Depuis, le pays connaît plusieurs coups d'État et des périodes de régime militaire. La victoire de Mohamed Ould Ghazouani dans l'élection présidentielle mauritanienne de 2019 était supposément la première transition pacifique du pouvoir du pays depuis l'indépendance.

La Mauritanie constitue un espace de contact entre l'Afrique du Nord et l'Afrique subsaharienne, ce qui en fait un pays pluriethnique ; elle est majoritairement peuplée d'une communauté arabe et berbère dans laquelle se distinguent deux groupes : les Maures arabo-berbères dits « Maures blancs » ou Beidanes (qui représenteraient 40 %), et les Haratins dits « Maures noirs », descendants d'esclaves arabophones, d'origine Bafour (qui seraient 30 % de la population), et d'un ensemble noir-africain composé de plusieurs ethnies originaires des régions du sud de la Mauritanie, telles que les Peuls, Soninkés, Wolofs et Bambaras, qui représenteraient 30 % de la population. L'arabe est la langue officielle et le français y est aussi beaucoup utilisé. L'islam est la religion officielle et presque 100 % de la population est de confession musulmane sunnite.

Plus à propos Mauritanie

Informations de base
  • Devise Ouguiya (1973-2017)
  • Indicatif d'appel +222
  • Domaine Internet .mr
  • Mains voltage 220V/50Hz
  • Democracy index 3.92
Population, Area & Driving side
  • Population 4614974
  • Zone 1030700
  • Côté conduite right
Historique
  • Préhistoire
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    Préhistoire
     
    Gravures rupestres.
     
    L'Adrar.

    De nombreuses peintures pariétales ou gravures rupestres, au fond de grottes ou sur des falaises, témoignent de présence humaine préhistorique sur l'actuel territoire mauritanien. L'environnement a donc été différent de ce que l'on connaît actuellement : autrefois, la Mauritanie n'était pas un désert mais une région humide avec des cours d'eau et du gibier.

    Des bifaces témoignent des débuts de la présence de l'homme, au Paléolithique inférieur. Ces outils acheuléens changent de formes, deviennent ovales, triangulaires puis sont accompagnés de hachereaux (outil à biseau tranchant réalisé sur éclat massif). C'est dans l'Adrar et plus particulièrement à Aghmakou et El Beyyed que l'on peut se rendre compte de ces évolutions[1].

     
    Amas coquillier au parc national du Banc d'Arguin.

    Des grattoirs, pointes, racloirs moustériens nous parviennent du Paléolithique moyen. Au nord de la Mauritanie actuelle, l'Atérien qui venait sans doute d'Afrique du Nord, nous apporte des outils améliorés avec une extrémité transformée en pédoncule pouvant être emmanché. Les humains anatomiquement modernes du Paléolithique supérieur s'établissent sur la côte atlantique vers la baie du Lévrier.

    Au début du Néolithique, l'Atérien disparaît avec l'arrivée de population du nord de l'Afrique[2]. La présence humaine est attestée au Néolithique[2] par des habitats structurés pendant deux millénaires dans la région du Dhar Tichitt[3]. Des pointes de flèches ont également été retrouvées.

    Des populations noires, les Bafours, en partie sédentaires, se sont établies en Mauritanie, plus particulièrement dans la région de l'Atar. Ils étaient chasseurs-pêcheurs puis ils ont développé une civilisation agro-pastorale. Ensuite le Sahara s'est étendu, d'autres populations venant de l'est sont parvenues dans cette région comme les Peuls (des pasteurs qui suivent leurs troupeaux) ainsi que d'autres nomades du nord qui sont venus dès le premier millénaire avec leurs dromadaires[4].

    Empire du Ghana
     
    Empire du Ghana.

    L’empire du Ghana fondé par les Soninkés avait pour capitale Koumbi (dans le Hodh El Chargui) et l'empire de Tekrour fondé par des Peuls les Dia-Ogo.

    Désigné par ses habitants sous le nom d'empire de Ouagadou, il se fait connaître en Europe et en Arabie comme l'empire du Ghana. Issu du royaume du Ouagadou, l'empire du Ghana s'est développé au VIIIe siècle avec l’exportation d’or et de sel, important pour la conservation des aliments. Il connaît son apogée au Xe siècle, et s'étend alors sur un territoire à cheval sur la frontière actuelle entre la Mauritanie et le Mali, comprenant le Ouagadou, et Oualata. En 990, il annexe Aoudaghost, grande cité berbère, centre névralgique des échanges entre le nord et le sud[5].

    Almoravides
     
    L'Empire almoravide s'étend du Tage au Sénégal, XIIe siècle.

    Le mouvement religieux des Almoravides, de rite sunnite malékite, formé par des tribus Sanhadja (originaires de l'Adrar, nomadisant entre le Nord de l'actuel Sénégal, l'actuelle Mauritanie et le Sud de l'actuel Maroc) s'établit sur les rives du fleuve Zenaga (fleuve Sénégal) ou sur les rivages de l’Atlantique. Il fonde l'empire Almoravide, qui impose son hégémonie sur l'ensemble de la région. Il unifiera au Xe siècle, les peuples du Sahara occidental et étendra, au XIe siècle, sa domination sur l'empire du Ghana (conquête des villes Aoudaghost et de Koumbi Saleh). En peu de temps, les Almoravides s'emparent d'Aoudaghost, d'Awlil et de Sijilmassa. C'est à partir de cette dernière qu'ils entament la conquête du Nord (7). Éliminant les pouvoirs locaux et annexant les principautés limitrophes, ils font l'unité d'une grande partie du Maghreb et d'al-Andalus.

    Au XIIe siècle, après la chute des Almoravides, une partie du territoire de la Mauritanie (Sud/Sud-Ouest) redevient une province des empires du Mali et l'empire songhaï.

    Au XIIe siècle, la ville de Tichitt est fondée. Cette cité qui allie le savoir au commerce contribue substantiellement au rayonnement de la région du Maghreb et de l'ouest africain fraîchement islamisé.

    Au XIVe siècle, plusieurs villes comme Oualata, Chinguetti, Ouadane se développent.

    Beidanes

    Au XVe siècle, les Banu Hassan (issus de l'ensemble Maaqil), venus probablement du Yémen, et d'Arabie, et dans une moindre mesure d'Égypte et d'Irak, se fixent dans le Nord et combattent les tribus berbères sanhadjas[6]. Ils vont influencer la structure sociale et la composition ethnique de la société donnant naissance à un ensemble arabo-berbère et répandre progressivement le dialecte arabe hassanya. Au XVIIe siècle, les tribus Mghafra (arabes) et Zwaya (Sanhadja) vont entrer en conflit pendant près de 30 ans (Guerre de Char Bouba). Il convient de noter que les populations (berbères, noir-africains et autres) vivant dans le pays au moment de l’arrivée des Beni Hassan étaient déjà islamisées et avaient fondé, quatre siècles auparavant, l'empire almoravide, qui avait dominé l'ensemble de l'Afrique du Nord-Ouest et la péninsule ibérique (alors connue sous le nom d'Andalus). D'autres royaumes islamisés, à l'image de l'empire peul du Fouta-Toro et, dans une certaine mesure, de l’empire du Ghana, s'étaient également déjà établis sur le territoire. Par la suite, les Beni Hassan fondent de nouveaux Émirats, dont les plus puissants furent ceux du Trarza, du Brakna et de l'Adrar, celui du Tagant ayant été fondé par les descendants des Sanhadja almoravides. Ces émirats étaient souvent en guerre entre eux et avec les principautés du sud, telles que le Fouta-Toro ou le royaume du Oualo[7].

    Colonisation française
     
    Fort colonial d'Arguin (1721).

    Le traité du 20 octobre 1891 entre Léon Fabert et le roi Ahmed Ould Sidi Ahmed, roi de l'Adrar établit un protectorat français sur la vaste région d'oasis étendue du Sénégal au Sud-marocain[8]. La colonisation française peut être présentée selon la chronologie :

    1902 : début de la pénétration coloniale française. 1903 : la Mauritanie est placée sous protectorat de la France. 1904 : rattachement de la rive droite du fleuve Sénégal à la Mauritanie sous protectorat de la France ; arrêté du 10 avril 1904 prononçant l'éclatement du cercle de Kayhayzi et le rattachement de sa rive droite au nouveau protectorat. 1920 : la Mauritanie est décrétée colonie française. 1934 : fin de la résistance armée (deux ans après la bataille d'Oum Tounsi qui eut lieu en août 1932). 1945 : la Mauritanie est élevée au statut de territoire d’outre-mer de l’Union française. 1957 : la Mauritanie bénéficie de la loi-cadre (dite loi Defferre). 1958 : devenue autonome, la République islamique est proclamée le 28 novembre (dans la nouvelle mais éphémère Communauté française qui remplace les anciennes fédérations administratives de territoires de l'Union française). 1960 : le 28 novembre, l’indépendance nationale est octroyée en vertu des accords franco-mauritaniens de restitution de souveraineté.
     
    La capitale Saint-Louis vue de la mer (1814).
     
    Naufrage de la Méduse au banc d'Arguin en 1816.

    Les Portugais avaient déjà eu des contacts avec les habitants du banc d'Arguin. Le commerce de la gomme au nord du Sénégal se développe. Le fort Portendick au nord de l'estuaire du fleuve Sénégal ainsi que la vallée du Sénégal deviennent une région servant de base à l'expansion économique des colonies. En 1816, le navire Méduse s'échoue sur le banc d'Arguin en tentant de rejoindre Saint-Louis. Faidherbe considère que les émirats sont source d'insécurité et commence par annexer l'empire du Oualo avant de conquérir l'autre rive du fleuve. Les maures du Trarza tentent d'instaurer une paix entre les tribus, mais dès 1899 l'administrateur Coppolani instituera une Mauritanie occidentale, tout en reconnaissant en 1900 les intérêts des Espagnols établis au cap Blanc.

    Les Français s'établissent dans l'Adrar en 1908 puis au Hodh en 1911. Les frontières sont fixées à la suite d'un accord franco-espagnol en 1912, attribuant à l'Espagne le territoire du Río de Oro (Wadi al-Dahab) et de la Saguia El Hamra (actuel Sahara occidental). En 1920, la Mauritanie devient une des colonies de l'Afrique-Occidentale française (AOF). 1934 sonne le glas de la résistance, alors que 1936 marque l'achèvement de l'occupation militaire de la Mauritanie.

    Il n'y aura pratiquement pas de développement du pays, seulement une domination militaire en s'appuyant sur les chefs traditionnels afin de sécuriser le territoire (les antagonismes entre les différentes tribus seront utilisés avec profit par les Français). Saint-Louis du Sénégal — capitale de l'AOF et du Sénégal — fera donc office de capitale administrative de la Mauritanie. Il faudra attendre l'indépendance pour voir s'ériger des installations portuaires ou des aéroports. Durant cette période, les populations nomades s'appauvrissent.

    En novembre 1945 les Sénégalais Amadou Lamine-Guèye et Léopold Sédar Senghor sont élus députés de la circonscription réunissant le Sénégal et la Mauritanie.

    En 1946, la Mauritanie accède au statut de territoire d'outre-mer et le 10 novembre 1946, Ahmeddou Ould Horma Ould Babana devient le premier député mauritanien. Cela permet dès 1948 le développement d'une nouvelle élite administrative et de partis politiques. La loi-cadre Gaston Defferre du 23 juin 1956 autorise la création d'un pouvoir exécutif local, dont la mise en place est confiée à un jeune avocat, Moktar Ould Daddah.

    Après l'indépendance du Maroc, à partir de 1956, le royaume chérifien, par la voix de son souverain, Mohammed V, revendique la Mauritanie[9] comme partie intégrante de son territoire.

    Mauritanie indépendante

    Après le référendum de 1958, la Constitution mauritanienne adoptée l'année suivante instaure un régime parlementaire. L'indépendance est proclamée le 28 novembre 1960. Le pays est reconnu officiellement par l'Organisation des Nations unies (ONU) le 27 octobre 1961 et devient membre fondateur de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) en 1963. Le Maroc ne reconnait la Mauritanie qu'en 1969, neuf ans après son indépendance, levant ainsi le dernier obstacle à son adhésion à la Ligue arabe, qui devient effective en 1973[10].

    Revendication par le Maroc de la Mauritanie

    Après son indépendance, le Maroc ambitionne de récupérer ce qu'il considère comme appartenant à son territoire précolonial le Grand Maroc, morcelé par la France et l'Espagne, en essayant de négocier avec ces deux puissances. Toutefois et contrairement à Tarfaya, qu'il récupère en 1958 et Sidi Ifni, en 1969, la Mauritanie lui échappe et accède à l'indépendance. Plusieurs personnalités mauritaniennes étaient cependant venues prêter allégeance au roi Mohammed V à Rabat, comme l'ancien député mauritanien à l'Assemblée nationale française, Horma Ould Babana, l'émir du Trarza, Mohammed Fal Ould Oumeir, devenu ministre au Maroc, chargé de la Mauritanie et du Sahara, ou encore le diplomate Dey Ould Sidi Baba. La Tunisie d’Habib Bourguiba tente, à plusieurs reprises, de rapprocher les positions de Rabat et de Nouakchott, et apporte un soutien diplomatique constant à la Mauritanie[11]. Le royaume marocain renonce finalement à ses revendications territoriales sur la Mauritanie (liées au concept du Grand Maroc développé par Allal El Fassi, le fondateur du parti de l'Istiqlal) et se résigne à la reconnaître formellement. Lors de leur première rencontre, en 1969, à l’occasion du sommet islamique de Fès, Hassan II confessera au président mauritanien Mokhtar Ould qu’il n’avait jamais cru au bien-fondé des revendications marocaines sur la Mauritanie, mais qu’il avait été obligé de les endosser par « filiation dynastique »[11].

    Présidence de Mokhtar Ould Daddah (1960-1978)

    En 1961, la nouvelle Constitution instaure un régime de type présidentiel et Moktar Ould Daddah est élu premier président de la Mauritanie.

    Reprendre l'œuvre inachevée d'unification des diverses tribus et ethnies est l'objectif prioritaire des nouveaux dirigeants du pays. Son président Moktar Ould Daddah devra s'imposer face aux dissensions internes et à l'influence de ses voisins, tels que le Maroc ou l'Algérie. En 1965, le parti du peuple mauritanien (PPM), issu de la fusion des quatre principales formations politiques, devient le seul parti autorisé. En août 1966, il est réélu à la présidence. Il est confronté à une contestation syndicale, nationaliste, marxiste et maoïste, qui finit par intégrer le parti unique au pouvoir quelques années plus tard, en 1975.

    En 1971, Moktar Ould Daddah est élu pour un troisième mandat.

    Le partage du Sahara occidental entre le Maroc et la Mauritanie va générer de graves crises pour le pays. Le conflit avec le Front Polisario soutenu par l'Algérie plonge la Mauritanie dans de graves difficultés économiques (conjuguées à la famine, en raison de la sécheresse). Malgré le soutien de l'aviation française basée à Dakar en décembre 1977, les attaques de villes dans le nord et même de la capitale Nouackchott par le Front Polisario finissent par pousser les militaires mauritaniens à déposer le président Mokhtar Ould Daddah en 1978.

    Succession de juntes militaires éphémères (1978-1984)

    Le 10 juillet 1978, le lieutenant-colonel Moustapha Ould Mohamed Saleck, à la tête de l'armée depuis quelques mois, renverse Moktar Ould Daddah et prend la tête d'un Comité militaire de redressement national (CMRN), qui signe un cessez-le-feu avec le Front Polisario.

    Le nouveau régime est en proie à des luttes intestines qui conduisent, le 6 avril 1979, à des modifications transférant la réalité du pouvoir à un nouveau Premier ministre, le lieutenant-colonel Ahmed Ould Bouceif. Moustapha Ould Mohamed Saleck conserve toutefois son poste de chef de l’État. Un Comité militaire de Salut National est créé.

    À la suite de la disparition du Premier ministre, Ahmed Ould Bouceif, dans un accident d'avion, le 27 mai 1979, une nouvelle direction est mise en place. Mohamed Mahmoud Ould Ahmed Louly devient chef de l’État (symbolique) et Mohamed Khouna Ould Haïdalla Premier ministre. Un accord de paix est signé avec le front Polisario et la Mauritanie se retire du Sahara occidental.

    Le 4 janvier 1980, à la suite d'une nouvelle restructuration au sein du Comité Militaire de Salut National, Ould Haïdalla devient chef de l’État. Diverses tentatives de putsch sont déjouées (dont une le 16 mars 1981, menée par l'Alliance pour une Mauritanie démocratique, réputée proche de l'ancien président Mokhtar Ould Daddah et du Maroc), tandis que l'opposition ne cesse de se renforcer en réaction à la politique autoritaire du nouveau chef de l'État.

    Présidence de Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya (1984-2005)

    Le 12 décembre 1984, le Colonel Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya, Chef d'état major des armées — Premier ministre (1981-1984) et Ministre de la Défense — accède au pouvoir par un coup d'État sans effusion de sang avec l'aide du Comité Militaire de Salut National dont il est président.

    Il libéralise l'économie et permet l'organisation d'élections locales. En 1991, il fait voter une nouvelle Constitution qui instaure le multipartisme (à l’exception des partis islamistes) et la liberté de la presse. Le Chef de l'État crée le Parti républicain démocratique et social (PRDS). En 1992, il est élu président de la République, puis réélu en 1997 avec plus de 90 % des voix tandis que le front uni de l'opposition a appelé au boycott[12].

    En 2001, d'importants gisements pétroliers sont découverts au large de la côte mauritanienne créant une embellie économique[13]. Le régime de Maaouiya Ould Sid Ahmed Taya devient plus souple avec la reconnaissance de 6 nouveaux partis[12].

    Le 8 juin 2003, le président Ould Taya parvient à reprendre le contrôle de Nouakchott après de violents combats contre des soldats putschistes, surnommés « Les Cavaliers du changement » et menés par un ancien commandant de la garde nationale, Saleh Ould Hannena et l’officier Mohammed Ould Cheikhna[12]. Le bilan officiel est de 15 morts et une dizaine de blessés. Ould Taya indiquera l'année suivante avoir déjoué une nouvelle tentative[12].

    En novembre 2003, Ould Taya est réélu avec 67 % des voix[12].

    Conflit de 1989 avec le Sénégal et expulsion de populations noires-mauritaniennes

    Avec la prise du pouvoir par le Colonel Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya à la suite d’un coup d’État du 12 décembre 1984, la dérive autoritaire du pouvoir atteint son paroxysme dans les années 1989-1991[14].

    Le 9 avril 1989, un incident frontalier opposant bergers peuls mauritaniens et paysans soninké sénégalais provoque l’intervention de l’armée mauritanienne dans le village de Diawara, au Sénégal, et se solde par la mort de deux Sénégalais. Cet événement exacerbe les tensions communautaires entre les deux pays et provoque des émeutes, à Dakar et à Kaolack : des dizaines de commerçants mauritaniens sont pris pour cible, par représailles, et plusieurs sont sauvagement massacrés, entre le 21 et le 24 avril[15]. Ces événements déclenchent, à leur tour, des émeutes en Mauritanie, particulièrement à Nouakchott, visant cette fois les Sénégalais expatriés, et, indistinctement, les populations noires-mauritaniennes. La France, l’Algérie et le Maroc, qui a offert sa médiation, organisent un pont aérien pour permettre aux ressortissants des deux pays d’être évacués. Ce double exode concerne des dizaines de milliers de personnes, obligées de tout abandonner. La Mauritanie et le Sénégal rompent leurs relations diplomatiques en août 1989, et la frontière restera fermée jusqu’en mai 1992[15].

    En Mauritanie, la période 1989-1991 est marquée par les assassinats de cadres militaires et civils noirs-mauritaniens, la déportation de dizaines de milliers de noirs-africains vers le Sénégal (environ 50 000 personnes[16]) et au Mali (40 000 personnes), la radiation de milliers de cadres civils et militaires de la fonction publique, la destruction de documents d’état-civil, la confiscation de biens et de terres. Les peuls éleveurs de zébus ont été les principales victimes de ces exactions.

    Il s’agit sans nul doute de l'événement le plus significatif de la politique d’épuration ethnique de l'histoire de la Mauritanie, accomplie méthodiquement et fondée sur la négation du caractère pluri-ethnique du pays, légitimant l’exclusion des populations non arabes et, à défaut, leur exclusion et la relativisation de la discrimination.

    À son arrivée au pouvoir à l'issue des élections présidentielles de 2007, le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi entreprendra, ultérieurement, le rapatriement volontaire des réfugiés au Sénégal à la suite des accords tripartites conclus entre le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et les gouvernements mauritaniens et sénégalais. Ce rapatriement aurait été freiné avec le coup d'État ayant mis fin au mandat du président Ould Cheikh Abdallahi.

    Début de la guerre avec les djihadistes

    En avril 2005, les autorités arrêtent une cinquantaine d'individus dans les milieux islamistes accusés de planifier des actions terroristes avec des djihadistes liés au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC)[12].

    Le 4 juin 2005, une caserne de l'armée mauritanienne est attaquée par des combattants du GSPC. Cette action, dite attaque de Lemgheity, est la première attaque commise par le GSPC contre des militaires hors de l'Algérie[réf. nécessaire].

    Ely Ould Mohamed Vall (2005-2007)

    Le 3 août 2005, l'armée, au travers du Conseil militaire pour la justice et la démocratie (CMJD), prend le pouvoir pour « mettre fin au régime totalitaire du président Taya et mettre en place de véritables institutions démocratiques ». Ce putsch a lieu alors que le président est sur le chemin du retour de Riyad, où il avait assisté la veille aux funérailles du roi Fahd. Après un court séjour au Niger et en Gambie, ce dernier se réfugie au Qatar où il obtient une résidence permanente.

    Le nouvel homme fort du pays, le colonel Ely Ould Mohamed Vall, a été l'un des plus fidèles compagnons de route du président déchu. Responsable de la Sûreté nationale (police) pendant 18 ans, il a été associé aux vagues de répressions successives. Le 21 avril 2006, il autorise l'ex-président Maaouiya Ould Taya, en exil au Qatar, à revenir dans son pays, lui interdisant toutefois de participer aux élections prévues dans le cadre d'une transition démocratique jusqu'en 2007. L'ex-président Maaouiya Ould Taya n'a toutefois pas regagné la Mauritanie et continue de vivre au Qatar.

    Conformément aux engagements formulés lors de sa prise de pouvoir, Ely Ould Mohamed Vall ne se présente pas à l’élection présidentielle de mars 2007, ainsi que tous les militaires qui avaient participé au coup d'État. Aucun des candidats en lice n'ayant obtenu plus de 50 % des suffrages lors du premier tour, un second tour a lieu le 25 mars 2007, portant au pouvoir Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

    Présidence Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi (2007-2008) et montée des groupes jihadistes

    Le nouveau président de la République élu, Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi, prête serment le 19 avril 2007. C'est le premier civil, depuis près de 30 ans, élu sans fraude massive depuis l'indépendance de la Mauritanie. Un vent d'espoir souffle sur le pays : les médias sont plus libres et de nouvelles formations politiques sont reconnues, dont un parti islamiste (Tawassoul). Mais des émeutes en raison de la baisse du pouvoir d'achat et l'augmentation de l'insécurité dans le pays affaiblissent le pouvoir du président[17], de même que l'influence trop pesante des dirigeants de l'armée, qui lui avaient apporte leur soutien durant la campagne électorale.

    Parallèlement, les attaques du groupe jihadiste Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), nouveau nom depuis le 25 janvier 2007 du Groupe salafiste pour la prédication et le combat après que celui-ci ait fait allégeance à al-Qaïda, se multiplient sur le territoire mauritanien :

    le 24 décembre 2007 à Aleg (250 kilomètres à l’est de Nouakchott), quatre touristes français sont assassinés sur la route de l'Espoir[18]. Le Paris-Dakar est annulé. Le 27 décembre 2007, trois personnes sont tuées dans une attaque près d’Al Ghallawiya, à l’extrême nord-est du pays[19]. Le 1er février 2008, un commando attaque l’ambassade d’Israël à Nouakchott ainsi que le restaurant-discothèque mitoyen[19]. En avril 2008, les forces de l’ordre donnent l'assaut contre une cachette de terroristes localisée en plein quartier résidentiel de Nouakchott qui fait trois morts (un officier de police et deux djihadistes)[19].

    Le Premier ministre, Zeine Ould Zeidane, annonce en mai 2008 sa démission ainsi que celle du cabinet[20]. Le 11 mai 2008, un nouveau Premier ministre, Yahya Ould Ahmed el Waghf, forme un gouvernement d'ouverture avec des personnalités de l'entourage du président déchu, suscitant les réserves des militaires à l'origine du putsch de 2005, sans oublier l'entrée de deux islamistes. Une motion de censure est déposée par des députés, le 30 juin 2008. Toutefois, cette motion n'aboutit pas, en raison de la démission du gouvernement el Waghf.

    Après trois semaines de crise constitutionnelle, le Premier ministre, reconduit dans ses fonctions, compose un nouveau cabinet renouvelé de moitié mais sans ouverture vers l'opposition. Quelques ministres qui semblaient être source de conflit entre le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et les militaires sont écartés afin de permettre un apaisement, mais la crise ne prend pas fin, pour autant[21].

    Mohamed Ould Abdel Aziz (depuis 2008)

    Lors du coup d'État militaire du 6 août 2008, le président de la République et le Premier ministre sont arrêtés et déposés à la suite du renvoi de quatre des plus importants officiers militaires du pays[22],[23], arguant notamment de sa « faiblesse » face au terrorisme (détenu au palais des congrès de Nouakchott puis placé en résidence surveillée dans son village de Lemden, Sidi Ould Cheikh Abdallahi sera finalement libéré en décembre 2008[24]).

    Le nouveau maître du pays est le général Mohamed Ould Abdel Aziz qui préside un Haut Conseil d'État et promet d'organiser une rapide élection présidentielle. Le 13 août 2008, il nomme un nouveau Premier ministre, Moulaye Ould Mohamed Laghdhaf.

    Après avoir démissionné de l'armée, il abandonne la charge de chef de l'État le 15 avril 2009 au président du Sénat Ba Mamadou M'Baré afin de pouvoir se présenter à l'élection présidentielle, prévue en juin, qui se tient finalement le 18 juillet. Élu avec 52,5 % des voix, il entre officiellement en fonction le 5 août.

    Les attaques d'AQMI se poursuivent contre la Mauritanie malgré la résolution affichée par le nouveau pouvoir :

    En septembre 2008, douze militaires trouvaient la mort dans une attaque d’AQMI contre une patrouille positionnée à Tourine, toujours à l’extrême nord du pays (à 80 kilomètres au nord de la ville de Zouerate)[19]. Le 23 juin 2009, un ressortissant américain, l’évangéliste et humanitaire Christopher Legget, est assassiné près du marché du Ksar, au cœur même de la capitale[19]. En août 2009, l'ambassade de France est la cible d'un attentat-suicide, sans faire d'autres victimes que son auteur[19]. Le 29 novembre 2009, un convoi d’humanitaires catalans composé de quinze voitures était attaqué en pleine journée sur la principale route nationale du pays située entre la capitale politique, Nouakchott, et la capitale économique, Nouadhibou. Trois Espagnols sont enlevés et acheminés dans le nord du Mali[19]. En décembre 2009, au sud-est, près de la frontière avec le Mali, un couple d’Italiens, Sergio Cicala, 65 ans et Philomène Kaboré, 39 ans, est enlevé. Le 25 août 2010, un jeune candidat au suicide mauritanien membre d'AQMI se lance contre le quartier général de la cinquième région militaire de Néma (sud-est), sans faire d'autre victime que le terroriste[19]. Les 17 et 18 septembre 2010, des combats entre l'armée mauritanienne et des éléments d'AQMI se déroulent à Raz-El-Ma (235 km à l'ouest de Tombouctou), dans le nord du Mali. 12 membres insurgés islamistes sont tués, mais aussi plus d'une dizaine de soldats mauritaniens. Dans la nuit du 1er au 2 février 2011, un véhicule chargé d'explosifs est intercepté à un barrage et explose[19].

    Le premier semestre de l'année 2011 est marqué par l’extension du printemps arabe en Mauritanie, avec une vague de grèves, manifestations et revendications politiques.

    Il est réélu en juin 2014 pour un second mandat, avec 81,89 % des voix au premier tour[25].

    Il confirme début 2018 qu’il se conformera à la Constitution, laquelle limite à deux le nombre de mandats présidentiels : « Nous avons certes révisé la Constitution, mais nous n’avons jamais touché à cet article. Et je n’y toucherai pas. »[26].

    En 2019 la sécheresse menace les populations du sud et de l’est du pays. Près de 560 000 personnes se trouvent en situation d'insécurité alimentaire[27].

    Moktar Ould Daddah. 

    Moktar Ould Daddah.

    Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya. 

    Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya.

    Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi. 

    Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi.

    Mohamed Ould Abdel Aziz. 

    Mohamed Ould Abdel Aziz.

    « Portail national du gouvernement mauritanien - La préhistoire : Apparition de l'Homme », sur portailnational.gov.mr. ↑ a et b R. Vernet, « La préhistoire de la Mauritanie », dans Centre de recherches et d’études sur les sociétés méditerranéennes et Centre d’étude d’Afrique noire (dir.), Introduction à la Mauritanie, Aix-en-Provence, Institut de recherches et d'études sur les mondes arabes et musulmans, Éditions du CNRS, coll. « Connaissance du monde arabe », 1979 (ISBN 978-2-222-02402-6, BNF 34624859, DOI 10.4000/books.iremam.1222), p. 17-44. A. Holl, « Habitat et sociétés préhistoriques du Dhar Tichitt (Mauritanie) », Sahara,‎ 1989, p. 49-60. « [BIBLIOTHEQUE NUMERIQUE SUR LA MAURITANIE] », sur mr.refer.org (consulté le 11 juin 2018). Youssouf Konandji, Mamadou Dolo et Mme Sidibé Raharinjanahary, Manuel d'histoire : 8e année, Bamako, Éditions Jamana, 2008 (ISBN 978-2-915032-02-4 et 2-915032-02-5, OCLC 935211045, présentation en ligne), p. 23-24. Attilio Gaudio, Le Dossier de la Mauritanie, Nouvelles Éditions latines, 1978, 429 p. (ISBN 978-2-7233-0035-3, lire en ligne), p. 13. Récits d'origine : contribution à la connaissance du passé ouest-saharien : Mauritanie, Maroc, Sahara occidental, Algérie et Mali, Karthala, 2016. Édouard Petit, Organisation des colonies françaises et des pays de protectorat, Tome 1 p. 25, Berget-Levrault, 1894 Philippe Herreman, « Les revendications marocaines sur la Mauritanie placent les pays africains devant un choix difficile à l'O.N.U. », Le Monde diplomatique,‎ 1er octobre 1960 (lire en ligne, consulté le 7 août 2020) Francis de Chassey et Jean-Louis Balans, Introduction à la Mauritanie, Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman, coll. « Connaissance du monde arabe », 21 mai 2013, 429 p. (ISBN 978-2-271-08123-0, lire en ligne), p. 413–421. ↑ a et b La Mauritanie contre vents et marées, KARTHALA Editions, 1er octobre 2003, 672 p. (ISBN 978-2-8111-3765-6, lire en ligne). ↑ a b c d e et f Laura Martel, « Mauritanie : les grandes dates de l’histoire politique », RFI,‎ 27 novembre 2010 (lire en ligne, consulté le 6 mars 2019). « RFI - Mauritanie - Découverte pétrolière prometteuse », sur www1.rfi.fr (consulté le 27 septembre 2021) « Les événements de 1989 en Mauritanie : Causes et conséquences », sur avomm.com (consulté le 27 août 2017). ↑ a et b « 22 avril - 3 mai 1989 - Sénégal – Mauritanie. Massacres de Sénégalais et de Mauritaniens à Dakar et à Nouakchott - Événement », sur Encyclopædia Universalis (consulté le 11 juin 2018). « ODS HOME PAGE », sur documents-dds-ny.un.org (consulté le 11 juin 2018). « Un an de pouvoir civil », sur rfi.fr, 19 avril 2008. Les principaux auteurs du crime seront arrêtés en Guinée-Bissau et extradés vers Nouakchott en janvier 2008. ↑ a b c d e f g h et i Zekeria Ould Ahmed Salem, « Mauritanie : la stratégie d'un ex-futur maillon faible », sur Centre de recherches internationales - Sciences PO, juillet 2013 (consulté le 7 mars 2019). « Remaniement gouvernemental », sur rfi.fr, 7 mai 2008. Manon Rivière, « Nouveau gouvernement : fin de la crise politique ? », sur rfi.fr, 16 juillet 2008. « New york times », sur nytimes.com. « Coup d'État en Mauritanie », sur Radio-Canada.ca. « Ban Ki-moon se félicite de la libération de Sidi Ould Abdallahi », France 24,‎ 23 décembre 2008 (lire en ligne, consulté le 11 juin 2018). « Mauritanie : Mohamed Ould Abdelaziz réélu avec près de 82 % des voix », Jeune Afrique,‎ 23 juin 2014 (lire en ligne, consulté le 11 juin 2018). « Mauritanie – Mohamed Ould Abdelaziz : « Je soutiendrai un candidat en 2019 » », Jeune Afrique,‎ 5 mars 2018 (lire en ligne, consulté le 11 juin 2018). « En Mauritanie, « 559 000 personnes seront en insécurité alimentaire pendant la période de soudure » », Le Monde,‎ 13 mai 2019 (lire en ligne, consulté le 13 mai 2019).
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