Nosy Be ['nusi'be] (en malgache : Nosy, île et Be, grand ; Ambariobe en dialecte local) est une île côtière de Madagascar située dans le canal du Mozambique, près des côtes nord-ouest de Madagascar. Il s'agit, avec Diego-Suarez et l'Île Sainte-Marie, d'un des trois anciens établissements français à Madagascar avant la colonisation de l'ensemble de Madagascar par le gouvernement français en 1895.

900 à 1800

C’est vers le IXe siècle que les navigateurs arabes qui visitent épisodiquement l’île nommèrent Nosy be « Assada » ou « Sada » (en arabe : سعدة), les Malgaches la nommaient alors « Vario Be ».

Au début du Xe siècle, les Arabes qui abordent les côtes nord-ouest de Madagascar se ravitaillent à Nosy Be et y créent un comptoir à Mahilaka. Ils fortifient alors la ville avec un mur d’enceinte de 4 mètres de haut et 2 km sur 1 km de côté.

Au XIIe siècle, les Arabes créent un comptoir à Ambanaro.

Au XIIIe siècle, Mahilaka devient la plus grande ville de Madagascar.

Au XVe siècle, les Indiens viennent se fixer à Ambanoro à la suite du déclin de Mahilaka. Ils s'aperçurent rapidement que s'y trouvaient des bancs d'huîtres dont ils se mirent à exploiter les perles en les exportant vers Ceylan.

Occupée dès 1841, soit 55 ans avant le reste de Madagascar, par les Français intéressés par sa rade, puis rapidement colonisée, Nosy Be est devenue, au XIXe siècle, un comptoir commercial important de la côte ouest de Madagascar[1].

Présence française et colonisation (1839-1960)

L'île de Nosy Be devient un endroit important à Madagascar à partir de la fin des années 1830. Le capitaine d’infanterie de marine Pierre Passot est chargé par l'Amiral de Hell, Gouverneur de Bourbon[2], de chercher un port militaire à Madagascar pour remplacer Port-Louis perdu à la suite de l'annexion de l'Île Maurice par la Grande-Bretagne. L'expédition arrive à Nosy Be en 1839, à bord de la Prévoyante. Passot, assisté par des marins et un missionnaire (l'abbé Dalmond) choisissent la rade la plus sûre de Nosy Be, dans laquelle est fondé un poste militaire, baptisé Hell-Ville en l'honneur du gouverneur de Bourbon[3].

Passot revient à bord du Colibri en 1841 et prend officiellement possession de Nosy Be et des îles adjacentes. L'île de Nosy Be est donc colonisée 55 ans avant le reste de Madagascar. Nosy Be devient alors, au milieu du XIXe siècle, un comptoir commercial important de la côte ouest de Madagascar[4]. L'île était un centre économique qui reliait la Réunion à Mahajanga et aux autres villes de la côte[5].

 Le roi Tsimandroho et Pierre Dalmond à Nossi-Bé.

C’est en 1842 que les Français la baptisèrent par décret « Nossi-Bé », version officielle francisée de "Nosy Be" (en malgache).

En 1849, les Français appliquent l'abolition de l'esclavage votée en métropole, cela cause une grande révolte des propriétaires malgaches qui se coalisent et se révoltent contre l'administration qui cherche à libérer les esclaves, une armée sakalava attaque Hell-Ville mais est repoussée, ce qui affirme la présence française dans l'île[6].

À partir des années 1850, les cultures, les plantations de rente s'y développent, essentiellement entreprises par des colons réunionnais, mauriciens et français. L'île fait partie avec l'Île Sainte-Marie de Madagascar du gouvernement de Mayotte et compte environ 15 000 habitants vers 1865. Elle est intégrée administrativement à Madagascar après l'annexion du Royaume de Madagascar par la France en 1897.

Lors de la guerre russo-japonaise, l'escadre russe de la Baltique, qui devait secourir Port-Arthur, effectue un tour du monde par la route du cap de Bonne-Espérance. De décembre 1904 à mars 1905, elle séjournera, pour charbonnage et réparations, dans la baie très abritée et facile à protéger d'Ambavatoby — extrémité Nord de la presqu'île de la Baie d'Ampasindava — située à une dizaine de miles dans le Sud Ouest de Nosy Be.

Ainsi, la petite île devient une colonie agricole, recouverte de champs de cannes, d'indigo, de café, mais aussi de sésame, de riz, de maïs, de patates douces et de manioc[7]. Elle récolte les fleurs d'ylang-ylang à partir des années 1910. C'est de cette activité que lui vient le surnom d'île aux parfums. Au cours des années 1920, l'île voit se développer une importante industrie sucrière autour de la ville de Dzamandzar avec une rhumerie célèbre portant le même nom[8].

Les années 1960-90

L'accession à l'indépendance entraîne une prise de conscience générale pour le développement économique et social : avec 8 % des investissements totaux (deux milliards FCFA) prévus par le Plan 64-68, la Première République n'oublie pas le secteur touristique. Les routes de l'aéroport de Fascène à Hellville puis celles de la côte ouest et du Mont Passot sont bitumées. La société Aye-Aye, en liaison avec Madagascar Air Tours, reprend le Palm Beach à Ambondro et un groupe sud-africain (Sun International Hotel) ouvre un complexe hôtelier à Andilana. Au début des années 1970, les bungalows en falafa de l'aéroport font place à des bâtiments rappelant le petit aéroport international d'Ivato et la piste est allongée pour permettre au B737 d'Air Madagascar d'atterrir.

La République démocratique malgache (Deuxième République) peu favorable à un tourisme de masse opte pour un tourisme modéré et sélectif : les Italiens en seront les acteurs branchés. Deux hôtels de direction italienne s'installeront sur la côte ouest (Les Cocotiers à Dzamandzar et La Résidence d'Ambatoloaka). Ils axeront leurs efforts sur la pêche sportive et la découverte des fonds sousmarins (plongée sous-marine passion et paysages). Le Palm Beach rénové passera à la catégorie quatre étoiles et à Andilana s'ouvrira un Holiday Inn. L'île continue à produire du sucre, à distiller du rhum et à extraire l'essence d'ylang-ylang. Une pêcherie industrielle, Les Pêcheries de Nosy Be, s'installe au port du Cratère et traite crevettes et camarons qui seront exportés congelés. Des projets hôteliers ambitieux se développent et au début des années 1990, l'île de Nosy Be deviendra la première destination des touristes internationaux à Madagascar.

Lynchage de 2013

En 2013 l'île de Nosy-Be défrayait la chronique pour des cas de lynchages ou de meurtres violents[9]. Le 3 octobre 2013, deux touristes européens (un Français et un Franco-Italien), ainsi qu'un Malgache d'origine comorienne, ont été lynchés par la foule sur une plage au nord de la grande île[10],[11] sur la plage d'Ambatoloaka, accusés du meurtre d'un enfant de huit ans. L'ouverture officielle d'une enquête judiciaire n'a jamais été à l'ordre du jour concernant ce fait divers et seule une rumeur a pris le caractère d'une vérité et une foule de plusieurs centaines de locaux avait pris un poste de gendarmerie comme cible, avant d'enlever les deux touristes. Les deux touristes furent arrachés de leur chambre d'hôtel à trois heures du matin et subissaient un violent lynchage populaire[12]. Après un simulacre de « procès » devant la foule sur la plage, les deux touristes, atrocement frappés, étaient mises à nu et jetés à 6 h du matin dans un bûcher avec un pneu autour de la taille. La gendarmerie (dont deux agents assistaient passivement aux meurtres sur la plage) était prévenue au moins cinq fois par téléphone par des témoins avant la tuerie sans intervenir. Un troisième homme, l'oncle de l'enfant disparu, a été capturé par la foule vers 17 h et brûlé vif près de la mosquée, devant plusieurs centaines de personnes. La torture et les meurtres étaient filmés par de nombreux villageois, publiant sur les réseaux sociaux. Malgré les preuves abondantes, la justice malgache prit deux ans pour finalement condamner quatre personnes aux travaux forcée à perpétuité, six autres à des peines plus courtes et 26 acquittés en octobre 2015. Le ministère des affaires étrangères français appelait au moment des faits, de manière générale, à une « vigilance renforcée » des touristes, notamment en raison du niveau élevé de la délinquance[13] - Madagascar présentait en 2013 de « forts risques d'attaques, parfois d'une extrême violence »[14].

« Population et langues », nosybe-island.com, 13 mars 2019. Tamim KARIMBHAY, « Hommage réunionnais romanesque à deux grands personnages bourbonnais : l'Amiral de Hell et le Capitaine Passot », sur Zinfos 974, l'actualité de l'île de La Réunion (consulté le 19 juin 2023) Samuel F. Sanchez, « Plans de colonisation, idées chimériques ? Nosy Be et Mayotte dans les projets français d’expansion dans l’océan Indien occidental et vers Madagascar (1839-1857) », in Dodille N. (dir.), Idées et représentations coloniales dans l’océan Indien du XVIIIe au XXe siècles, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, 2008, p. 167-198. Samuel Sanchez, « Navigation et gens de mer dans le canal de Mozambique : Le boutre dans les activités maritimes de Nosy Be et de l’ouest de Madagascar au XIXe siècle », in Nativel D. & Rajaonah F. (dir.), Madagascar et l’Afrique, entre identité insulaire et appartenance historique, Karthala, Paris, 2007, p. 103-136. Sanchez, « « Commerce régional et à longue distance dans l'ouest de Madagascar au XIXe siècle », », Tsingy, no no 9 « Les sociétés de l’océan Indien et la mer »,,‎ 2008, p. 44-56 (lire en ligne). « S.F. Sanchez, « Un mouvement antiabolitionniste et anticolonial : La révolte sakalava de 1849 dans le Nord-Ouest de Madagascar », in M.-P. Ballarin, M.-L. Derat, H. Médard, T. Vernet (dir.), Traite et esclavage en Afrique Orientale et dans l’Océan Indien », sur www.academia.edu (consulté le 25 avril 2016). « Nosy Be, idée de voyage sur mesure », sur Les Ateliers du Voyage (consulté le 19 juin 2023) « rhum-dzama », sur Au Jardin Vouvrillon (consulté le 19 juin 2023) « Révélations sur l'effroyable lynchage de NosyBe », Le Parisien, 20 février 2015. AFP, « Madagascar : quatre personnes condamnées aux travaux forcés à perpétuité pour le lynchage de Nosy Be », Le Monde, 9 octobre 2015. « Madagascar : qui sont les barbares ? », Libération, 14 octobre 2013 (consulté le 26 septembre 2020). « Procès du lynchage de Madagascar: Frappés et brûlés par une foule en furie », Paris Match,‎ 5 octobre 2015 (lire en ligne). Conseils aux voyageurs : Madagascar. « Madagascar, île de tous les dangers pour le Quai d'Orsay », ipreunion.com, 3 mai 2014.
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