Alcatraz Island

( Île d'Alcatraz )

L'île d'Alcatraz, en anglais : Alcatraz Island, est une île située dans la baie de San Francisco à 1,92 km du port de San Francisco en Californie, dans l'Ouest des États-Unis.

Elle fut nommée en 1775 « Isla de los Alcatraces » par Juan Manuel de Ayala car elle servait de refuge à de nombreux pélicans bruns. Cette île hébergea une forteresse militaire pendant plusieurs décennies (1850-1909), puis une prison militaire (1909-1933) et une prison fédérale de haute sécurité (1934-1963). Occupé par des activistes amérindiens de 1969 à 1971, le complexe d'Alcatraz est aujourd'hui reconverti en un site historique géré par le service des parcs nationaux des États-Unis. Il est visité chaque année par plusieurs centaines de milliers de touristes et demeure un lieu d'observation des oiseaux de la baie.

Fort d'Alcatraz

Il est probable que les Amérindiens Ohlones soient venus chasser, pêcher et collecter les œufs des oiseaux bien avant l'arrivée des Européens sur l'île d'Alcatraz[1].

En 1775, l'explorateur espagnol Juan Manuel de Ayala fut le premier européen à naviguer dans la baie de San Francisco[2] ; au cours de son exploration, il nomme l'une des trois îles de la baie « Alcatraces », qui fut par la suite anglicisé en « Alcatraz ». Au XVIIIe siècle, les Amérindiens trouvèrent refuge dans l'île pour échapper aux missionnaires espagnols[N 1],[3].

Julian Workman est le plus ancien propriétaire connu de l'île. Elle lui a été donnée par le gouverneur du Mexique Pio en juin 1846 en échange de la promesse de construire un phare. Elle fut ensuite achetée par le gouverneur militaire de Californie John Charles Frémont pour le compte du gouvernement américain.

Avec la Californie, l'île d'Alcatraz était à l'origine une colonie espagnole puis fit partie du Mexique lors de son indépendance avant d’être annexée par les États-Unis en 1850. C'est alors qu'un ordre présidentiel fut lancé avec pour projet l'établissement sur l'île d'une réserve militaire pour l'armée américaine. Cependant, l'épisode de la ruée vers l'or qui entraîna l’accroissement démographique de San Francisco et le besoin de plus en plus pressant de protéger la baie de San Francisco conduisit l'armée américaine à y construire une forteresse au début des années 1850. L'armée comptait installer une centaine de canons sur l'île afin d'en faire le lieu le mieux fortifié de la côte Ouest des États-Unis[2]. Avec le Fort Point et le Lime Point, Alcatraz formait un triangle de défense protégeant la baie de San Francisco[2]. L'île était également le premier site opérationnel de l'Ouest américain à accueillir un phare[2].

 Le phare d'Alcatraz au XIXe siècle.

En 1853, sous la direction de Zealous Bates Tower, le corps du génie de l'armée des États-Unis commença à fortifier l'île. Les travaux durèrent jusqu'en décembre 1859[2], date à laquelle s'installa la première garnison du Camp Alcatraz. L'île fut entourée de hauts murs et une citadelle fut bâtie tout en haut près du phare : elle pouvait contenir 200 hommes en cas de siège[2]. Les militaires firent venir de la terre et aménagèrent des jardins de style victorien à partir de 1865[4]. Avec le déclenchement de la guerre de Sécession en 1861, l'effectif des soldats et la puissance de l'artillerie installée sur l'île furent augmentés. Le site fut également utilisé comme arsenal de la ville de San Francisco[5]. Alcatraz servit de prison pour les sympathisants confédérés[6].

Prison militaire  L'île d'Alcatraz en 1895.

Après la guerre de Sécession, les avancées technologiques rendirent les fortifications et l'armement d'Alcatraz obsolètes. Les canons furent progressivement retirés. Des efforts de modernisation furent entrepris entre 1870 et 1876 mais demeurèrent inachevés. En 1867, une prison fut aménagée en briques et, l'année suivante, Alcatraz devint officiellement un lieu de détention pour les prisonniers militaires. Dans les années 1870, 19 Amérindiens Hopis, qui s'étaient révoltés contre la politique américaine d'assimilation, furent incarcérés à Alcatraz[7],[2]. Le nombre de prisonniers passa de 25 en 1899 à 441 en 1900[2]. Après le séisme de 1906 à San Francisco et l'incendie qui s'ensuivit, des détenus civils furent transférés à Alcatraz.

Alors que l'utilité purement défensive d'Alcatraz diminua avec le temps (jamais l'île n'eut à utiliser ses canons en bataille), son rôle de prison se confirma dans la première moitié du XXe siècle. En effet, l'isolement, les eaux froides et les courants violents du Golden Gate en faisaient un lieu dont les prisonniers ne devaient pas pouvoir facilement s'échapper. En 1909, l'armée américaine quitta la citadelle afin qu'Alcatraz devienne officiellement une prison militaire. La même année commença la construction par les prisonniers militaires d'un grand bloc en béton qui comprenait 600 cellules, une cuisine, un réfectoire, une infirmerie et des bureaux[2]. Il fut achevé en 1912 et devint célèbre par la suite sous le surnom de « The Rock » (« le rocher »). Une centrale électrique fut également installée. Pendant la Première Guerre mondiale, il accueillit des objecteurs de conscience, parmi lesquels Philip Grosser, qui écrivit un pamphlet intitulé Uncle Sam's Devil's Island (L'Île du diable de l'Oncle Sam)[8]. En octobre 1933, le statut de la prison changea pour accueillir des prisonniers civils.

Pénitencier fédéral À partir de 1933  Les couloirs de la prison d'Alcatraz.

En 1933, la propriété d'Alcatraz fut transférée au département de la Justice des États-Unis[N 2] afin d'en céder l'usage au Bureau fédéral des prisons. On détruisit le niveau supérieur de l’ancien fort, pour ne garder que ses bases, et ses sous sols, accessibles par un escalier fermé, (par ex au niveau du bloc D, au pied des cellules de confinement).

En 1934, le gouvernement fédéral décida de faire de la prison fédérale d'Alcatraz un établissement modèle, offrant un maximum de sécurité pour prévenir les évasions et n'accordant que peu de privilèges aux détenus qui ne pouvaient négocier leurs conditions d'incarcération, ni exercer de pressions sur le personnel ou le directeur...

Sur Alcatraz on comptait 1 gardien pour 3 détenus, contre 1 pour 12 à 30 pour les autres prisons.

Les prisonniers étaient appelés par un matricule et non par leur nom, afin de les briser moralement.

Il était ainsi question de montrer au public que l'État était résolu à enrayer la hausse de la criminalité des années 1930, liés à la prohibition, la criminalité avait augmenté de 1000 % en 30 ans.

L'île d'Alcatraz accueillit des prisonniers célèbres comme Al Capone, Machine Gun Kelly, Birdman et fut aussi le lieu de vie des gardiens et de leurs familles. L'espion allemand Erich Gimpel (en) y fut enfermé en 1945[9].

Les familles des gardiens vivaient sur l’île, mais les enfants allaient à l’école grâce à un ferry, dans la plus grande discrétion.

Les écoles elles-mêmes devaient tenir au secret le fait que certains enfants étaient issus d’Alcatraz afin d’éviter les pressions.

Les femmes jardinaient pour s’occuper, et de nos jours un véritable jardin d’époque est maintenu.

On peut distinguer deux fonctionnements distincts : lors de sa création, la vie des détenus était très rude et une forte pression psychologique leur était infligée pour les punir ; puis dans les années 1960 la vie carcérale est adoucie avec notamment la projection de 2 films par mois, une heure de musique par jour...

Fermeture de la prison

Le 21 mars 1963, sur décision du procureur général des États-Unis Robert Kennedy, la prison d'Alcatraz ferma définitivement ses portes après vingt-neuf années de service, car les coûts de gestion devenaient trop élevés[10].

Les mentalités américaines des années 1960 jugeaient Alcatraz rétrograde, l’évasion réussie le 11 juin 1962, facilitée par l’érosion du ciment, accéléra la fermeture d’Alcatraz.

Le pénitencier de Marion dans l'Illinois ouvrit la même année pour remplacer Alcatraz. La poursuite de l'activité de la prison aurait nécessité un investissement de trois à cinq millions de dollars américains rien que pour sa restauration et sa maintenance[réf. souhaitée].

Or, cet investissement n'incluait même pas les frais journaliers de fonctionnement d'Alcatraz, qui étaient près de trois fois supérieurs, 10,5 dollars par détenu, contre 3 dollars pour les détenus des autres prisons fédérales sur le continent[réf. souhaitée]. Cet important surcoût fut en grande partie dû à l'isolement total de l'île qui impliquait que toutes les personnes et les marchandises devaient être acheminées par bateau. Il s'agissait non seulement des denrées alimentaires, des vêtements et du courrier, mais surtout de l'eau douce puisqu'Alcatraz n'avait aucune source. Ainsi chaque semaine, trois millions de litres d'eau devaient y être apportés. De plus, les bâtiments étaient très endommagés par la météorisation, c'est-à-dire par les gouttelettes d'eau salée projetées par le vent. Le gouvernement fédéral estima finalement qu'il était plus économique de construire une prison plus moderne que de rénover Alcatraz pour la garder en service.

Reconversion  Tour de garde de la prison d'Alcatraz.

Après la fermeture de la prison, plusieurs idées furent examinées afin de transformer l'île d'Alcatraz : il fut tour à tour question de construire un monument pour les Nations unies, d'ériger une « statue de la Liberté » pour la côte Ouest ou encore d'aménager un complexe hôtelier. L’île fut envahie par les indiens natifs américains qui revendiquaient la propriété de l’île, grâce à une ancienne loi qui spécifiait que tout bâtiment abandonné devenait la propriété des indiens d’Amérique.

En 1970, un feu se déclara (volontairement ?) sur l’île et la maison de l’ancien directeur de la prison (Olin Guy Blackwell) fut détruite, ainsi que de nombreux bâtiments. En juin 1971, les occupants furent évacués sur ordre du gouvernement fédéral.

Le gouvernement empêcha toute tentative de squat en envoyant une grue boule pour détruire les maisons habitables. Plusieurs bâtiments furent démolis, des habitations de gardien et leurs familles, des logements d’officiers célibataires...

En 1972, le Congrès américain créa la Golden Gate National Recreation Area (« zone récréative nationale du Golden Gate ») dans lequel l'ensemble d'Alcatraz fut intégré. L'île d'Alcatraz fut classée sur le Registre national des lieux historiques en 1976[11] puis déclarée National Historic Landmark en 1986[12]. Elle fut ouverte au public dès 1973 et devint rapidement un des lieux touristiques les plus fréquentés de San Francisco. Chaque année, plus d'un million de touristes visitent l'île et la prison d'Alcatraz[13]. Ils peuvent notamment voir une collection d'objets retraçant la vie dans la forteresse du XIXe siècle et la prison du XXe siècle[14].

La Global Peace Foundation proposa de raser la prison et de construire un centre pour la paix à la place. En 2007-2008, le projet recueillit 10 350 signatures[15]. Son coût fut évalué à un milliard de dollars. Il fut proposé au référendum du 6 février 2008[N 3] et fut rejeté par 72 % des votants[16].

Occupation amérindienne  Le château d'eau d'Alcatraz sur lequel les Amérindiens ont laissé des inscriptions.

Le 9 novembre 1969[3], un événement spectaculaire attira l'attention sur les Amérindiens et Alcatraz. Avant l'aube, 78 Amérindiens débarquèrent sur l'île. Cinq ans plus tôt, le 9 mars 1964, cinq étudiants sioux avaient fait de même pour proclamer une université amérindienne, mais avaient été rapidement expulsés et leur tentative était passée inaperçue[3].

Le groupe de 1969 fut conduit par Richard Oakes, un Indien mohawk, directeur du département des études indiennes au collège d'État de Chicago, et Grace Thorpe, une Indienne Sauk et Fox fille de Jim Thorpe, footballeur et athlète olympique. Ce groupe fut rejoint par d'autres Amérindiens le 20 novembre, et, en moins d'un mois, ils furent environ une centaine, originaires de tribus différentes[3]. La plupart d'entre eux étaient étudiants de l'université de Californie à Los Angeles. Ils se désignaient comme « Indiens de toutes les tribus » et rédigèrent une déclaration intitulée « Nous tenons le Rocher » (We hold the Rock) dans laquelle ils proposaient d'acheter Alcatraz avec des perles de verre et des chiffons de toile, comme les Blancs l'avaient fait pour Manhattan, trois cents ans auparavant. Ils exigeaient, en outre, la création d'un centre culturel et universitaire à Alcatraz, où ils pourraient recevoir dans leur langue une éducation conforme à leur culture, à leurs pratiques cérémonielles, à leurs croyances et où ils apprendraient à vivre en accord avec leur propre philosophie naturelle. Il fallut un an et demi avant que les autorités ne réussissent à déloger les Amérindiens de l'île en coupant l'eau, l'électricité et le téléphone. Un incendie se déclara et détruisit cinq bâtiments[3].

Certains témoignages mis au jour disent que des agitateurs envoyés par le gouvernement auraient mis le feu volontairement afin de s’attirer la désapprobation du peuple américain.

Au cours de l’occupation d'Alcatraz, les Amérindiens avaient pu attirer l'attention de millions d'Américains et d'étrangers sur leurs difficultés[17]. Les forces fédérales finirent par prendre l'île d'assaut et expulsèrent les derniers Amérindiens (15 personnes), après 19 mois d'occupation[14], le 10 juin 1971. Aujourd'hui, les Amérindiens de l'International Indian Treaty Council organisent des cérémonies sur l'île, notamment les Sunrise Gatherings du jour de Christophe Colomb et de Thanksgiving.

(en) « Nature & Science », National Park Service (consulté le 10 avril 2010) ↑ a b c d e f g h et i (en) « The Post on Alcatraces », National Park Service (consulté le 10 avril 2010) ↑ a b c d et e (en) « We Hold the Rock », National Park Service (consulté le 10 avril 2010) (en) « History of Gardening on the Island », The Garden Conservancy (consulté le 10 avril 2010) (en) Bud Hannings, Forts of the United States: An Historical Dictionary, 16th Through 19th Centuries, Jefferson (Caroline du Nord), McFarland & Co Inc, 2005 (ISBN 978-0786417964), p. 36 (en) « Historic Posts, Camps, Stations and Airfields: Post at Alcatraz Island », California State Military Department (consulté le 8 avril 2010) (en) Brenda J. Child, Boarding School Seasons: American Indian Families, 1900-1940, University of Nebraska Press, février 2000 (ISBN 0-8032-6405-4), p. 13 (en) P. Grosser, H. Block, A.S. Blackwell, A. Berkman, Uncle Sam's Devil's Island: experiences of a conscientious objector in America during the World War, Boston, a Group of friends, 1933 (lire en ligne) (de) LTO, « Erinnerungen eines dilettantischen deutschen Spions », sur Legal Tribune Online (consulté le 8 décembre 2022) Histoire d'Alcatraz, l'île et la prison (en) National Register of Historic Places, « National Register Information System », National Park Service, 23 janvier 2007 (consulté le 10 avril 2010) (en) National Historic Landmark summary listing, « Alcatraz Island », National Park Service (consulté le 10 avril 2010) Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées touristes ↑ a et b (en) « Alcatraz Island », National Park Service (consulté le 10 avril 2010) (en) « News Voters consider changing Alcatraz to peace center », Reuters (consulté le 10 avril 2010) (en) « Local and National Politics - Democratic, Republicans News, Elections and Results », KNTV Bay Area - NBC 11 (consulté le 10 avril 2010) (fr) Herman Wouters et Jeanne A. Renault, L'Amérique du Nord (Peuples et coutumes en voie de disparition), Famot-Genêve, 1979 (ASIN B0014LHZVG), p. 30-31


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