قلعة بني حماد

( Kalâa des Béni Hammad )

La Kalâa (ou Kalaa ou Qalâa ou Qal'a) des Banû Hammad (ou Béni Hammad) est un site archéologique situé dans la wilaya de M'Sila, dans la commune de Maâdid, en Algérie. Le site est classé patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1980.

Le lieu est déjà habité par les Numides : une mosaïque représentant le triomphe d'Amphitrite est découverte en 1898 à 700 mètres à l'est de la ville et déposée au musée des Antiquités d'Alger. Selon les chroniqueurs arabes et notamment Ibn Hammad qui signale qu'il s'appelait château de Kiana mais aussi fort du Miroir, il sert de refuge à Abu Yazid (« l'homme à l'âne ») dans sa révolte contre les califes fatimides Al-Qaim et Al-Mansur[1].

La Kalâa est fondée en 1007 par Hammad ibn Bologhine, fils de Bologhine ibn Ziri Menad Abou Ziri (fondateur d'Alger), qui obtient de son suzerain Badis, prince ziride , l'autorisation d'édifier une ville et d'en faire sa capitale. Il y engage durant deux ans de grands projets de construction. La position de la nouvelle citadelle présente des avantages stratégiques encore supérieurs à ceux d'Achir. Hammad s'empresse de la fortifier et, selon Ibn Khaldoun, de la peupler avec les habitants de Msila et de Hamza (Bouira) après avoir détruit leurs villes, ainsi que des Djerawa.

Neuf ans après la fondation de la Kalâa, Hammad ibn Bologhine se révolte contre son neveu Badis qui veut le dessaisir de trois provinces du Constantinois. Karama, frère de Badis, attaque la Kalâa et la détruit en partie. Badis lui-même est, après un siège de six mois, sur le point de s'en emparer quand il meurt le 9 mai 1016[1]. Les troupes zirides quittent alors la Kalâa. Hammad fait plus tard la paix avec le fils et successeur de Badis, Al-Muizz, qui doit se résigner au fait accompli (1017)[2]. Le mariage de Abdallah, fils de Hammad, et d'Umm al-Ulu, sœur d'Al-Muizz, marque l'alliance des deux princes.

 Le minaret de la Kalaâ au pied du Takerboust

Devenue la capitale des berbères hammadides, la ville constitue alors l'une des plus florissantes d'Afrique du Nord. Selon Ibn Khaldoun, « La Qal'a atteignit bientôt une haute prospérité; sa population s'accrut rapidement et les artisans ainsi que les étudiants s'y rendaient en foule des pays les plus éloignés et des extrémités de l'empire. Cette affluence de voyageurs eut pour cause les grandes ressources que la nouvelle capitale offrait à ceux qui cultivaient les sciences, le commerce et les arts »[3]. Trois grandes routes relient la Kalâa aux autres villes du Maghreb. La première, vers le nord-ouest, se divise pour conduire à Alger et Ténès par Bouira, à Bougie et Djidjelli, à Sétif et Constantine. La deuxième, vers l'ouest, mène à M'sila et Achir, puis Médéa et Tahert. La dernière, vers l'est, se divise elle aussi pour se diriger vers Constantine, Kairouan et Sfax, Biskra, Gafsa et Gabès[4].

Après le mort de Hammad en 1028, la Kalâa est embellie au long des règnes de ses successeurs, Al-Qaid (1029-1054), Muhsin (1054-1055), Bologhine (1055-1062), Al-Nasir (1062-1082), Al-Mansur (1088-1104). D'après des vers d'Ibn Hammad que cite Ibn al-Khatib, « Al-Nasir embellit la Grande Mosquée de la Qal'a et fit bâtir à proximité de la cité plusieurs châteaux : le palais des Deux Mariées, le palais de Ballara qui porte le nom de la princesse ziride que le prince hammadite épousa en 1077, le palais du Califat et le palais de l'Étoile »[5]. La ville accueille notamment, après l'invasion des Arabes hilaliens en Ifriqiya, les habitants ruinés de Kairouan et les négociants orientaux, à qui elle doit, vers 1065, un développement inattendu. La ville est alors selon Al-Bakri (mort en 1094) « un centre de commerce qui attire les caravanes de l'Irak, du Hidjaz, de l'Égypte, de la Syrie et de toutes les parties du Maghreb »[6].

Sous le règne d'Al-Qaid, les hostilités ayant repris entre les Zirides et les Hammadites, la Kalaâ est assiégée entre 1040 et 1042. Sous celui de An-Nasir, elle est conquise par Ali b. Raggam mais selon Ibn Khaldoun reprise rapidement. En 1090 Al-Mansur quitte la Kalâa, sous la menace hilalienne, pour s'installer à Béjaïa (Bougie) avec sa troupe et sa cour. Le déclin de la ville, jusque-là l'une des plus importantes du Maghreb central, commence sous le règne d'Al-Aziz (1105-1121). Assiégée par les Hilaliens elle n'est sauvée que par l'intervention de l'armée envoyée de Bougie par le souverain. En 1148 Yahya, dernier prince hammadite (1121-1152), fait transporter à Bougie tous les objets de valeur de la ville. En 1152 elle est prise et en partie détruite par les troupes Almohades dirigées par Abdallah, fils du calife Abd al-Mumin. En 1185 l'almoravide Ali Ibn Ghaniya y pénètre après un siège de trois jours[7].

↑ a et b Bourouiba 1975, p. 9 Charles-André Julien, Histoire de l'Afrique du Nord, Payot, 1966, p. 71. Ibn Khaldoun, cité par Bourouiba 1975, p. 15 Bourouiba 1975, p. 16-17 Bourouiba 1975, p. 18 Al-Bakri, cité par Bourouiba 1975, p. 15 Bourouiba 1975, p. 12-13
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