الصحراء الكبرى

( Sahara )

Le Sahara (en arabe : الصحراء الكبرى aṣ-Ṣaḥrāʾ al-Kubrā, , « le grand désert », en berbère : ⵜⵉⵏⵉⵔⵉ Tiniri ou ⵜⵏⵔ Tenere) est un vaste désert chaud situé dans la partie nord du continent africain. Il s'étend sur 5 000 km d'ouest en est, de l'océan Atlantique à la mer Rouge, et couvre plus de 8,5 millions de km2 (soit près de 30 % de la surface du continent africain), ce qui en fait la plus grande étendue de terre aride d'un seul tenant dans le monde et le troisième désert le plus étendu sur terre.

Le Sahara peut même être prolongé au-delà de la mer Rouge, les géographes parlant alors d'un grand « désert saharo-arabique ». Plus largement encore, le Sahara constitue la partie occidentale d'u...Lire la suite

Le Sahara (en arabe : الصحراء الكبرى aṣ-Ṣaḥrāʾ al-Kubrā, , « le grand désert », en berbère : ⵜⵉⵏⵉⵔⵉ Tiniri ou ⵜⵏⵔ Tenere) est un vaste désert chaud situé dans la partie nord du continent africain. Il s'étend sur 5 000 km d'ouest en est, de l'océan Atlantique à la mer Rouge, et couvre plus de 8,5 millions de km2 (soit près de 30 % de la surface du continent africain), ce qui en fait la plus grande étendue de terre aride d'un seul tenant dans le monde et le troisième désert le plus étendu sur terre.

Le Sahara peut même être prolongé au-delà de la mer Rouge, les géographes parlant alors d'un grand « désert saharo-arabique ». Plus largement encore, le Sahara constitue la partie occidentale d'une vaste diagonale sèche qui s'étend des abords du fleuve Sénégal à la Mongolie.

Plus vaste désert chaud du monde, il divise le continent d'est en ouest. Il couvre d'immenses étendues et s'étend sur le territoire de dix États : l'Algérie, l'Égypte, le Maroc, la Libye, la Tunisie, la Mauritanie, le Niger, le Mali, le Tchad, le Soudan, ainsi que sur le territoire contesté du Sahara occidental.

Le désert de sable ne couvre que 20 % de sa superficie, les 80 % restants sont principalement constitués de surfaces rocheuses où dominent des roches sédimentaires. La zone géographique comprend plusieurs paysages et climats ; on y trouve des déserts de sable (Grand Erg oriental et Grand Erg occidental), des montagnes (Hoggar, Tassili, Tibesti), des hamadas (plateaux rocailleux) et des regs (déserts de pierre) tel le Tanezrouft.

Préhistoire  Le Sahara avant l'actuelle phase désertique[1] : la faune de l'époque, attestée par les restes fossiles et l'art rupestre, comprenait des autruches, des gazelles, des bovins, des éléphants, des girafes, des hippopotames, des crocodiles… Gravures rupestres du plateau du Gilf Kebir, abritant, entre autres sites, la grotte des Nageurs et montrant la faune de la savane saharienne. Peinture rupestre de Jabbaren dans le Tassili n'Ajjer, montrant un boviné domestique à cornes fines et longues.

Au Sahara, de nombreuses traces d'une activité humaine préhistorique peuvent être découvertes (outils, poteries, et peintures rupestres).

L'alternance humide/aride

Le climat du Sahara a subi des variations importantes durant la préhistoire. Dans l'oasis de Bilma (Niger), des cratères de salines glauques sont les vestiges des mers qui couvraient le Sahara il y a 100 millions d'années (paléo-océan Téthys & Téthys alpine) et se sont retirées lors de la remontée de l'Afrique vers l'Europe, engendrant alors les Alpes et rehaussant l'Afrique du Nord. La genèse du Sahara est datée à environ 7 millions d'années, consécutivement au retrait de la Thétys. Cette zone géographique est soumise aux cycles glaciaires/interglaciaires depuis 2,7 millions d'années, passant de verdoyant à désert tous les 5 à 6 000 ans[2]. Il y a environ 40 000 ans, il existait de grands lacs au Sahara, peuplé alors de semi-nomades. Il y a 18 000 ans, le Sahara était hyperaride[3].

La théorie astronomique des paléoclimats postule que les oscillations de la Terre autour de son axe engendrerait, avec une périodicité de 20 000 ans environ, un cycle d'épisodes glaciaires suivis de périodes interglaciaires entraînant le verdissement et la désertification (au moment des glaciations) du Sahara[4].

Le dernier Sahara vert

À la sortie de la dernière glaciation, qui était marquée par une aridité très élevée et un Sahara plus étendu qu'aujourd'hui, le monde se réchauffe et les précipitations augmentent. Vers 12000 av. J.-C., la limite sud-orientale était remontée à hauteur du tropique du Cancer[5]. Vers 10500 av. J.-C., c'est sa limite sud-occidentale qui était remontée, la surface désertique étant alors moitié moindre que l'actuelle. Le climat radouci de cette écorégion demeura tempéré jusqu'aux alentours de 8500 av. J.-C.. L'étude des foraminifères de la côte ouest-atlantique indique une très rapide remontée des températures, vers août, et vers juillet, un maximum avec des températures supérieures aux actuelles[6]. Durant cette période chaude appelée subpluvial néolithique, correspondant à l'optimum climatique de l'Holocène, le « Sahara vert » reçut une pluviosité abondante. Il comprenait alors des lacs, des sources où vivaient des poissons et était couvert de végétations en bordure de cours d'eau (forêt galerie) et au fond des vallées[6]. Il était peuplé d'une faune riche et de populations ethniquement diverses de chasseurs-cueilleurs qui connurent alors la révolution néolithique environ 6000 av. J.-C.[6],[7], caractérisée par des céramiques décorées à la molette du VIe millénaire BP (la « molette » pouvait être un outil en bois servant à appliquer le motif en creux, une bague de bois porte le motif sculpté, et peut tourner autour d'un manche).

Des fossiles d'animaux marins ont été retrouvés ainsi que des peintures de troupeaux de bœufs sur les parois de certaines grottes de cette époque[8]. Par ailleurs, au centre du Soudan (4e-6e cataracte) on a découvert des os de bœuf domestique datant du Néolithique ancien (7200-6500) ; cette découverte remet en cause l'hypothèse selon laquelle l'origine de la domestication du bétail, en Afrique, serait à rechercher en Basse-Nubie (1e-2e cataracte)[9]. Marquant des points forts sur les parcours de nomadisation, les sites rupestres de Gilf Kébir et du Djebel Ouweinat, parmi d'autres, portent des représentations de bétail et non seulement d'animaux sauvages[7]. Mais le régime alimentaire ne semble alors reposer qu'en faible partie sur l'élevage, tandis que la collecte de céréales sauvages, la chasse et la pêche assurent l'essentiel, comme à Al-Farafra.

Au milieu de cette époque de pastoralisme (6080–5120 BP ou 5200–3800 AEC), au cœur du Sahara vert, sur le plateau libyen de Messak connu pour ses ensembles de gravures rupestres (Wadi Mathendous), dont les styles sont bien distincts mais plus ou moins datables, un rituel complexe était centré sur le dépôt fréquent, dans des monuments circulaires en pierre, de restes d'animaux désarticulés, principalement du bétail. Ces monuments étaient associés à l'art rupestre gravé sur les stèles, placées au centre[10],[6],[7].

Les massifs montagneux du Sahara montrent des reliques de souches tropicales humides (acacias, Calotropis, Balanites) et de souches méditerranéennes (olivier sauvage, myrte, lavande) très minoritaires, qui restent subordonnées à la végétation proprement désertique (palmier, tamaris) mais attestent du passé humide et forestier datant du temps du « Sahara vert »[11].

Bien que le changement climatique se fût amorcé, le Sahara était encore humide vers 6500 av. J.-C. Il devint progressivement de plus en plus aride à partir de 3900 av. J.-C. (Événement climatique de 5900 BP)[12], entraînant la migration des populations du centre de l'Afrique du Nord vers la vallée du Nil, ce qui a finalement conduit à l'émergence des premières sociétés complexes dans la vallée du Nil, avec la culture de Nagada (3800-3150 AEC), et l'avènement des premières monarchies nilotiques à Abydos et Hiérakonpolis[13].

Colonisation

Au Ier millénaire av. J.-C., des nomades libyco-berbères s'implantent progressivement dans le Sahara, le parcourant du Nil à l'Atlantique[14]. À la même période, les Phéniciens qui ont établi des comptoirs commerciaux sur la côte d'Afrique du Nord, pratiquent le commerce des esclaves, notamment via le circuit transsaharien[15].

Les Grecs colonisent la Cyrénaïque et la Tripolitaine à partir du Ve siècle av. J.-C. et établissent des comptoirs le long de la Mer Rouge qui favorisent le commerce avec les Berbères. Parallèlement, le peuple berbère des Garamantes fonde une véritable civilisation urbaine dans le Fezzan et le Carthaginois Hannon le Navigateur explore les sites côtiers du Sahara occidental sur la façade atlantique du Maroc[16].

La province romaine d’Afrique du Nord est conquise en 146 av. J.-C. lors de la troisième guerre punique alors que des expéditions romaines atteignent le Sahara, telles celles de Lucius Bulbus en 50 av. J.-C. ou du général romain Septimus Flaccus et de l'explorateur militaire Julius Matermus qui parviennent au Tchad à la fin du Ier siècle[17].

L'Empire romain d'Orient règne sur les côtes nord du Sahara du Ve au VIIe siècle, puis la conquête musulmane du Maghreb atteint rapidement le Sahara à partir du VIIIe siècle. Les musulmans arabes et berbères développent les systèmes de commerce transsaharien, aussi bien sur les marchandises que les hommes (traite arabe). Le Sahara reste à cette époque l'axe principal d'échange entre l'Afrique subsaharienne et l'Afrique du Nord et cette source de revenus considérables est très convoitée. L'empire ottoman s'étend sur l'Afrique du Nord (à l'exception du Maroc) jusqu'à son déclin à la fin du XIXe siècle, mais il est incapable d'étendre son autorité de manière efficace et durable aux régions sahariennes.

Cela permet aux Européens de s'imposer à leur tour, d'abord par les explorations puis par la colonisation. La traversée nord-sud du Sahara est ainsi réalisée en 1822 par les deux explorateurs anglais Hugh Clapperton et Dixon Denham. En 1828, l'explorateur français René Caillié atteint Tombouctou, seul, et il est le premier à en revenir, au terme d'une éprouvante traversée vers le Maroc, alors que l'Anglais Alexander Laing qui l'avait précédé avait été assassiné par son guide peu de temps après avoir quitté la ville.

Le partage de l'Afrique consacre la domination de la France sur le Sahara (Sahara français) contrôlé par les Compagnies méharistes sahariennes fondées en 1902 par le commandant Laperrine. Les aviateurs français réalisent la première traversée du Sahara du 3 février au 31 mars 1920, durant laquelle le même Laperrine trouve la mort. L'intérêt économique du Sahara, manifesté par les projets du chemin de fer transsaharien et de l'Organisation commune des régions sahariennes en 1957, explique le maintien de la présence européenne dans cette vaste région mais n'empêche pas la décolonisation de l'Afrique[18].

Le Sahara demeure l'objet d'enjeux économiques et politiques, liés aux richesses de son sous-sol (hydrocarbures, minerais dont le phosphate et le fer) qui donnent une impulsion à la construction du réseau des routes transafricaines (notamment la route transsaharienne), mais aussi aux tensions et aux crises de nations en devenir[19].

Progression

Depuis 1900, le Sahara a progressé vers le sud de 250 km et ce sur un front qui en fait plus de 6 000 km, la cause de cette progression du désert étant cependant surtout d'origine anthropique. C'est ainsi que la steppe du Sahel connaît un dessèchement relativement brutal. Néanmoins, la décennie qui suit l'année 2000 a connu un reverdissement dans le Sahel[20][réf. incomplète].

D'après Henri J. Hugot, Le Sahara avant le désert, éd. des Hespérides, Toulouse 1974 ; Gabriel Camps, « Tableau chronologique de la Préhistoire récente du Nord de l'Afrique : 2-e synthèse des datations obtenues par le carbone 14 » in : Bulletin de la Société préhistorique française vol. 71, n° 1, Paris 1974, p. 261-278 et Jean Gagnepain. (en) Zhongshi Zhang, Gilles Ramstein, Mathieu Schuster, Camille Li, Camille Contoux & Qing Yan, « Aridification of the Sahara desert caused by Tethys Sea shrinkage during the Late Miocene », Nature, vol. 513,‎ 18 septembre 2014, p. 401–404 (DOI 10.1038/nature13705). Joseph Ki-Zerbo (dir.), Histoire générale de l'Afrique, vol. 1 : Méthodologie et préhistoire africaine, UNESCO, 1990, p. 420-421 Marie-Antoinette Mélières, « La théorie astronomique des climats », CNRS Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées gensah ↑ a b c et d Michel Barbaza et al., chap. 15 « La Préhistoire récente du Sahara », dans François-Xavier Fauvelle (dir.), L'Afrique ancienne : De l'Acacus au Zimbabwe, Belin, coll. « Mondes anciens », 2018, 678 p. (ISBN 978-2-7011-9836-1). ↑ a b et c Jessie Cauliez, Tiphaine Dachy, Xavier Gutherz et al., chap. 16 « Les premières sociétés de production en Afrique », dans François-Xavier Fauvelle (dir.), L'Afrique ancienne : De l'Acacus au Zimbabwe, Belin, coll. « Mondes anciens », 2018, 678 p. (ISBN 978-2-7011-9836-1). (en) Nick A. Drake et al., « Ancient watercourses and biogeography of the Sahara explain the peopling of the desert », Proceedings of the National Academy of Science, vol. 108, no 2,‎ 11 janvier 2011, p. 458–462 (DOI 10.1073/pnas.1012231108) et (en) Savino di Lernia, et al., « Inside the “African Cattle Complex”: Animal Burials in the Holocene Central Sahara », PloS ONE,‎ 20 février 2013 (lire en ligne, consulté le 23 mars 2020) Joël Cornette (dir.) et Damien Agut et Juan Carlos Moreno-García, L'Égypte des pharaons : de Narmer à Dioclétien 3150 av. J.-C. - 284 apr. J.-C., Paris, Belin, coll. « Mondes anciens », 2016 (réimpr. 2018, 2018), 847 p., 24 cm (ISBN 978-2-7011-6491-5), p. 71. Par ailleurs, Fred Wendorf relève que « le processus de domestication des bovins au Sahara oriental, sur les sites de Nabta Playa et de Bir Kiseiba (en), peut être daté de 10 000 à 9000 BP. Il serait donc légèrement plus ancien que celui dont on a retrouvé trace en Eurasie »[réf. souhaitée]. di Lernia et al., 2013 Claude Tassin, Paysages végétaux du domaine méditerranéen, IRD Éditions, 2017, p. 340. Yves Miserey, « Comment le Sahara est devenu un désert », Le Figaro,‎ 13 mai 2008 (lire en ligne) (en) Nick Brooks, « Cultural responses to aridity in the Middle Holocene and increased social complexity », Quaternary International, vol. 151, no 1,‎ 2006, p. 29–49 (DOI 10.1016/j.quaint.2006.01.013) Mohand Akli Haddadou, Le guide de la culture berbère, Paris-Méditerranée, 2000, p. 89 Pierre Rouillard et Javier Teixidor, L'univers phénicien, Hachette, 2006, p. 123-134 Bernard Nantet, Histoire du Sahara et des Sahariens. Des origines à la fin des grands empires africains, Ibis Press, 2008, p. 126 (en) Phillip C. Naylor, Historical Dictionary of Algeria, Scarecrow Press, 2006, p. 396 Jean-Marc Durou, L'exploration du Sahara, Actes Sud, 2004, 185 p. Michel Pierre, Sahara, le grand récit, Belin, 2014, 185 p. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées maréf
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