Cartagena de Indias

( Carthagène des Indes )

Carthagène des Indes (en espagnol : Cartagena de Indias) est une ville de Colombie et la capitale du département de Bolívar. Ville portuaire, elle est située sur la côte septentrionale du pays, au bord de la mer des Caraïbes (ou mer des Antilles), à environ 120 km de Barranquilla. Sa population s'élève à 1 075 000 habitants.

La ville a été fondée le par le conquistador Pedro de Heredia.

Pendant près de trois siècles, elle fut un bastion du royaume d'Espagne en Amérique du Sud et eut un rôle clé dans l'administration et l'expansion de l'Empire espagnol, la présence de hautes personnalités espagnoles fortunées, proches de la royauté et de la vice-royauté de Nouvelle-Grenade, en faisant un lieu d'activités politiques e...Lire la suite

Carthagène des Indes (en espagnol : Cartagena de Indias) est une ville de Colombie et la capitale du département de Bolívar. Ville portuaire, elle est située sur la côte septentrionale du pays, au bord de la mer des Caraïbes (ou mer des Antilles), à environ 120 km de Barranquilla. Sa population s'élève à 1 075 000 habitants.

La ville a été fondée le par le conquistador Pedro de Heredia.

Pendant près de trois siècles, elle fut un bastion du royaume d'Espagne en Amérique du Sud et eut un rôle clé dans l'administration et l'expansion de l'Empire espagnol, la présence de hautes personnalités espagnoles fortunées, proches de la royauté et de la vice-royauté de Nouvelle-Grenade, en faisant un lieu d'activités politiques et économiques. Carthagène des Indes fut aussi un important centre de traite des esclaves et de transit vers l'Espagne de l'or issu des pillages des empires aztèque et inca.

Les activités économiques de Carthagène des Indes comprennent l'industrie maritime, l'industrie pétrochimique et le tourisme.

Carthagène des Indes possède d'importantes fortifications et l'un des systèmes les plus complets de fortifications militaires d'Amérique du Sud. Le port de Carthagène fut un lien essentiel sur la route des Indes occidentales. Il tient une place prépondérante dans l'histoire de l'exploration du monde ainsi que parmi les grands itinéraires maritimes commerciaux.

La ville de Carthagène des Indes et sa forteresse sont classées au patrimoine de l'humanité de l'UNESCO.

Époque coloniale  Carte de Carthagène des Indes (1735). Plan de la baie de Carthagène des Indes (1735).

Une première reconnaissance de la baie de Carthagène des Indes est effectuée par Rodrigo de Bastidas, un ancien compagnon de Colomb. Parti d'Espagne en 1501 en association avec Juan de la Cosa, il emmène avec lui Vasco Núñez de Balboa, futur « découvreur » de l'océan Pacifique[1].

En 1533, Pedro de Heredia, un des anciens gouverneurs de Santa Marta[2], fonde Carthagène des Indes à l'ouest de l'embouchure du río Magdalena[3]. En peu de temps, dans la région du río Sinú, de nombreuses tombes de caciques sont découvertes. Signalées par des tumuli, elles se révèlent être riches en or, ce qui attire nombre de conquérants.

La ville devient, à partir de 1550, un grand port de l'Empire colonial espagnol. Par sa situation géographique, elle est une étape privilégiée entre la métropole, Saint-Domingue, le Mexique et le Pérou et un port d'entrée conduisant aux Andes. Elle devient un important port négrier[4], le seul d'Amérique avec Veracruz au Mexique jusqu'en 1615[M 1].

Du fait de la richesse qui découle de sa position, la ville attire donc toutes les convoitises, tant celles des pouvoirs coloniaux que celles des pirates. Elle fut plusieurs fois attaquée par les pirates et corsaires français et anglais : les Français Robert Boal (1543), Jean-Martin Cotes et Jean Bontemps (1559), et l'Anglais Francis Drake, en 1586[5]. Entre 1653 et 1659 un seul convoi parvient à Carthagène des Indes[M 2].

En 1697 a lieu l'expédition de Carthagène, une attaque par la marine française, commandée par le chef d'escadre Jean-Bernard de Pointis, du port caribéen qui est pris et pillé pour un butin estimé entre 10 et 20 millions de livres[6],[7]. Cette expédition est ordonnée par le roi de France Louis XIV. Ce souverain recherche un succès sur les mers afin de pouvoir signer le traité de Ryswick (qui mettra un terme à la guerre de la Ligue d'Augsbourg) en position de force. Il obtient ainsi de l'Espagne la partie ouest de l'île de Saint-Domingue qui devient colonie française.

Le 1er décembre 1739, dans le cadre de la guerre de l'oreille de Jenkins qui oppose l'Espagne à l'Angleterre, le vice-amiral Edward Vernon détruit le port de Portobelo, dans l'actuel Panama. Ce succès lui permet de réunir une puissante flotte qui, entre mars et mai 1741, fait le siège de Carthagène des Indes. Ce dernier se solde par une défaite majeure et de lourdes pertes pour les Britanniques : 50 navires perdus, gravement endommagés ou abandonnés et des pertes humaines considérables, avec la mort de 18 000 soldats et marins en partie due à la maladie, notamment la fièvre jaune.

Époque de l'indépendance

À la suite de l'invasion française de l'Espagne, Carthagène des Indes vit naître les premiers mouvements d'insurrection néo-grenadins qui menèrent à l'indépendance de la Colombie.

Après les exemples donnés par Caracas, où le capitaine général est déposé le 19 avril 1810[8], et Buenos Aires le 25 mai[9], la première junte néo-grenadine est établie à Carthagène des Indes le 14 juin 1810[10]. Toutefois, il n'est en réalité nullement question d'indépendance à ce stade et la loyauté des différentes juntes à l'égard de Ferdinand est exemplaire, même si l'aspiration à l’auto-gouvernement est ancienne[11]. Mais la question de la représentation reste une question délicate entre l'Amérique et la péninsule tout au long des années 1810 et 1811. Les Américains demandent toujours le même traitement que les péninsulaires dans la représentation à la Junte Centrale de Séville. Ces demandes, finalement discutées en février 1811, sont rejetées par les Espagnols[12], qui ne comprennent pas l'insistance des Américains à vouloir être traités en égaux et estiment avoir affaire à des rebelles. Cette incompréhension, que les Américains prennent pour du mépris, les pousse peu à peu à se radicaliser et, pour la première fois, à rejeter complètement l'autorité espagnole et à revendiquer l'indépendance.

 Acte d'indépendance de la province de Carthagène, 11 novembre 1811.

À Carthagène des Indes l'indépendance de la province est déclarée le 11 novembre 1811[10]. D'autres proclamations se produisent dans tout le pays et aboutissent à l'indépendance de la plupart des provinces de Nouvelle-Grenade. Un Congrès des Provinces-Unies se réunit le 27 novembre 1811 à Tunja et adopte l'Acta de la Federación de las Provincias Unidas de Nueva Granada[13], constituant les Provinces-Unies de Nouvelle-Grenade, un nouvel État d'idéologie fédérale dont la province de Carthagène fait partie[14].

Entre le 23 décembre 1812 et le 10 janvier 1813, le jeune Vénézuélien Simón Bolívar, qui s'est mis au service de l'armée de patriotes de Carthagène des Indes après la chute des Provinces-Unies du Venezuela, libère les villes situées sur le cours du río Magdalena lors de la campagne du Magdalena[15]. Cette campagne militaire victorieuse permet la jonction entre les patriotes de Carthagène et ceux du centre du pays et pousse Bolívar à entreprendre une campagne pour libérer le Venezuela[16].

Pendant ce temps, une guerre civile éclate en Nouvelle-Grenade entre les Provinces-Unies de Nouvelle-Grenade et l'État libre de Cundinamarca, dirigé par Antonio Nariño, qui prône le centralisme et refuse d'intégrer la fédération. La guerre entre fédéralistes et centralistes se termine le 30 mai 1813, après un dialogue entre Cundinamarca et les Provinces-Unies, chacune représentée par deux délégués. Ceux-ci s'accordent sur la volonté d'indépendance et l'union de leurs forces contre l'ennemi commun, l'Espagne. Une expédition, commandée par Nariño, est envoyée vers les provinces royalistes du sud, mais se solde par un désastre : l'armée patriote est anéantie lors de la bataille de la Cuchilla del Tambo tandis que Nariño est capturé et rapidement envoyé en prison en Espagne[17],[14].

Le 12 décembre 1814, Simón Bolívar, revenu en Nouvelle-Grenade après l'échec de la Deuxième République du Venezuela, entre dans Santafé de Bogota et force Cundinamarca à intégrer les Provinces-Unies. Le compromis trouvé est que le Cundinamarca s'engage à rejoindre la fédération en échange du déplacement du siège du Congrès des Provinces-Unies de Tunja vers Bogota, qui redevient ainsi la capitale du pays[18].

Après la prise de Santa Fe, Bolívar se dirige vers la côte Atlantique où il doit recevoir des armes et des fournitures de Carthagène des Indes pour prendre Santa Marta puis libérer le Venezuela. Toutefois, le gouvernement carthaginois refuse de le soutenir et Bolívar assiège la ville pendant un mois et demi. Informé de l'arrivée de Pablo Morillo au Venezuela et attaqué par les royalistes à Santa Marta, Bolívar renonce et s'embarque le 9 mai 1815 pour la Jamaïque, tandis que le reste de son armée se défend du siège de Morillo, qui commence le 26 août 1815 et initie la Reconquista.

Après plus de trois mois de siège, la ville retombe finalement aux mains des royalistes le 6 décembre 1815. Commence alors une campagne de répression[19] orchestrée par Juan de Sámano (futur vice-roi de Nouvelle-Grenade) durant laquelle de nombreux patriotes sont exécutés pour trahison.

En 1819, à la suite de la victoire décisive de la bataille de Boyacá qui ouvre la route de Bogota aux patriotes venus du Venezuela et assure la libération du pays[20], Simón Bolívar charge le général vénézuélien Mariano Montilla d'attaquer les royalistes qui occupent encore les ports de la mer des Caraïbes. À partir du 10 août 1819 se déroule une campagne fluviale et navale qui libère un à un les ports caribéens et se termine par l'entrée des troupes indépendantistes à Carthagène le 10 octobre 1821[21].

Époque moderne
(es) Soledad Acosta de Samper, Biografías de hombres ilustres ó notables, relativas á la época del descubrimiento, conquista y colonización de la parte de América denominada actualmente ee. uu. de Colombia — Rodrigo de Bastidas (es) Soledad Acosta de Samper, Biografías de hombres ilustres ó notables, relativas á la época del descubrimiento, conquista y colonización de la parte de América denominada actualmente ee. uu. de Colombia — Pedro de Heredia (es) Carl Henrik Langebaek Rueda et Jorge Orlando Melo, Historia de Colombia: el establecimiento de la dominación española — Cartagena, Bibliothèque Luis Ángel Arango (es) Luz Adriana Maya Restrepo, Demografia historica de la trata por Cartagena 1533-1810, Bibliothèque Luis Ángel Arango Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Auzias Voltaire, Le siècle de Louis XIV, T II page 47 : "Pointis, chef d’escadre, à la tête de quelques vaisseaux du roi et de quelques corsaires de l’Amérique, alla surprendre (mai 1697) auprès de la ligne la ville de Carthagène, magasin et entrepôt des trésors que l’Espagne tire du Mexique. Le dommage qu’il y causa fut estimé vingt millions de nos livres, et le gain, dix millions." Moreau de Saint-Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle Saint-Domingue, Philadelphie, Paris, Hambourg, 1797-1798, (réédition, 3 volumes, Paris, Société française d'histoire d'outre-mer, 1984), p. 1170. (es) Caracciolo Parra Pérez et Cristóbal L. Mendoza, Historia de la Primera República de Venezuela, Fundacion Biblioteca Ayacuch, 1992, 623 p. (lire en ligne) (es) Primera Junta (Production du ministère argentin de l'Éducation de la Nation) ↑ a et b (es) Independencia de Cartagena, Bibliothèque Luis Ángel Arango (fr) Clément Thibaud, Républiques en armes, Les armées de Bolivar dans les guerres d'indépendance du Venezuela et de la Colombie, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2006, 427 p. (ISBN 2-7535-0221-8), p. 41-47 (fr) Histoire de la Colombie, 1833, p. 84 (es) « Acta de la Federación de las Provincias Unidas de la Nueva Granada », Bibliothèque virtuelle Miguel de Cervantes ↑ a et b (es) « La Confederación de las Provincias Unidas de la Nueva Granada », Bibliothèque Luis Ángel Arango (es) Adelaida Sourdis Nájera, La independencia del caribe colombiano 1810 – 1821: Cartagena, Santa Marta, Valledupar y Riohacha, Revista Credencial Historia no 242 (février 2010), Bibliothèque Luis Ángel Arango (es) La campaña Admirable, www.venezuelatuya.com (es) « Nueva Granada », Ministère de la Culture (fr) Histoire de la Colombie, 1833, p. 126 (es) El Régimen del Terror, www.bogota.gov.co, 31 mai 2010 (es) Stefan K. Beck H., La Batalla de Boyacá[PDF] (es) Adelaida Sourdís Nájera, « La independencia del Caribe colombiano, 1810-1821: Caratagena, Santa Marta, Valledupar y Riohacha », Revista Credencial Historia, février 2010


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