فاس

( Fès )

Fès ou Fez (en arabe : فاس, Fās; en berbère : ⴼⴰⵙ, Fas) est une ville du Maroc septentrional, située à 180 km à l'est de Rabat, entre le massif du Rif et le Moyen Atlas. Faisant partie des villes impériales du Maroc, elle a été à plusieurs époques la capitale du pays et est considérée de nos jours comme sa capitale spirituelle. Sa fondation remonte à la fin du VIIIe siècle, sous le règne du sultan Moulay Idriss Ier. Son prestige passé en a fait l'un des foyers majeurs de la civilisation islamique relié à Baghdad, Damas, Cordoue, Le Caire, Kairouan, Grenade, Palerme, Ispahan et Samarcande, avec lesquel...Lire la suite

Fès ou Fez (en arabe : فاس, Fās; en berbère : ⴼⴰⵙ, Fas) est une ville du Maroc septentrional, située à 180 km à l'est de Rabat, entre le massif du Rif et le Moyen Atlas. Faisant partie des villes impériales du Maroc, elle a été à plusieurs époques la capitale du pays et est considérée de nos jours comme sa capitale spirituelle. Sa fondation remonte à la fin du VIIIe siècle, sous le règne du sultan Moulay Idriss Ier. Son prestige passé en a fait l'un des foyers majeurs de la civilisation islamique relié à Baghdad, Damas, Cordoue, Le Caire, Kairouan, Grenade, Palerme, Ispahan et Samarcande, avec lesquels elle avait établi des échanges aussi bien économiques que sociaux et culturels,.

Divers titres ont été attribués à la ville de Fès, dont l'Athènes de l'Afrique, la reine du Maghreb et la Bagdad du Maghreb.

Elle s'étend sur trois secteurs : la ville ancienne (médina), classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, l'enceinte royale et les quartiers nouveaux, établis par les Français, et qui s'étendent de nos jours dans la plaine environnante.

Sur le plan administratif, la ville est composée de la commune de Fès, qui est divisée en six arrondissements, et de la municipalité de Méchouar Fès Jdid, où se trouve le palais royal. Fès est la 2e plus grande ville du Maroc avec une population de 1 150 131 habitants selon le recensement de 2015.

Fondation  Fès Madrasa Bouanania Fès Médina Vue panoramique

La ville « Médina Fès » a été fondée[1] par le chérif alide Idris Ier en 789 à l'emplacement de l'actuel quartier des Andalous. En 808, le régent Rashid Ben Morshid fonde « al-Aliya » sur l'autre rive de l'oued de Fès. Al Aliya se développe très vite et devient une véritable ville avec mosquée, palais et kissariya (halle, marché).

Les sources d'eau vitales aux alentours de la ville de Fès, qui avant même sa fondation étaient connues et louées en chanson, ont sans aucun doute été un critère important lors du choix de l'emplacement pour la future métropole.

Les évolutions suivantes sont dues à deux vagues successives d'émigration : à partir de 817–818 s'installent dans la ville fondée par Idrîs Ier près de 800 familles andalouses expulsées par les Omeyyades des faubourgs de Cordoue. Peu de temps après, environ 200 familles bannies de Kairouan en Ifriqiya (fuyant les persécutions des Aghlabides) s'installent sur la rive d'al-Aliya. La mosquée universitaire Quaraouiyine fondée par l'aristocrate d'origine kairouanaise Fatima el Fihriya au IXe siècle devient l'un des centres spirituels et culturels les plus importants de l'époque et participe à l'âge d'or intellectuel de la civilisation islamique. Son influence se fait ressentir jusque dans les écoles d'Al-Andalus, et au-delà vers l'Europe d'où elle attire un grand nombre de savants et de mystiques. Les nouveaux arrivants apportent avec eux aussi bien un savoir-faire technique et artisanal qu'une longue expérience de la vie citadine. Sous leur impulsion, Fès devient un centre culturel important et, après la fondation de la mosquée universitaire Quaraouiyine, le cœur religieux du Maghreb.

Fès se trouve à un emplacement particulièrement avantageux, au croisement de routes commerciales importantes, au cœur d'une région naturellement généreuse avec des matières premières précieuses pour l'artisanat (pierre, bois, argile). Ceci lui permet de développer une riche culture esthétique issue de la grande tradition de l'art arabo-andalou. Fès se trouve sur la route des caravanes allant de la Méditerranée à l'Afrique subsaharienne en passant par la grande cité commerciale de Sijilmassa (disparue au XVIIe siècle) dans la région de Tafilalet, ce qui augmente également son attrait économique.

Moyen Âge

Aux Xe et XIe siècles, la ville de Fès est prise par les Maghraoua. Elle sera le théâtre de bataille entre les tribus Zénètes Maghraoua et Banou Ifren faisant successivement allégeance au califat de Cordoue ou aux Fatimides[2]. C'est dans cette période qu'advint un massacre contre la communauté juive faisant 6 000 victimes dans ce qu'on appela le Massacre de Fès de 1033[3]. Sous le règne des Almoravides puis sous celui des Almohades la ville abrite une communauté chrétienne mozarabe originaire d'Al-Andalus[4]. Des traditions rapportées par Ibn Khaldoun et par le Rawd al-Qirtas font mention de l'existence d'un temple du feu en un lieu nommé Chibouba, à l'emplacement de Madinat Fas, ce qui attesterait de la présence théorique d'adeptes du zoroastrisme[5],[6].

 Mellah de Fès où vivaient les Juifs de la ville.

Les deux parties de la ville s'unissent au Moyen Âge en 1069, détruisant le mur qui les séparait. Fès perd son rôle de capitale avec la fondation de Marrakech et la prise de Tlemcen par la dynastie almoravide au XIe siècle mais le reprend en 1250 grâce à la dynastie mérinide. Sous leur règne, la nouvelle ville El Medinet El-Beida (la ville blanche) est fondée en 1276 ; elle est équipée de remparts, de palais et de jardins. Elle est rapidement connue sous le nom de Fès Jedid (la nouvelle Fès) en opposition à Fès el Bali (la vieille ville). La population juive qui se trouvait aux alentours du palais est forcée de partir et le Mellah (quartier juif) se forme dans l'ancien quartier de la garnison des archers syriens.

Au début du XIVe siècle (apogée de l'art hispano-mauresque), la ville connaît une forte croissance. Grâce aux caravanes allant jusqu'au port de Badis dans le Rif, Fès est en permanence liée au royaume de Grenade et à l'ensemble du monde méditerranéen. Lors de la révolte marocaine de 1465, la communauté juive locale est de nouveau décimée. En 1471, la ville tombe aux mains de la dynastie Beni Ouattas qui ne règne que sur le royaume de Fès dans la portion nord du Maroc actuel. Après la prise de Grenade par les rois catholiques d'Espagne en 1492, Boabdil le dernier sultan de la dynastie des Nasrides se réfugie à Fès avec toute sa suite. Il y décède vers 1533, et serait inhumé possiblement au mausolée dit de Msalla al Soltane[7],[8].

XVIe – XVIIIe siècles  Fès, mosquée Al Qarawiyyĭn

En 1522, Fès souffre d'un séisme qui détruit la ville en partie. Dans les années qui suivent, de nombreux bâtiments sont reconstruits, restaurés ou remplacés. La dynastie chérifienne des Saadiens prend en 1554 la ville qu'elle dispute à la régence d'Alger, qui s'en empare une nouvelle fois en 1576 grâce à une armée de 10 000 hommes dont 6 000 janissaires sous les ordres de Ramdan Pacha[9],[10]; mais les souverains saadiens choisissent Marrakech comme capitale. Le sultan ottoman Mourad III, qui avait aidé le prétendant saadien Moulay Abdelmalik Saadi à conquérir le trône marocain, espérait incorporer la partie du Maroc correspondant au royaume de Fès à l'Empire ottoman, mais son stratagème sera déjoué par Ahmed al-Mansour après la bataille des Trois Rois remportée contre les Portugais en 1578 (voir Conflits maroco-ottomans)[11]. Al-Mansour fait nommer à Fès un khalifa représentant du sultan de Marrakech, et fait édifier des bordjs en vue de protéger la ville d'une éventuelle nouvelle menace ottomane[12]. À la suite du déclin de la dynastie saadienne, Fès tombe sous la domination de la zaouïa de Dila au milieu du XVIIe siècle.

C'est à Fès que Moulay Rachid se fait proclamer sultan de l'Empire chérifien en 1667, devenant ainsi le premier souverain de la dynastie alaouite, mais son successeur Moulay Ismail désigne Meknès comme nouvelle capitale du Maroc à partir de 1672. Il installe à Fès en garnison une partie de la tribu Guich des Oudayas qui l'avait aidé à gagner le pouvoir. Après sa mort (1727), les Oudayas se mutinent, et ils ne seront expulsés de la ville qu'en 1833 par le sultan Abd al-Rahman. Moulay Abdallah, le successeur de Moulay Ismail, fait de Fès son lieu de résidence permanent pendant la guerre dynastique alaouite et fait rénover ou construire mosquées, écoles (madrasas), ponts et rues, notamment les rues de Fès Jedid qui sont désormais pavées. Mohammed III s'installe en revanche à Marrakech entre 1757 et 1790. En 1820 Fès se révolte contre le sultan Moulay Slimane, et ce soulèvement mené de concert avec les Aït Oumalou et autres tribus importantes du Moyen Atlas conduit à l'ascension sociale de la puissante bourgeoisie marchande au détriment de l'élite religieuse traditionnelle[13]. Le makhzen ayant perdu le contrôle de la capitale de l'Empire chérifien, Moulay Slimane discrédité par sa politique se voit obligé d'abdiquer en 1822 en faveur de son neveu Abd al-Rahman.

XIXe siècle  Marché à Fez
Félix Ziem, 1887
Petit Palais, Paris

Au XIXe siècle, les deux anciennes parties de la ville sont reliées. Jusqu'au début du protectorat en 1912, Fès est la capitale du Maroc, fonction qui est par la suite dévolue à Rabat. Les explorateurs Charles de Foucauld et Mardochée Aby Serour séjournent à Fès lors du ramadan 1883 car ils ne parviennent pas à trouver de protecteurs pour poursuivre leur route vers le sud. Ils logent dans le mellah chez M. Benchimol, une inscription sur la maison signale encore leur passage. Foucauld décrit le commerce florissant de la ville entre les marchandises européennes en provenance de Tanger, " les cuirs du Tafilalet, les laines, la cire et les peaux de chèvres des Aït Ioussi et des Beni Ouaraïn, parfois même les plumes du Soudan"[14]. Mais pour l'explorateur le potentiel commercial de la ville pourrait être valorisé. Trois raisons entravent son développement selon lui; l'insécurité permanente des routes marocaines en raison des guerres et des pillages que se livrent les tribus, le prix élevé des transports à cause des péages et du coût des escortes, enfin le taux de crédit excessivement élevé dont il fait une analyse détaillée.

En plus d'une description de la situation économique et politique de la capitale marocaine, l'explorateur français offre un témoignage sur les costumes et la mode fassie à la fin du XIXe siècle. Il loue par ailleurs "la grande beauté" et la "propreté merveilleuse" des habitants[14].

Le protectorat français et l'indépendance

C'est à Fès que le traité franco-marocain instaurant le Protectorat français au Maroc est signé le 30 mars 1912. La promotion de Saint-Cyr de 1909-1912 porte le nom de « Promotion de Fez ». Moins de trois semaines après la proclamation officielle du Protectorat, d'importantes émeutes antifrançaises éclatent dans la ville et font des centaines de victimes : rebelles, civils musulmans et Juifs, Européens. Les autorités du Protectorat déplacent alors la capitale à Rabat, mais Fès reste cependant un important lieu de résidence royale et un centre culturel, politique et économique de premier ordre.

Une ville nouvelle est créée sur les plans d'Henri Prost, à côté de la médina qui fait, quant à elle, l'objet d'une politique patrimoniale avant-gardiste. Beaucoup d'initiatives nationalistes et anticolonialistes ont Fès pour origine, ce qui fait de la ville un berceau majeur du mouvement national marocain et notamment du parti de l'Istiqlal.

Photographies de Walter Mittelholzer en 1932, Bibliothèque de l'École polytechnique fédérale de Zurich
 
 
 
 
 
 

En 1944, est rédigé le Manifeste pour l'Indépendance dans une maison de l'ancienne médina, située aujourd'hui Place de l'Istiqlal. La ville connaît néanmoins des difficultés sociales croissantes après 1956, et doit faire face au déferlement de l'exode rural. Les émeutes de 1990 sont le point culminant de cette détérioration des conditions de vie.

Sous la direction de Lyautey et d'après les plans de l'architecte Henri Prost, une nouvelle ville se développe dans les environs de Dar Debibagh au sud de Fès Jedid. Si elle fut dans un premier temps le quartier résidentiel des Européens, la « ville nouvelle » a continué à se développer comme ville arabe moderne avec de nouveaux quartiers de villas. Les autorités, institutions et entreprises de services s'y sont installées.

Une des conséquences du transfert de la capitale sur le littoral atlantique est le départ d'une grande partie de la population fassie de souche vers Casablanca, Rabat et dans une moindre mesure Tanger. Du simple artisan à l'entrepreneur en passant par le lettré beaucoup furent obligés de quitter une ville qui avait perdu son statut prestigieux.

Fondation de Fès Ibn Khaldoun, Histoire des Berbères (es) Assaleh, Abu-Mohammed, Historia dos soberanos mohametanos : das primeiras quatro dysnastias e de parte da quinta, que reinarao na Mauritania. Jozé de Santo Antonio Moura (trans.), Lisbon: Academia Real das Sciencias de Lisboa, (1828) (lire en ligne), p. 117. Retrieved 2011-03-30. Dominique Urvoy, « La pensée religieuse des Mozarabes face à l’Islam / Traditio / Cambridge Core », Traditio, vol. 39,‎ 1983, p. 419–432 (ISSN 2166-5508, DOI 10.1017/S0362152900009661, lire en ligne, consulté le 24 août 2020). Mouna Hachim, Chroniques insolites de notre Histoire, pages 89-90 Roger Le Tourneau, Fès avant le protectorat, 1949, 808 p. (ISBN 978-2-402-19455-6, lire en ligne), p. 1949. « Forum adafes :  : fès et sa région :  : les espagnols à fès », sur adafes.com (consulté le 22 avril 2023). « Fès, l’âme du Maroc DOUZE SIÈCLES D’HISTOIRE Les morisques. Tribulations d’un peuple en exil », sur Fès, l’âme du Maroc DOUZE SIÈCLES D’HISTOIRE Les morisques. Tribulations d’un peuple en exil (consulté le 24 août 2020). [1] (en) « Culture d'Islam », sur culture-islam.fr (consulté le 22 avril 2023). De La Veronne, Chantal, « Relations entre le Maroc et la Turquie dans la seconde moitié du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle (1554-1616) », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, Persée - Portail des revues scientifiques en SHS, vol. 15, no 1,‎ 1973, p. 391–401 (DOI 10.3406/remmm.1973.1258, lire en ligne, consulté le 24 août 2020). https://www.clio.fr/BIBLIOTHEQUE/fes_capitale_culturelle_du_maroc.asp « Les révoltes urbaines » [livre], sur openedition.org, Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans, 1992 (consulté le 24 août 2020). ↑ a et b Charles de Foucauld, Reconnaissance au Maroc, 1888, 495 p., p. 23
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