سقطرى

( Socotra )

Socotra (en arabe et en langue mehri : سقطرى, soqotra) est une île du Yémen située en mer d'Arabie, non loin de l'entrée orientale du golfe d'Aden.

Elle se trouve à 234 kilomètres au large du cap Guardafui, qui constitue l'extrémité nord-est de la Somalie, et à 352 kilomètres au sud-est des côtes du gouvernorat d'Al Mahrah, au Yémen. Elle est la plus grande île de l'archipel de Socotra composé, outre Socotra, d'Abd al Kuri, Darsah, Samhah et des îlots rocheux de Sabuniyah et Ka'l Firawn. Socotra mesure 133 kilomètres de longueur et une quarantaine de kilomètres de largeur, pour une superficie de 3 579 km2.

En raison de sa biodiversité et de la présence de quelque 700 espèces uniques au monde, elle est inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco au sein de l'archipel de Socotra et a été déclarée réserve de biosphère en 2003 par l'Unesco.

Selon Edresi, géographe arabe du XIIe siècle, Alexandre le Grand, incité par Aristote, y aurait installé une colonie ionienne après avoir conquis l'Égypte[1].

Dans Le Périple de la mer Érythrée datant du Ier siècle, l'île est nommée Dioscoride (Dioscoridis Insula, signifiant en koinè île des Dioscures). Elle est décrite comme grande, semi-déserte et marécageuse, et possédant quelques rivières. La faune est composée de serpents, de grands lézards et de tortues. Ses habitants, (chrétiens nestoriens d'après le texte apocryphe des Actes de Thomas du IIIème siècle), sont un mélange d'Arabes, de Grecs et d'Indiens, pêcheurs et marins. Ils sont peu nombreux et vivent sur la côte septentrionale. Des ermites vivent dans les haghiers (creux dans le grès) du sud de l'île[2].

Vers 520, l'île est un comptoir égypto-byzantin[3] qui commerce avec les chrétiens du Kerala, en Inde, en contournant l'empire Perse, ennemi des Byzantins[4].

En 1505, alors en expansion dans l'océan Indien et la mer Rouge, le Portugal y fonde un comptoir commercial[5]. L'île sert de base aux Portugais pour défier les Mamelouks d’Égypte et rançonner les boutres marchands arabes[6]. Par la suite, le comptoir est disputé par les Hollandais. Après avoir été pendant quelque temps un repaire de pirates, l'île passe en 1886 sous domination anglaise et intégrée jusqu'en 1967 au protectorat du Somaliland. Sa population est intégralement islamisée à partir de ce moment.

De 1967 à 1990, l'archipel de Socotra est revendiqué à la fois par la Somalie et le Yémen du Sud communiste, et l'île accueille une petite base militaire qui sert d'escale à la marine soviétique[7]. Les conditions maritimes et météorologiques (embruns et vents de sable) dégradent les équipements électroniques rapidement[8] et l'escale soviétique se limite, à la fin de la Guerre froide, au port et à une station-relais de communications ; ce que les satellites espions américains avaient pris pour une importante base s'est révélé être surtout des ferrailles et d'anciennes installations vétustes ou abandonnées[9],[10].

À partir de 1987, pendant la longue guerre civile somalienne, les gouvernements du Yémen ont officiellement proclamé Socotra comme territoire yéménite, mais à partir de 2015, c'est au Yémen que sévit la guerre civile et ce sont les Émirats arabes unis qui commencent à administrer, voire à coloniser Socotra, construisant de nouvelles infrastructures et des réseaux de télécommunication, faisant leurs propres recensements de la population locale, offrant aux habitants des contrats de travail, puis, en 2018, occupant militairement l'île malgré les protestations du gouvernement yéménite[11]. Le 13 mai 2018, des troupes saoudiennes débarquent à leur tour à la demande du gouvernement yéménite[12] et les occupants se retirent au profit de l'armée yéménite le lendemain, 14 mai[13].

En mai 2019, le gouvernement yéménite accuse les Émirats arabes unis de fournir une aide logistique aux séparatistes du Conseil de transition du Sud à Socotra, ce que nient les Émirats[14]. En février 2020, un régiment de l'armée yéménite stationné à Socotra se rebelle contre le gouvernement d'Abdrabbo Mansour Hadi reconnu par l'ONU, et prête allégeance au Conseil de transition du Sud (CTS)[15]. Le 20 juin 2020, le CTS annonce avoir pris le contrôle de Socotra[16].

« Le Saint-Suaire de Turin et la science », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 31, no 113,‎ 1943, p. 40-43 (lire en ligne). Mauny Raymond, « Le périple de la mer Érythrée et le problème du commerce romain en Afrique au sud du Limes », Journal de la Société des Africanistes, http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jafr_0037-9166_1968_num_38_1_1428, t. 38 fascicule 1,‎ 1968, p. 19-34 Anonymi [Arriani, ut Fertur] Periplus Maris Erythraei, dans Geographi graeci minores, vol. 1, éd. grecque et trad. latine par Karl Müller, Paris, 1855, p. 257-305 (en ligne). Elie, S. D. 2006. "Soqotra: South Arabia's Strategic Gateway and Symbolic Playground." BRITISH JOURNAL OF MIDDLE EASTERN STUDIES. 33 (2): 131-160. ISSN 1353-0194. Jean-Louis Bacque-Grammont et Anne Kroell, « Mamlouks, Ottomans et Portugais en Mer Rouge. L'affaire de Djedda en 1517 », Revue du monde musulman et de la Méditerranée, vol. 55, no 1,‎ 1990, p. 292 (lire en ligne, consulté le 14 novembre 2011) Michel Mollat du Jourdin et Christiane Villain-Gandossi, « Histoire maritime médiévale et moderne », École pratique des hautes études. 4e section, sciences historiques et philologiques,‎ 1996, p. 83-86 (lire en ligne)
Livret 6. Rapports sur les conférences de l'année 1989-1990
Christiane Rabier et Jean Angrand, « La stratégie des grandes puissances autour du territoire français des Afars et des Issas et de l'Océan indien », Revue française de science politique 26e année, FNSP, no 3,‎ 1976, p. 521-534 (lire en ligne) Yves Lacoste, Dictionnaire de géopolitique, Paris, Flammarion, 1993, 1679 p. (ISBN 978-2-08-035101-2 et 2-08-035101-X), p. 1403 Jean-Louis Guébourg, Socotra, une île hors du temps, Talence, Centre de recherches sur les espaces tropicaux de l'Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3, 1998, 117 p. (ISBN 978-2-905081-36-0 et 2-905081-36-8, lire en ligne), p. 44 à 46 (en) Youri Joukov, Lyle Goldstein et John Hattendorf, « The “Cold War” at sea : an international appraisal », Journal of Strategic Studies,‎ 2005 (ISSN 0140-2390, lire en ligne) « L’armée émiratie se déploie sur l’île de Socotra: l’alliance Yémen-Emirats pourrait voler en éclats », sur Al HuffPost Maghreb (consulté le 6 mai 2018) « Yémen: des forces saoudiennes sur l'île de Socotra après des tensions », sur L'Orient-Le Jour (consulté le 14 mai 2018) « Fin de la crise sur l'île yéménite de Socotra, annonce le Premier ministre », sur L'Orient-Le Jour (consulté le 14 mai 2018) (en) Aziz El Yaakoubi, « Yemen government accuses UAE of landing separatists on remote island », sur Reuters, 9 mai 2019 (en) « Second army regiment rebels against Yemen government in Socotra », sur Middle East Monitor, 28 février 2020 « Conflit. Au Yémen, les sécessionnistes du Sud avancent leurs pions », sur Courrier international, 25 juin 2020 (consulté le 26 juin 2020).
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