თუშეთი
( Touchétie )
La Touchétie (en géorgien : თუშეთი, en anglais : Tusheti) est une région historique de la Géorgie, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO. Ses habitants sont les Touches.
La pénurie de sources historiques écrites empêche la rédaction d'une histoire fiable de la région. La région serait passée de la mythologie géorgienne[1] au christianisme orthodoxe vers le VIIe siècle[2].
Après l'invasion soviétique de la Géorgie en 1921, le régime communiste s'implante assez lentement dans les campagnes. L'économie locale est alors fondée sur le pastoralisme, avec une transhumance annuelle entre les alpages et les pâturages d'hiver dans la plaine de Kakhétie : certaines familles aristocratiques, ainsi que les mamasakhlissi (მამასახლისი : seigneurs locaux) possédaient jusqu'à 6 000 moutons, 60 à 70 chevaux, 10 à 15 bovins. Tous se retrouvent dépossédés lors de la collectivisation forcée ordonnée par Staline en 1930 : le commerce de la laine devient un monopole d’État. Cela rencontre de fortes réticences : beaucoup de paysans préfèrent abattre ou laisser mourir leur bétail plutôt que de s'en voir privés au bénéfice des kolkhozes, c'est-à-dire, en pratique, de la nomenklatura. Sur 90 000 moutons, plus de la moitié sont perdus, ainsi que 15 % des bovins. Qualifiés de « koulaks », risquant la déportation, ces paysans réfractaires préfèrent se donner la mort dans leurs montagnes, ou encore former des bandes de brigands. C'est pourquoi la propagande communiste insiste sur l'« action civilisatrice » du régime en Touchétie : les églises sont transformées en écoles, qui visent à éradiquer les superstitions, le clanisme (les principaux clans étaient les Tsovas, les Pirikites, les Gométsars et les Tchagmas) et la vendetta, dans le but de transformer cette région pittoresque en lieu touristique pour les travailleurs de l'ensemble de l'Union soviétique. La race locale du mouton touche, robuste et bien adaptée aux conditions locales, est modifiée par croisement avec le mérinos. Les possessions ne sont pas, comme ailleurs, totalement interdites, mais sont limitées à 0,25 ha, 40 moutons, un cheval et deux vaches laitières par famille, tout le reste allant au kolkhoze. Dans la rudesse du Caucase, ces lots individuels ne permettant pas à une famille de survivre : beaucoup de Touches doivent migrer vers les villes et certains villages sont abandonnés[3].
Pendant la Seconde Guerre mondiale, l'autorité soviétique se retire et des bandes se forment pour remplacer les agents de l’administration ; le NKVD reprend la région en main en 1946 et déporte une partie des Touches au Kazakhstan. Sous le gouvernement de Nikita Khrouchtchev, les contraintes s'assouplissent : les paysans ont droit à un cheptel de 200 moutons par famille et certains dépassent discrètement le seuil autorisé ; ces contraintes sont levées dans les années 1980[3].
Le gouvernement de la République socialiste soviétique de Géorgie fait construire la première route carrossable vers la Touchétie dans les années 1960, mais elle est aussitôt détériorée par les glissements de terrain et les crues des rivières.
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