Le glacier du Rhône (Rhonegletscher ou Rottengletscher en allemand) se trouve à l'extrémité nord-est du canton du Valais en Suisse. Il donne naissance au Rhône, en amont de Gletsch, qui s'écoule ensuite dans la vallée de Conches.
Le glacier s'étend sur 8 kilomètres et atteint une largeur d'un peu plus de 1 000 mètres. Sa superficie est de 17 km2. Comme la plupart des glaciers alpins, il a passablement reculé depuis le milieu du XIXe siècle. Il est facilement accessible via la route du col de la Furka. Une galerie creusée dans la glace permet de visiter l'intérieur du glacier.
Lors des périodes de glaciation, le glacier du Rhône a recouvert une bonne partie du sud-ouest de la Suisse avec une épaisseur pouvant atteindre 2 000 mètres. La masse de glace se séparait ensuite à la hauteur du lac Léman en deux bras dont l'un atteignait la région à l'est de Lyon en France[1]. L'autre bras se dirigeait quant à lui au nord pour recouvrir le nord-ouest des Préalpes suisses et le plateau suisse avant d'aboutir près de Berne. Il y rejoignait l'actuel glacier de l'Unteraar qui avait lui aussi grandement avancé.
Dernières glaciationsLors des deux dernières glaciations majeures, la glaciation de Riss et la glaciation de Würm, le glacier du Rhône atteignait une partie du plateau suisse et les montagnes jurassiennes dans la région du mont Tendre étaient en partie recouvertes. Lors de la glaciation de Würm, le glacier terminait sa course près de Wangen an der Aare, entre Olten et Soleure. Des vestiges géologiques sous la forme de granite ou de gneiss des Alpes valaisannes peuvent être trouvés dans l'ouest du plateau suisse[2],[3].
Petit âge glaciaireDurant le Petit Âge glaciaire et jusqu'au début du XXe siècle, le glacier descendait jusque dans la vallée de Conches à la hauteur du village de Gletsch à environ 1 800 mètres d'altitude. Sa langue se trouvait alors non loin de l'hôtel du village. En 1856, le glacier atteint une avancée record qu'il est possible d'imaginer aujourd'hui grâce aux moraines et aux pierres déposées par la masse de glace.
Lors de son passage dans la région, Sebastian Münster le décrit ainsi :
« Le 4 août 1546… comme je me rendais à cheval à la Furka, je parvins à une immense masse de glace dont l'épaisseur, autant que je pus le conjecturer, était de deux à trois piques militaires, dont la largeur équivalait à la portée d'un arc puissant ; en longueur, elle s'étendait indéfiniment vers le haut, de sorte qu'on ne pouvait en apercevoir la fin. Elle offrait à ceux qui la regardaient un terrifiant spectacle. De cette masse s'étaient détachés un ou deux blocs de la taille d'une maison, ce qui en augmentait encore l'impression d'horreur. Il en sortait aussi une eau blanchâtre, qui entraînait avec elle de multiples particules de glace, de sorte qu'un cheval ne pouvait la traverser à gué sans danger. Ce cours d'eau marque le commencement du fleuve Rhône. »
— Sebastian Münster, traduit du latin par Emmanuel Le Roy Ladurie, Histoire du climat depuis l'an mil
De cette description, Le Roy Ladurie déduit les dimensions du glacier au milieu du XVIe siècle. Sa hauteur devait être de 10 à 15 mètres pour une largeur de 200 mètres, une taille nettement supérieure à celle du glacier dans les années 1960, décennie au cours de laquelle l'historien français écrit[4].
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