Matera est une ville italienne d'environ 60 400 habitants, chef-lieu de la province de même nom, située en Basilicate.
Considérée comme l'une des plus vieilles cités habitées au monde, Matera est célèbre pour ses habitats troglodytiques (les Sassi di Matera, littéralement pierres de Matera), classés sur la liste du Patrimoine mondial de l'humanité établie par l'Unesco.
La Gravina a creusé le calcaire du plateau des Murge, où s'étale Matera. De nombreuses grottes naturelles ont ainsi été creusées et ont servi de refuge aux hommes depuis le néolithique ; ce serait l'un des plus anciens sites préhistoriques[1]. Grecs et Romains ont à leur tour occupé les lieux, à la croisée des routes commerciales (Matera était l'une des étapes de la Via Appia).
Le calcaire ne permettant pas de retenir les eaux pluviales dans une nappe phréatique, l'eau de pluie est recueillie dans des citernes. Au cours de l'histoire de nombreuses grottes ont abrité des églises rupestres. Aux VIIe et VIIIe siècles, les grottes devinrent le refuge de moines byzantins, qui transformèrent leurs murs en chapelles. On peut ainsi y admirer des fresques à forte influence byzantine[1]. À partir du XIIe siècle, les moines byzantins furent remplacés par des bénédictins, ce qui se traduisit par une évolution du style de ces fresques[1].
Pendant la domination normande, la ville connaît une période de prospérité, on y construit le château et les remparts. La population s'accroit, elle est contrainte d'occuper les grottes situées en dehors de la protection des remparts. Elle occupe alors deux amphithéâtres naturels, le Sasso Caveoso et le Sasso Barisano. Jusqu'au XVIe siècle, la vie s'organise avec et autour du relief.
La constitution des SassiPendant la période d'occupation catalane / espagnole[réf. nécessaire], la ville ne possède plus le même rayonnement. Les priorités artistiques de l'époque dénigrent les Sassi, qui deviennent méprisés et abritent une population de plus en plus démunie et qui occupe les lieux par défaut[2].
La pièce principale sur le devant était occupée par la famille et les animaux domestiques étaient rentrés le soir dans la pièce du fond. La natalité était élevée dans ces quartiers : jusqu'à six enfants vivants, et tout le monde s'entassait dans une seule pièce qui servait de salle à manger, de chambre à coucher et d'atelier ; le bébé dormait souvent dans le dernier tiroir de la commode. Même au XXe siècle, ni l'eau courante, ni l'évacuation des eaux usées n'avaient été installées.
Mise en valeur moderneC'est seulement en 1953 que le dernier habitant est parti, à la suite d'une décision politique, en raison des conditions d'insalubrité de ces quartiers. C'est la loi De Gasperi, qui, en 1952, imposa l'évacuation des sassi et le relogement de leur population. À cette époque, 15 000 personnes vivaient là dans des conditions sanitaires très rudimentaires. Aujourd'hui encore 3 000 personnes vivent dans ces constructions[1].
La Gravina a creusé dans le calcaire le site sur lequel des habitants troglodytiques se sont installés depuis le paléolithique jusqu'au milieu du XXe siècle.Depuis, un énorme projet d'aménagement s'est mis en place, confié aux meilleurs urbanistes du pays, pour créer de nouveaux quartiers, tout en essayant de préserver la sociabilité particulière des sassi. Dans les parties récentes, les façades des maisons sont construites et certains toits servent de rues aux étages supérieurs.
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