Colombia

Colombie
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Contexte de Colombie

La Colombie, en forme longue la république de Colombie (en espagnol : Colombia ou República de Colombia audio) est une république unitaire d'Amérique du Sud comprenant 32 départements. Le pays est situé dans le Nord-Ouest du continent sud-américain ; il est bordé à l'ouest par l'océan Pacifique, au nord-ouest par le Panama, au nord par la mer des Caraïbes (donnant accès à l'océan Atlantique), au nord-est par le Venezuela, au sud-est par le Brésil, au sud par le Pérou et au sud-ouest par l'Équateur. La Colombie est le 26e plus grand pays par sa superficie et le 4e en Amérique du Sud. Avec plus de 51 millions d'habitants, la Colombie est le ...Lire la suite

La Colombie, en forme longue la république de Colombie (en espagnol : Colombia ou República de Colombia audio) est une république unitaire d'Amérique du Sud comprenant 32 départements. Le pays est situé dans le Nord-Ouest du continent sud-américain ; il est bordé à l'ouest par l'océan Pacifique, au nord-ouest par le Panama, au nord par la mer des Caraïbes (donnant accès à l'océan Atlantique), au nord-est par le Venezuela, au sud-est par le Brésil, au sud par le Pérou et au sud-ouest par l'Équateur. La Colombie est le 26e plus grand pays par sa superficie et le 4e en Amérique du Sud. Avec plus de 51 millions d'habitants, la Colombie est le 28e pays le plus peuplé du monde et le 2e de tous les pays de langue espagnole après le Mexique. La Colombie est une moyenne puissance, la 4e plus grande économie d'Amérique latine, et la 3e en Amérique du Sud. La production de café, de fleurs, d'émeraudes, de charbon et de pétrole forme le principal secteur de l'économie colombienne.

La Colombie couvre aujourd'hui un territoire qui était, à l'origine, habité par des peuples autochtones dont les Muiscas, les Quimbayas et les Tayronas. Les Espagnols arrivent en 1499 et lancent une colonisation aboutissant à la création du royaume de Nouvelle-Grenade puis de la vice-royauté de Nouvelle-Grenade (comprenant les actuels pays de Colombie, Venezuela, Équateur, le Nord-Ouest du Brésil et le Panama), avec sa capitale à Bogota. L'indépendance de la Colombie est acquise en 1819, mais en 1830 la Grande Colombie s'effondre avec la sécession du Venezuela et de l'Équateur. Les futurs pays de Colombie et du Panama forment alors la république de Nouvelle-Grenade. La nouvelle nation fait l'expérimentation du fédéralisme en devenant la Confédération grenadine (1858), puis les États-Unis de Colombie (1863), avant de redevenir un pays centralisé sous le nom actuel de république de Colombie en 1886. Le Panama fait sécession en 1903 à la suite de la guerre des Mille Jours (1899-1902). La Colombie est le premier gouvernement constitutionnel en Amérique du Sud et un promoteur important des organisations panaméricaines, d'abord par le congrès de Panama et plus tard en tant que fondateur de l'Organisation des États américains. Les partis libéral et conservateur, fondés respectivement en 1848 et 1849, sont deux des plus anciens partis politiques toujours actifs en Amérique.

La Colombie est ethniquement diverse. L'interaction entre les descendants des premiers habitants indigènes, les colons espagnols, les populations africaines déportées dans le pays comme esclaves et l'immigration du XXe siècle venue d'Europe et du Moyen-Orient, a produit un patrimoine culturel varié, également influencé par la grande variété géographique du pays. La majorité des centres urbains sont situés dans les hauts plateaux de la cordillère des Andes, mais le territoire colombien englobe également la forêt amazonienne, les Llanos et les côtes Caraïbes et Pacifique. Écologiquement, la Colombie est l'un des 17 pays mégadivers du monde, et elle est considérée comme le pays le plus méga-divers par kilomètre carré,.

Plus à propos Colombie

Informations de base
  • Devise Peso colombien
  • Nom natif Colombia
  • Indicatif d'appel +57
  • Domaine Internet .co
  • Mains voltage 110V/60Hz
  • Democracy index 7.04
Population, Area & Driving side
  • Population 49065615
  • Zone 1141748
  • Côté conduite right
Historique
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    La Colombie doit son nom à Christophe Colomb, le « découvreur » de l'Amérique.

    Les colons espagnols arrivent dans cette région aux alentours de 1500, y trouvant les tribus indigènes Chibchas (ou Muiscas) et les Tayronas, lesquelles sont décimées et conquises. Les Espagnols y implantent diverses colonies, qui, plus tard, sont converties en provinces fondant la Nouvelle-Grenade comme noyau au tout début et, à partir de 1717, comme vice-royauté. Celle-ci inclut diverses provinces qui ont appartenu jusqu'à ce moment à la juridiction des vice-royautés de la Nouvelle-Espagne et du Pérou.

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    La Colombie doit son nom à Christophe Colomb, le « découvreur » de l'Amérique.

    Les colons espagnols arrivent dans cette région aux alentours de 1500, y trouvant les tribus indigènes Chibchas (ou Muiscas) et les Tayronas, lesquelles sont décimées et conquises. Les Espagnols y implantent diverses colonies, qui, plus tard, sont converties en provinces fondant la Nouvelle-Grenade comme noyau au tout début et, à partir de 1717, comme vice-royauté. Celle-ci inclut diverses provinces qui ont appartenu jusqu'à ce moment à la juridiction des vice-royautés de la Nouvelle-Espagne et du Pérou.

    Le mouvement indépendantiste débute en 1810, mené en grande partie par Simón Bolívar et Francisco de Paula Santander, et triomphe en 1819. Le territoire, qui est alors connu comme étant la vice-royauté de Nouvelle-Grenade, est converti, le 17 décembre 1819 au congrès d'Angostura, en république fédérale de Grande Colombie, à la suite de la bataille de Boyacá (le 7 août 1819) et la proclamation, par Simon Bolívar (le 10 août), de l'union du Venezuela et de la Nouvelle-Grenade[1].

    Les divisions au sein du pouvoir interne conduisent en 1830 à la séparation des départements qui composent la Grande Colombie : le Venezuela, l'Équateur et la Colombie. À la suite de cette séparation, Cundinamarca prend le nom de Nouvelle-Grenade jusqu'en 1886 où il devient la république de Colombie. Des divisions internes demeurent, déclenchant ainsi une guerre civile qui aboutit à la sécession du Panama en 1903, avec l'ingérence des États-Unis.

    En 1948, l’assassinat à Bogota du dirigeant de gauche Jorge Eliécer Gaitán provoque une guerre civile, appelée « La Violencia », entre les deux forces politiques qui se partagent le pouvoir, libéraux et conservateurs. La Violencia dure près de dix ans (1948-1957) et fait 300 000 morts[2]. Cette guerre se termine par un accord de partage du pouvoir entre libéraux et conservateurs, accord dit du Front national, qui dure jusqu'en 1974. Plusieurs groupes armés, notamment de tendance communiste, estiment que cet accord ne se traduit pas par un programme de développement social et de réduction des inégalités et refusent, en conséquence, de rendre les armes.

    Depuis les années 1960, la Colombie connaît donc un conflit armé impliquant l'armée, des guérillas marxistes telles que les FARC ou l'ELN et des groupes paramilitaires d'extrême-droite, mis sur pied par les grands propriétaires terriens, comme les Autodéfenses unies de Colombie (AUC) ou les Águilas Negras (Aigles noirs).

    Époque précolombienne
     
    Radeau en or de culture Muisca. Origine possible de la légende de l'Eldorado.

    Les vestiges archéologiques comme ceux d'El Abra indiquent que l'occupation humaine de l'actuel territoire colombien remonte entre le XXe et le XIe millénaire av. J.-C.[3] Les chemins suivis par le peuplement furent variés, comme en témoignent la répartition des différentes familles linguistiques et le développement culturel (périodes paléoindienne, archaïque et formative). Sa situation géographique en fit un couloir de population entre la Mésoamérique, la Caraïbe, les Andes et la forêt amazonienne.

    Au XVIe siècle, le territoire était occupé par des peuples à divers états du formatif, comme les Arawaks, les Kalinagos et les Chibchas. Ces derniers, formés de deux groupes, les Tayronas et les Muiscas, sont remarquables dans le formatif supérieur du fait de leur niveau élevé de civilisation[4].

    Colonisation espagnole
     
    C'est au cap de la Vela que le premier Espagnol, Alonso de Ojeda, découvre les côtes de la Colombie, en 1499.
     
    Siège de Carthagène des Indes (1741). Cette ville a été l'un des principaux ports commerciaux entre l'Espagne et les Amériques à l'époque coloniale.

    Le premier contact entre les Européens et l'actuelle Colombie eut lieu à la suite d'une expédition commandée par l'Espagnol Alonso de Ojeda, menée depuis la péninsule de la Guajira en 1499[5].

    Douze ans plus tard, les Espagnols fondèrent Santa María la Antigua del Darién, leur première colonie sur le continent américain puis, après avoir consolidé leur présence dans les zones côtières avec la fondation de Santa Marta (1525) et Carthagène des Indes (1533), commencèrent l'exploration des régions intérieures, avec la fondation de Popayán (1536) et Bogota (1538).

    En 1513, les lois de Burgos furent promulguées dans le but de limiter les mauvais traitements infligés par les colons aux indigènes, mais leur effet fut limité. Les indigènes étaient soumis au système de l’encomienda et subirent une évangélisation forcée[6]. Les difficiles relations avec les Européens furent à l'origine de nombreuses révoltes indigènes qui empêchèrent la pacification du territoire. Les institutions de repartimiento, d'encomienda et de mita (service obligatoire, notamment dans les mines) contraignirent les indigènes aux travaux forcés et au paiement de tributs. La traite négrière fut introduite par le port de Carthagène des Indes entre la fin du XVIe siècle et le début du XVIIe siècle.

    Les institutions coloniales furent implantées en 1550, l'année suivant la création de l'Audience royale de Santa Fe de Bogota, qui comprenait les territoires des gouvernorats de Bogota, Santa Marta, San Juan, Popayán, Guyane et Carthagène des Indes.

    Les provinces de Caracas, Cumaná, Guyane et Maracaibo dépendaient de l'Audience royale, mais furent occasionnellement rattachées, particulièrement dans le domaine judiciaire, avec celle de Saint Domingue. Au XVIIIe siècle, la Nouvelle-Grenade fut établie comme vice-royauté, rassemblant les Audiences royales de Santa Fe, de Panama, de Quito ainsi que certaines provinces qui furent ultérieurement rattachées à la Capitainerie générale du Venezuela, avec capitale à Santa Fe.

    Durant toute l'époque coloniale, la zone fut la cible d'attaques de pirates des Caraïbes au service de la Couronne britannique, qui fut vaincue en 1741, lors de la guerre de l'oreille de Jenkins, après le siège de Carthagène des Indes. En 1781 survint la révolte des Comuneros, qui constitue la première manifestation de l'identité créole, lorsque les insurgés marchèrent sur la capitale pour protester contre les nouveaux impôts exigés par les Espagnols et pour réclamer une part de la richesse du pays.

    Émancipation et Grande Colombie
     
    Bolívar et Santander au Congrès de Cúcuta.
     
    Carte de la Grande Colombie.

    Après l'invasion de l'Espagne par la France de Napoléon en 1808 commencèrent les guerres d'indépendance en Amérique du Sud, inspirées par la mentalité des Lumières en Europe ainsi que les processus d'indépendance des États-Unis et de Haïti[7].

    Antonio Nariño, opposé au centralisme espagnol, lança un mouvement d'opposition contre le vice-royaume, ce qui conduisit à des revendications d'une autonomie lors de soulèvements survenus dans les grandes villes de la Nouvelle-Grenade en 1810. Après l'indépendance de Carthagène en novembre 1811 furent formés deux gouvernements indépendants qui s'affrontèrent et disparurent dans une guerre civile, au cours d'une période connue comme la Patria Boba (« patrie idiote »). L'année suivante furent proclamées les Provinces-Unies de Nouvelle-Grenade, menées par Camilo Torres Tenorio. Malgré les triomphes de la rébellion, l'apparition de deux courants idéologiques opposés parmi les partisans de l'émancipation, fédéralistes et centralistes, donna lieu à un affrontement interne qui favorisa la reconquête du territoire par les Espagnols et la restauration de la vice-royauté dirigée par Juan de Sámano, dont le régime mena une répression à l'encontre des participants aux soulèvements[8]. En conséquence, les espoirs d'indépendance grandirent au sein de la population et, ajoutés aux difficultés économiques et militaires connues en Espagne, favorisèrent le triomphe de la campagne libératrice de la Nouvelle-Grenade menée par Simón Bolívar, qui proclama l'indépendance définitive du pays en 1819[9]. La résistance royaliste fut finalement vaincue en 1822 dans l'actuel territoire colombien, et en 1823 dans le reste du vice-royaume d'alors.

    Le congrès de Cúcuta de 1821 approuva une constitution, dont le principal objectif était la création d'une république de Colombie, aujourd'hui connue sous le nom de Grande Colombie[10]. Le nouvel État se composait toutefois d'une union très instable entre les actuels États de Colombie, du Venezuela, d'Équateur et de Panama principalement, et fut entamé par la sécession du Venezuela en 1829, suivie de celle de l'Équateur en 1830. Comme le Chili, la Bolivie, le Mexique, ou le Pérou, le pays fait appel à la Bourse de Londres pour financer des sociétés minières[11] : des centaines de techniciens anglais traversent l’océan, avec leur machine à vapeur, pour les moderniser comme aux mines d'or et d'argent de la Vega de Supia[12], remarquées dès 1803 par le géographe Alexander von Humboldt et mises en garantie par Bolivar auprès de créanciers anglais pendant les guerres de libération.

    Premier siècle de la République
     
    Caricature de 1903 faisant allusion aux négociations du traité Herrán-Hay portant sur les droits d'accès à l'isthme de Panama.

    Entre 1839 et 1884, le pays se trouva dans une situation très instable et souffrit d'une série de guerres civiles qui marquèrent son histoire et dont certaines favorisèrent des changements de régime, de nom ou de constitution. En 1854, un coup d'État politico-militaire porta José María Melo au pouvoir durant quelques mois[13]. Après son renversement, les autorités entreprirent une politique de réduction des forces armées, prérequis important pour le fonctionnement fédéraliste qui fut instauré jusqu'en 1859, moment où se produisit la quatrième guerre civile à la suite d'une rébellion dans l'État de Cauca, qui mit à bas le gouvernement[14]. Dès lors et jusqu'en 1876, sous la Constitution de Rionegro, qui favorisait l'autonomie des États et la création d'armées régionales en réaction à la faiblesse politique et militaire du gouvernement central, survinrent près de 40 guerres civiles régionales et une nationale (1876-1877)[15]. En 1884, les libéraux radicaux tentèrent, sans succès, de renverser le président Rafael Núñez. Au cours de ces guerres, le nom officiel du pays changea continuellement. Entre 1831 et 1858, le pays se nomma « république de Nouvelle-Grenade » (« República de Nueva Granada »), entre 1858 et 1861 « Confédération grenadine » (« Confederación Granadina »), de 1861 à 1886 « États-Unis de Colombie » (« Estados Unidos de Colombia »), avant la restauration de « république de Colombie » (« República de Colombia »), qui est encore la dénomination actuelle.

    Au début du XXe siècle, la Colombie fut en proie à la guerre des Mille Jours, qui, avec le processus de séparation du Panama soutenu par les Etats-Unis (qui cherchaient à s'emparer de la région pour y contruire un canal), conduisit le gouvernement Rafael Reyes (1904-1909) à démissionner sous la pression populaire[16]. Cette guerre civile sanglante dura trois ans et fit plus de 100 000 morts. En 1930, l'hégémonie conservatrice commencée en 1886 prit fin.

    De la République libérale au Front national
     
    Scène du Bogotazo.

    Entre 1930 et 1946, le Parti libéral colombien prit le pouvoir et gouverna dans une perspective revancharde. En 1932 éclata la guerre colombo-péruvienne, dont le dénouement garantit la participation colombienne à l'occupation de la zone amazonienne[17].

    De 1934 à 1938, puis de 1942 à 1945, le président le plus progressiste de l'histoire de la Colombie gouverne : Alfonso López Pumarejo, originaire de Bogota et membre du Parti libéral, qui ouvre un espace pour les syndicats et l'enseignement public et jette les bases d'une réforme agraire. Son projet s'appelait la « révolution en marche » mais il ne conduisit pas à une rupture avec le système capitaliste et le pouvoir des élites traditionnelles. La droite a réagi rapidement, le parti libéral s'est divisé et, finalement, les craintes concernant la propriété privée et la montée du communisme ont abouti à l'échec de son projet progressiste. C'est aussi dans ce contexte que s'est produit le premier pic de violence : dans les campagnes, les paysans étaient réprimés dans le sang par des groupes paramilitaires liés aux propriétaires terriens[18].

    À la suite des divisions au sein du Parti libéral, les conservateurs reprirent le pouvoir présidentiel, mais pas la majorité au congrès. En 1948, avec l'assassinat de Jorge Eliécer Gaitán, figure de l'aile gauche du Parti libéral et pressenti comme le vainqueur de l'élection présidentielle, fut lancé le Bogotazo (littéralement « coup de Bogota »), à l'origine de La Violencia, période de guerre civile caractérisée par l'opposition violente entre les deux partis et qui perdura jusqu'au début des années 1960[19].

    Ces troubles sont également à l'origine de la formation de mouvements d'auto-défense dans le Tolima et les Llanos orientales, avec des initiatives telle la « Segunda Ley del Llano », d'où émergeront les chefs guérilleros, principalement libéraux[20]. Entre-temps, le conservateur Laureano Gómez, inspiré par le fascisme, assume la présidence du pays le 7 août 1950 après une élection à laquelle les libéraux ont refusé de participer. Il dissipe la méfiance des États-Unis (le Département d'État l'avait placé sur liste noire pour ses prises de position durant la Seconde guerre mondiale) en manifestant un anti-communisme virulent, notamment par l'envoi du seul contingent militaire sud-américain en Corée. Sur le plan intérieur, Gómez instaure un régime de caractère dictatorial (répression de l'opposition, persécution de la minorité protestante) et le suffrage universel, jugé « contradictoire avec la nature hiérarchique de la société », est suspendu.

    Les conservateurs se maintinrent à la présidence jusqu'en 1953, où la classe politique favorisa un coup d'État qui livra le pouvoir au général Gustavo Rojas Pinilla, qui mit en place un régime dictatorial. La plus grande partie des guérillas, séduites par les propositions de paix du gouvernement, déposèrent les armes, mais plusieurs de leurs membres furent assassinés ultérieurement. Un accord entre le parti libéral et le parti conservateur mit fin à la dictature et à la suite d'une junte militaire provisoire fut fondé le Front national, permettant un retour à un gouvernement civil avec une alternance concertée entre les deux partis[21]. Si d'une part ce front mit fin à la violence bipartiste, il ferma d'autre part certaines portes, poussant quelques anciens guérilleros libéraux à retourner à la guérilla, en fondant ou en rejoignant des organisations telles que l'ELN, le M-19 et les FARC appuyées par le Parti communiste colombien[21].

    La Violencia et le conflit armé

    Les tensions entre les partis politiques ont fréquemment dégénéré en violence, et plus particulièrement durant la guerre des Mille Jours (1899-1902) et La Violencia, à partir de 1948. Depuis les années 1960, l'Armée nationale colombienne, les insurgés de gauche (FARC, ELN) et les paramilitaires sont engagés dans le plus long conflit armé du continent[22] alimenté par le narcotrafic qui a pris son essor dans les années 1980. Depuis 2010, la violence a diminué, avec quelques démobilisations des groupes paramilitaires dans le cadre d'un processus de paix controversé et les guérilleros ont perdu le contrôle d'une grande partie du territoire qu'ils dominaient autrefois[23]. Dans le même temps le taux d'homicide colombien a presque diminué de moitié entre 2002 et 2006[24]. Grâce à une politique d'éradication des cultures[25], la Colombie, premier producteur mondial de cocaïne pendant de nombreuses années, est maintenant largement considérée comme étant au deuxième ou troisième rang[26],[27]. La Colombie est le troisième pays le plus inégalitaire d’Amérique latine après le Honduras et Haïti[28],[29].

    Histoire récente
     
    Juan Manuel Santos, président de la Colombie de 2010 à 2018, lors du Forum économique mondial.
     
    Le président Álvaro Uribe recevant la médaille présidentielle de la Liberté du président des États-Unis George W. Bush, en 2009.

    La répartition du pouvoir entre libéraux et conservateurs se poursuivit encore après la fin du Front national en 1974, bien que, à partir de la réforme constitutionnelle de 1968, la participation d'autres partis politiques fût autorisée. C'est alors que commença le développement du trafic de stupéfiants dans le pays, qui constitue depuis lors l'un des facteurs clefs de la situation conflictuelle connue par le pays[30].

    Le sénateur Luis Carlos Galán (Parti libéral), grand favori de l'élection présidentielle de 1990, est assassiné en août 1989. En mars 1990, Bernardo Jaramillo, le candidat de l'Union patriotique (gauche et communiste) à ce même scrutin, est tué à son tour par les narcotrafiquants. Carlos Pizarro, ancien commandant du mouvement de guérilla M-19 et lui aussi candidat à l'élection présidentielle, est assassiné le 26 avril, également par les narcotrafiquants. Le libéral César Gaviria est finalement élu à l'issue du scrutin[31]. Son gouvernement crée en 1994 les « Convivir », censées aider l'armée à prévoir les activités des groupes insurgés grâce à un réseau d’informateurs. Toutefois, « la réalité a démontré que les Convivir ont permis de légaliser les réseaux de tueurs à gages au service des narcotrafiquants et des propriétaires fonciers tout en ayant pour objectif principal d’utiliser la population civile comme cache-sexe du mouvement paramilitaire[32]. »

    Sous le mandat d'Ernesto Samper (1994-1998), le gouvernement se vit impliqué dans un scandale d'alliance avec les narcotrafiquants, le proceso 8 000, à l'origine d'un conflit diplomatique avec les États-Unis et d'une crise du pouvoir. Comme le chaos politique se prolongeait encore, la guérilla des FARC et de l'ELN ainsi que les paramilitaires AUC renforcèrent leur influence en participant au contrôle des cartels de trafiquants. C'est dans ce contexte que les FARC et le gouvernement colombien entreprirent des négociations de paix entre 1998 et 2002, qui échouèrent alors que le conflit était en pleine recrudescence, le pays en grave crise économique et le plan Colombie en cours d'implantation[33].

    En 2002, Álvaro Uribe Vélez devint le premier président colombien élu depuis plus de 150 ans à être issu d'un autre parti que le parti libéral ou le parti conservateur. Son élection fut rendue possible par une coalition entre différents partis et le soutien des paramilitaires, qui dans les zones rurales ont ordonné aux paysans de voter pour lui[34]. Cette coalition mit également en place une réforme de la constitution permettant la réélection immédiate ; Uribe obtint ainsi un deuxième mandat en 2006. Álvaro Uribe a tenu une ligne dure contre les FARC, refusant le dialogue et préférant miser sur une solution exclusivement militaire pour achever le conflit. Pour écraser la guérilla , il s'appuya notamment sur les paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC, extrême-droite), qui fonctionnent comme une force auxiliaire de l'armée gouvernementale «utilisée pour semer la terreur et détourner les soupçons concernant la responsabilité des forces armées dans la violation des droits humains lors du conflit», indique Amnesty International. Ces paramilitaires sont tenus responsables par l'ONU de 80 % des crimes et massacres perpétrés durant le conflit, contre 12 % pour les guérillas et 8 % pour l'armée[35]. Dans le cadre du programme Justicia y Paz, Álvaro Uribe propose en 2006 une quasi-amnistie des AUC et obtient que 30 000 des membres de ces milices déposent les armes[36].

    Pour améliorer ses résultats en matière de lutte contre la guérilla, l'armée colombienne a procédé à des exécutions massives de civils, présentés comme des rebelles tués au combat. Si des exactions de ce genre existaient déjà auparavant, le phénomène s'est généralisé à partir de 2002, encouragé par les primes versées aux soldats et par une impunité quasi-absolue[37],[38]. Le scandale, dit des faux positifs, éclate en 2008. La justice colombienne reconnait en 2021 au moins 6 402 civils exécutés par l’armée colombienne entre 2002 et 2008 afin d’être présentés fallacieusement comme des membres des guérillas[39],[40].

    Au cours des dernières années, divers scandales de coopération entre hommes politiques, groupes de narcotrafiquants et paramilitaires (voir par exemple l'article « Scandale de la parapolitique »), concentrèrent l'attention de l'opinion publique au niveau international, et le conflit colombien a montré des signes de contagion vers les pays voisins, comme lors de la crise diplomatique de la Colombie avec l'Équateur et le Venezuela de 2008. Diverses manifestations populaires dénonçant les crimes des différentes forces impliquées dans le conflit ont été menées[41]. En contrepartie toutefois, la Colombie est l'un des pays d'Amérique du Sud les plus stables sur le plan institutionnel.

    En novembre et décembre 2019, des centaines de milliers de personnes manifestent contre le gouvernement dans ce qui constitue le plus important mouvement de protestation de l'histoire du pays[42].

    En juin 2022, le premier président de gauche de l'histoire de la Colombie, le socialiste Gustavo Petro, ancien guérillero du M-19 et maire de Bogota, est élu, peu de temps après une bascule vers la gauche du parlement. Sa colistière qui devient vice-présidente, Francia Marquez, est féministe et écologiste[43],[44]. Gustavo Petro annonce le 3 décembre 2022 la conclusion d’un accord entre son gouvernement et l'ELN sur le retour de réfugiés indigènes déplacés dans l’ouest du pays[45].

    Grand Larousse universel, op. cit. Maurice Lemoine, Les 100 Portes de l’Amérique latine, L’Atelier, Paris, 1998, p. 109-120. « Poblamiento Colombia », Colombia Info (consulté le 11 mai 2008). Jon Landaburu, « Clasificación de las lenguas indígenas en Colombia », Centro colombiano de estudios de lenguas aborígenes (consulté le 21 mai 2008). Nicolás del Castillo Mathieu, « La Primera Visión de las Costas Colombianas », Revista Credencial (consulté le 16 mai 2008). « Esclavitud y evangelización en los indígenas » (consulté le 9 juillet 2009). « Influencia de la Ilustración para la independización de Colombia y América Latina en General » (consulté le 8 juillet 2009). (es) « España reconquista el virreinato » (consulté le 8 juillet 2009). Charles-V. Aubrun, « Bolívar et la Révolution américaine », sur persee.fr, Persée, 1936 (consulté le 26 février 2015), p. 173-207. (es) « Congreso de Cúcuta (1821) », sur biblioteca.universia.net, universia (consulté le 22 avril 2015). 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Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées :0 « Pour la première fois, la Colombie élit un président de gauche, Gustavo Petro », sur France 24, 20 juin 2022 Anne Proenza, « Avec Gustavo Petro, la Colombie vire à gauche pour la première fois de son histoire », sur Libération, 20 juin 2022 « Colombie : le gouvernement et les guérilleros de l’ELN concluent un accord sur le retour des réfugiés indigènes », Le Monde.fr,‎ 4 décembre 2022 (lire en ligne, consulté le 4 décembre 2022)
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