Colmar est une commune française située dans la collectivité européenne d'Alsace, dans la région Grand Est. C’est la préfecture du Haut-Rhin et, avec un peu plus de 70 000 habitants, la troisième commune alsacienne en nombre d'habitants après Strasbourg et Mulhouse. Ses habitants sont appelés les Colmariens.

Colmar est mentionnée pour la première fois au IXe siècle. Ville libre du Saint-Empire, elle est membre de la Décapole. Elle connaît un développement rapide à la fin du Moyen Âge et au cours de la Renaissance. Dotée d'une ceinture de remparts, elle souffre néanmoins des troubles liés à la Réforme, de la guerre des Paysans puis de la guerre de Trente Ans, à la suite de laquelle elle est annexée par la France. Colmar est cédée à l'Empire allemand en 1871 puis réintégrée à la France à la suite de l'armistice de 1918. Bien que n'étant pas chef-...Lire la suite

Colmar est une commune française située dans la collectivité européenne d'Alsace, dans la région Grand Est. C’est la préfecture du Haut-Rhin et, avec un peu plus de 70 000 habitants, la troisième commune alsacienne en nombre d'habitants après Strasbourg et Mulhouse. Ses habitants sont appelés les Colmariens.

Colmar est mentionnée pour la première fois au IXe siècle. Ville libre du Saint-Empire, elle est membre de la Décapole. Elle connaît un développement rapide à la fin du Moyen Âge et au cours de la Renaissance. Dotée d'une ceinture de remparts, elle souffre néanmoins des troubles liés à la Réforme, de la guerre des Paysans puis de la guerre de Trente Ans, à la suite de laquelle elle est annexée par la France. Colmar est cédée à l'Empire allemand en 1871 puis réintégrée à la France à la suite de l'armistice de 1918. Bien que n'étant pas chef-lieu de région, Colmar abrite une cour d'appel. Cette particularité (qu'elle partage notamment avec Aix-en-Provence, Douai ou Riom dans des régions dont le chef-lieu n'est pas non plus siège de Cour d'appel) est due à l'élévation de la ville au rang de capitale judiciaire par l'ancien Conseil souverain d'Alsace en 1698.

La ville possède un riche patrimoine architectural, notamment une ancienne collégiale, plusieurs couvents, un théâtre remarquable, des canaux (petite Venise) et des maisons du Moyen Âge. Sa situation, au centre du vignoble alsacien et proche du piémont vosgien, et son climat particulier propice à la culture de la vigne, lui valent le surnom de « capitale des vins d'Alsace ». C'est également une ville de culture, siège du musée Unterlinden abritant le retable d'Issenheim. Colmar est par ailleurs la ville natale du créateur de la statue de la Liberté à New York, Auguste Bartholdi et de Jean-Jacques Waltz, plus connu sous le nom de Hansi.

Préhistoire et Antiquité

À la Préhistoire, entre 5000 et 4000 avant notre ère, des groupes humains venant du bassin du Danube ont peuplé les bords du Rhin, comme en témoignent les silex exposés au musée Unterlinden. Ces peuplements s'identifient à la culture rubanée et sont attestés dans les environs de Colmar[1]. La présence de l'Ill et de ses confluents (la Lauch, la Thur et la Fecht) a fortement contribué à l'implantation humaine sur le site[2].

Une présence celte est attestée entre 1200 et 800 av. J.-C. grâce à la découverte de plusieurs urnes funéraires[2]. Dans les derniers siècles avant notre ère et toujours aux environs de la ville, près du Hohlandsbourg, une agglomération remontant au bronze final et se rattachant à la civilisation des champs d'urnes a été découverte et fouillée en 1968.

Les Raurarques ou Rauraques, dont la capitale est Argentovaria (le futur Horbourg), défendent la Villa Columbaria au moment de l'invasion alamane[3].

En 378, l'empereur romain Gratien soumet ces envahisseurs germaniques, dont des contingents entiers vont intégrer l'armée romaine et qui dès lors vont commencer à coloniser la région. Ces auxiliaires alamans ne parviendront pas à s'opposer, malgré une résistance acharnée, au passage du Rhin par d'autres tribus germaniques et orientales, comme les Huns, en 406[4]. Cependant, les colons alémaniques vont devenir peu à peu majoritaires au sein d'une population gallo-romaine. Le bas latin, parlé par ces derniers, va alors disparaître au profit des langues germaniques[5].

C'est aux Ve et VIe siècles, lors de la conquête de la Gaule que les souverains francs occupent de grands territoires sur le futur domaine de la ville. Il s'agit là d'un peuple nomade qui construit de grands bâtiments de bois et de pisé (terre argileuse) : granges, écuries, pressoir, cuisine, basse-cour, colombier... et crée au centre une construction soignée pour son souverain[GB 1].

Moyen Âge Haut Moyen Âge

L'aristocratie alémanique va finalement être défaite et massacrée par les Francs, mettant un terme au conflit multiséculaire qui oppose ces deux fédérations de peuples germaniques. La région de Colmar va alors être dominée par les clans mérovingiens et christianisée.

L'acte de donation de Louis le Pieux, rédigé à Francfort le 12 juin 823, mentionne pour la première fois la ville sous le terme « Notre fisc nommé colombier ». L'empereur carolingien cède à l'abbaye de Munster une partie de forêt du fisc de Columbarium[GB 2], alors habité par quelques domaines fermiers[6].

À deux reprises, en 883 et 884, Charles III le Gros tient une assemblée où sont présents tous les dignitaires de l'Empire, entre la Meuse et l'Elbe, et au-delà des Alpes et de l'Italie du nord[GB 1].

Moyen Âge central

Vers 965, le domaine royal carolingien est scindé entre l'Oberhof (domaine d'en-haut), qui revient au monastère clunisien de Payerne (canton de Vaud en Suisse) ; et le Niederhof (domaine d'en-bas), qui devient propriété de l'évêque Conrad de Constance[GB 1]. Vers l'an mil, on y construit une église en lieu et place de l'actuelle Collégiale Saint-Martin. Elle se composait d'une abside carrée, d'un transept de 19 par 8 mètres ainsi que d'une nef de 15 mètres de long[GB 1]. Colmar est détruite par un incendie en 1106[GB 3]. La commune se développe progressivement sous l’autorité des Hohenstaufen qui possèdent le duché de Souabe et d'Alsace puis accèdent au trône du Saint-Empire romain germanique.

L'empereur Frédéric Barberousse fait étape à Colmar en 1153, puis y repasse en 1156, 1179 et 1186, ainsi que Philippe de Souabe, roi de Germanie, en 1212[GB 3].

Colmar est désignée dans texte de 1226 comme une ville (en latin : civitatis)[OT 1], sous la suzeraineté de Frédéric II de Hohenstaufen, souverain du Saint-Empire et duc de Souabe. Celui-ci s'y rend en 1235[OT 2]. C'est à cette époque que commencent à s'installer diverses communautés religieuses, telles que les Franciscains, les Dominicains et les Augustins[2].

Le prévôt (Schultheiss) Jean Roesselmann, après avoir libéré les Colmariens de la domination du prince-évêque de Strasbourg en 1261, repousse une nouvelle attaque de ce dernier en 1262 au prix de sa propre vie[7].

En 1278, Rodolphe Ier du Saint-Empire, comte de Habsbourg et landgrave de Haute-Alsace, donne à la ville ses Libertés communales à travers une charte de franchises (Freiheitsbrief)[OT 1]. Dans ce document daté du 29 décembre 1278 et rédigé en allemand, le souverain affiche quarante-quatre prescriptions relevant du droit pénal, du droit privé et des procédures[8]. Par exemple, pour un meurtre sur le ban de la commune, la punition était la décapitation et la démolition de la maison[GB 4]. Ce texte renforce également l’autonomie de la cité[9], qui devient une « ville d'Empire » : la ville impériale de Colmar est alors un état du Saint-Empire à part entière[10].

En 1293, la cité-État tente en vain de se soulever contre Adolphe Ier du Saint-Empire. Deux ans plus tard, Colmar construit son premier hôtel de ville[OT 2].

Les Hospitaliers

La commanderie a été érigée au XIIIe siècle par les Hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem[11] et consacrée par Albert le Grand en 1268.

Le départ des moines-chevaliers au XVIe siècle permet l'utilisation par les Chanoines de Saint-Martin puis par les Augustins. Le site est racheté en 1858 par les Sœurs de la Divine Providence de Ribeauvillé. L'ensemble a été remanié au XIXe siècle et il ne subsiste du bâtiment original que quelques éléments de façades sur rue et sur cour[12].

Elle abrite actuellement un établissement scolaire privé.

Moyen Âge tardif

Le premier port de Colmar, le Ladhof (étymologiquement « l'endroit où l'on charge les marchandises »), voit le jour en 1337, au confluent de la Thur et la Lauch. Les marchandises y étaient embarquées jusqu'à Strasbourg, puis vers les pays rhénans.

Une alliance entre les villes impériales de la plaine d'Alsace naît en 1342 grâce à l'agrément de Charles IV. Elle compte alors sept villes. Colmar la rejoint le 28 août 1354, pour donner naissance à la confédération des dix villes impériales connue sous le nom de Décapole. Il s'agit du premier syndicat intercommunal de la région[GB 5]. Elles se promettent secours mutuel en cas d'agression extérieure mais n'écartent pas l'idée d'un conflit interne qui serait résolu à l'amiable[13]. Haguenau, siège du Grand-Bailliage d'Alsace qui gère depuis le XIIIe siècle le domaine impérial, peut être considéré comme chef-lieu administratif de l'alliance. Ce regroupement envoie des députés à la Diète d'Empire et aux assemblées des villes impériales.

Colmar se dote en 1360 d'une constitution stable[14],[15]. Le gouvernement est confié aux bourgeois et membres de la corporation[GB 6]. En 1376, elle obtient le droit de fabriquer de la monnaie et entre, en 1403, dans l'alliance monétaire du Rappenmünzbund.

Une grande épidémie de peste bubonique frappe la ville en 1418.

En 1469, l'archiduc Sigismond, qui représente l'empereur du Saint-Empire en Alsace, a d'impérieux besoins d'argent. Charles le Téméraire, duc de Bourgogne, lui consent un prêt mais réclame en gage une partie de la province. Dans la région concédée, il délègue un bailli, Pierre de Hagenbach. Sa cruauté est telle que les villes d'Alsace se hâtent de rembourser le duc, mais Hagenbach refuse de céder la place. Battu et fait prisonnier, il est condamné à avoir la tête tranchée. L'honneur de l'exécution revient au bourreau de Colmar, en 1474[16]. La tête de Hagenbach, momifiée, est conservée au musée Unterlinden, ainsi que le glaive du bourreau.

Le Koïfhus est achevé en 1480. Il sert à la fois de magasin pour les marchandises, de bureau de douane et de lieu de réunion des députés de la Décapole[GB 6]. Colmar devient un foyer artistique important grâce au talent des peintres qu'elle accueille, notamment Gaspar Isenmann, Martin Schöngauer, auteur de La Vierge au buisson de roses, et Matthias Grünewald qui a réalisé le Retable d'Issenheim[17].

Époque moderne  Vue générale de Colmar vers 1550. Cosmographie de Sébastien Munster
Coll. Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.Le XVIe siècle et la réforme protestante

En 1512, la communauté juive est exclue de la ville. Elle y était présente depuis le XIIIe siècle et ne trouvera plus droit de cité jusqu'à la Révolution[GB 7].

Le statut communal est modifié en 1521, le nombre de corporations est rapporté à vingt.

La ville devient un foyer de propagande luthérienne entre 1522 et 1525 grâce aux ouvrages de l'imprimeur Farckall. À la suite de la guerre des paysans, les premiers groupes de sympathisants de la Réforme se rassemblent[OT 1] (affaire du prédicateur Hans, tentative de sédition de l'aubergiste Bader). La ville échappe de peu aux violences de la guerre des paysans[GB 7] en 1525.

En 1528, le médecin-alchimiste Paracelse se réfugie à Colmar avant de reprendre sa vie errante[18].

Malgré la ralliement de nombreuses villes alentour, la Réforme ne parvient pas à s'introduire à Colmar. L'échéance est retardée notamment par le prédicateur dominicain Jean Fabbri et le prieur des Augustins Jean Hoffmeister.

Le gouvernement de Colmar réglemente, en 1538, la vie des clercs à l'intérieur des couvents à la suite d'abus constatés[GB 7].

La peste de 1541 fait 1 560 victimes dans la ville[19], les franciscains sont décimés.

Georges Wickram, considéré comme le créateur du roman populaire en langue allemande, crée en 1548 une école de chanteurs (Meistersingerschule).

En 1555, la paix d'Augsbourg rétablit officiellement la coexistence du catholicisme et du luthéranisme dans l'Empire[GB 7].

Le magistrat est renouvelé en 1564 et voit arriver des hommes neufs favorables à un changement de situation[20].

La réforme luthérienne est introduite en 1575[OT 1], un demi-siècle après Strasbourg ou Bâle. Le 14 mai, le conseil de la ville, sous la direction de l'Obristmeister Michel Buob, autorise le culte protestant à côté du culte catholique. Le lendemain a lieu le premier culte protestant en l'église des Franciscains, officié par le pasteur de Jebsheim Jean Cellarius[GB 7].

L'architecte strasbourgeois Daniel Specklin dote la ville de nouvelles fortifications en 1580.

Guerre de Trente Ans (1618-1648)

La guerre de Trente Ans touche particulièrement l'Alsace[21] et prend fin à la signature des traités de Westphalie, qui consacre la victoire de la France et de la Suède sur le Saint-Empire romain germanique. Les ravages du conflit poussent Colmar à se placer sous protectorat du royaume de France en signant le Château du Val de Ruel[22] le 1er août 1635[OT 1],[23],[24], la ville est placée sous la protection du roi Louis XIII, sans pour autant abandonner son statut de ville d'Empire[25]. La parité confessionnelle des postes de gouvernement entre catholiques et protestants est instaurée, bien que ces derniers représentent les deux tiers de la population[GB 8]. Assiégée par les troupes impériales en 1636, la ville est ravitaillée par le régiment de Rambures et les troupes du cardinal de La Valette, ce qui entraîne la levé du siège[26].

Le traité d'Osnabrück permet à chaque confession de récupérer les biens et droits qu'elle possédait au 1er janvier 1624. Quant au traité de Münster, il permet à la France de récupérer les possessions des Habsbourg, notamment le grand bailliage qui incluait les dix villes impériales de la Décapole, dont faisait partie Colmar[GB 9].

Guerre de Hollande (1672-1678)

Lors de la guerre de Hollande, Colmar tente de renouveler ses privilèges impériaux. Elle participe notamment à l'effort de guerre de l'Empire contre les Turcs. Cet effort est connu comme la Türkenhilfe, littéralement « aide turque »[GB 10].

Au printemps 1673, décision est prise de s'emparer de Colmar. Louvois et le marquis de Coulanges, accompagnés de 500 cavaliers, se présentent aux portes de la ville le 28 août. Il y pénètrent conjointement par les portes de Deinheim et de Rouffach. Les Colmariens sont désarmés le lendemain. 4 000 hommes sont mis à l'œuvre pour démanteler les fortifications qui avaient fait l'orgueil de la ville[GB 10]. Avec leurs restes sera construit un hôpital.

Le 30 août, le roi Louis XIV et son cortège de 200 carrosses se rendent dans la ville pour constater l'avancée des démolitions et prononce ces mots : « Messieurs les Colmariens ne sont plus si glorieux comme ils étaient ! »[GB 11].

Toutefois, à l'automne 1674, les armées du Saint-Empire envahissent l'Alsace et le grand Électeur de Brandebourg Frédéric-Guillaume s'installe à Colmar avec 1 200 hommes.

Le 5 janvier 1675, le vicomte de Turenne bat les hommes de l'Empire à Turckheim. La peur de subir les mêmes atrocités pousse Colmar à se soumettre aux Français. Le traité de Nimègue, signé le 5 février 1679, met fin à la guerre. Le lys remplace désormais l'aigle germanique, la ville impériale de Colmar perd son indépendance et devient une ville royale française[OT 1].

XVIIe et XVIIIe siècles  Colmar, vue générale vers 1750.

En 1683, Colmar accueille la commanderie militaire de la Haute-Alsace (commissaires des guerres, commissaire régional d'artillerie, contrôleur de l'hôpital royal militaire, commissaire provincial des poudres et salpêtres)[GB 8]. Une nouvelle division territoriale relevant de l'Intendant d'Alsace voit le jour en 1695 : Colmar devient chef-lieu de subdélégation[GB 8]. La ville obtient en 1698[OT 1] le siège du Conseil souverain d'Alsace[27] (anciennement à Ensisheim), devenant ainsi la capitale judiciaire de la province d'Alsace. La première séance date du 22 mai et a lieu dans la maison dite du Wagkeller[GB 12].

En 1714, la ville fait l'acquisition de la seigneurie du Hohlandsbourg et cède le prieuré de Saint-Pierre aux jésuites qui sont installés dans la ville depuis 1698[GB 13]. L'architecte strasbourgeois Jean-Jaques Sarger édifie l'église des Jésuites entre 1735 et 1750, actuellement sur le terrain du lycée Bartholdi[GB 13].

C'est en 1751 que l'historien Jean-Daniel Schoepflin publie le premier tome de l'Alsatia Illustrata[28].

Voltaire séjourne à Colmar pendant l'hiver 1753-1754[29], à la suite de son renvoi de la cour du roi de Prusse Frédéric II. Il y effectue des recherches sur l'histoire de l'Empire, avec l'aide appréciable des conseillers et avocats du Conseil souverain dont il dira : « J'ai trouvé à Colmar des avocats qui sont plus instruits de l'histoire de l'Empire qu'on ne l'est à Vienne. Gens d'un mérite solide, communicatifs qui ont de belles bibliothèques et sont entièrement à notre service. Je suis dans le seul pays de France où l'on puisse trouver des secours sur cette matière qu'on ignore parfaitement à Paris. » Les jésuites contestent ses talents d'historiens et dès lors il gardera un souvenir mitigé de son séjour à Colmar. Il parlera de la ville comme d'une « petite ville dévote, remplie de tracasseries, où tout le monde se confesse, tout le monde se déteste ».

Dans un climat d'anti-judaïsme partagé par une partie de la population et des élites, le marchand juif Hirtzel Lévy de Wettolsheim est condamné à mort par le Conseil Souverain d'Alsace et rompu vif sur la place du marché aux Bestiaux de Colmar[30] le 31 décembre 1754. Sur cassation par le conseil privé du Roi à Versailles, il sera réhabilité par le Parlement de Metz le 24 septembre suivant et ses coaccusés seront acquittés.

Théophile Conrad Pfeffel fonde l'Académie militaire[OT 1] en 1773. Il s'agit en fait d'un lieu ne s'adressant qu'à des enfants protestants, nobles le plus souvent, et qui leur permettaient de se destiner à une carrière militaire. Il en dira : « Notre établissement n'est pas une école d'élite pour des soldats ou des commerçants, mais une pépinière pour tous ceux qui veulent émerger du vulgaire. » L'école a accueilli 288 élèves en vingt ans[GB 14].

Époque contemporaine La Révolution et le XIXe siècle

La ville, promue chef-lieu du Haut-Rhin en 1790, compte alors plus de 13 000 habitants. Étienne Ignace Salomon en devient le premier maire[GB 14]. En 1791, la ville devient siège de l'évêché constitutionnel du département et la collégiale Saint-Martin est érigée en cathédrale, et ce jusqu'au concordat de 1802[GB 14]. Hérault de Séchelles convertit le tribunal criminel du Haut-Rhin en tribunal révolutionnaire en 1793. Treize exécutions seront prononcées en quelques mois[GB 15]. En 1800, la ville accueille son premier préfet, Jean-Baptiste Harmand[GB 15]. Son siège se trouve initialement dans l'abbaye cistercienne de Pairis (actuel hôtel de ville), avant de déménager en 1866. La ville redevient capitale judiciaire et reçoit un tribunal d'appel qui deviendra une cour d'appel en 1804. À la suite du plébiscite pour l'Empire, elle devient une cour impériale et la ville retrouve un maire, François Antoine Richter.

Colmar accueille le roi Charles X en 1828, ainsi que le duc d'Orléans et de Nemours en 1831[GB 16].

Au XIXe siècle, Colmar est marquée par de nombreuses émeutes. La première se tient en 1833. Surnommée « émeute de la piquette ». Elle fait suite à la volonté de l'administration fiscale de taxer un petit vin local, le Bubberi, comme les vins des grandes tables. La révolte gronda fin octobre : les ouvriers rejoignent les maraîchers et les vignerons. Des barricades sont dressées. La garde nationale fut requise mais le texte fut retiré sous la menace du déversement de la piquette dans le ruisseau de la Sinn. Le vicomte de Croismare fut destitué[GB 17].

L'inauguration de la ligne de chemin de fer Bâle-Colmar-Strasbourg a lieu en 1841[GB 16]. L'année suivante se tient l'émeute dite « des fagots » : en 1842, la municipalité, conduite par le maire Chappuis, décida de taxer le bois de chauffage. Des manifestants occupent la mairie en juin et, devant leur détermination à en découdre avec le maire, il fait intervenir un escadron de lanciers venu de Sélestat[GB 18].

La ville atteint les 20 000 habitants en 1845[GB 16]. En 1854, une épidémie de choléra sévit sur la ville[OT 1] : 505 personnes sont touchées, et 349 décèdent des suites de la maladie. La cause principale en est la propreté des rues et des maisons[GB 19]. Au plus fort de l'épidémie et effrayée par l'hygiène déplorable, l'administration décide d'interdire les aliments à risques, dont le concombre. S'ensuit une troisième émeute, dite « des concombres ». Les maraîchers, et notamment trois sœurs, s'en prirent au marché à un sergent et à son escouade. Ils furent bombardés de légumes. La police et l'armée durent intervenir pour rétablir le calme. Le maire Chappuis se serait bien passé de cette nouvelle émeute[GB 20].

En 1855, Colmar est encore marquée par une émeute, dite cette fois « des corbillards ». Les Colmariens avaient la tradition de leur dernière demeure au Rappendantz (l'endroit où dansent les corbeaux), accompagnés par des charpentiers, serruriers, sculpteurs et porteurs. Cette année-là, la ville voulut confier les enterrements à une société de pompes funèbres. Les premiers corbillards durent travailler entourés de gendarmes et de policiers. L'affaire déplut au préfet qui finit par destituer le maire Chappuis[GB 20].

Guerre franco-allemande de 1870 et annexion

Débutant le 19 juillet 1870, la guerre oppose la France du Second Empire et le royaume de Prusse. Le 14 septembre, Colmar s'illustre par la résistance de ses habitants au pont de Horbourg, épisode auquel participe Auguste Bartholdi.

L'Alsace est particulièrement meurtrie ; de nombreux combats ont lieu. Le bombardement de Strasbourg a notamment entraîné la destruction d'un manuscrit du XIIe siècle, le Hortus deliciarum[GB 21].

Le conflit prend fin le 29 janvier 1871 et la France, défaite, signe le traité de Francfort le 10 mai suivant[31] et donne l'Alsace et la Moselle. Colmar devient chef-lieu du district de la Haute-Alsace dans le Reichsland d'Alsace-Lorraine. Le Conseil municipal reste en place et les élections à l'Assemblée constituante française sont tolérées par les nouvelles autorités. Une disposition libérale du traité permet à plus de 3 000 habitants de prendre la nationalité française[GB 21].

Le français est banni des textes officiels en 1883[GB 22].

Le XXe siècle Début du siècle

En 1902, une ligne de tramway est ouverte entre la gare et le canal. Une seconde ligne verra le jour en 1914 entre les routes de Bâle et de Strasbourg[GB 23].

L'année 1908 est marquée par une visite officielle de l'empereur allemand Guillaume II[GB 24].

En 1910, la ville compte 43 800 habitants, dont 4 000 militaires[GB 24].

Première Guerre mondiale

La première Guerre mondiale débute le 3 août 1914. Le 23 août, des patrouilles de chasseurs à cheval français pénètrent dans la ville et laissent croire à une conquête rapide. L'armée se repliera sur les Vosges[GB 25].

Quatre personnes meurent dans des bombardements le 8 août 1917. D'importants dégâts sont occasionnés aux bains municipaux et à l'école d'Unterlinden[GB 25]. Le 16 août, un combat aérien oppose 14 appareils allemands à des avions français.

La guerre prend fin le 11 novembre 1918. Le 22, la ville acclame l'arrivée du commandant en chef des armées de l'est, le général de Castelnau[GB 26]. Les représentants du gouvernement Clemenceau et Poincaré arrivent en ville le 10 décembre[GB 26]. D'autres personnalités suivront comme Joffre et Foch.

Le traité de Versailles signé le 28 juin 1919 met fin à la guerre et rend à la France ses territoires perdus, l'Alsace et la Lorraine[32].

Le 6 octobre 1922, la commune a été décorée de la croix de guerre 1914-1918[33].

Entre-deux-guerres

En 1928, a lieu le « procès de Colmar » contre les chefs autonomistes alsaciens. Cela fait suite au malaise suscité entre autres par les déclarations d'Édouard Herriot (le 17 juin 1924) qui voulait introduire l'ensemble de la législation républicaine dans la région[GB 27], et au « dimanche sanglant de Colmar », le 22 août 1926, où eurent lieu des échauffourées entre autonomistes alsaciens et Alsaciens pro-français.

Le 3 août 1931 a été inaugurée la station uvale. Le président en est le maire de la ville, Eugène Hertzog. La station uvale d'Avignon a servi de modèle pour l’élaboration des statuts de celle de Colmar. Son but est de dynamiser la consommation de raisin au point de vue hygiénique et thérapeutique, ainsi que l’organisation dans toute l'Alsace d'une journée de propagande en faveur du raisin de table de la région viticole alsacienne. Par la suite, une fédération regroupant 13 villes de France fut créée : Colmar, Avignon, Béziers, Fontainebleau, Lamalou-les-Bains, Le Thor, Moissac, Montpellier, Nîmes, Prayssac, Port-Sainte-Marie, Tarascon et Tours[34].

Seconde Guerre mondiale

La France entre en guerre le 3 septembre 1939 et les Allemands entrent à Colmar le 17 juin 1940, l'Alsace est annexée de fait. Il s'ensuit une brutale germanisation et nazification. Des monuments sont saccagés comme le monument à l'amiral Bruat et le monument au général Rapp[GB 27]. Environ 20 % des noms de rues sont modifiés (celles qui pouvaient rappeler le France) comme l'« avenue de la République » qui devient la « Adolf Hitler-Straße »[35]. La région reste cependant juridiquement sous souveraineté française.

En 1942, les Allemands démantèlent le réseau de résistance colmarien, actif depuis 1940, et emprisonnent ses responsables[GB 27]. Le 25 août, une ordonnance rend obligatoire le service militaire, et 123 000 jeunes sont contraints d'endosser l'uniforme de la Wehrmacht ou de la Waffen-SS, 40 000 n'en reviendront pas[GB 27].

Le 18 septembre 1944, un train de munitions explose à la gare de marchandises, provoquant des dégâts dans un rayon d'un kilomètre[GB 27].

Fin janvier 1945, Colmar est l'objectif de l'attaque en tenaille montée par le général de Lattre de Tassigny pour liquider la poche dangereuse que les troupes allemandes conservent en Alsace.
Le 1er février 1945, les lignes allemandes sont percées au Nord de Colmar par l'infanterie américaine du 21e corps qui arrive aux abords de la ville.
Un beau geste met alors en valeur la fraternité d'armes franco-américaine :
Étant la dernière ville alsacienne à être libérée de l'occupation nazie[36] le colonel du 109e régiment d'infanterie US, sur ordre du général Milburn, cède le pas pour l'entrée dans Colmar au général Schlesser qui commande une fraction des chars de la 5e DB de la 1re armée Française. Négligeant toute préparation d'artillerie, les Français se jettent dans la ville, qu'ils cueillent intacte le 2 février dans l'après-midi[37]. À cette occasion, l'insigne Rhin et Danube prendra les armes de la ville de Colmar. Le général de Gaulle se rendra dans la ville libérée le 10 février et y reviendra en tant que président de la République le 20 novembre 1959[GB 28].

Colmar depuis 1945

Le 30 juin 1948, la ville reçoit la croix de guerre 1939-1945 avec palme[GB 29]. La première foire régionale des vins d'Alsace, ancêtre de l'actuelle foire aux vins d'Alsace, a lieu en 1948[GB 29].

Colmar lance sa reconversion industrielle en créant une vaste zone industrielle au nord de la ville en 1958. La société américaine Timken s'y installe en 1959[GB 30]. La ZUP est créée la même année afin d'accueillir 12 000 personnes[GB 31]. L'aéroport de Colmar - Houssen est ouvert en 1964[GB 31].

En 1966, à la suite d'un arrêté interministériel, une grande partie de la ville historique devient secteur sauvegardé[GB 32]. Il sera étendu en 1972. Le quartier des tanneurs est restauré entre 1968 et 1974[GB 33]. En 1975, Colmar compte 64 000 habitants et inaugure sa première zone piétonne[GB 34].

Le musée Unterlinden dépasse les 350 000 visiteurs en 1978 et devient le musée de province le plus visité de France[GB 34], notamment grâce au retable d'Issenheim[38]. Toujours dans le domaine de la culture, Colmar lance son premier festival international de musique en 1979[GB 34].

La rocade de contournement est de Colmar est livrée en 1995[GB 35]. En 2000, la ville retrouve un théâtre flambant neuf, une place Rapp redessinée et débarrassée de ses voitures ainsi qu'un théâtre de plein air agrandi et modernisé[GB 36].

Le 1er janvier 2021, les départements du Bas-Rhin et du Haut-Rhin sont regroupés au sein de la Collectivité européenne d'Alsace. L'État a cependant confirmé que les deux préfectures, à Strasbourg et Colmar, seront maintenues.

Monument Le Haut-Rhin à ses fils. 
Monument Le Haut-Rhin à ses fils.
Mémorial de Lattre de Tassigny. 
Mémorial de Lattre de Tassigny.
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