Nonza

Nonza [nɔ̃ts(a)] est une commune française située dans la circonscription départementale de la Haute-Corse et le territoire de la collectivité de Corse. Elle appartient à l'ancienne piève de Nonza dont elle était le chef-lieu, dans le cap Corse.

Préhistoire

Le site du village fut occupé dès la Préhistoire. Des peintures rupestres, datées du IIe millénaire av. J.-C., ont été découvertes dans une grotte nommée Grotta Scritta.

Antiquité

Nonza est situé à l'emplacement de Castrum Nuntiae, un ancien camp romain. Étymologiquement, le nom latin du lieu signifie annonciateur, car le belvédère sur lequel fut construite la forteresse semblait propre à annoncer toute tentative d'incursion dans les Agriates à la colonie de Mariana, située sur la côte orientale. À la fin de l'époque romaine, sainte Julie, la patronne de la Corse, y aurait été martyrisée. Le premier lieu de culte et de pèlerinage à sainte Julie fut bâti à Nonza à la suite de cet évènement, puis le sanctuaire détruit par les Barbaresques en 734.

Moyen Âge

L'existence du village n'est confirmée qu'au Moyen Âge, avec les premiers statuts datés de 1109. Avant cette date, le fief Nonza-Olmeta était celui des seigneurs Avogari[Note 1], cousins des Peverelli seigneurs d'Olcani à La Chiappella.

1109 : soutenus par Pise, les Avogari enlèvent aux Peverelli les pièves de Brando, Olcani, Pietracorbara et Sisco. 1167 : Pise ravage le fief des Peverelli et aide les Avogari à annexer Canari et Ogliastro. 1168 : les Avogari possèdent le tiers central du Cap Corse. 1198 : les Avogari qui étaient entrés dans l'« albergo »[Note 2] Gentile et devenus Avogari-Gentile en 1197, s'emparent du fief des Peverelli (lesquels ne conservent plus que Capraia), du fief des Delle Suere (Cagnano) et imposent leur tutelle aux Da Campo di Luri. 1246 : Agostino Peverelli vend ses droits sur le Cap Corse à Ansaldo Da Mare. L'amiral génois reprend en 1248 le nord-ouest du Cap (Ersa-Giottani) aux Avogari, annexe en 1249 Cagnano et achète les droits d'Aldovrando seigneur de Campo di Luri ainsi que les droits des Avogari sur La Chiappella. 1250 : le sud du Cap (Nonza, Canari et Brando) est aux Avogari et le nord (San Colombano, Motti, Minerbio et Oveglia) à Ansaldo Da Mare. 1336 : Décès de Jean Avogari, fils d'Oberto. Son fief est partagé entre ses fils : Piero hérite de Brando, Lucchino de Nonza et André de Canari. 1347 : Gênes usurpe officiellement la Corse, cédée par le Saint-Siège à l'Aragon en accord avec Pise en 1325. 1358 : Sambucucciu d'Alandu dirige une révolte populaire qui chasse de leurs fiefs les seigneurs remplacés par des caporali. Tous les châteaux sont détruits sauf 6 dont Nonza et San Colombano protégeant le commerce maritime du Cap. 1372 : L'Aragon réalisant ses droits sur la Corse, soutien Arrigo della Rocca, descendant de Giudice, comte de Corse. Arrigo occupe Nonza mais il est repoussé par Colombano Da Mare, fils de Babiano. Lucchino Gentile retrouve son fief de Nonza et peu après se voit confier le château de Farinole. 1420 : Soutenu par l'Aragon, Vincentello d'Istria, neveu d'Arrigo della Rocca, se fait proclamer comte de Corse en 1410, puis vice-roi par le peuple en 1418 à Biguglia. Il prend Bastia grâce à Manfred de Gentile, seigneur de Nonza. 1455 : les villages côtiers commencent à être abandonnés car après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, les Barbaresques comment à razzier les côtes. Ils le feront durant près de trois siècles. C'est à cette époque que Gênes, pour rassurer les populations, impose la construction de tours littorales aux frais des pièves et communautés. 1483 : les 6 fiefs du Cap Corse font promesse de vassalité à l'Office de Saint Georges.

Nonza s'organise autour du château des Peverelli, seigneurs locaux, château qui fut détruit en 1489 par les Génois. À partir de 1336, Nonza fut au centre du fief des Avogari et De Gentile. Ces seigneurs cap corsins d'origine génoise étendaient leur domaine sur Brando, Olcani, Olmeta et une partie d'Ogliastro. Ce territoire correspond approximativement à la pieve religieuse. Le seigneur Vincentello II (1523-1625) exerçait des droits féodaux dans les Agriates et l'Ostriconi, au-delà du golfe de Saint-Florent. Ceci permettait de subvenir aux besoins du village. Faute d'un banc agricole suffisant, les deux tiers des céréales étaient cultivés sur ces terres : la majorité des agriculteurs cap corsins s'exilait donc en été dans les Agriates, au moyen de barques à partir de sa marine. Le troc offrait de nombreux produits méditerranéens (huile d'olive, vin, raisin) en provenance de Sardaigne, de Toscane ou de Ligurie.

À propos de pirates qui menaçaient les navigateurs et les villages côtiers[Note 3], une vieille légende circulait à Nonza : Lors d'une attaque de Nonza par les barbaresques, le commandant de la place s'étant trouvé seul pour défendre le village, les femmes sont venues à la rescousse. Le commandant avait placé les canons en divers endroits. Allant de l'un à l'autre il tirait avec l'aide des femmes. Et sur la Teddia, il hurlait des ordres à ses troupes fictives. Tant et si bien que les barbaresques croyant avoir affaire à un grand nombre d'ennemis bien armés prirent la fuite[1].

Temps modernes  La tour paoline1511 : pour soumettre la Rocca, l'amiral génois Andrea Doria ruine le pays et fait assassiner le comte Rinuccio Della Rocca. Les fiefs corses ne jouent plus aucun rôle politique. 1554 : les Da Mare et les De Gentile combattent encore Gênes. 1579 : Nonza est sévèrement touché par l'épidémie de peste qui sévit à Gênes et en Corse. 1583 à 1590 : c'est la famine et la misère en Corse. Les Barbaresques razzient toutes les côtes. À Cocollo, 60 personnes sont enlevées Vers 1600, Nonza était une « communauté » de la seigneurie Gentile ; elle comptait environ 350 habitants. Les lieux habités étaient Olmeta, Viola, lo Poggio, le Celle, lo Vignale, la Grillasca, Nonza, la Tega, Olcani, Cocollo, Cocollino. On y exploitait du minerai de fer[2]. 1624 : Ogliastro et Cocollo sont ravagés par les Barbaresques. 1625 : la république de Gênes met fin aux seigneuries locales (les fiefs de Nonza et de Brando n'existaient plus que de nom) en imposant une domination directe du gouverneur. Lors de la révolte des Corses contre Gênes, au XVIIIe siècle, Nonza subira de nombreux remous dus à son lien économique à la « terre ferme ». 1748 : la France occupe tout le Cap Corse sauf Nonza, avec le Nebbio, aux mains des Austro-sardes qui quittent rapidement l'île par le traité d'Aix-la-Chapelle. 1757 : Nonza se rallie à Pascal Paoli. 1764 : le 22 août, 3 généraux et 1 200 soldats français quittent Bastia et Saint-Florent. Le 24, ils opèrent une jonction à Nonza et, le 29, occupent tout le Cap Corse défendu par 300 patriotes. Les soldats français firent rapidement prisonniers les troupes corses, au nord du village. La tradition raconte que le commandant corse Jacques Casella fut l'auteur d'un haut-fait à cette occasion : ce soldat blessé resta seul dans la tour paoline ; en criant des ordres dans la tour et grâce à un ingénieux système de ficelles qui lui permettait de faire tirer plusieurs armes en même temps aux meurtrières, il fit croire à une forte résistance et n'accepta de reddition qu'avec les honneurs militaires et le droit d'emporter les armes. La légende veut qu'en voyant Casella sortir de la tour sur des béquilles, Grandmaison demanda où était le reste de la troupe et que le vieux soldat aurait répondu : « La voilà, c'est moi ! » Il fut reconduit dans le Nebbio, auprès de Paoli.Lors de la conquête française, Nonza était considéré comme un point stratégique d'implantation militaire dans le Cap Corse. Le village fut pilonné de la mer pendant toute la journée du 24 août 1764 pour assurer la marche de trois colonnes d'infanterie du capitaine de Grandmaison[Note 4].1789 : la Révolution supprime la province du Capo Corso et la divise en 4 cantons. Le département de Corse est créé, avec Bastia pour préfecture. La pieve de Santa Giulia devient le canton de Nonza. Au XIXe siècle, malgré un important exode rural débuté un siècle plus tôt, la popularisation des desserts en Europe ouvrit au Cap Corse la production et la commercialisation du cédrat. La culture de cet agrume commence en Corse vers 1830. Les bandes de relief s'élevant à moins de 300 m d'altitude furent réaménagées avec des haies pour protéger les cédratiers du gel et du vent et des sociétés d'irrigation furent montées pour abreuver ces arbres capricieux.Les fruits étaient centralisés par les propriétaires depuis différentes marines. À Nonza, ils étaient triés, conditionnés (entiers par caisses, ou en tranches barriques d'eau de mer et entreposés dans les magasins (magazini) de la Marine. Ceux-ci recevaient des commandes de grossistes de Livourne, Marseille ou Nice, qui livraient confiseurs ou parfumeurs à travers toute l'Europe occidentale. Le transport était assuré par brick ou goélette, depuis Saint-Florent ou l'anse de Fornali, avec des équipages locaux. Les navigateurs assuraient en retour le transit des farines et divers matériaux de construction. Le cédrat est toujours produit à Nonza mais la construction, sous le Second Empire, de la route D80, qui ceinture le Cap Corse, a centralisé les opérations de commercialisation sur Bastia et son port.

Au cours du XIXe siècle de nombreux habitants de Nonza s’expatrièrent pour fuir les conditions de vie difficiles au village, le chômage et le déclin agricole. Certains émigrèrent vers le continent, à Marseille en particulier, mais beaucoup également vers l'Amérique, à Porto Rico et à Saint-Domingue pour la plupart.

1829 : ouverture des routes Bastia - Macinaggio. À partir de 1830, les cantons ne portent plus les noms des anciennes pièves mais ceux des chefs-lieux. 1865 à 1880 : ouverture des routes Santa-Severa - Pino, et Macinaggio - Botticella - Nonza - Saint-Florent.Époque contemporaine 1954 : le canton de Nonza est composé avec les communes de Canari, Nonza, Ogliastro, Olcani et Olmeta-di-Capocorso. 1973 : réforme cantonale : les cantons de Nonza et de Brando sont fusionnés sous le nom de Sagro-di-Santa-Giulia, avec pour chef-lieu Brando. 1975 : la Corse est à nouveau partagée en deux départements. Nonza se trouve dans celui de Haute-Corse.


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