Monte Fitz Roy

( Fitz Roy )

Le cerro Fitz Roy, également connu sous le nom de cerro Chaltén, est une montagne située près du village d'El Chaltén, en Patagonie, à la frontière entre l'Argentine et le Chili. Le Fitz Roy se trouve dans la province de Santa Cruz (Argentine) et dans la région de Magallanes et de l'Antarctique chilien (Chili). Il a donné son nom au massif du Fitz Roy et s'élève à seulement cinq kilomètres au nord-est du cerro Torre. Son altitude est de 3 405 mètres. Il a été gravi pour la première fois par les alpinistes français Lionel Terray et Guido Magnone en 1952.

Le Fitz Roy est situé à la fois dans le parc national Los Glaciares (Argentine) et dans le parc national Bernardo O'Higgins (Chili).

Exploration

Le Fitz Roy est déjà connu par les indiens Aonik'enk, qui peuplaient la région avant l'arrivée des Espagnols. En effet, la présence de nombreux restes archéologiques (instruments, éclats…)[1] atteste la présence des Tehuelches dans les plaines autour du lac Viedma, depuis lesquelles le Fitz Roy est visible de loin. Les récits des premiers explorateurs espagnols[réf. nécessaire] confirment leur connaissance de cette montagne qu'ils ont d'ailleurs baptisé Chaltén. Le Fitz Roy est d'ailleurs évoqué dans les mythes de cette communauté, puisqu’Elal, principal héros de la cosmogonie Tehuelche, aurait été déposé au sommet de la montagne par un cygne, avant de descendre du Fitz Roy pour rejoindre la plaine patagonienne et le peuple Tehuelche qu'il va guider et éduquer[2].

La découverte du Fitz Roy par les Occidentaux remonte sans doute à 1782, lorsque Francisco de Biedma y Narváez atteint le lac Viedma[3]. Après avoir fondé la ville de Puerto San Julián, il organise une expédition visant à explorer les terres intérieures de la Patagonie. Il suit ainsi le cours des rivières Santa Cruz et Chalía, jusqu'à atteindre la rive nord du lac Viedma. Les indiens Tehuelches guidant l'expédition lui montrent alors deux montagnes particulièrement visibles, nommant la plus haute des deux, Chaltén[réf. nécessaire].

 Vue du Fitz Roy depuis la laguna de los Tres.

La seconde expédition à atteindre cette partie de la Patagonie fut celle de l'anglais Robert FitzRoy, en 1834, lors de son exploration de l'Amérique australe pendant son voyage en bateau sur le HMS Beagle. L'expédition constituée de trois baleinières part ainsi de l'embouchure du río Santa Cruz et cherche à remonter le fleuve jusqu'au lac Viedma. Bien que n'ayant pas atteint son but, Robert Fitz Roy réussit à remonter 300 kilomètres de rivière, et put apercevoir de loin le sommet Chaltén.

C'est au cours de l'expédition de Francisco Moreno en 1877 que le Chaltén fut rebaptisé Fitz Roy. L'expert Francisco perito Moreno est chargé par le gouvernement argentin d'établir précisément le tracé de la frontière séparant l'Argentine du Chili[3]. En effet, celle-ci est alors définie théoriquement par un traité de 1810 comme étant la zone de plus haut sommets divisant les eaux entre les océans Atlantique et Pacifique[réf. nécessaire], mais une grande partie de la frontière n'a pas été explorée, et la position du divortium aquarum est en général inconnue[réf. nécessaire]. Francisco Moreno arrive en vue du Fitz Roy le 14 février 1877[réf. nécessaire], et baptise alors le plus haut sommet en rendant hommage au capitaine de l'expédition précédente Robert FitzRoy. L'expert inclut d'ailleurs le Fitz Roy dans la ligne de division des eaux, bien que le divortium aquarum passe plus à l'ouest et traverse le champ de glace Sud de Patagonie. Même s'il reconnaît, puisqu'il n'a pas pu s'approcher suffisamment de la cordillère, être incertain du tracé de la ligne de division des eaux[réf. nécessaire], le Fitz Roy restera dans les traités un point fixe de la frontière entre les deux pays[réf. nécessaire], et cette erreur sera plus tard à l'origine de l'un des conflits limitrophes entre le Chili et l'Argentine[réf. nécessaire].

Ce n'est que dans les années 1930 que les différentes vallées du massif du Fitz Roy seront explorées, lors des expéditions menées par Alberto María De Agostini[4]. Ce missionnaire salésien fut le premier à traverser le champ de glace Sud de Patagonie au début de l'année 1931. Cette expédition est aussi l'occasion de remonter le río Fitz Roy jusqu'à la Laguna Torre, au pied du cerro Torre[4]. Il complète son exploration du massif l'année suivante, remontant le río de las Vueltas puis le río Eléctrico. Il fonde dans la vallée un camp de base, par la suite baptisé Piedra del Fraile (« pierre du Frère » en espagnol) en l'honneur du missionnaire[4], afin de pouvoir poursuivre son exploration. L'expédition doit attendre pendant un mois une amélioration du temps, avant de pouvoir remonter jusqu'à la partie supérieure du río Eléctrico, apercevant le champ de glace Sud de Patagonie et découvrant le versant Nord-Ouest du Fitz Roy[4].

Première ascension  Vue du mont Fitz Roy au lever du soleil.

La première tentative d'ascension du Fitz Roy fut menée par le guide italien Aldo Bonacossa en 1937[3]. Accompagné de Titta Gilberti, Leo Dubosc et Ettore Castiglioni, il atteint le pied de la face Sud du Fitz Roy, lui paraissant la plus aisée à gravir, le 26 janvier. En dépit de l'excellent niveau des 4 grimpeurs, l'expédition n'atteint pas le sommet, devant renoncer face aux difficultés techniques des 400 derniers mètres de l'ascension.

La deuxième tentative d'ascension du Fitz Roy par Hans Zechner ne se fera que dix ans plus tard. Il vient en effet explorer le massif en 1947[3], dans le but de trouver la voie la plus facile, et revient en 1948 avec les Italiens Mario Bertone et Nestor Gianolli, échouant successivement l'ascension par le versant sud-est, puis par la crête Nord[3]. Hans Zechner échoue une nouvelle fois l'ascension en 1949, accompagné de Dangi, Matzi et Lanchsne, repérant un couloir de neige particulièrement long pouvant faciliter l'ascension (plus tard baptisé « supercanaleta »)[3].

Le Fitz Roy est finalement gravi pour la première fois par les alpinistes français Lionel Terray et Guido Magnone en 1952[3]. Début janvier, l'expédition composée de Jacques Poincenot, Guido Magnone, Marc Antonin Azéma, Lionel Terray, René Ferlet, Louis Lliboutry, Louis Depasse et Georges Strouvé[3], installe son camp de base près de l'actuel village d'El Chaltén. Elle commence alors l'exploration du massif afin de repérer les voies d'ascension, pendant laquelle Jacques Poincenot trouve la mort alors qu'il traversait le Río Fitz Roy. Les alpinistes établissent alors un camp de base au bord du Río Blanco qui deviendra par la suite le campamiento Río Blanco encore utilisé par les escaladeurs, et trois campements avancés atteignant ainsi la brèche des Italiens (Brecha de los Italianos)[3], point le plus haut atteint par l'expédition de 1937. Après une longue attente à la brèche des Italiens à cause du mauvais temps, Lionel Terray et Guido Magnone entament l'ascension le 31 janvier, réussissant à traverser jusqu'au névé triangulaire avant de retourner au camp de base[3]. Ils partent le 1er février pour l'ascension finale, rejoignant rapidement le névé grâce aux cordes fixes posées la veille, puis commencent la montée vers le sommet[3]. Après un bivouac près du névé de l'araignée[5], ils reprennent l'escalade, et rejoignent le sommet à 16 h 40[5], accomplissant la première ascension du Fitz Roy.

L'ouverture des principales voies  Vue du mont Fitz Roy

La deuxième expédition à atteindre le sommet du Fitz Roy est celle de José Luis Fonrouge et Carlos Comesaña[3]. Ils empruntent alors la supercanaleta, repérée 15 ans plus tôt par Hans Zechner, leur permettant de franchir 1 800 mètres sur la glace, avant d'attaquer la montée en rocher. Ils atteignent ainsi la cime le 16 janvier 1965, avant de redescendre par la même voie[3].

En 1968, un groupe de Californiens ouvre une nouvelle voie dans la face Sud du Fitz Roy[3]. Yvon Chouinard, Douglas Tompkins, Dick Dorworth, Chris Jones et Lito Tejada-Flores, venus depuis les États-Unis en camion, arrivent à la fin de l'année 1969 au pied du Fitz Roy. Ils décident de grimper par le côté gauche de la face Sud, passant par la brèche des Italiens puis par le col du cinéaste. Le mauvais temps bloque les Américains pendant 6 jours, mais une amélioration leur permet d'entreprendre l'ascension. Les six grimpeurs atteignent ainsi la cime le 20 décembre 1968, après trente heures d'ascension, ouvrant la route baptisée « voie des Californiens », aujourd'hui la plus classique pour atteindre le sommet du Fitz Roy[3]. Le film documentaire Mountain of storms retrace leur ascension[6].

L'ascension du pilier oriental, de 1 500 mètres de haut, fut tentée et échouée à plusieurs reprises, d'abord par une expédition française en 1967[3], puis par les deux expéditions italiennes successives de Rovereto puis de Monza au début des années 1970[3]. L'expédition suisse de H.P. Kasper et T. Holdner réussit en 1974 à grimper 200 mètres sous le sommet, dépassant ainsi la plupart des difficultés, mais fut repoussée par le mauvais temps[3]. Le pilier fut finalement gravi par l'expédition de l'Italien Casimiro Ferrari en 1976. Après 6 jours d'escalade, pendant laquelle Ferrari perd plusieurs dents au cours d'une chute, Casimiro Ferrari et Vittorio Meles atteignent la cime le 23 février[3].

La première ascension du pilier Nord, quant à elle, fut réalisée pour la première fois en 1979 par l'Italien Renato Casarotto, en hommage duquel le pilier est aujourd'hui appelé pilier Casarotto. Cette voie avait déjà été tentée à plusieurs reprises auparavant, et Renato Casarotto lui-même avait déjà dû renoncer à l'ascension à deux reprises[3]. Il réussit finalement, complètement en solitaire lors de cette troisième tentative, l'ascension du pilier et atteint le sommet le 1er janvier 1979[3].

D'autres voies furent par la suite ouvertes dans la face ouest, de part et d'autre de la supercanaleta, laquelle réduit grandement la hauteur de paroi à escalader. En 1979, les Français Jean et Michel Afanassieff, G. Albert, J. Fabre et G. Sourice ouvrent une voie — la voie Afanassieff — à gauche de la supercanaleta, suivant l'arête ouest, et atteignent le sommet le 24 décembre[3],[7]. En 1983 une expédition tchécoslovaque, composée de Robert Galfy, M. Orolin, Z. Brabec, V. Petrik, F. Kele, M. Hoholik et T. Surka, ouvre une autre voie dans la face ouest, passant cette fois à droite de la supercanaleta, terminant la voie entamée par Rob Carrington et Alan Rouse en 1977[3]. Après de nombreuses tentatives frustrées par le mauvais temps, Galfy, Orolin et Potrik atteignent finalement la cime le 15 janvier 1983, inaugurant la voie des Tchécoslovaques[3],[8].

Le 10 mars 1984, Alberto Bendinger, Marcos Couch, Pedro Friedrich et Eduardo Brennerapertura ouvrent la voie franco-américaine (Ruta Franco Argentina), sur la face sud-est, qui devient par la suite la voie normale[9].

Entre le 12 et le 16 février 2014, les grimpeurs américains Tommy Caldwell et Alex Honnold réalisent la première traversée du massif du Fitz Roy. En quatre jours, ils gravissent tour à tour, les aiguilles Guillaumet et Mermoz, le Fitz Roy, les aiguilles Poincenot, Rafael Suarez, Saint-Exupéry et de l'S[10],[11]. Les deux hommes reçoivent le Piolet d'or 2015 pour cette première.

Entre le 5 et le 10 février 2021, Sean Villanueva O’Driscoll réalise la seconde traversée intégrale du massif et la première en solo, Moonwalk Traverse. Il est récompensé d'un piolet d'or.

Caracotche 2000, p. 651-656 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Montes2004 ↑ a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w et x Miotti 1991 ↑ a b c et d TecPetrol 2000 ↑ a et b Javier Callupan Devaud, « Historias del Fitz Roy », sur www.patagoniamountain.com.ar (consulté le 15 mars 2010) (en) Mountain of storms, (52 min), Lito Tejada-Flores (1972) Mountain of Storms, LLC. Consulté le 2 janvier 2017. [vidéo] Fitz Roy 21' sur YouTube Chálten (Fitz Roy) - 3 405 m (es) « Eduardo Brenner 1961-1988 », sur alborde.com.ar, Al Borde (en) D. MacDonald, « Caldwell, Honnold Complete Fitz Traverse », sur Climbing News, Climbing Magazine, 18 février 2014 (en) Documentaire A line across the sky (40 min), de Peter Mortimer et Josh Lowell, 17 septembre 2015
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