لبدة الكبرى

( Leptis Magna )

Leptis Magna ou Lepcis Magna (LPQY en punique ; Νεάπολις ou Neapolis en grec : « Nouvelle ville ») était une des villes importantes de la république de Carthage avant qu'elle ne passe, à l'issue de la troisième guerre punique, sous l'autorité de la République romaine.

La cité a probablement été fondée par les Phéniciens, mais les premières traces d'occupation sont datées du VIIe siècle av. J.-C.[1]

Elle ne prend toute son importance que lorsque Carthage étend sa domination au bassin méditerranéen au IVe siècle av. J.-C. À l'issue de la troisième guerre punique, elle passe sous l'autorité de la République romaine. Cependant, aux alentours de 200 av. J.-C., elle constitue de fait une cité indépendante.

Ce statut prend fin lorsque l'empereur Tibère l'incorpore dans la province d'Afrique. Elle devient alors une des cités les plus influentes d'Afrique du Nord et un important centre de commerce. Devenue municipium en 64/65, elle est élevée au rang de colonie sous le règne de Trajan.

Leptis connaît sa plus grande prospérité quand en 193, un de ses enfants, Lucius Septime Sévère, devient empereur. Il favorise sa ville natale, notamment en bâtissant de somptueux monuments, qui en font l'une des trois plus belles villes africaines, rivalisant avec Carthage et Alexandrie. Il s'y rend certainement avec sa famille en 203, où il est reçu avec faste.

Lors de la crise économique du IIIe siècle, pendant laquelle le commerce décline, rapidement, Leptis Magna perd elle aussi de son importance. Après les destructions causées par le violent tremblement de terre de la période 306-310, puis la dévastation causée le 21 juillet 365 par un autre tremblement de terre d'épicentre en Crète suivi d'un tsunami[2], la ville est en partie abandonnée. Ce déclin peut également s'expliquer par les attaques des Austuriani (un peuple de Maures de l'extérieur) en 362-365, auxquelles le comte d'Afrique Romanus, responsable de l'armée romaine en Afrique, n'a pas pu répondre. Leptis Magna connaît un faible renouveau sous le règne de Théodose Ier.

En 439, Leptis Magna et le reste des villes de Tripolitaine passent sous le contrôle des Vandales, quand leur roi Genséric prend Carthage aux Romains pour en faire sa capitale. Afin d'éviter que Leptis Magna ne se rebelle contre le nouvel ordre vandale, Genséric ordonne de raser ses murs. Cette mesure permet malheureusement à un groupe de Berbères de saccager la ville en 523.

Bélisaire reprit Leptis Magna pour le compte de Byzance dix ans plus tard, et en 534 il renversa le royaume des Vandales. Leptis devint alors une capitale provinciale de l'Empire byzantin. Cependant, elle ne se remit jamais des destructions commises par les Berbères. En 650, les Arabes envahirent à leur tour la Tripolitaine, et la ville fut abandonnée à l'exception d'une garnison byzantine.

Au fil des siècles, le site, oublié, fut enseveli sous les sables. Et ce jusqu'au XVIIe siècle lorsqu'il fut exploité pour ses matériaux. En effet, après le bombardement de Tripoli en 1685 pour combattre la piraterie barbaresque en Méditerranée, Louis XIV exigea le paiement d'une forte rançon que le pacha de Tripoli proposa de payer avec le marbre des ruines de Leptis Magna. Deux traités furent signés entre le roi de France et le pacha de Tripoli en 1693 et 1720, stipulant que « le roi se réserve de prendre à Leptis et dans tout lieu de la régence les colonnes dont il aurait besoin ». Le consul de France nommé par provisions du 14 juillet 1685 à Tripoli, Claude Le Maire[3], partit à Leptis Magna pour choisir des colonnes de marbre qui pourraient servir dans la construction du château de Versailles. Au total, il en préleva près de 300, notamment du forum sévérien et de la palestre[4], qui furent envoyées à Toulon en 1688 et 1690 puis acheminées à Paris. Déposées sur un quai de la Seine, près du Louvre, elles ont été utilisées pour diverses constructions ou débitées en morceaux de placage[5]. Quatre colonnes furent mises en place en 1742 dans la Chapelle de la Vierge de l’Église Saint-Sulpice de Paris, où elles se trouvent toujours. Quatre autres furent employées à la même époque dans le jubé de la Cathédrale de Rouen et, après sa destruction en 1884, réemployées pour la construction du musée des Beaux Arts de Rouen[4]. D'autres colonnes furent utilisées pour le grand autel de l'Abbaye de Saint-Germain des Prés (gravure de Lucas, 1717) et se trouvent maintenant dans la grande galerie des peintures du Louvre, où elles ont été transférées à la Révolution après la destruction de cet autel.

En 1817, le consul britannique Warrington persuada le pacha Yousouf Karamanli de lui céder des éléments architecturaux de Leptis Magna (peut-être présentés comme un cadeau du pacha au roi d'Angleterre Georges IV[4]). Il expédia ainsi à Londres une cargaison comportant notamment 22 colonnes de granite, 15 colonnes de marbre, 25 piédestaux, 10 chapiteaux et 10 morceaux de corniche qui furent d'abord entreposés dans la cour du British Museum. Ils servirent ensuite en 1826 à édifier une fabrique en forme de faux temple romain, le "temple d'Auguste", dans le Grand Parc de Windsor, toujours visible sur les bords du lac de Virginia Water[6].

L'exploration archéologique ne débuta véritablement qu'avec l'arrivée des Italiens au début du XXe siècle.

Aujourd'hui, le site de Leptis Magna constitue l'un des plus impressionnants vestiges de l'Empire romain, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO depuis 1982.

René Rebuffat, Leptis Magna, dans Dictionnaire de la civilisation phénicienne et punique, p. 257. (it) « Leptis Magna in Enciclopedia dell' Arte Antica », sur Treccani.it (consulté le 12 février 2015). Anne Mézin, Les consuls de France au Siècle des Lumières (1715-1792), Paris, Imprimerie nationale, Direction des archives et de la documentation du ministère des Affaires étrangères, 1998 (ISBN 978-2-11-089158-7), p. 392-394. ↑ a b et c André Laronde, « Claude Le Maire et l'exportation des marbres de Lepcis Magna », Bulletin de la Société nationale des Antiquaires de France, vol. 1993, no 1,‎ 1995, p. 242–255 (DOI 10.3406/bsnaf.1995.9851, lire en ligne, consulté le 9 septembre 2020) Sandro Lorenzatti, Riuso e ricezione estetica del Marmor Carystium (Cipollino) di Leptis Magna in Francia tra XVII e XIX, ouvrage cité, Sur Claude Le Maire et ses activités archéolgoques, voir aussi: Sandro Lorenzatti, De Benghazi à Versailles: histoire et réception d’une statue (XVIIe-XXe), in “Archeologia Classica“, 64, n.s. II, 3, 2013, p. 677-718, et Sandro Lorenzatti, Note archeologiche e topografiche sull’itinerario da Derna a Cirene seguito da Claude Le Maire (1706), in "L'Africa romana XX", Roma 2015, vol. 2, p. 955-970. (en-US) Paul Cooper, « How Ancient Roman Ruins Ended Up 2,000 Miles Away in a British Garden », sur The Atlantic, 10 janvier 2018 (consulté le 10 septembre 2020)
Photographies by:
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