نينوى

( Ninive )

Ninive (en akkadien Ninu(w)a ; en arabe نينوه, Naynuwa ; en araméen ܢܝܢܘܐ ; en hébreu נינוה, Nīnwē) est une ancienne ville de l'Assyrie, dans le Nord de la Mésopotamie. Elle se situait sur la rive est (gauche) du Tigre, au confluent du Khosr (ou Khoser, Koussour), à un emplacement aujourd'hui localisé dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, en Irak, dont le centre se trouve de l'autre côté du fleuve. Les deux sites principaux de la cité sont les collines (les « tells ») de Kuyunjik et de Nebī Yūnus.

Ninive est l'une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Elle était un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre. Elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu'elle est devenue l'une des plus grandes cités de toute la région. Elle doit néanmoins sa plus grande expansion urbaine au ch...Lire la suite

Ninive (en akkadien Ninu(w)a ; en arabe نينوه, Naynuwa ; en araméen ܢܝܢܘܐ ; en hébreu נינוה, Nīnwē) est une ancienne ville de l'Assyrie, dans le Nord de la Mésopotamie. Elle se situait sur la rive est (gauche) du Tigre, au confluent du Khosr (ou Khoser, Koussour), à un emplacement aujourd'hui localisé dans les faubourgs de la ville moderne de Mossoul, en Irak, dont le centre se trouve de l'autre côté du fleuve. Les deux sites principaux de la cité sont les collines (les « tells ») de Kuyunjik et de Nebī Yūnus.

Ninive est l'une des plus anciennes cités de Mésopotamie. Elle était un important carrefour de routes commerciales traversant le Tigre. Elle occupait une position stratégique sur la grande route entre la mer Méditerranée et le plateau iranien, ce qui lui a apporté la prospérité, de sorte qu'elle est devenue l'une des plus grandes cités de toute la région. Elle doit néanmoins sa plus grande expansion urbaine au choix du roi assyrien Sennacherib d'en faire la capitale de son grand empire au début du VIIe siècle av. J.-C. Ninive est alors entourée de remparts de briques sur une longueur de 12 km. L'espace total de la cité couvrait 750 hectares à son apogée. L'ensemble de ce vaste espace est aujourd'hui une superposition de ruines recouvertes à certains endroits par les nouvelles banlieues actuelles de la ville de Mossoul. Depuis 2014 et la prise de contrôle de Mossoul par l'État islamique, les ruines de Ninive ont fait l'objet d'importantes destructions.

Le site de Kuyunjik occupe une place importante dans la redécouverte du Proche-Orient ancien au milieu du XIXe siècle par les archéologues qui mettent au jour ses palais et leurs bas-reliefs, ainsi que par les milliers de tablettes cunéiformes qui y ont été exhumées dès les premiers chantiers de fouilles et ont permis la naissance de la discipline assyriologique. Ce même tell présente la séquence archéologique la plus longue de la Mésopotamie, depuis les premières traces d'habitations au VIe millénaire av. J.-C. jusqu'aux dernières vers les XIIIe – XIVe siècles apr. J.-C. Les fouilles de Ninive ont donc livré une partie substantielle des sources des connaissances actuelles sur l'empire assyrien et plus largement la culture de la Mésopotamie antique.

Origines  Le tell de Kuyunjik, vu depuis le nord de Ninive.

Grâce aux avantages de sa situation, un village fondé au VIIe millénaire av. J.-C. sur le tell de Kuyunjik, surplombant alors la confluence des deux cours d'eau locaux, se développa vite et gagna en importance. Un sondage réalisé sous la direction de Max Mallowan en 1931 et 1932 étudia le site jusqu'aux débuts de son occupation, sur le tell de Kuyunjik, et a fait depuis l'objet de nouvelles études[1]. L'occupation la plus ancienne attestée, le niveau 1, remonte à la période de Hassuna, autour de 6500-6000 av. J.-C.

Le niveau 2 a livré un matériel caractéristique de la Période de Samarra et de celle de Halaf, jusqu'à la seconde moitié du VIe millénaire av. J.-C.. Sous la strate suivante, celle d'Obeid (v. 5500-4500 av. J.-C., niveau 3), qui correspond à la fin du Chalcolithique, la région de Ninive connut ses premières influences sud-mésopotamiennes, identifiées sur le site de Tepe Gawra[2].

Période d'Uruk

Au IVe millénaire av. J.-C. (niveau 4), le matériel céramique exhumé à Ninive témoigne du fait que l'influence du sud mésopotamien se faisait de plus en plus forte alors que les types locaux nord mésopotamiens dominaient largement auparavant. Ont ainsi été trouvés des beveled-rim bowls, ou écuelles à bords biseautés, représentatives de la civilisation d'Uruk, ainsi que les premières céramiques réalisées au tour. Il est possible que Ninive fût alors un établissement des « Urukéens », caractéristique de la période d'Uruk, comme Habuba Kabira et Tell Brak en Syrie du Nord[3],[4],[5]. Autre caractéristique de la période, le développement des outils administratifs : les archéologues ont retrouvé à Ninive une bulle d'argile imprimée avec un sceau-cylindre, ainsi qu'un fragment de tablette portant des nombres[réf. nécessaire]. L'extension de l'habitat approcherait déjà 40 hectares à Kuyunjik, alors que le nombre d'habitats augmente dans la région qui l'entoure. C'est peut-être de cette période qu'il faut dater un bâtiment voûté en briques crues, dégagé à proximité du temple d'Ishtar par Campbell-Thompson, ce qui serait un témoignage architectural unique de cette période.

Trouvailles de la période d'Uruk effectuées à Ninive. British Museum.
Écuelle à bords biseautés provenant de Ninive. 
Écuelle à bords biseautés provenant de Ninive.
Bulle en argile avec impression de sceau-cylindre, témoin du développement des pratiques administratives. 
Bulle en argile avec impression de sceau-cylindre, témoin du développement des pratiques administratives.
Ninive V

Les fouilles des années 1930 sur le tell de Kuyunjik ont identifié au cinquième niveau archéologique une période spécifique, qui a été nommée d'après le site et son niveau : la période de Ninive V, ou « Ninivite V » (v. 3000-2500 av. J.-C.), qui succède à la période d'Uruk et est contemporaine du Dynastique archaïque I de Basse Mésopotamie. Elle est caractérisée dans un premier temps par sa céramique réalisée au tour, décorée de motifs généralement géométriques (parfois animaliers) de couleur brun-rouge sombre sur fond clair ; les vases fermés sans anse à pieds coniques sont une de ses formes les plus courantes[6]. Cette période a été par la suite repérée sur plusieurs sites en Haute Mésopotamie. Elle s'avère être déterminante dans le développement urbain des sites de la région, mais est restée mal connue avant des travaux récents qui ont permis d'en savoir plus à son propos[7].

Sur le site de Ninive même, le niveau V a été surtout repéré par le sondage de Mallowan, puis par des fouilles au sud-est de Kuyunjik[8]. La cité avait alors une extension importante, et couvrait probablement tout le tell. Une découverte d'objets de cette période dans la ville basse au nord du tell a montré que cette partie-là a également connu une occupation durant le Ninivite V, ce qui est apparemment la première phase d'habitat de la ville basse. Les empreintes de sceaux-cylindres de cette période mises au jour à Kuyunjik semblent indiquer que Ninive faisait des échanges à longue distance avec la Diyala et la Susiane, ce qui confirme le rôle de centre commercial important qu'occupe cette ville dès ses débuts[9].

Poteries de la période Ninivite V mises au jour à Ninive. British Museum.
Vase peint de la période transitoire Uruk récent-Ninivite V. 
Vase peint de la période transitoire Uruk récent-Ninivite V.
Vase peint. 
Vase peint.
Support peint. 
Support peint.
Poteries à décor incisé. 
Poteries à décor incisé.
Fin du IIIe et début du IIe millénaire av. J.-C. : une ville hourrite  Tête en bronze d'un roi d'Akkad retrouvée dans le temple d'Ishtar de Ninive.

Les derniers siècles du IIIe millénaire av. J.-C., en Mésopotamie, marqués par la domination de deux empires successifs : celui d'Akkad du XXIVe au XXIIe siècle av. J.-C., et celui dit de la troisième dynastie d'Ur (Ur III), au XXIe siècle av. J.-C.. Tous les deux étendent leur domination en Mésopotamie du Nord, mais rien n'indique qu'ils ont pu contrôler Ninive[10]. Selon les inscriptions laissées plus tard par Samsi-Addu, le roi Manishtushu d'Akkad aurait construit (ou restauré) le temple de la déesse Ishtar de Ninive, mais aucune inscription de la période akkadienne qui aurait été écrite sur le site même de Ninive n'a été clairement identifiée, les inscriptions de cette époque exhumées à Kuyunjik ayant probablement été transportées là plus tard. Il en va de même pour les artefacts de cette période trouvés sur le site, dont la fameuse tête royale en bronze représentant un souverain d'Akkad non identifié, qui est un des chefs-d'œuvre de l'art de cette période[11].

Quant à l'influence de la dynastie d'Ur III, elle n'est pas assurée non plus : trois textes de cette époque retrouvés en Basse Mésopotamie contiennent des allusions à Ninive. Ces textes sont : une offrande faite à la déesse Shaushga (Ishtar) locale, une visite de Tish-atal (nom hourrite), dit « l'homme de Ninive » (qui peut être assimilé à son roi), et une réception d'ambassadeurs ninivites à Ur[12]. Ces textes indiquent deux choses : premièrement, Ninive est une ville de peuplement à majorité hourrite, ethnie arrivée dans la région vers la fin de la période akkadienne et peu après celle-ci. Deuxièmement, il n'y a aucune preuve de domination d'Ur III sur les princes du petit État de Ninive. On ne sait pas si le Tish-atal mentionné ci-dessus est le même que le Tish-atal qui règne à Urkesh vers la même époque, ce qui en ferait alors un personnage important[13].

Les trouvailles archéologiques pour les derniers siècles du IIIe millénaire av. J.-C. sont maigres et concentrées à Kuyunjik. Il n'y a aucune preuve archéologique de construction d'un temple par un roi d'Akkad[14]. On a néanmoins identifié un fragment de muraille sur en bordure orientale du tell de Kuyunjik, ce qui constitue la plus ancienne attestation d'une fortification à Ninive[15]. L'habitat s'étend alors probablement sur tout le tell, mais rien n'indique qu'il y a encore une occupation dans la ville basse.

Au début du XVIIIe siècle av. J.-C., les textes de Mari montrent que Ninive (alors appelée Ninet), se trouve bien dans un pays peuplé en majorité de Hourrites et qu'elle fait partie du royaume de la ville, non localisée, de Nurrugûm qui s'étend le long du Tigre, dont elle est le principal centre religieux[16]. Le royaume finit par être l'objet des ambitions du roi Samsi-Addu d'Ekallatum, qui constitue un Royaume de Haute-Mésopotamie et étend ses ambitions vers la région du haut Tigre. Il réussit à s'emparer de Nurrugûm vers 1780, et réside un temps à Ninive même, sans doute pour des motifs religieux[17]. Samsi-Addu entreprend rapidement des travaux dans la ville et restaure le temple principal de la ville, celui de la déesse Ishtar (nommée Shaushga en hourrite), ce qu'apprend une inscription de fondation déjà évoquée, dans laquelle il se présente comme le successeur de l'œuvre du roi Manishtushu d'Akkad[18]. De cette période datent quelques autres inscriptions royales et des tablettes cunéiformes, des lettres et des textes littéraires, dont des possibles fragments de l'Épopée de Gilgamesh[19]. Peu après l'effondrement du royaume de Samsi-Addu, c'est Hammurabi de Babylone qui étend apparemment son autorité sur Ninive : Ishtar de Ninive et son temple (appelé É.MÈŠ.MÈŠ) sont mentionnés dans le prologue du Code de Hammurabi, aux côtés des autres grandes villes du royaume[20].

La domination babylonienne ne dépasse pas la fin du XVIIIe siècle av. J.-C. et la suite de l'histoire de Ninive dans la première moitié du IIe millénaire av. J.-C. est mal connue. D'après un texte bilingue écrit en hourrite et en hittite retrouvé à Boğazkale, l'ancienne capitale hittite, Hattusha, un roi hourrite du nom de Pizikarra aurait régné à Ninive vers 1600 av. J.-C. et aurait eu une puissance suffisante pour détruire la cité d'Ebla en Syrie du Nord[21],[22]. Il aurait également fait alliance avec le roi hittite Mursili Ier, ce qui aurait permis d'épargner Ninive lors de l'expédition menée par celui-ci vers la Basse Mésopotamie peu après et qui aboutit au sac de Babylone. Un souverain de la Liste royale assyrienne, Shu-Ninua, qui aurait régné sur Assur vers cette période, a un nom comportant le terme Ninive, ce qui indique peut-être que les deux villes sont alors liées[23]. En dehors de ces sources extérieures à la ville, la présence d'un royaume à Ninive à cette période est difficile à évaluer.

Comme toute la Haute Mésopotamie, Ninive est durant le XVe et le début du XIVe siècle av. J.-C. sous le contrôle des souverains du Mittani. Elle apparaît régulièrement dans les sources de cette époque par le biais de sa grande déesse, Ishtar (akkadien)/Shaushga (hourrite) de Ninive[24],[25],[26]. Cette divinité est attestée au sein de listes d'offrandes de la Troisième dynastie d'Ur. Importante durant la première moitié du IIe millénaire, elle dispose d'un rayonnement international dans la seconde moitié de ce même millénaire, puisque le roi mittanien Tushratta, dont elle est la déesse personnelle, envoie sa statue en Égypte, au pharaon Amenhotep III, comme l'avait fait son prédécesseur nommé Artashumara[27]. Cette divinité est également révérée chez les Hittites, en Anatolie.

Extensions approximatives des royaumes dominant Ninive au deuxième millénaire av. J.-C.
Le Royaume de Haute-Mésopotamie à la mort de Samsi-Addu vers 1775 av. J.-C. 
Le Royaume de Haute-Mésopotamie à la mort de Samsi-Addu vers 1775 av. J.-C.
Le royaume de Hammurabi de Babylone à son apogée (milieu du XVIIIe siècle av. J.-C.). 
Le royaume de Hammurabi de Babylone à son apogée (milieu du XVIIIe siècle av. J.-C.).
Le royaume du Mittani à son apogée dans la première moitié du XVe siècle av. J.-C. 
Le royaume du Mittani à son apogée dans la première moitié du XVe siècle av. J.-C.
Le royaume médio-assyrien entre la fin du XIIIe et le début du XIe siècle av. J.-C. 
Le royaume médio-assyrien entre la fin du XIIIe et le début du XIe siècle av. J.-C.
L'intégration de Ninive dans le royaume assyrien : une importance croissante  Le cœur historique de l'Assyrie avec ses principales villes dont Ninive (en rouge), et l'empire assyrien lors de son extension maximale sous le règne d'Assurbanipal au milieu du VIIe siècle av. J.-C. (en orange). Statue fragmentaire de femme nue, mise au jour dans le temple d'Ishtar de Ninive, avec dédicace d'Assur-bel-kala (1073-1056 av. J.-C.). British Museum.

Vers le milieu du XIVe siècle av. J.-C., Ninive est incorporée dans le royaume assyrien par Assur-uballit Ier, qui vient de vaincre le royaume du Mittani. Progressivement, l'élément hourrite tend à être supplanté par les Assyriens dans la région. Au XIIIe siècle av. J.-C., les rois Salmanazar Ier et Tukulti-Ninurta Ier rénovent à plusieurs reprises le temple d'Ishtar et semblent y accorder une grande importance, faisant de Ninive la métropole religieuse de leur royaume[28]. Les travaux effectués du temps de Salmanazar surviennent après un séisme qui a causé la destruction de différents bâtiments, ce qui entraîne d'importants chantiers de reconstruction.

Il semble que le culte d'Ishtar de Ninive prenne une plus grande importance à partir du XIIe siècle av. J.-C. Son temple est restauré par les rois au moins jusqu'au XIe siècle av. J.-C. On connaît aussi par les textes l'existence d'un temple nommé bīt akītu à Ninive, destiné probablement au déroulement d'une fête (akītu) et considérée comme l'une des plus importantes de la tradition mésopotamienne. Salmanazar Ier est le premier roi à établir un palais royal à Ninive et deux autres sont construits sous ses successeurs ; le premier est érigé par Assur-resh-ishi Ier[29] et Teglath-Phalasar Ier, celui de ce dernier ayant été entouré d'un jardin alimenté par un canal dérivé depuis le Khosr[30]. Les restes de ces édifices n'ont pu être identifiés avec certitudes sur le terrain, de même que les niveaux de cette période du temple d'Ishtar. La ville basse est déjà bien développée à cette période et le tell de Nebi Yunus devient sans doute un arsenal[31].

Située au cœur de l'Assyrie, Ninive reste toujours une possession de ses rois dans les temps difficiles qui suivent le XIIe siècle av. J.-C., même lorsque les Araméens réduisent considérablement leurs possessions au début du Ier millénaire av. J.-C.. Au début de la période néo-assyrienne (934-609 av. J.-C.), la ville profite du prestige du pays pour s'enrichir et pour gagner en importance ; les souverains assyriens continuent d'y aménager des palais et de restaurer ses temples.

Un premier changement survient quand Assurnasirpal II (883-859 av. J.-C.) déplace sa capitale d'Assur à Kalkhu, située dans la même vallée fertile que Ninive, au sud de cette dernière. En plus d'un important programme de constructions dans sa nouvelle capitale, ce roi restaure le temple d'Ishtar et y fait construire un palais où il réside souvent au début de son règne. Ses trois successeurs construisent à leur tour un palais à Ninive, le dernier, Adad-nerari III (810-783 av. J.-C.), restaurant également le temple de Nabû[32]. Cette ville sert également de base de départ pour des expéditions menées vers la Syrie ou l'Anatolie, et est de ce fait régulièrement une résidence royale. Durant le VIIIe siècle av. J.-C., plusieurs de ses gouverneurs apparaissent dans les listes d'éponymes dont le nom sert de référence pour dater les années en Assyrie, signe de l'importance de la ville[33]. Sargon II (721-705 av. J.-C.) change à nouveau la capitale du royaume, la déplaçant de Kalkhu à Dur-Sharrukin, fondée pour l'occasion et située quelques kilomètres au nord de Ninive. Il entreprend aussi des constructions importantes à Ninive telles que la restauration du temple d'Ishtar et de sa ziggurat et la construction d'un temple de type bīt akītu[34].

D'après les descriptions que donne Sennachérib, le souverain suivant, de l'état de Ninive avant les travaux qu'il y fait réaliser, on peut déduire que l'espace habité de la ville s'étendait alors sur le tell de Kuyunjik, où étaient concentrés plusieurs bâtiments publics et religieux importants, ainsi que le tell de Nebi Yunus et la ville basse au nord de Kuyunjik, où passait probablement un cours d'eau, et qui n'était pas enclose dans un mur. Le nombre de personnes vivant à Ninive à cette période a pu être estimé très approximativement à 15 000[35],[36].

La nouvelle capitale de l'Empire assyrien, un gigantesque chantier  Sennacherib sur un char, d'après un bas-relief de Ninive. Le transport d'une statue de taureau ailé entre une carrière et le palais royal, d'après un bas-relief de Ninive. Stèle portant une inscription de Sennachérib commémorant le chantier de Ninive. Musée archéologique d'Istanbul.

C'est le roi Sennacherib (704-681 av. J.-C.) qui entreprend vers 700 de faire de Ninive la capitale de son puissant empire, qui s'étend de l'Iran occidental à la Méditerranée. Pour cela, il va engager des moyens considérables, dans le but de faire de la ville une métropole d'une dimension bien supérieure à celles voulues par ses prédécesseurs, la plus grande et la plus belle de toutes. En ce sens, Ninive marque l'apogée de la tradition urbanistique assyrienne. En même temps, toute la campagne qui entoure la capitale est réaménagée. Cette œuvre de construction est évoquée dans divers textes relatant ce règne, d'une importance de même niveau que cella des campagnes militaires, et apparaît également dans de nombreux bas-reliefs de son palais royal[37].

Le roi Sennacherib commença par faire passer son périmètre de 5 à 12 km, soit une surface d'environ 750 hectares pour environ 150 hectares précédemment. La ville fut étendue en longueur, au-delà du Khosr et vers le sud (cette rivière coupant la ville en deux vers son milieu), pour atteindre 5 kilomètres de long, et en largeur, vers le nord-est, où elle mesure 2 kilomètres[38],[39]. Des murailles puissantes furent bâties et percées de quinze portes. Les rues furent agrandies, et une « voie royale » d'environ 31 mètres de large et bordées de stèles fut percée et devait être préservée à tout prix : quiconque construirait un bâtiment qui empièterait dessus serait empalé[40]. Les constructeurs percèrent également des places et restaurèrent tout ce qui tombait en ruine.

D'autres aménagements importants furent entrepris pour maîtriser l'eau de la région de Ninive, afin d'améliorer la vie des habitants de la campagne et de la ville, la productivité des campagnes destinées à nourrir l'importante population de cette dernière, ainsi que de créer des espaces d'agrément[41],[42]. Le cours du Khosr fut canalisé, contrôlé par deux nouveaux barrages et son débit fut augmenté par le détournement d'eau venant de la région haute au nord de la ville, amenée par différents ouvrages d'art dont le plus notable est l'aqueduc de Jerwan. Sennachérib fit ensuite identifier tous les points d'eau disponibles autour de Ninive pour augmenter les disponibilités, notamment en saison chaude. Cela a permis d'augmenter la zone cultivée autour de Ninive, d'alimenter de vastes parcs et jardins hors de la ville et à l'intérieur ; tout le paysage de la région entourant Ninive fut donc bouleversé, puisqu'on alla jusqu'à créer des marécages ainsi qu'une sorte de réserve naturelle d'agrément, dans l'espace rural.

Sennachérib concentra son œuvre sur le tell de Kuyunjik, où il édifia le grand « Palais sans rival ». Les récits du roi relatifs à la fondation de cet édifice sont abondants et fournissent de nombreux détails, même s'ils contiennent des incohérences (par exemple, les dimensions de la terrasse du palais diffèrent selon les versions du texte de fondation[43]). Le palais fut construit sur la partie sud-ouest de la citadelle, sur l'emplacement d'un ancien palais qui tombait en ruine à cause de l'érosion provoquée par la rivière Khosr, qui coulait en contrebas. Le vieil édifice fut d'abord rasé, puis le cours de la rivière fut détourné pour pouvoir élargir les puissantes fondations du palais et les relever[43]. Ce programme put être réalisé grâce à l'exploitation d'une nouvelle carrière de pierre destinée à la réalisation des sculptures (notamment à destination de la statuaire des taureaux androcéphales), ainsi que d'une nouvelle forêt de cèdres dans les montagnes, qui permettent de compléter les anciennes régions d'extraction de ces matières premières. Ces trouvailles sont célébrées par Sennachérib comme des miracles voulus par les dieux, qui ainsi marqueraient leur approbation envers son œuvre de construction[44]. La décoration intérieure du palais fut également l'objet de nombreuses attentions et l'occasion de réalisations spectaculaires dont se glorifiait le roi, comme les statues géantes en cuivre et en bronze, les taureaux ailés sculptés, etc.[45] Les autres palais de Kuyunjik furent restaurés, de même que les temples, et le vieil arsenal de Nebi Yunus.

Pour réussir son entreprise, Sennachérib dut donc mobiliser des ressources matérielles énormes venant parfois d'endroits éloignés de son royaume (notamment le bois et les métaux), mais il dut également mobiliser des moyens humains considérables[46]. Une grande partie des travaux sont effectués par des déportés, mais aussi peut-être par des sujets d'Assyrie au titre de corvée. Les récits de construction ne cachent pas le fait que certaines de ces tâches étaient harassantes, notamment l'extraction et le transport de blocs de pierres ou de sculptures monumentales. Il fallut aussi employer en nombre plus réduit des artisans et ouvriers spécialisés, qui pouvaient venir de tout l'empire, mais aussi des maîtres d'œuvre sur lesquels il existe très peu d'informations.

L'inauguration des nouvelles constructions firent l'objet de fêtes[47]. Quand il eut achevé son « Palais sans rival », Sennachérib invita Assur et les autres grands dieux d'Assyrie (en fait les statues de leurs grands temples) à un banquet somptueux au cours duquel il leur fit des offrandes, servant à assurer la protection divine pour l'édifice. Il fit des fêtes à d'autres occasions, notamment lors de l'achèvement du canal principal, faisant des sacrifices aux dieux pour la postérité de la construction et offrant même à l'occasion des vêtements et objets précieux aux personnes qui avaient participé à sa difficile construction, geste inédit dans les récits de construction assyriens.

 Assurbanipal en train de boire avec son épouse, d'après un bas-relief de son palais à Ninive.

Les successeurs de Sennacherib continuèrent à embellir la ville et à restaurer et améliorer certains de ses édifices. Sur le tell de Nebi Yunus, Assarhaddon reconstruit l'arsenal. À Kuyunjik, Assurbanipal, après avoir occupé dans un premier temps le palais de Sennacherib, restaura un ancien palais déjà réaménagé, le bīt-redūti (« Maison de l'héritier ») : c'est le « Palais nord ».

L'importance de la population de Ninive à son apogée demeure une question. Si on évalue le nombre d'habitants possibles en fonction de l'espace enclos par les murs, en prenant en compte un taux de 100 habitants par hectare (très approximatif étant donné que tout l'espace n'était pas habité et que d'autres quartiers étaient densément peuplés), on arriverait à approximativement 75 000 habitants[48],[36].

La chute de Ninive  Tablette de la chronique babylonienne rapportant la chute de Ninive. British Museum.

Après la fin du règne d'Assurbanipal, l'Assyrie décline brutalement et se retrouve menacée en son cœur par les assauts des Babyloniens et des Mèdes[49],[50]. En 614 av. J.-C., les Mèdes, seuls, mènent une campagne en Assyrie, campagne qui voit la chute d'Assur et un premier assaut vers Ninive, qui échoue cependant. Une seconde campagne est menée en 612, par les deux alliés ensemble, avec pour but la prise de Ninive. Le siège dure seulement trois mois, au cours de l'été, et la ville tombe le 10 août 612 ; le roi assyrien Sîn-shar-ishkun meurt durant ces combats. La ville est pillée et est détruite, événement qui marque la fin de l'empire assyrien.

« La [14e année (612)], le roi d'Akkad (Babylone) rassembla ses troupes [et marcha sur l'Assyrie]. Le rois des Umman-manda (Mèdes) [se rendit] en présence du roi d'Akkad [et le roi d'Akkad et Cyaxare (le roi des Mèdes)] se rencontrèrent à [...]u. Le roi d'Akkad et son armée [traversèrent le Tigre, Cy]axare fit traverser le [Rad]anu et ils firent mouvement le long de la rive du Tigre ; au [mois de Siwan, le ...e jour, ils dressèrent le camp] devant Ninive. Du mois de Siwan au mois d'Ab, pendant 3 mois, [ils (?) ... (et)] ils livrèrent une rude bataille à la ville. Au mois d'Ab, [le ...e jour], ils infligèrent une écrasante [défaite] à un [gr]rand [peuple]. À ce moment mourut Sîn-shar-ishkun, le roi d'Assy[rie .. (?)..]. Ils prirent un important butin dans la ville et dans le temple et [réduisirent] la ville en un monceau de dé[combres]. »

— Extrait d'une chronique babylonienne rapportant la chute de Ninive[51].

 La porte d'Adad et un pan des murailles de Ninive, après reconstruction moderne.

Les fouilles de certaines portes de la cité ont apporté des éléments nouveaux sur le déroulement du siège[52] et en particulier celles de Shamash, d'Adad et de Halzi. Elles témoignent de la préparation des Ninivites au siège, puisque leurs entrées sont rétrécies et que des tours de défense sont sans doute ajoutées à la troisième. Seule la porte d'Adad, au nord, et celle de Halzi, au sud, portent des traces d'attaque. Dans la seconde, on a retrouvé les cadavres d'une douzaine d'individus morts au cours de l'assaut final. Celle de Shamash, proche de la porte de Halzi, n'a en revanche livré aucune trace de combat. Selon D. Stronach, les assaillants auraient porté leurs attaques sur quelques points stratégiques de l'enceinte, aux extrémités nord et sud le cas échéant, pour profiter de la taille de la ville et obliger ainsi les défenseurs à se disperser. Il suppose également que les zones de la muraille bordant le Khosr ont dû faire l'objet d'assauts. Plusieurs traditions (narrées par Diodore de Sicile et dans le Livre de Nahum) rapportent qu'une inondation se serait alors produite, ce qui pourrait indiquer que la rivière a joué un rôle dans la chute de la ville.

Période post-impériale

Les trois siècles suivant la chute de l'empire assyrien sont très mal connus, en ce qui concerne la région de l'ancienne Assyrie. Il n'y a en effet quasiment pas de textes provenant de cette région et aucun ne sont clairement attestés comme venant de Ninive. La culture matérielle post-assyrienne n'a pas, par conséquent, pu être déterminée[53],[54],[55].

En tant que capitale et plus grande métropole assyrienne, Ninive fut la cible principale de l'assaut final des Babyloniens et des Mèdes en 612 av. J.-C. La ville subit un pillage et des destructions très violentes, même si rien n'indique que sa population fut massivement massacrée ou déportée. Les édifices principaux ont été détruits et quelques-uns sont partiellement réoccupés peu après : le temple de Nabû, une partie du palais Sud-Ouest ainsi qu'une partie à l'est de Kuyunjik, identifiés par les fouilleurs du site comme des niveaux de « squatters », c'est-à-dire de personnes qui réutilisent des pièces et des orthostates pour aménager un habitat dans ces ruines[56]. Les alentours de la ville sont encore habités à l'époque achéménide selon le témoignage de Xénophon, de passage dans la région lors de la retraite des Dix Mille, vers 400 av. J.-C. Il rapporte dans son Anabase être passé avec son armée aux abords des ruines d'une ville appelée Mespila, couramment identifiée comme étant Ninive et qui semble inhabitée à ce moment mais qui sert de refuge aux habitants de la campagne environnante du fait de ses murailles restées imposantes[57],[58].

Périodes hellénistique et partho-romaine : le nouvel essor de Ninive

L'évolution politique de la Haute Mésopotamie après la chute de l'empire perse est complexe et elle est surtout connue dans les grandes lignes, la situation particulière de Ninive étant mal connue[59]. Elle connaît toutefois une reprise et redevient une ville importante au moins à la période de la domination des Parthes. Kuyunjik est apparemment encore habitée, ainsi que la ville basse au nord de Kuyunjik mais aussi au sud du Khosr, où ont été dégagés des bâtiments et des objets (des monnaies et des poteries) de cette époque. Des tombes voûtées ont également été identifiées sur la rive droite du Khosr à l'est de Kuyunjik.

Après la bataille de Gaugamèles remportée par le Macédonien Alexandre le Grand contre l'armée perse en 331 av. J.-C. et qui s'est probablement déroulée dans la plaine à proximité de Ninive, l'Assyrie passe sous domination grecque[60],[61]. Elle est ensuite contrôlée par les rois séleucides, puis devient l'objet de conflits entre plusieurs royaumes qui se succèdent sur son sol : vers 141 av. J.-C., le roi des Parthes Mithridate Ier vainc une première fois les Séleucides, et ses successeurs chassent les rois grecs définitivement de Mésopotamie, après d'autres conflits. La situation politique de la Haute Mésopotamie sous la période parthe est complexe. Vers 80 av. J.-C., le roi Tigrane II d'Arménie étend temporairement son royaume sur le Nord de la Mésopotamie, qui repasse ensuite sous domination parthe malgré les tentatives romaines. Elle voit aussi le développement du royaume d'Adiabène qui change plusieurs fois d'alliance dans les rivalités des grandes puissances[62]. En 116, lors de l'invasion de la région par Trajan, Ninive est intégrée à l’éphémère province romaine d'Assyrie, qui disparaîtra en moins d'un an. Durant les décennies suivantes, la Haute Mésopotamie vit une période tourmentée, car elle est située dans la zone de lutte entre Romains et Parthes puis Sassanides.

Il semble que Ninive devienne à un moment une cité grecque et une communauté de colons grecs s'y installe. Cette fondation remonte peut-être au règne de Séleucos Ier, fondateur de la dynastie des Séleucides, vers 300 av. J.-C., ou sous un de ses successeurs ; à moins qu'il ne faille retenir une date bien plus tardive, vers 80 av. J.-C., sous Tigrane II d'Arménie, souverain hellénisé. En réalité, nous sommes informés du fait que Ninive est une cité peuplée par une communauté grecque par des trouvailles provenant essentiellement de la période de la domination des Parthes[63]. Des pièces de période séleucide et parthe ont en effet été trouvées dans la ville, qui a peut-être disposé d'un atelier de frappe de monnaies. Plusieurs inscriptions en grec ont été trouvées sur des objets exhumés à Ninive. Une colonne a été dédicacée à des dieux par un certain Apollophanes, stratège et épistate de la cité. L'œuvre d'art la plus remarquable de cette période est une statue de 50 cm de haut en calcaire représentant Héraclès Epitrapezios (identifié comme Hermès lors de sa découverte), réalisée par un certain Diogène au Ier siècle ou au IIe siècle de notre ère. Elle a été déposée dans un petit temple (de 3 mètres sur 4,4 mètres) dégagé dans la ville basse juste au nord de Nebi Yunus et dont le plan rappelle les anciens temples d'époque assyrienne[64]. À proximité, on a retrouvé un ancien autel assyrien inscrit au nom de Sennachérib et réutilisé puis dédicacé par un magistrat local nommé Apollonios. Cette partie de la ville basse semble donc être importante durant les premiers siècles après Jésus-Christ. Cependant, ces traces d'hellénisation de la région ne remettent pas en question le fait que la région soit majoritairement peuplée d'Araméens, tandis que les Grecs perdent en importance au fil du temps.

   
Parures de l'époque parthe exhumées dans des tombes de Ninive : boucle de ceinture en or et boucles d'oreille en or et pierres précieuses. British Museum.

Kuyunjik reste la partie principale de Ninive, sans doute celle où se trouvent les bâtiments publics les plus importants, notamment les temples[65]. Des poteries, des restes de colonnes ou de statues de la période parthe y ont été exhumées. Deux trésors de monnaies contenant des pièces romaines et parthes du IIIe siècle apr. J.-C. ont été fouillés. Des tombes situées sur les ruines de l'ancien temple d'Ishtar ont livré un riche matériel, notamment des bijoux en or et pierres précieuses, datant probablement du début du IIe siècle après Jésus-Christ. Tout cela atteste de la prospérité de Ninive à cette période.

Périodes sassanide et islamique : un important lieu de culte

Après la désastreuse campagne de l'empereur romain Julien face aux Perses Sassanides en 363 apr. J.-C., Ninive passe sous le contrôle de ces derniers qui y installent à leur tour une garnison frontalière[66],[67]. La culture matérielle de la ville acquiert alors des traits perses qui se retrouvent dans les quelques découvertes de cette période (monnaies, sceaux, objets en verre, etc.), provenant généralement de Kuyunjik, l'habitat semblant alors se resserrer autour de ce tell et de celui de Nebi Yunus. En 627, la plaine de Ninive est le théâtre d'une bataille entre les troupes byzantines et sassanides. C'est un peu plus de dix ans plus tard, en 637/8 ou en 641/2 que Ninive est prise par les troupes arabo-musulmanes.

 La mosquée du mausolée du prophète Jonas (Nebi Yunus) en 1999.

Sur le plan religieux, Ninive est alors devenue une cité chrétienne importante (tout en hébergeant une communauté juive elle aussi de taille notable), puisque s'y trouvent les sièges d'évêchés nestorien et jacobite, ce dernier étant occupé au VIIe siècle par le théologien Isaac de Ninive qui n'y reste que cinq mois, ce qui n'empêche pas qu'on l'associe couramment à cette ville. Un monastère nestorien est construit sur Nebi Yunus, sans doute en lien avec la légende rapportant la venue du prophète Jonas à Ninive[68],[69]. Les souverains perses, bien que zoroastriens, tolèrent la religion chrétienne et restaurent parfois les monastères de la région. La même tolérance existe sous les premiers temps de la domination musulmane, mais une large partie de la population se convertit peu à peu à l'islam. Divers objets retrouvés à Kuyunjik attestent de la présence d'une communauté paléo-chrétienne dans la ville[70]. Elle est notamment caractérisée par des poteries marquées d'une croix à branches de longueurs égales, motif qui se retrouve également sur une lampe en alliage à base de cuivre, et des plaques de stuc représentant des croix de différentes formes, qui sont des sortes d'icônes caractéristiques du christianisme de l'Irak des VIIe et VIIIe siècles.

Après la conquête arabe, Ninive décline face à sa voisine Mossoul, qui devient peu après la conquête une ville militaire (miṣr) et la capitale politique de la région, disposant d'une forte garnison, puis connaît une forte croissance[71]. L'évêché nestorien de Ninive fut finalement fusionné à celui de Mossoul au IXe siècle. Cependant, une portion du site de l'antique capitale assyrienne garde une certaine importance : la colline de Nebi Yunus, qui passe pour porter le tombeau du prophète Jonas et qui a de ce fait le statut de lieu de pèlerinage, l'un des plus fréquentés de la Haute Mésopotamie[69],[72]. Une mosquée remplace l'ancien monastère chrétien. Elle est entourée au Xe siècle d'une hôtellerie visant à accueillir les pèlerins, à l'initiative de l'émir de Mossoul, Nasir al-Dawla des Hamdanides. Elle voisinait également un cimetière où sont enterrés des personnes recherchant la proximité du lieu saint. Une source thermale située à l'est du tell (ʿAyn Yūnus) est également visitée par des malades cherchant la guérison. Ce site apparaît dans les textes arabes des époques médiévale et moderne comme le Tall al-Tawba, la « Colline du repentir », en référence à la mission qu'aurait accomplie Jonas sur ce lieu. Quant au tell de Kuyunjik, il apparaît sous le nom de Kalʿat Nunia, la « Citadelle de Ninive », ou plus simplement al-Kalʿa, « la Citadelle », en référence aux ruines qui s'y trouvent[73],[74]. Son nom actuel est celui d'un village qui y est attesté au début du XIXe siècle, peuplé par des paysans de la minorité religieuse des Yézidis[75]. Ils sont massacrés en 1836 au cours d'un des accès de violence religieuse qui agite alors la Haute Mésopotamie, et leur village est détruit, ce qui explique pourquoi les premiers fouilleurs purent explorer ce tell[74].

(de) R. V. Gut, Das prähistorische Ninive, Zur relativen Chronologie der frühen Perioden Nordmesopotamiens, 2 vol., Mainz, 1995. Reade 2000, p. 395-396 Stronach 1994, p. 87-88 (en) G. Algaze, « Habuba on the Tigris: Archaic Nineveh Reconsidered », dans Journal of Near Eastern Studies 45/2, 1986, p. 125-137 Stronach 1994, p. 88–92 (en) R. V. Gut, « The Significance of the Uruk sequence at Nineveh », dans J. N. Postgate (dir.), Artefacts of Complexity, Tracking The Uruk In The Near East, Warminster, 2002, p. 17-48 M. Yon (dir.), Dictionnaire illustré multilingue de la céramique du Proche-Orient ancien, Lyon, 1985, p. 166 (en) H. Weiss et E. Rova, The Origins of North Mesopotamian Civilization: Ninevite 5 Chronology, Economy, Society, Turnhout, 2003 Stronach 1994, p. 92-93 D. Collon, « Les empreintes de la période Ninivite 5 à Ninive », dans C. Breniquet et C. Kepinski (dir.), Études mésopotamiennes, Recueil de textes offerts à Jean-Louis Huot, Paris, 2001, p. 121-150 C'est la thèse de (en) J. Goodnick Westenholz, « The Old Akkadian Presence in Nineveh: Fact or Fiction », dans Nineveh 2004-2005, p. 7-18. Voir aussi (en) J. Reade, « The Ishtar Temple at Nineveh », dans Nineveh 2004-2005, p. 357-358 (en) M. E. L. Mallowan, « The Bronze Head of the Akkadian Period from Nineveh », dans Iraq 3/1, 1936, p. 104-110 ; Benoit 2003, p. 258-259 ; (en) J. Reade dans Nineveh 2004-2005, p. 358-361 J. Goodnick-Westenholz dans Nineveh 2004-2005, p. 10-11 (en) R. M. Whiting, « Tiš-atal of Nineveh and Babati, Uncle of Šu-Sin », dans Journal of Cuneiform Studies 28/3, 1976, p. 174-178 (en) J. Goodnick Westenholz dans Nineveh 2004-2005, p. 8-10 Stronach 1994, p. 93 (en) N. Ziegler, « The conquest of the holy city of Nineveh and the kingdom of Nurrugûm by Samsî-Addu », dans Nineveh 2004-2005, p. 19-21 (en) N. Ziegler dans Nineveh 2004-2005, p. 21-25 (en) N. Ziegler dans Nineveh 2004-2005, p. 25-26 ; (en) J. Reade dans Nineveh 2004-2005, p. 362-366 (en) S. Dalley, « Old Babylonian Tablets from Nineveh ; And Possible Pieces of Early Gilgamesh Epic », dans Iraq 63, 2001, p. 155-167 ; (en) J. Reade dans Nineveh 2004-2005, p. 366-369 Code de Hammurabi, IV, 53-63. Traduit dans A. Finet, Le Code de Hammurabi, Paris, 2002, p. 45 E. Neu, « La bilingue hourro-hittite de Hattousha : contenu et sens », dans Amurru 1, 1996, p. 189-195 ; (de) Id., Das hurritische Epos der Freilassung, I: Untersuchungen zu einem hurritisch hethitischen Textensemble aus Ḫattuša, Wiesbaden, 1996 (en) M. C. Astour, « Reconstruction of the History of Ebla (Part 2) », dans Eblaitica 4, 2002, p. 141-147 Reade 2000, p. 396 M. Vieyra, « Ištar de Ninive », dans Revue Assyriologique 51, 1957, p. 83-102 et 130-138 (en) G. Beckman, « Ištar of Nineveh Reconsidered », dans Journal of Cuneiform Studies 50, 1998, p. 1-10 (en) W. G. Lambert, « Ištar of Nineveh », dans Nineveh 2004-2005, p. 35-40 EA 23, voir aussi EA 24. Traduites dans W. L. Moran, Les lettres d'El Amarna, Paris, 1987 A. Tenu, « Ninive et Aššur à l'époque médio-assyrienne », dans Nineveh 2004-2005, p. 28-30 (en) L. W. King et A. K. Grayson, « The Palace of Ashur-Resha-Ishi I at Nineveh », dans Iraq 63, 2001, p. 169-170 A. Tenu dans Nineveh 2004-2005, p. 30 A. Tenu dans Nineveh 2004-2005, p. 31-32 Stronach 1994, p. 96-97 SDB 1960 col. 499 Stronach 1994, p. 97 Stronach 1994, p. 97-99 ↑ a et b Reade 2000, p. 395 Textes traduits et présentés dans RINAP 3/1 2012 (généralités sur les des travaux aux p. 16-22). Lackenbacher 1990 comprend de nombreux passages sur les récits de Sennachérib relatifs à la construction de sa nouvelle capitale, et surtout de son palais royal, avec des extraits traduits. Lackenbacher 1990, p. 105 Stronach 1994, p. 100 Lackenbacher 1990, p. 96 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées canaux Wilkinson et al. 2005, p. 26-32 ↑ a et b Lackenbacher 1990, p. 98 Lackenbacher 1990, p. 85-86 Lackenbacher 1990, p. 117-121 Lackenbacher 1990, p. 71-76 Lackenbacher 1990, p. 148 Stronach 1994, p. 103 (en) « Introduction Chronique de la chute de Ninive, Livius.org » Joannès 2000, p. 33 J.-J. Glassner, Chroniques mésopotamiennes, Paris, 1993, p. 195. (en) D. Stronach, « Notes on the fall of Nineveh », dans S. Parpola et R. M. Whiting (dir.), Assyria 1995. Proceedings of the 10th Anniversary Symposium of the Neo-Assyrian Text Corpus Project, Helsinki, 1997, p. 307-324 (en) S. Dalley, « Nineveh after 612 B.C. », dans Altorientalische Forschungen, 20, 1993, p. 134-147 (en) J. Curtis, « The Assyrian heartland in the period 612-539 B.C. », dans G. B. Lanfranchi, M. Roaf et R. Rollinger (dir.), Continuity of Empire (?) Assyria, Media, Persia, Padoue 2003, p. 157-167 (en) id., « The Achaemenid Period in Northern Iraq », dans P. Briant et R. Boucharlat (dir.), L'archéologie de l'empire achéménide : nouvelles recherches, Paris, 2005, p. 175-195 (en) D. Stronach, « Excavations at Nineveh, 1987 », dans Sumer 46, 1989-90, p. 107-108 Xénophon, Anabase, III.4.10-11 F. Joannès, « L'itinéraire des 10 000 en Mésopotamie », dans P. Briant (dir.), Dans les pas des Dix-Mille : peuples et pays du Proche-Orient vus par un Grec, Toulouse, 1995, p. 197 Reade 1998. Voir aussi (en) J. Reade, « More about Adiabene », dans Iraq 63, 2001, p. 187-199. Reade 1998, p. 65-67 Reade 2000, p. 428-429 Reade 1998, p. 68 Reade 1998, p. 68-72 Scott et MacGinnis 1990, p. 69-71 Reade 1998, p. 76-78 Reade 1998, p. 78 (en) StJohn Simpson, « Christians at Nineveh », dans Nineveh 2004-2005, p. 285 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées sdb486 ↑ a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées islam52 (en) StJohn Simpson dans Nineveh 2004-2005, p. 285-292 E. Honigmann, « al-Mawṣil, 1. Histoire jusqu'en 1900 », dans Encyclopédie de l'Islam VI, Louvain, 1989, p. 891 E. Honigmann, « al-Mawṣil, 1. Histoire jusqu'en 1900 », dans Encyclopédie de l'Islam VI, Louvain, 1989, p. 892 SDB 1960 col. 486 et 491 ↑ a et b M. E. J. Richardson, « Nīnawā », dans Encyclopédie de l'Islam VIII, Louvain, 1993, p. 51 Reade 2000, p. 429
Photographies by:
Zones
Statistics: Position
8403
Statistics: Rank
4084

Ajouter un commentaire

Cette question sert à vérifier si vous êtes un visiteur humain ou non afin d'éviter les soumissions de pourriel (spam) automatisées.

Sécurité
851694327Cliquez/appuyez sur cette séquence : 8211

Google street view

Où pouvez-vous dormir près de Ninive ?

Booking.com
487.376 visites au total, 9.187 Points d'interêts, 404 Destinations, 2 visites aujourd'hui.