Sisteron

Sisteron, en provençal Sisteroun selon la norme mistralienne et Sisteron selon la norme classique, est une commune française, située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Capitale des Sogiontiques (Sogiontii), l’antique Segustero est, à partir de l’époque romaine et de la construction du pont sur la Durance, un point de passage stratégique. Un pont pouvait d'ailleurs exister dès l'époque gauloise à cet endroit où la voie héracléenne rejoint le territoire des Voconces. Ce pont majeur pour toute la région lui vaut un rayonnement millénaire.

Ce rôle conduit à des fortifications très anciennes et un évêché local dès le VIe siècle. Du point de vue administratif, la communauté se voit attribuer une charte consulaire au XII...Lire la suite

Sisteron, en provençal Sisteroun selon la norme mistralienne et Sisteron selon la norme classique, est une commune française, située dans le département des Alpes-de-Haute-Provence en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Capitale des Sogiontiques (Sogiontii), l’antique Segustero est, à partir de l’époque romaine et de la construction du pont sur la Durance, un point de passage stratégique. Un pont pouvait d'ailleurs exister dès l'époque gauloise à cet endroit où la voie héracléenne rejoint le territoire des Voconces. Ce pont majeur pour toute la région lui vaut un rayonnement millénaire.

Ce rôle conduit à des fortifications très anciennes et un évêché local dès le VIe siècle. Du point de vue administratif, la communauté se voit attribuer une charte consulaire au XIIe siècle, transformée plus tard en viguerie et district après la Révolution et fut souvent une frontière. Preuve encore, les frères pontifes d'Hospitaliers, demandent et obtiennent leur rattachement aux Templiers.

Avec la multiplication très récente des franchissements de la Durance, elle perd de son importance, et elle ne retrouve jamais son évêché après la Révolution. C’est actuellement une petite ville industrielle et touristique (usine pétrochimique et industries gravitant autour des abattoirs).

Antiquité

Sur tout le territoire de la commune ont été faites de nombreuses découvertes archéologiques datant de la Préhistoire et de l’Antiquité.

La ville, appartenant probablement au peuple gaulois des Sogiontiques (Sogiontii)[1], cliente des Voconces, tire depuis toujours son importance de la traversée de la Durance : les Romains font passer la voie domitienne (Via Domitia) qui reliait l'Italie à l'Espagne par le col du Montgenèvre à Sisteron. Cette étape (mansio à cette époque) est noté sur les gobelets de Vicarello Segusteronem (sur le premier).

La ville est élevée au rang de civitas de la province des Alpes-Maritimes entre le IIe siècle et la fin du IVe siècle[1],[2] et devient siège du diocèse de Sisteron au Ve siècle (le premier évêque connu apparaît en 449)[3].

Moyen Âge

Alors que le sud-est de la Gaule était une terre burgonde, le roi des Ostrogoths Théodoric le Grand fait la conquête de la région entre la Durance, le Rhône et l’Isère en 510. La commune dépend donc brièvement à nouveau de l’Italie, jusqu’en 526. En effet, pour se réconcilier avec le roi burgonde Gondemar III, la régente ostrogothe Amalasonthe lui rend ce territoire[4].

Elément culturel très important, une charte communale consulaire fut attribuée à la communauté à une date antérieure au XIIIe siècle. Elle est confirmée par les comtes en 1212[5]. Celle-ci préserve de domination seigneuriale, comporte des allègements fiscaux, établit un lien direct avec le comte en échange de fidélité et de missions particulières.

C'est à Sisteron, au couvent des cordeliers, que Raimond-Bérenger V, comte de Provence, signe au XIIIe siècle le testament par lequel il attribue le comté de Provence à l'une de ses quatre filles, Béatrice, future femme de Charles d'Anjou, frère de Saint Louis. De là datent les droits des rois de France sur la Provence[6].

Au Moyen Âge, la ville est une place forte des comtes de Forcalquier au XIe siècle, puis propriété des comtes de Provence, elle est pour ces derniers la frontière du nord. Elle reste cependant un lieu de passage important sur la Durance : c’est ainsi à Sisteron que l’on signale les premiers Roms en France, en 1425.[réf. nécessaire]. La ville est le siège d'une baillie dès le XIVe siècle, érigée en viguerie précocement en 1480[7].

Léguée en 1483 à Louis XI, la Provence rejoint le royaume de France.

Temps modernes  Plan général de la citadelle et de la ville de Sisteron en 1693.

De 1562 à 1594 les guerres de Religion voient les protestants et les catholiques se disputer la ville et sa forteresse qui contrôlent le seul pont sur la Durance. En février 1562, la moitié des protestants de Forcalquier se réfugient à Sisteron[8]. Après les premiers incidents qui voient les protestants saccager la cathédrale, briser son clocher et ses orgues, ainsi que les couvents des cordeliers et des dominicains[9], la ville est assiégée par les catholiques de Sommerive, lieutenant général du roi, en juin 1562[10]. Elle est défendue par son père le comte de Tende, Paulon de Mauvans, Furmeyer et 5 000 hommes. Les chefs protestants s’enfuient de nuit, et la ville est prise le 6 septembre : la garnison est massacrée et les protestants expulsés[11] : ils se réfugient à Lyon. Après l’édit de pacification d’Amboise (mars 1563), ils sont reconduits sous escorte armée[12] par le comte de Tende, gouverneur de Provence, et Paulon de Mauvans, capitaine protestant.

En 1567, la ville est à nouveau assiégée et prise, par les protestants[11]. Les catholiques Carcès et Sommerive échouent à la reprendre[9], mais les protestants leur restituent cependant. De la même façon, au printemps 1585, les ligueurs tentent un coup de main contre la ville, sans succès[13].

C'est alors que Jehan Sarrazin est chargé de renforcer la place, et construit la citadelle actuelle de 1589 à 1612[5].

L’épidémie de peste de 1628-1630 touche Sisteron, apportée soit par un muletier transportant du chanvre, soit par le régiment de Picardie[14]. La fosse contenant des corps passés à la chaux découverte en 1938 au pont du Gournias doit dater de cette épidémie[15] .

Sur l'ordre de Richelieu, le prince Jean Casimir de Pologne est accusé de complot contre la France et est enfermé en 1639 dans le donjon de la citadelle : c’est le début de la carrière de prison politique de la citadelle.

En 1720, pour empêcher l’extension de la peste de Marseille, un cordon sanitaire est établi sur le Jabron. Des barrières gardées par des soldats du régiment de Poitou sont placées sur les ponts du Jabron et du Gournias[16] >. Un corps de garde destiné au logement des soldats a été construit à proximité de Notre-Dame du Signavous[17] .

La ville est le siège d’une viguerie jusqu’à la Révolution[18].

Révolution française

Alors que des émeutes avaient éclaté en mars 1789 à Sisteron, la nouvelle de la prise de la Bastille est accueillie favorablement, cet événement annonçant la fin de l’arbitraire royal et, peut-être, des changements plus profonds dans l’organisation de la France. Immédiatement après l’arrivée de la nouvelle, un grand phénomène de peur collective s’empare de la France, par peur du complot des aristocrates désirant recouvrer leurs privilèges. Des rumeurs de troupes en armes dévastant tout sur son passage se propagent à grande vitesse, provoquant des prises d’armes, l’organisation de milices et des violences anti-nobiliaires. Cette Grande Peur, venant de Tallard et appartenant au courant de la « peur du Mâconnais », atteint Sisteron et sa région le 30 juillet 1789 avant de se propager vers Digne[19]. La ville, dotée d’une garnison, joue un rôle clé dans la solidarité qui s’organise alors : les communautés villageoises voisines se réfugient avec meubles et bétail dans la place forte ; l’arsenal est mis à contribution pour armer les hommes et former une milice bourgeoise, bientôt renommée garde nationale. Elle fournit aussi des munitions à Manosque qui lui en fait la demande[20].

Dès le 2 août, l’affolement retombe, les faits-divers à l’origine des rumeurs étant éclaircis. Mais un changement important a eu lieu : les communautés se sont armées, organisées pour se défendre et défendre leurs voisins. Un sentiment de solidarité est né à l’intérieur des communautés et entre communautés voisines, et les consuls décident de maintenir les gardes nationales. Aussitôt la peur retombée, les autorités recommandent toutefois de désarmer les ouvriers et les paysans sans terre, pour ne conserver que les propriétaires dans les gardes nationales[20].

L’évêché est supprimé en 1790. La création d’une société patriotique connaît de multiples rebondissements[21]. Des émeutes sont provoquées par les royalistes le 17 mai 1792[22]. Cependant, une part importante de la population soutient la Révolution : il y avait 137 adhérents à la société révolutionnaire en 1793[23]. Un cercle d’opposition, Deus providebit, se crée. Environ 40 % de la population masculine fréquente la société populaire[24].

De 1790 à 1800, la ville est le siège du district de Sisteron.

XIXe siècle  Gravure de Sisteron en 1838.

Comme de nombreuses communes du département, Sisteron se dote d’école bien avant les lois Jules Ferry : en 1863, elle en possède une seule, installée au chef-lieu[25]. Comme la loi Falloux (1851) l’y oblige, une école de filles est aussi ouverte[26]. La commune profite des subventions de la deuxième loi Duruy (1877) pour construire une école neuve[27]. Sisteron comptait également une salle d’asile (école maternelle).

En 1884, la commune est touchée par une épidémie de choléra : elle cause 18 morts du 23 août au 5 septembre[28].

La citadelle est déclassée en 1889[29] et devient propriété de la commune.

XXe siècle  La citadelle et la ville après le bombardement du 15 août 1944.

Au début de la Seconde Guerre mondiale, la Troisième République recherche des lieux d’internement pour les « indésirables ». La municipalité de Sisteron propose la citadelle, où sont internés des prisonniers politiques (communistes, anarchistes), que le régime de Vichy maintient enfermés pour la durée de la guerre[30].

Dans les années suivantes, 22 juifs sont arrêtés à Sisteron avant d’être déportés[31].

Le 15 août 1944, premier jour du débarquement de Provence, les B-26 Marauder français et des forteresses volantes américaines du 42nd Bombardment Wing tentent de couper le pont ferroviaire et les ponts routiers qui enjambent le Buëch et la Durance[32]. La météo n'est pas très favorable. Les accès sont atteints, mais les ponts ne sont pas détruits. Le wing de l’USAAF, forcé à une manœuvre d'évitement après son premier passage, se libère des bombes non larguées et plusieurs tombent sur la ville. Le 17 août, une formation de B-26 français revient sur les lieux et réussit cette fois à endommager le pont routier et surtout, à détruire le pont ferroviaire au nord de la ville[33]. Le résultat de ces bombardements alliés : une grande partie de la ville fut détruite et la citadelle gravement endommagée, cent morts[34], trente disparus[35] et deux cents blessés[réf. nécessaire]. La ville est libérée deux jours plus tard par la Task force du général Butler[35],[33] (36e division d’infanterie (US)) venant de Riez. Le lendemain, la colonne américaine se dirige sur Gap et Aspres-sur-Buëch, libérées le 20[33].

La commune a été décorée, le 11 novembre 1948, de la croix de guerre 1939-1945[36].

En 1962, un hameau de forestage est construit pour héberger les réfugiés harkis qui sont employés par l’administration des Eaux et Forêts[37].

↑ a et b Bérard 1997, p. 459. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées beaujard Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées archeo-provence Audrey Becker-Piriou, « De Galla Placidia à Amalasonthe, des femmes dans la diplomatie romano- barbare en Occident ? », Revue historique, no 647,‎ mars 2008, p.531 (lire en ligne). ↑ a et b Sous la direction d'Édouard Baratier, Georges Duby et Ernest Hildesheimer, Atlas historique. Provence, Comtat Venaissin, principauté d’Orange, comté de Nice, principauté de Monaco, Paris, Librairie Armand Colin, 1969 (BNF 35450017), p. 201. Une plaque commémorative de cet événement est fixée sur le mur arrière du bâtiment de l'ancien couvent, avenue du Gand. Édouard Baratier, La démographie provençale du XIIIe au XVIe siècle, avec chiffres de comparaison pour le XVIIIe siècle, Paris : SEVPEN/EHESS, 1961. Collection « Démographie et société », 5. p. 5. Yvette Isnard, « Les dynasties seigneuriales d’Oraison », Chroniques de Haute-Provence, no 368,‎ 2012, p.34. ↑ a et b Isnard 2012, p. 35. Jacques Cru, Histoire des Gorges du Verdon jusqu’à la Révolution, coédition Édisud et Parc naturel régional du Verdon, 2001 (ISBN 2-7449-0139-3), p.196. ↑ a et b « XVe journée archéologique », dans Annales de Haute-Provence no 308, 2e trimestre 1989, p. 17. Pierre Miquel, Les Guerres de Religion, Paris, Fayard, 1980, 596 p. (ISBN 978-2-21300-826-4, OCLC 299354152, présentation en ligne)., p. 250. Cru 2001, p. 202. Jean-Pierre Joly, « La ligne du Jabron pendant la peste de 1720 », Chroniques de Haute-Provence, no 360,‎ été 2008, p.8. Joly 2008, p. 9. Joly 2008, p. 26. Joly 2008, p. 18. La Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, no 307, 1er trimestre 1989, 108e année, p. 107. Michel Vovelle, « Les troubles de Provence en 1789 » dans Baratier, Duby et Hildesheimer 1969, carte 154 et commentaire. ↑ a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées gauvin Patrice Alphand, « Les Sociétés populaires, La Révolution dans les Basses-Alpes », Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, vol. 108, no 307,‎ 1er trimestre 1989, p.291,301, 303 et 320. La Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, no 307, 1er trimestre 1989, 108e année, p. 15. Pierre Girardot, « Diversité, unité et prolongement de la Révolution dans les Basses-Alpes », La Révolution dans les Basses-Alpes, Annales de Haute-Provence, bulletin de la société scientifique et littéraire des Alpes-de-Haute-Provence, no 307, 1er trimestre 1989, 108e année, p. 148. Alphand 1989, p. 320. Jean-Christophe Labadie (dir.), Les Maisons d’école, Digne-les-Bains, Archives départementales des Alpes-de-Haute-Provence, 2013 (ISBN 978-2-86-004-015-0), p.9. Labadie 2013, p. 16. Labadie 2013, p. 11. Pierre Colomb, « L'épidémie de choléra de 1884 », Annales de Haute-Provence, Bulletin de la Société scientifique et littéraire de Haute-Provence, no 320, 3e trimestre 1992, p. 207-208. Jean Vandenhove. Les Alpes du Sud autrefois, Éditions Horvath, Lyon, 1994, (ISBN 2-7171-0917-X), p. 107. Jean-Marc Delpech, « Préface », L’Enfer du bagne, Libertalia, 2009. Postface d'Albert Londres, (ISBN 978-2-918059-02-8), p. 7. Sisteron en 1939-1945. « Sisteron : photos inédites du bombardement et de la reconstruction de la ville », quotidien La Provence, 15 août 2017. ↑ a b et c Henri Julien (dir.), Guide du débarquement de Provence, 15 août 1944, Digne-les-Bains, Éditions de Haute-Provence, 1994 (ISBN 2-909800-68-7), p.25. Histoire de Sisteron. ↑ a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées garcin-ba-5 Communes décorées de la croix de guerre 1939-1945. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées moumen
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