Goma est une ville de l'Est de la république démocratique du Congo, située sur la rive nord du lac Kivu et à 1 500 mètres d'altitude dans la vallée du Rift, elle est le chef-lieu de la province du Nord-Kivu. La ville est bâtie sur d'anciennes coulées de lave issues de la chaîne volcanique de Virunga, et principalement sur celles du volcan Nyiragongo, situé à 14 km au nord, qui la domine à près de 2 000 mètres.
En 1894, l’explorateur Gustav Adolf von Götzen suivait les traces d’un missionnaire en provenance de la côte orientale d’Afrique. Pendant qu’il se rendait au Rwanda, il découvre un petit village de pécheurs appelés Ngoma qui signifie tam tam en swahili, par déformation il écrivit Goma. Ngoma devint un poste belge en face de celui de Rubavu (au Rwanda) habité par les Allemands.
Au début, la cohabitation entre ces deux postes n’était pas facile. À un certain moment, les chefs coutumiers du Rwanda, en complicité avec les Allemands attaquent les Belges de Goma. Ces derniers se réfugient à Bukavu et laissent les envahisseurs occuper la ville. Après des négociations, les Allemands se replient vers le Rwanda et les Belges reprennent leur position initiale comme poste colonial. La ville s'est ainsi développée à partir de 1910, lorsque la Belgique y a établi un centre administratif[1] et la venue massive des Nande pour des fins économiques. Les colonisateurs venaient d’installer le chef lieu du district Belge à Rutshuru où vivait l’administrateur colonial. Le chef-lieu passe de Rutshuru à Goma.
A ce moment-là, Goma reste un poste de transaction lacustre avec Bukavu qui était une ville minière. Plus tard, des villes comme Rutshuru, Masisi, Kalehe et Gisenyi déverseront leurs populations dans Goma, qui sont à la recherche d'un emploi auprès des colonisateurs. C’est en cette période que vit le jour le quartier Birere (un bidonville de Goma) autour des entrepôts, bureaux et habitations des colons. Le nom Birere (littéralement feuilles de bananier) vient du fait qu’à l’époque, les gens y construisaient en feuilles de bananiers.
La ville fut la base arrière de l'opération Turquoise organisée en 1994 à la fin du génocide des Tutsi au Rwanda. La ville et ses environs abriteront dans des camps environ 650 000 réfugiés hutus, de 1994 jusqu'à la chute du Zaïre, dont certains supposés anciens génocidaires. Selon des ONG, l'Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo procède à des massacres dans les camps entre 1996 et 1997[2].
De 1998 à 2002-2003, la ville, sous contrôle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) pro-rwandais échappe au contrôle du gouvernement congolais.
De nombreux viols, massacres et crimes de guerre y ont été perpétrés entre 1996 et 2006 par les troupes des généraux rebelles de la RCD, essentiellement sous les généraux Nkundabatware et Mutebusi.
Vue de Goma.En 2002, le Nyiragongo, volcan situé à environ 14 km au nord, entre en éruption, et une coulée de lave atteint le centre de la ville[3]. La lave n'a pas atteint le lac Kivu fort heureusement, car ce lac est un lac méromictique et un changement brutal de chaleur aurait des conséquences graves, soit possiblement une éruption limnique. Toutefois, la ville est à ce moment en grande partie détruite par la coulée de lave en provenance du Nyiragongo. De nombreux bâtiments du centre-ville ainsi que l'aéroport de Goma sont touchés. Environ 1 250 000 habitants de la ville ont dû fuir et plusieurs centaines de personnes sont mortes[3], de nombreux réfugiés restés sans abri avaient construit des abris d'urgence en bordure des champs de lave.
Débordant de populations fuyant les violences, Goma compte en 2012 plus de 400 000 habitants. Ceux qui ne peuvent pas trouver d'abri remplissent les camps de réfugiés, où l'ONU et les ONG se débattent pour leur fournir nourriture, eau et combustible. Le 22 mai 2021, une grande partie de la population de la ville de Goma avait fui vers Sake, en territoire de Masisi, Rutshuru et le Rwanda voisin lors de l'éruption du mont Nyiragongo en 2021[3].
En août 2023, la répression par les Forces armées de la république démocratique du Congo (FARDC) d'une manifestation interdite contre la présence de la Mission de l'Organisation des Nations unies pour la stabilisation en république démocratique du Congo (Monusco), les forces déployées par la Communauté d'Afrique de l'Est dans le Nord-Kivu et l'état de siège dans la région fait au moins 56 morts[4],[5]. La manifestation est organisée par Ephraïm Mutumishi Bisimwa, le chef d'une secte appelée « Wazalendo » (« Patriotes » en kiswahili) ou « Agano la uwezo wa neno » (qui se traduit par « foi naturelle judaïque messianique » ou « Foi naturelle judaïque et messianique vers les nations »)[6]. Plus de 150 manifestants sont arrêtés et le temple de la secte est incendié par les FARDC[7],[8],[9]. Parmi les personnes arrêtées, 140 sont jugées devant un tribunal militaire pour association de malfaiteurs et participation à un mouvement insurrectionnel[6]. Plusieurs militaires de la Garde républicaine (en) sont aussi jugés dans un autre procès pour crime contre l'humanité devant un tribunal militaire[10]. Au terme de ce procès en octobre 2023, le commandant de la Garde républicaine dans le Nord-Kivu, le colonel Mike Mikombe, est condamné à mort pour meurtre. Trois autres membres de la Garde républicaine sont condamnés à 10 ans de prison chacun[11].
Début 2024, la ville est menacée par les attaques de la rébellion du M23. Jean-Pierre Bemba, vice premier ministre, assure que l'État protégera la ville, mais la population reste inquiète[12].
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