Contexte de Madagascar

Madagascar (Madagasikara), en forme longue république de Madagascar (Repoblikan'i Madagasikara), est un État insulaire situé dans l'Océan Indien et géographiquement rattaché au continent africain, dont il est séparé par le canal du Mozambique. C’est la quatrième plus grande île du monde après le Groenland, la Nouvelle-Guinée et Bornéo. Longue de 1 580 km et large de 580 km, Madagascar couvre une superficie de 587 000 km2. Sa capitale est Antananarivo et le pays a pour monnaie l'ariary. Ses habitants, les Malgaches, sont un peuple austronésien parlant une langue malayo-polynésienne : le malgache. Le pays est entouré par d'autres îles et archipels dont la Réunion, Maurice, les Comores (dont Mayotte) et les Seychelles.

Durant la majeure partie du ...Lire la suite

Madagascar (Madagasikara), en forme longue république de Madagascar (Repoblikan'i Madagasikara), est un État insulaire situé dans l'Océan Indien et géographiquement rattaché au continent africain, dont il est séparé par le canal du Mozambique. C’est la quatrième plus grande île du monde après le Groenland, la Nouvelle-Guinée et Bornéo. Longue de 1 580 km et large de 580 km, Madagascar couvre une superficie de 587 000 km2. Sa capitale est Antananarivo et le pays a pour monnaie l'ariary. Ses habitants, les Malgaches, sont un peuple austronésien parlant une langue malayo-polynésienne : le malgache. Le pays est entouré par d'autres îles et archipels dont la Réunion, Maurice, les Comores (dont Mayotte) et les Seychelles.

Durant la majeure partie du XIXe siècle, l'île est administrée par le royaume de Madagascar, cette administration s'exerce dans le cadre du protectorat français de Madagascar après 1883, à la suite de la première expédition de Madagascar. Considérant que le protectorat est peu appliqué par le gouvernement malgache, la France organise une deuxième expédition militaire à partir de 1895. Les établissements français de Diego-Suarez, de Nosy Be et de l'Île Sainte-Marie sont rattachés au protectorat le . Les troubles consécutifs à l'intervention militaire française conduiront, en 1897, à la fin de l'autonomie malgache, à l'annexion de l'île par la France et à la réunion de l'ancien protectorat et d'autres territoires français au sein de la colonie de Madagascar et dépendances. Le premier gouvernement autonome malgache revoit le jour le lorsque la république de Madagascar est proclamée sur le territoire de l'ancien protectorat (territoire de l'ancien Royaume mérina et des anciens établissements français de Diego-Suarez, de Nosy Be et de l'île Sainte-Marie) tout en restant membre de la Communauté française. En 1960, la République malgache accède à l'indépendance, ce qui fait du pays l'un des premiers à devenir souverain dans cette zone de l'océan Indien.

Le pays est divisé en six ex- provinces (faritany) historiques, de même nom que celui de leurs capitales : Antananarivo (ou Tananarive), Antsiranana (ou Diego-Suarez), Fianarantsoa, Mahajanga (ou Majunga), Toamasina (ou Tamatave) et Toliara (ou Tuléar).

Durant vingt siècles, Madagascar a été façonnée par des peuples venant d'horizons divers (Afrique, Sud-Est asiatique (Indonésie), Proche-Orient, Europe, etc.) pour créer la société pluriculturelle malgache actuelle. Ce pays de plus de 26 millions d’habitants est très diversifié sur le plan culturel et compte 18 ethnies distinctes (foko = « groupe », « tribu », « caste »), ou nations autochtones, parlant chacune un dialecte malgache, ainsi que trois minorités arrivées au cours des trois derniers siècles, les Karanes, les Sinoas et les Vazahas.

Madagascar appartient au groupe des pays les moins avancés selon l'ONU.

Plus à propos Madagascar

Informations de base
  • Devise Ariary
  • Indicatif d'appel +261
  • Domaine Internet .mg
  • Mains voltage 220V/50Hz
  • Democracy index 5.7
Population, Area & Driving side
  • Population 25570895
  • Zone 587295
  • Côté conduite right
Historique
  • Origines de la population malgache actuelle

    Les découvertes archéologiques permettent d'envisager une première présence de l'espèce humaine à Madagascar il y a au moins...Lire la suite

    Origines de la population malgache actuelle

    Les découvertes archéologiques permettent d'envisager une première présence de l'espèce humaine à Madagascar il y a au moins 10 000 ans[1],[2]. Ce sont des traces d'actes de boucherie sur un oiseau géant, l’æpyornis, espèce aujourd'hui disparue.

    L'origine de la population malgache actuelle est diverse et discutée. Les Malgaches sont tantôt considérés comme majoritairement d'ascendance austronésienne (comme leurs langues) tantôt, compte tenu de la proximité de l'Afrique (400 km des côtes de Madagascar), comme majoritairement Africains. Des origines indiennes, mélanésiennes ou même phéniciennes ont été aussi proposées[3].

    Une grande étude pan-génomique (le projet MAGE, Madagascar Génétique et Ethnolinguistique[4]) a été lancé sur tout le territoire malgache. Cette étude a montré en 2018 que chaque Malgache est le fruit d'un ancien métissage entre des populations de langue austronésienne et de populations de langue bantoue[5]. Les proportions de chromosomes Y d'origine africaine réservés apparaissent comme plus communs que ceux d'origine asiatique orientale (70,7 % contre 20,7 %). Cependant, les lignées d'ADNmt, transmises de mère à enfant, ont des proportions inverses (42,4 % d'origine africaine contre 50,1 % d'origine asiatique)[5].

     
    Carte des langues apparentées a la famille des langues bantoues
     
    Carte de l'expansion des austronésiens.
     
    Waka, « canoë à balancier » austronésien qui a donné au malgache le mot vahoaka (le « peuple », du proto-austronésien *va-waka, « ceux des canoës », « peuple de la mer ».
     
    Bas-relief du temple de Borobudur (VIIIe siècle) dans le centre de Java en Indonésie, montrant un bateau à balancier typique de la technologie navale austronésienne.
     
    Vaγimba, « ceux de la forêt » en proto-barito du Sud-Est (ancienne langue austronésienne dont la branche moderne dite « barito oriental » regroupe le malgache et des langues parlées par des peuples Dayaks du bord du fleuve Barito à Bornéo (Kalimantan du Sud) : ma'anyan, dusun deyah, dusun malang, dusun witu et paku).

    Les nombreuses recherches pluridisciplinaires récentes — archéologiques[6], linguistiques[7],[8],[9] et historiques[10] — confirment ce mélange[11] :

    génétiquement, un vieux « motif polynésien » (ADN mitochondrial/haplogroupe B/sous-groupe B4a1a1a2) (en) commun et unique au monde a été décelé au sein de différentes ethnies malgaches distantes géographiquement et endogames historiquement tels que les Vézos et les Mérinas[12] (cette altération du « motif polynésien » d'origine, commune et propre aux Malgaches, a été baptisé « motif malgache » par les chercheurs en génétique) ; linguistiquement, le lexique du malgache est composé de 90 % de vocabulaire austronésien. La langue malgache est une langue issue du proto-austronésien, appartenant à la branche proto-malayo-polynésienne (proto-MP) et à la sous-branche proto-Sud-Est Barito (proto-SEB) qui partage ces mêmes bases anciennes communes avec les langues dayak actuelles du groupe barito de Bornéo du Sud telles que le ma'anyan, dusun deyah, dusun malang, dusun witu et paku actuels[7],[8],[9] ; il existe néanmoins de nombreux superstrats bantous swahilis dans la langue proto-austronésienne des Vazimbas, notamment le vocabulaire domestique et agraire (exemples : le bœuf - omby - du swahili ngumbe, l'oignon - tongolo - du swahili kitungu, la marmite malgache - nongo - vient du swahili nungu) ; sur le plan morphologique, enfin, l'origine Sud-Est asiatique des Malgaches explique des caractéristiques décelées en 1940 par le professeur Albert Ratsimamanga[13], notamment le pli épicanthal de la paupière supérieur présent chez certains Malgaches ; la culture malgache porte des éléments communs aux Austronésiens, des îles du Pacifique à l'Indonésie, et jusqu'à la Nouvelle-Zélande et les Philippines : coutumes anciennes (comme celle d'ensevelir les défunts dans une pirogue au fond de la mer ou d'un lac), agriculture ancienne (la culture du taro - saonjo, de la banane - akondro, de la noix de coco - voanio et de la canne à sucre - fary qui est originaire de Nouvelle-Guinée), l'architecture traditionnelle (maison levu végétale à base carrée sur pilotis), la musique (les instruments comme la conque marine antsiva, le tambour de cérémonie hazolahy, le xylophone atranatrana, la flûte sodina ou encore la cithare valiha) et la danse (notamment la « danse des oiseaux » que l'on retrouve à la fois au centre et dans le Sud)[Note 1].

    L'arrivée des populations austronésiennes a suscité de nombreuses études. Des simulations sur ordinateur de la navigation entre l'Indonésie et Madagascar permettent de comprendre les itinéraires possibles qui ont amené à la colonisation de Madagascar par des Austronésiens à partir du début de notre ère. Les Maldives, et dans une moindre mesure les Chagos voisines, étaient une escale probable sur la route de Madagascar, aussi bien depuis Sumatra que depuis le sud de l'Inde et Sri Lanka, où des marins et marchands javanais et malais se rendaient pour le commerce[14]. Quant à la cause de la venue de ces Austronésiens, l’histoire de l'océan Indien du début du premier millénaire de notre ère est encore très mal connue. On peut seulement supposer que l’île de Madagascar joua un rôle important dans le commerce, notamment celui des épices[15], entre l’Asie du Sud-Est et le Moyen-Orient, directement ou via les côtes africaines. Il se peut notamment que ces vahoaka ntaolo aient en particulier recherché du bois solide pour construire leurs pirogues, tel le lakana ou le vintana (un nom que l'on trouve encore aujourd'hui dans le vinta, homonyme contemporains des Vezo).

    Les Vazimbas et les Vezos

    Au début du peuplement humain, appelé « période paléomalgache », les Ntaolo semblent s'être divisés en deux grands ensembles selon leurs choix de subsistance : les Vazimbas (de *ba/va-yimba-« ceux de la forêt », de *yimba-« forêt » en proto Sud-Est Barito (SEB), aujourd'hui barimba ou orang rimba en malais[16]) qui s'installèrent — comme leur nom l'indique — dans les forêts de l'intérieur, et les Vézos (de *ba/va/be/ve-jau, « ceux de la côte » en proto-Malayo-Javanais, qui a aussi donné veju en bugis, bejau en malais et bajo en javanais[17]) qui restèrent sur la côte Ouest. Le qualificatif Vazimba désignait donc à l'origine les Ntaolo chasseurs et/ou cueilleurs qui décidèrent de s'établir « dans la forêt », notamment dans les forêts des hauts plateaux centraux de la Grande Île et celles de la côte Est et Sud-Est[Note 2], tandis que les Vezo étaient les Ntaolo pêcheurs qui restèrent sur les côtes de l'Ouest et du Sud (probablement les côtes du premier débarquement)[9].

    Le mot vazimba est un qualificatif austronésien désignant les « habitants de la forêt » d'une manière générale (y compris les Austronésiens eux-mêmes qui s'installèrent dans les forêts), il n'est pas exclu que d'autres hominidés vazimba aborigènes, de type homme de Florès par exemple, aient habité dans les forêts de Madagascar des dizaines — voire des centaines — de milliers d'années avant l'arrivée des vazimba austronésiens. Quelques-uns ont peut-être encore existé à l'arrivée des vahoaka ntaolo austronésiens au premier millénaire avant notre ère. Ceci pourrait expliquer le mythe des « petits hommes/nains primaires de la forêt » que les vahoaka ntaolo austronésiens — ancêtres de la majorité des malgaches actuels — auraient rencontrés et assimilés (ou peut-être anéantis) à leur arrivée. Seules l'archéologie et la génétique pourraient apporter des preuves à l'appui de ce mythe. Il n'est pas à exclure non plus que le mythe des « vazimba-petits hommes/nains » ait été emmené par les Austronésiens à partir des îles où ils habitaient auparavant, auquel cas ce mythe pourrait effectivement concerner les hominidés de type « Florès » ou Négrito (orang asli en malais). Ces derniers, de petite taille, ont en effet habité les forêts des îles de la Sonde bien avant l'arrivée sur place des Austronésiens, et y sont considérés comme étant les peuples aborigènes. On sait par exemple que le mythe de l'ogre « Trimo be - mangeur d'enfant » est un conte emmené par les Austronésiens et parle en fait du tigre (de * (t)rimu, « tigre » en proto-MP) qui habite les forêts des îles de la Sonde. Le mythe des « petits nains vazimba » pourrait avoir subi un voyage similaire.

    Immigrations néo-austronésiennes, bantoues, perses et arabes (700-1600)

    Dès le milieu du premier millénaire jusqu'à 1600 environ, l'ile accueillit des immigrants moyen-orientaux (Perses shirazi, Arabes omanites, Juifs arabisés), africains (Bantous) et orientaux (Indiens gujaratis, Malais, Javanais, Bugis et Orang Laut), voire européens (Portugais), qui s'intégrèrent et s'acculturèrent à la société Vezo et Vazimba, souvent par alliance matrimoniale.

    Les apports culturels, politiques et technologiques seront à l'origine des grands bouleversements du XVIe siècle qui conduiront à l'époque féodale malgache.

    Les clans néo-austronésiens[8] (Malais, Javanais, Bugis, Toraja et Orang Laut), quant à eux, historiquement et globalement — sans distinction de leur île d'origine — dénommés les Hova (de uwa-« homme du peuple », « roturier » en vieux bugis[18]), ont, selon les traditions orales[19], débarqué au Nord et à l'Est de l'île. Selon l'observation des linguistes au sujet des emprunts aux vieux malais (sanskritisé), vieux javanais (sanskritisé) et vieux bugi du Moyen Âge dans le fonds de vocabulaire proto-austronésien (proto-SEB) originel, les premières vagues hova sont arrivées au VIIIe siècle au plus tôt[7],[8].

    Diplomates, officiers, savants, commerçants ou simples soldats, certains alliés aux marins Orang Laut ou Talaut (Antalaotra en malgache), ces hova étaient probablement issus des thalassocraties indonésiennes. Leurs chefs, connus sous le nom des diana ou andriana ou raondriana (de (ra)hadyan-« seigneur » en vieux javanais[20], aujourd'hui raden et qu'on retrouve également encore dans le titre de noblesse andi(an) chez les Bugis), se sont, pour la plupart, alliés aux clans vazimba :

    au nord-ouest dans la région de l'actuel Ankoala (du malais/de l'indonésien kuala-« estuaire ») où les hova Orang Laut (Antalaotra en malgache) avaient probablement établi leur base pour les actions dans l'océan Indien ; sur la côte Est (Betsimisaraka) où les chefs hova étaient également appelés Filo be ; au sud-est où les dynaties hova Zafiraminia et Zafikazimambo notamment qui fondèrent les royaumes Antaisaka, Antaimoro, Antambahoaka, etc. ; à l'ouest : la dynastie Maroserana(na) qui fonda le royaume sakalava est elle-même issue des Zafiraminia de la côte Est ; au centre où les alliances répétées des chefs (andriana) des hova (tels qu'Andrianerinerina et Andriantomara et leurs descendants) avec les chefs des clans vazimba (tels que Rafandrana et, plus tard, Rabiby et leurs descendants) durant tout le début du second millénaire fut à l'origine du Royaume Merina (fondé à Ambohidrabiby par la dynastie de Ralambo) ainsi que du royaume Betsileo.

    Le 10 août 1500, le portugais Diogo Dias fut le premier Européen à apercevoir Madagascar, qu'il appela l'île São Lourenço.

    Époque ancienne : naissance des ethnies et royaumes (1600-1895)
     
    Village austronesien avec levu sur piloti (*levu-« maisons » en proto-austronésien qui a donné en malgache an-devu –« à la maison ») : tous les villages des ntaolo vazimba et vezo de Madagascar étaient probablement similaires au premier millénaire. On retrouve d'ailleurs encore ce modèle aujourd'hui sur toutes les côtes de la Grande Île et dans les zones intérieures reculées (forêts, etc.).
     
    Le général péruvien Luis Miguel Sánchez Cerro, président du Pérou à deux reprises entre 1930 et 1933, descendait en partie d'esclaves malgaches amenés au XVIe siècle.

    À l'intérieur des terres, les luttes pour l'hégémonie des différents clans néo-Vazimba des hauts plateaux centraux (que les autres clans néo-Vezo des côtes appelaient sans distinction les Hova) aboutirent à la naissance des royaumes et/ou ethnies Merina, Betsileo, Bezanozano, Sihanaka, Tsimihety et Bara.

    Sur les côtes, l'intégration des nouveaux immigrés orientaux, moyen-orientaux et africains donnèrent naissance aux royaumes et/ou ethnies néo-Vezo : Antakarana, Boina, Menabe (réunis plus tard en Sakalaves) et Vézos (côte Ouest), Mahafaly et Antandroy (Sud), Antesaka, Antambahoaka, Antemoro, Antaifasy, Antanala, Betsimisaraka (côte Est).

    La naissance de ces grands royaumes « post-Vazimba »/ « post-Vezo » modifièrent essentiellement la structure politique de l'ancien monde des clans néo-Vazimba et néo-Vezo, mais la grande majorité des anciennes catégories demeurèrent intactes au sein de ces nouveaux royaumes : la langue commune, les coutumes, les traditions, le sacré, l'économie, l'art des anciens demeurèrent préservés dans leur grande majorité, avec des variations de forme selon les régions.

    Aujourd'hui, la population de Madagascar peut être considérée comme le produit d'un brassage entre les premiers occupants vahoaka ntaolo austronésiens (Vazimba et Vezo) et, ceux arrivés plus tardivement (Hova néo-Austronésiens, Perses, Arabes, Africains et Européens).

    Génétiquement, le patrimoine austronésien originel est plus ou moins bien réparti dans toute l'île. Les chercheurs ont notamment remarqué la présence, partout, du « motif polynésien »[21],[12],[22], un vieux marqueur caractéristique des populations austronésiennes datant d'avant les grandes immigrations vers les îles polynésiennes et mélanésiennes, (c. 500 av. J.-C. au plus tard). Ceci supposerait un foyer de départ commun entre les ancêtres des Polynésiens actuels (partis vers les îles Pacifiques à l'est) et des vahoaka ntaolo (partis vers l'ouest jusqu'à Madagascar) vers (ou avant) 500 av. J.-C.

    Phénotypiquement, c'est parmi les populations des hautes terres (Merina, Betsileo, Bezanozano, Sihanaka), plus endogames, que le phénotype austronésien mongoloïde est le plus prégnant. On remarque également parfois le phénotype austronésien australoïde et austronésien négrito partout à Madagascar (y compris sur les hauts plateaux). Contrairement au phénotype bantou, le phénotype austronésien « négrito » se caractérise notamment par sa petite taille.

    Les populations locales ont également souffert, comme de nombreux pays africains, de la traite des esclaves. Ainsi, par exemple, des esclaves malgaches ont été amenés par les Européens dans la vice-royauté du Pérou, en Amérique du Sud, et se sont installés principalement sur la côte nord du pays, dans la région de Piura[23]. Il existe même au Pérou un lieu baptisé « Ferme Malakasy », qui date de l'époque à laquelle les Malgaches ont été exploités dans la culture des champs, et qui évoque le nom de leur pays d'origine, tout comme il est prononcé dans leur propre langue. Actuellement au Pérou, les descendants de ces esclaves sont connus comme « Mangaches », une corruption de la langue au fil du temps. Ces descendants des Malgaches ont encore conservé dans de nombreux cas, les caractéristiques d'origine afro-indonésien. Leur intégration au Pérou a été si forte qu'ils ont contribué à la culture de ce pays par la création de formes musicales telles que tondero[24]. Ils ont même eu une influence dans le domaine politique puisque l'ancien président péruvien Luis Miguel Sánchez Cerro, qui a gouverné ce pays dans la troisième décennie du XXe siècle, était un « Mangache »[25].

    Époque coloniale (1895-1960)

    Jean Laborde est nommé premier consul de France à Madagascar le 12 avril 1862, sous le Second Empire, c'est-à-dire avant la colonisation à proprement parler. Il est le précepteur du futur roi Radama II, mais aussi le confident des missionnaires, l'initiateur de l'industrie malgache et l'amant de la reine Ranavalona Ire.

    La fin du XIXe siècle, avec le partage de l'Afrique entre les empires coloniaux européens à la conférence de Berlin (1884-1885), sonne le glas de l'expansion et de l'indépendance du Royaume de Madagascar. Les politiciens malgaches jouaient jusqu'alors sur les rivalités des puissances coloniales pour conserver leur souveraineté. Le traité de Berlin attribue l'île à la France (position stratégique face aux Anglais, dans l’océan Indien). La France signe alors un traité avec le Royaume de Madagascar qui repose sur l'ambiguïté de la langue malgache et qui ne donne théoriquement aucun droit à la République française sur le Royaume de Madagascar. Mais, au fil des incidents diplomatiques, la France mène une politique de plus en plus intrusive[26], puis entreprend la conquête de l'île.

     
    Le taro (saonjo) qui est, selon un très vieux proverbe malgache « l'ainé du riz » (Ny saonjo zokin'ny vary) constitue la base alimentaire de tous les Austronésiens, notamment des anciens Ntaolo Vazimba et Vezo.
    Conquête française

    La résistance est massive, l'armée malgache parvient à repousser les premières vagues d'invasion en 1883, mais les combats décisifs suivront. Ils sont connus sous le nom de « deuxième guerre franco-malgache »[27].

    Lorsque le gouvernement français envoie une armée de conscrits mal préparés qui progresse très lentement, les maladies font des ravages dans leurs rangs. Finalement, au premier coup de canon sur la capitale Antananarivo, la reine Ranavalona III fait hisser le drapeau blanc[réf. nécessaire]. Contrairement à un récit forgé par les autorités, puis diffusé dans l'enseignement, les Malgaches sont vaincus facilement. Les ennemis principaux ne sont ni les monarques ou chefs indigènes, ni les sultans marchands d'esclaves, mais le climat et les maladies[28].

    Quand la campagne de Madagascar se termine en 1895, l'armée française recense 13 tués et 88 blessés au cours des combats, et 4 498 morts de maladies (paludisme, dysenterie...), soit près de 30 % de pertes sur un effectif total de 14 850 hommes[28].

     
    Pirogue-sarcophage de Dayak d'Indonésie : une sépulture qui rappelle les traditions orales témoignant que les anciens Vazimba ensevelissaient leurs morts dans des pirogues-sarcophages, sous la mer ou sous un lac.
    Administration française

    La conquête est suivie de dix ans de guerre civile larvée, due à l'insurrection des Menalamba. La « pacification » conduite par l'administration française dure plus de quinze ans, en réponse aux guérillas rurales dispersées dans le pays. Au total, la répression de cette résistance à la conquête coloniale fait entre 100 000 et 700 000 victimes malgaches, selon les sources[27].

    Madagascar sera sous administration française du 6 août 1896 au 14 octobre 1958.

     
    La flûte suling indonésienne, cousine de la sodina.

    Le général Joseph Gallieni, nommé gouverneur général de Madagascar (1896-1905), contribue à pacifier l'île, non sans mesures répressives. Selon ce dernier, l'action militaire devait être accompagnée d'une aide aux peuples colonisés dans différents domaines, comme l'administration, l'économie et l'enseignement. Elle nécessitait un contact permanent avec les habitants ainsi qu'une parfaite connaissance du pays et de ses langues. Le 27 septembre 1896, l'administration française abolit l'esclavage (il s'agissait d'un esclavage inter-malgache). Trentinian, Joffre et Lyautey servirent à Madagascar sous les ordres de Galliéni.

    Durant l'été 1897 a lieu le massacre d’Ambiky[29],[30] cité par Aimé Césaire dans son Discours sur le colonialisme, comme un des exemples de la violence de la conquête coloniale.

    Sous l'impulsion de Galliéni, de nombreuses infrastructures sont mises en place : premier chemin de fer Tananarive-Tamatave (achevé en 1903), achèvement du chemin de fer de Madagascar[31], développement rapide du réseau routier (1905 à 1935), Institut Pasteur, écoles. Toutes les écoles établies avant l'ère coloniale sont fermées et l’obligation pour les indigènes de parler le français est instaurée.

    En 1907, pour la première fois depuis un siècle, les exportations malgaches sont supérieures aux importations : les planteurs et l'administration coloniale s'enrichissent, d'immenses concessions minières et forestières sont accordées à de grosses sociétés. Les chefs indigènes loyaux envers l'administration française se voient également accorder une partie des terres et certains jeunes Malgaches vont étudier en France, contribuant à faire connaître Madagascar. Le travail forcé est instauré en faveur des compagnies françaises et les paysans se voient incités, à travers l'impôt, à se salarier (notamment dans les concessions coloniales) au détriment des petites exploitations individuelles[27].

    Madagascar est avec 46 000 hommes l'une des colonies françaises à mobiliser le plus de soldats par rapport à sa population durant la Première Guerre mondiale[32].

    La période coloniale est toutefois accompagnée de mouvements de lutte pour l'indépendance : les Menalamba, les Vy Vato Sakelika, le Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM). En 1927, d’importantes manifestations sont organisées à Antananarivo, notamment à l'initiative du militant communiste François Vittori, emprisonné à la suite de cette action[33]. Les années 1930 voient le mouvement anti-colonial malgache gagner encore en dynamisme. Le syndicalisme malgache commence à apparaître dans la clandestinité et le Parti communiste de la région de Madagascar se constitue. Mais dès 1939, toutes les organisations sont dissoutes par l’administration de la colonie, qui opte pour le régime de Vichy. Le MDRM est lui accusé par le régime colonial d'être à l'origine de l'insurrection de 1947 et sera poursuivi par de violentes répressions[27].

    La répression menée contre la résistance des malgaches à la colonisation aurait fait entre 1897 et 1947 plus de cent mille morts pour une population de trois millions d'habitants à l'époque[34].

    Seconde Guerre mondiale

    Pendant la Seconde Guerre mondiale, un projet nazi est resté dans les cartons : c'est le « Plan Madagascar » visant à déporter quatre millions de Juifs d'Allemagne, de ses pays alliés et de ses territoires conquis, à Madagascar, alors colonie française du régime de Vichy.

     
    Joueurs de valiha des Philippines et de Madagascar.

    À partir de mai 1942, craignant que le gouvernement de Philippe Pétain n'ouvre les ports malgaches aux sous-marins allemands ou à la marine impériale japonaise, l'Empire britannique mène l'opération Ironclad et prend progressivement possession des points stratégiques de l'île. Lorsque les Français libres arrivent en janvier 1943, le contrôle de ces points devient l'objet de tensions entre le général de Gaulle et le gouvernement britannique.

    Après-guerre

    Le retour des combattants malgaches enrôlés durant la Seconde Guerre mondiale, les discriminations du régime de l'indigénat et les conditions de vie misérables des autochtones favorisent le militantisme des mouvements anti-colonialistes aspirant à l'indépendance et créent les conditions d'une insurrection.

    L'insurrection malgache débute en mars 1947, entraînant une répression sanglante par l'armée française, qui fait plusieurs dizaines de milliers de morts, les chiffres oscillant, selon les sources, entre une dizaine de milliers et 89 000 d'après Jacques Tronchon[35]. La répression s'accompagne d'exécutions sommaires, de tortures, de regroupements forcés et d'incendies de villages. L'armée française expérimente la « guerre psychologique » : des suspects sont jetés, vivants, depuis des avions afin de terroriser les villageois dans les régions d’opération[27].

    Territoire d'outre-mer de 1946 à 1958, Madagascar obtient un premier niveau d'autonomie le 10 octobre 1958, en tant que République autonome malgache au sein de la Communauté. Le 14 octobre, Philibert Tsiranana devient président du Conseil de gouvernement avant d'être élu premier président de la République le 1er mai 1959.

    Indépendance et Première République (1960-1975)

    L'île accède à l'indépendance le 26 juin 1960 mais la Première République malgache reste très étroitement liée à la France par les accords de coopération. Le président Tsiranana, critiqué par la population pour son soutien aux intérêts français, fait face à une contestation grandissante, en particulier la grève des étudiants menée de la capitale vers les provinces, et quitte le pouvoir en 1972.

    Il donne les pleins pouvoirs au général Gabriel Ramanantsoa qui décide d'organiser un référendum afin d'officialiser son pouvoir pour une période transitoire. Le référendum l'ayant plébiscité, il crée un gouvernement d'union nationale, qu'il dirige jusqu'en 1975, avant de passer le flambeau au populaire colonel de gendarmerie Richard Ratsimandrava. Ce dernier est assassiné au bout d'une semaine, le 11 février 1975 à 20 heures. Après l'assassinat du général Ratsimandrava, Madagascar est dirigé par un Comité national de direction militaire présidé par le général Andriamahazo.

    Le 14 juin 1975, Didier Ratsiraka est nommé chef de l'État et du gouvernement. Le Comité national de direction militaire est alors remplacé par un Comité national de la révolution.

    État socialiste et Deuxième République (1975-1991)

    La deuxième république malgache n'est pas un État communiste (la propriété privée n'est pas abolie, la religion n'est pas persécutée) mais, comme le régime cubain, elle contrôle tous les échanges avec l'extérieur, se dote en mars 1976 d'un parti unique : l'« Avant-Garde de la Révolution malgache » (AREMA) et s'appuie sur le bloc de l'Est pour subsister. Pour commencer, le capitaine de frégate Didier Ratsiraka organise le 21 décembre 1975 un référendum pour approuver la Charte de la Révolution socialiste et la nouvelle constitution. Le 30 décembre 1975, Didier Ratsiraka proclama la République démocratique malgache. Par la suite, il devient l'un des militants actifs du non-alignement. En 1976, le gouvernement termine l’expulsion de l'armée française et ferme les ambassades et consulats. Ratsiraka instaure le franc malgache (FMG) et délaisse le franc CFA. Dix ans plus tard, vers la fin des années 1980, on parle d'« échec de l'expérience socialiste » car le régime de Didier Ratsiraka ne parvient pas à améliorer les conditions de vie et l'opposition s'amplifie. Au début des années 1990, la fin du soutien du bloc de l'Est l'oblige à autoriser des investisseurs privés à opérer dans le pays. Les disettes provoquent des manifestations populaires qui sont réprimées par l'armée, au prix de nombreuses victimes[Note 3].

    Après-socialisme et Troisième République (1991-2010)
     
    Albert Zafy
    1991-1996 : présidence Albert Zafy

    La Convention du 31 octobre 1991 est adoptée pour mettre fin aux émeutes dans le pays. Elle officialise une transition démocratique et libérale conduite par Albert Zafy qui dirigera la Haute Autorité de l'État, tandis que Didier Ratsiraka demeure symboliquement président de la République. Après une brève période transitoire, une nouvelle Constitution est adoptée par référendum, et Albert Zafy, candidat de l'opposition, est élu à la présidence en 1993. C'est le début d'un libéralisme économique et politique sans précédent, mais la croissance tant attendue et promise n'est pas plus au rendez-vous qu'auparavant. Le président fait appel le 17 septembre 1995 à un référendum constitutionnel donnant le pouvoir au président de la République de nommer le Premier ministre afin de destituer Francisque Ravony soutenu par les députés de la majorité. C'est le début d'une guerre ouverte entre le président et les députés, laquelle se soldera par le vote en juin 1996 de la destitution du président. Le Premier ministre Norbert Ratsirahonana devient chef de l'État par intérim en attendant les nouvelles élections.

    1997-2001 : présidence Didier Ratsiraka
     
    Didier Ratsiraka en 1997.

    L'amiral Didier Ratsiraka, rentré quelques mois plus tôt de son exil en France, est réélu au 2e tour de l’élection présidentielle (contre Zafy)[36]. Madagascar connaît une période de stabilité économique jusqu'en 2001 avec 4,3 % de croissance annuelle moyenne.

    2002-2009 : présidence Marc Ravalomanana 2001

    Le maire de la capitale, Marc Ravalomanana, arrive en tête de l'élection présidentielle de décembre 2001. Un second tour est prévu mais celui-ci revendique la victoire dès le premier tour sur la base des résultats publiés par son propre quartier général à Ankorondrano (quartier de Tananarive). Ravalomanana dénonce une fraude électorale massive et décide d'acculer ainsi le gouvernement Ratsiraka. Le président Didier Ratsiraka tente de reprendre la main en modifiant les membres de la Haute Cour Constitutionnelle, chargée de proclamer les résultats électoraux à Madagascar. Le candidat Ravalomanana réclame la confrontation des procès-verbaux en sa possession et les procès-verbaux officiels. Le gouvernement refuse une telle méthode jugée « illégale » mais exhorte les opposants à participer au second tour.

    2002

    Marc Ravalomanana est élu président de la République et nomme plus tard Jacques Sylla, Premier ministre. La capitale étant acquise à la cause de l'ancien maire, Didier Ratsiraka décide de délocaliser le siège du gouvernement à Toamasina, son fief et principal port de l'île situé dans l'est. Le gouvernement érige des barrages routiers pour paralyser et asphyxier la capitale, ce qui finit par paralyser tout le pays.

    À l'invitation de l'Union Africaine et du président du Sénégal Abdoulaye Wade, les deux parties protagonistes se réunissent à Dakar et signent des accords en avril 2002 qui prévoient notamment un nouveau décompte des voix, l'organisation d'un référendum (à la place d'un second tour) si la majorité absolue n'était pas obtenue et l'instauration d'un gouvernement d'union nationale dirigé par M. Ravalomanana. Ces accords ne seront pas respectés par les deux parties qui camperont sur leur position, une fois rentrées au pays. Ravalomanana ne relâche pas la pression et finit par obtenir l'annulation de la nomination de la nouvelle Haute Cour constitutionnelle en raison d'un vice de forme, la cour précédente, reconduite dans ses fonctions, se charge de procéder à la publication des résultats des élections.

    En mai 2002, Marc Ravalomanana est déclaré vainqueur dès le premier tour avec plus de 51 % des voix. Il est investi dans ses fonctions de président de la République une semaine plus tard. Il confirme Jacques Sylla au poste de Premier ministre. Il décide de faire appel aux réservistes de l'armée pour lancer des expéditions contre les troupes fidèles à Didier Ratsiraka et pour « libérer » les provinces des barrages. Les deux camps s'affrontent désormais militairement. En juillet 2002, Toamasina, la dernière province où le camp Ratsiraka s'est retranché est tombée entre les mains de Ravalomanana. Didier Ratsiraka prend la fuite avec ses fidèles à bord d'un avion à destination de la France. Les pays occidentaux, les États-Unis en tête, et la France en dernier, reconnaissent la victoire de Ravalomanana. Cependant, l'Union africaine, l'ONU et les bailleurs de fonds ne reconnaissent le gouvernement de Marc Ravalomanana qu'en janvier 2003, à la suite des élections législatives remportées par son parti.

    À la fin de son premier mandat, le président Marc Ravalomanana élabore sa vision « Madagascar Naturellement » et met en œuvre le Madagascar Action Plan (MAP), un nouveau programme de développement pour 5 ans[37].

    2006

    En décembre, le président Marc Ravalomanana est réélu dès le premier tour avec 56 % des voix pour un second mandat de 5 ans, avec comme principal objectif la réalisation du MAP[38],[39].

    2007

    En avril 2007, Marc Ravalomanana fait modifier par voie référendaire la Constitution dans un sens qui renforce les pouvoirs présidentiels en permettant les ordonnances « en cas d’urgence et de catastrophe ». Cette révision introduit en outre l’anglais comme troisième langue officielle, modifie la structure administrative en remplaçant les six provinces autonomes par 22 régions et supprime le caractère laïc de l’État malgache[40].

    L’opposition voit dans cette révision des risques de dérive autocratique tandis que l’Église catholique malgache critique sévèrement l’organisation du référendum, et pointe « le pouvoir exorbitant » accordé au président. Les autorités épiscopales catholiques craignent que le président Ravalomanana, qui est vice-président de la puissante Église réformée de Madagascar[41], interfère directement dans les activités religieuses[40].

    2008
     
    Marc Ravalomanana

    Au fil des années, les partis d'opposition accusent le gouvernement de paralyser les entreprises locales comme la Savonnerie tropicale[Note 4],[Note 5], la société le Quartz[42]. Le gouvernement ne serait pas neutre vis-à-vis des diverses concurrences entre entreprises, qui devraient ne compter que sur elles-mêmes pour assurer leur gestion. Marc Ravalomanana est également pointé du doigt par l'opposition pour avoir « éliminé » les entrepreneurs malgaches performants, accaparé leurs affaires pour se placer lui-même dans tous les secteurs économiques bénéficiaires[Note 6].

    Le problème principal est que des luttes intestines incessantes conjuguées à l'âge de la majorité des élites négligeant leur succession ont creusé un vide politique et amené un cruel défaut d'émulation.

    Le processus électoral est également fortement décrié par les opposants, qui voudraient lui apporter de fortes améliorations afin d'éviter les troubles lors de chaque élection présidentielle[43].

    En août 2008, le gouvernement Ravalomanana mène un bras de fer intense avec la commune urbaine d'Antananarivo dirigée par le maire révolté de la capitale Andry Rajoelina. Depuis l'accession de ce dernier à ce poste, se sont succédé la confiscation des recettes de la commune par le Trésor[44], le retrait à la commune de la gestion de la gare routière d'Ampasapito, le retrait de la gestion de l'assainissement de la capitale[45] ; on a constaté d'autre part l'absence de travaux sérieux de la part de la mairie et la dégradation flagrante de la ville.

    En juillet 2008, le président malgache cède une licence d'exploitation de 1,3 million d'hectares de terres — la moitié des terres arables malgaches — pour une durée de quatre-vingt-dix-neuf ans à la multinationale sud-coréenne Daewoo Logistics dans le but d’approvisionner la Corée du Sud notamment en maïs[46]. L'information est dévoilée en novembre à la suite de sa publication dans le Financial Times[47] relayé par d'autres médias du monde et sème la panique du peuple dans la capitale, ainsi que la colère et la peur de « l'envahisseur », contribuant à porter au pouvoir Andry Rajoelina qui dénonce l'accord comme anticonstitutionnel en mars 2009[48].

    En décembre 2008, le ministre de la Communication de Marc Ravalomanana ferme la chaîne de télévision Viva du maire de Tananarive – ce dernier, Andry Rajoelina, ayant diffusé un reportage sur l'ancien président Ratsiraka (acte interdit par les lois sur les médias et n'ayant pas eu l'autorisation du ministère de la Télécommunication)[49]. S'ensuivent protestations et manifestations.

    Crise politique de 2009
     
    Andry Rajoelina

    À la suite de la fermeture de la chaîne de télévision Viva de l'opposant Andry Rajoelina, de violentes manifestations et émeutes secouent la capitale. Le 7 février, lors l'assaut du palais d'État d'Ambohitsorohitra par la foule, la garde présidentielle ouvre le feu, tuant 28 manifestants et en blessant 212 autres[50]. Le 16 mars 2009, des militaires mutins soutiens d'Andry Rajoelina parviennent à prendre de force le palais. Marc Ravalomanana se voit contraint à la démission de son poste de président de la République, à transférer le pouvoir à un conseil militaire, et doit fuir en Afrique du Sud[51]. Ces changements sont considérés par l'ensemble de la communauté internationale comme un putsch que la France est la première à condamner[52]. S'ensuit une période de bras de fer politique et militaire entre les prétendants, soutenus par les armées, régulière pour l'un, mutine pour l'autre.

    Marc Ravalomanana, Andry Rajoelina, Didier Ratsiraka et Albert Zafy se rencontrent finalement en août 2009, en présence des représentants de l'Union africaine (UA), des Nations unies (ONU), de l'Organisation internationale de la Francophonie et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), pour des pourparlers qui conduisent aux accords de Maputo, nom de la capitale du Mozambique. Le 18 décembre 2009, Andry Rajoelina dénonce ces accords de Maputo, change de premier ministre et décide de faire précéder les élections législatives à venir d'un référendum sur une nouvelle constitution. Le référendum a lieu finalement en novembre 2010[53].

    Quatrième République (depuis 2010)

    Par référendum du 17 novembre 2010 au suffrage universel direct, la population se positionne par oui ou non sur le changement de la constitution[53]. Cette nouvelle constitution est proclamée le 11 décembre de la même année, et fait entrer le pays dans sa IVe république.

    Le régime semi-présidentiel de la constitution de la Troisième République révisée en 2007[54] est remplacé par un régime semi-parlementaire, selon la constitution 2010[53] : « Art. 54 : Le président de la République nomme le Premier ministre, présenté par le parti ou le groupe de partis majoritaire à l’Assemblée nationale ».

    En décembre 2013, furent organisées conjointement l'élection présidentielle et l'élection législative à Madagascar. Hery Rajaonarimampianina est élu premier président de la Quatrième République, en éliminant son adversaire au second tour Jean-Louis Robinson. Il est investi et prête serment à Mahamasina le 25 janvier 2014. Jean-Omer Beriziky est encore le chef du gouvernement jusqu'au 16 avril 2014, ou il est remplacé par le gouvernement Roger Kolo. Nouveau changement le 17 janvier 2015, où Jean Ravelonarivo devient chef du gouvernement. Olivier Mahafaly Solonandrasana le remplace le 10 avril 2016, mais pour calmer le pays en proie aux émeutes, il est contraint à la démission et remplacé par Christian Ntsay le 4 juin 2018[55]. Les élections de décembre 2018 portent au pouvoir pour 5 ans Andry Rajoelina[56]. Celui-ci remporte également les élections législatives de mai 2019 et obtient la majorité absolue à l'Assemblée nationale[57].

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