珠穆朗瑪峰
( Everest )
L'Everest (en tibétain : ཇོ་མོ་གླང་མ, Wylie : Jo mo glang ma, THL : Jomo lang ma / Chomolungma, en népalais : सगरमाथा, Sagarmāthā, chinois simplifié : 珠穆朗玛 ; pinyin : Zhūmùlǎngmǎ), aussi appelé mont Everest (en anglais Mount Everest), est une montagne située dans la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre le Népal (province de Koshi) et la Chine (région autonome du Tibet).
Il est aperçu par des Européens pour la première fois en 1847 puis, après quelques années d'observations et de calculs, il est identifié comme le plus haut sommet du monde. Son altitude est établie à 8 849 mètres. Cette caractéristique lui vaut d'être baptisé de son nom actuel par les Occidentaux en 1865 en l'honneur de George Everest, arpenteur général des Indes...Lire la suite
L'Everest (en tibétain : ཇོ་མོ་གླང་མ, Wylie : Jo mo glang ma, THL : Jomo lang ma / Chomolungma, en népalais : सगरमाथा, Sagarmāthā, chinois simplifié : 珠穆朗玛 ; pinyin : Zhūmùlǎngmǎ), aussi appelé mont Everest (en anglais Mount Everest), est une montagne située dans la chaîne de l'Himalaya, à la frontière entre le Népal (province de Koshi) et la Chine (région autonome du Tibet).
Il est aperçu par des Européens pour la première fois en 1847 puis, après quelques années d'observations et de calculs, il est identifié comme le plus haut sommet du monde. Son altitude est établie à 8 849 mètres. Cette caractéristique lui vaut d'être baptisé de son nom actuel par les Occidentaux en 1865 en l'honneur de George Everest, arpenteur général des Indes orientales de 1830 à 1843, et, dès les années 1920, de susciter l'intérêt des alpinistes qui se lancent à l'assaut de ses faces. Plusieurs expéditions, en particulier britanniques, se succèdent depuis le versant nord au Tibet. Toutefois, les conditions météorologiques extrêmes font leurs premières victimes, parmi lesquelles George Mallory et Andrew Irvine, en 1924, dont on ne saura probablement jamais avec certitude s'ils ont atteint le sommet. En 1950, le Népal autorise l'accès à la montagne depuis le sud offrant des possibilités d'ascension par l'arête Sud-Est, moins périlleuse. Finalement, trois ans plus tard, le , Edmund Hillary et Tensing Norgay deviennent les premiers hommes à atteindre le sommet de l'Everest de manière certaine. Dès lors, les exploits en tous genres s'enchaînent, alimentant les fantasmes populaires ; mais, en 1996, une série d'accidents mortels vient rappeler les dangers liés à la montagne, portant de nos jours à plus de 200 le nombre de victimes. Pourtant, le tourisme de masse se généralise, fragilisant ce milieu naturel malgré les créations du parc national de Sagarmatha en 1976 et de la réserve naturelle du Qomolangma en 1988. Ainsi, plus de 14 000 alpinistes ont tenté l'ascension depuis 1922 et plus de 4 000 l'ont réussie, bien aidés, pour la majorité d'entre eux, par les porteurs sherpas et l'utilisation de bouteilles d'oxygène.
En 1808, les Britanniques lancent le « grand projet de topographie trigonométrique » des Indes orientales afin de déterminer la localisation et nommer les plus hauts sommets du monde. L'étude commence au sud du pays et se déplace progressivement vers le nord en utilisant douze porteurs pour le transport de chacun des théodolites. Ces appareils pèsent plus de 500 kilogrammes et permettent de mesurer avec précision la hauteur des montagnes. Elle atteint le pied de l'Himalaya dans les années 1830 mais le Népal refuse l'accès de son territoire aux Britanniques, craignant des heurts politiques et une possible annexion. Plusieurs requêtes sont envoyées par les scientifiques mais toutes sont rejetées. Ils sont contraints de poursuivre leurs observations depuis le Teraï, une région parallèle au Népal et à l'Himalaya. Les pluies torrentielles rendent les observations difficiles. Le paludisme provoque la mort de trois experts et impose l'évacuation de deux autres[1].
Vue aérienne de l'Everest.Néanmoins, en 1847, les Britanniques persévèrent et commencent des études détaillées des sommets de l'Himalaya depuis des postes d'observation situés à plus de 240 kilomètres de distance. Les conditions météorologiques restreignent la durée de travail à trois mois dans l'année. En novembre 1847, Andrew Waugh, l'arpenteur général des Indes, réalise de nombreuses observations depuis le poste de Sawajpore situé à l'extrémité orientale de la chaîne. À cette époque, le Kangchenjunga, mesuré depuis à 8 586 mètres d'altitude, ce qui le place en troisième position, est alors considéré depuis une dizaine d'années comme étant le plus haut sommet sur Terre. Il note avec intérêt l'existence d'un sommet à 230 kilomètres en arrière de celui-ci. John Armstrong, un des fonctionnaires de Waugh, l'aperçoit également depuis une position un peu plus occidentale et l'identifie trivialement comme le « pic B ». Plus tard, Waugh admettra que les mesures effectuées sur le pic B le désignaient comme plus élevé que le Kangchenjunga mais, qu'étant donné la distance importante, des observations rapprochées étaient nécessaires pour s'en assurer. Pour ce faire, l'année suivante, Waugh renvoie un géomètre dans la région du Teraï, mais des nuages empêchent toute mesure[1].
En 1849, Waugh affecte James Nicolson à cette région. Ce dernier réussit à faire des observations à 190 kilomètres de distance depuis Jirol. Il emporte avec lui le plus gros des théodolites et se dirige vers l'est en réalisant trente mesures depuis cinq positions différentes, la plus proche à 175 kilomètres du sommet. Il se retire à Patna, sur le Gange, pour effectuer les calculs nécessaires. Ses relevés lui fournissent une altitude moyenne de 9 200 mètres mais ils ne tiennent pas compte de la réfraction qui distord les mesures. La valeur a cependant l'avantage de donner une indication sur l'altitude du pic B comparée à celle du Kangchenjunga. Malheureusement, Nicolson est affaibli par le paludisme et doit quitter les Indes sans terminer ses calculs. Michael Hennessy, un des assistants de Waugh, qui a commencé à désigner les sommets avec des chiffres romains, renomme le Kangchenjunga « pic IX » et le pic B « pic XV »[1].
En 1852, Radhanath Sikdar, mathématicien et géomètre indien originaire du Bengale, stationne sur le site principal des géomètres à Dehradun. Il est le premier à reconnaître dans le sommet le point culminant de l'Himalaya en faisant appel à des calculs trigonométriques basés sur les relevés de Nicolson[2]. L'annonce officielle est repoussée durant plusieurs années, le temps que les calculs soient inlassablement répétés. En 1854, Waugh reprend lui-même le travail laissé par Nicolson et, avec son équipe, passe près de deux ans à résoudre les problèmes de réfraction, de pression atmosphérique et de température qui se posent sur de telles distances. Finalement, en mars 1856, il révèle sa découverte dans une lettre à son adjoint à Calcutta. Le pic IX est estimé à 28 156 pieds soit 8 582 mètres d'altitude et le pic XV à 29 002 pieds soit 8 840 mètres. Waugh conclut que le pic XV est « plus que probablement le plus haut du monde »[1]. En réalité, le pic XV a été mesuré à exactement 29 000 pieds soit 8 839 mètres mais deux pieds ont été arbitrairement rajoutés afin d'éviter l'impression que la mesure était une estimation grossièrement arrondie[3].
En 1871-1872, le pundit Hari Ram effectue deux fois le tour de l'Everest par des territoires jusqu'alors pratiquement inconnus[4],[5].
Premières ascensions ReconnaissancesLa première personne à évoquer la possibilité d'une ascension de l'Everest est Clinton Thomas Dent, président de l’Alpine Club, en 1885 dans Above the Snow Line[6].
En 1904, l'expédition militaire britannique menée par Francis Younghusband parvient à négocier le passage des frontières du Tibet. À cette occasion, J. Claude White réalise la première photographie de la face Est depuis Kampa Dzong à une distance de 150 kilomètres. Mais il faut attendre 1921 pour que la Royal Geographical Society obtienne l'autorisation de véritablement explorer la montagne. La première expédition est financée par le Mount Everest Committee, dirigée par le colonel Charles Howard-Bury, et composée de Harold Raeburn, George Mallory, Brian Donahue, Guy Bullock et Edward Oliver Wheeler. Sa mission est seulement de cartographier la montagne et de repérer l'itinéraire le plus facile vers le sommet. La santé de Raeburn l'oblige toutefois à abandonner ses compagnons et Mallory assume le rôle de chef d'expédition. Bien qu'ils ne soient pas équipés pour atteindre le sommet, ils parviennent au col Nord avant d'être forcés de faire demi-tour, surpris par la mousson. L'expérience de Mallory lui permet d'affirmer que l'itinéraire vers le sommet paraît long mais envisageable pour une expédition bien préparée[7].
Vue panoramique de l'Everest (au centre gauche) et des sommets environnants peu après le passage du col de Gyatso sur la route Lhassa – Katmandou.Premières tentatives côté tibétainLa seconde expédition de 1922, menée par Charles Granville Bruce, est composée d'Edward Lisle Strutt, George Mallory, George Ingle Finch, Edward F. Norton, Henry T. Morshead, Howard Somervell, Arthur Wakefield, John Noel, Tom George Longstaff, Geoffrey Bruce, John Morris, Colin G. Crawford, et jusqu'à 160 porteurs[8],[9]. Ces deux derniers atteignent la North Ridge et l'altitude de 8 320 mètres lors d'une deuxième tentative avec assistance respiratoire, ce qui constitue un record mondial[10]. Mais une avalanche fait les premières victimes d'une ascension en tuant sept Sherpas et met un terme à la troisième et dernière tentative de l'expédition[11].
La troisième expédition en 1924, menée à nouveau par Charles Granville Bruce mais qui renonce, atteint du paludisme, puis par Edward F. Norton, est composée de George Mallory, Bentley Beetham, Geoffrey Bruce, John de Vars Hazard, R.W.G. Hingston, Andrew Irvine, John Noel, Noel Odell, E.O. Shebbeare et Howard Somervell. Norton réussit à établir, lors d'une deuxième tentative, un nouveau record d'altitude avec 8 570 mètres qui tiendra jusqu'en 1952[7]. Lors d'une troisième tentative, Mallory et Irvine disparaissent alors qu'ils sont aperçus par Odell en route pour le sommet[9]. L'énigme demeure quant à savoir s'ils ont atteint le sommet alors qu'aucune preuve concluante ne permet de l'affirmer de manière certaine malgré la découverte du corps de Mallory en 1999[9].
Lors d'un entretien accordé le 18 mars 1923 à un journaliste du New York Times qui lui demandait pourquoi il souhaitait à ce point escalader l'Everest, George Mallory avait simplement répondu par la phrase devenue probablement la plus connue de l'alpinisme :
« Because it’s there (Parce qu'il est là)[12] »
— George Mallory, The New York Times
Dans les années 1930, plusieurs autres expéditions britanniques sont tentées, sans succès. La plus importante est celle de 1933 menée par Hugh Ruttledge qui voit Lawrence Wager avec Percy Wyn-Harris et Eric Shipton avec Frank Smythe successivement échouer dans leur tentative d'atteindre le sommet[7]. En 1935, Tensing Norgay sert pour la première fois de porteur auprès de Shipton et de ses compagnons Bill Tilman, C.B.M. Warren, E.G.H. Kempson, L.V. Bryant, and E.H.L. Wigram[7]. Au total, sept missions britanniques se lanceront à l'assaut de la face Nord de l'Everest[13]. La Seconde Guerre mondiale puis la prise de contrôle du Tibet par les autorités chinoises en 1950 mettent un terme aux ascensions pour une longue période, à l'exception d'une tentative illégale réalisée en mars 1947 par le Canadien Earl Denman accompagné de Tensing Norgay et Ang Dawa Sherpa. Il faudra attendre une expédition chinoise pour que la voie Nord-Est soit enfin vaincue le 25 mars 1960, bien que des controverses subsistent.
Victoire côté népalaisLa fermeture du Tibet à cause de l'invasion chinoise oblige les expéditions à se tourner vers le Népal qui s'ouvre aux étrangers en 1950. C'est Bill Tilman accompagné de Charles Houston, Oscar Houston et Betsy Cowles qui, cette année-là, réalise la première approche de l'Everest par le sud[13]. Cette ouverture est à l'origine de l'expression « conférence au sommet » inventée par Winston Churchill[14].
En 1951, une expédition d'exploration soutenue par l’Alpine Club et la Royal Geographical Society est une nouvelle fois menée par Eric Shipton avec Tom Bourdillon, Michael Ward, W.H. Murray et les Néo-zélandais Edmund Hillary et H. Riddiford. Ils franchissent pour la première fois la cascade de glace de Khumbu mais font demi-tour devant la dernière grande crevasse donnant sur la combe Ouest ; ils s'aventurent jusque sur les pentes du Pumori, puis du Nuptse pour constater que la face Sud offre au moins une possibilité d'ascension[13],[15].
En 1952, la Swiss Foundation for Alpine Research lance des expéditions à l'assaut du sommet. Au printemps, Édouard Wyss-Dunant, Gabriel Chevalley, Raymond Lambert, René Dittert, L. Flory, R. Aubert, A. Roch, J. Asper, E. Hofstetter — tous de Genève et membres du club de l'Androsace et du Club alpin français — et Tensing Norgay franchissent la cascade de glace, pénètrent pour la première fois dans la combe Ouest et installent le camp VI au col Sud et le camp VII à 8 380 mètres d'altitude sur l'arête Sud-Est. Lambert et Norgay atteignent l'altitude de 8 595 mètres. En dépit de l'excellente ambiance entre Suisses et Sherpas, des problèmes de logistique et des appareils d'assistance respiratoire les contraignent à renoncer. Jamais une expédition n'avait eu autant de chances de réussite, mais l'expérience acquise par Norgay et les informations données aux Britanniques se révéleront déterminantes l'année suivante[13]. À l'automne, une nouvelle tentative est entreprise par G. Chevalley, R. Lambert, E. Reiss, J. Buzio, A. Spohel, G. Gross, N.G. Dyhrenfurth et T. Norgay en escaladant le Lhotse. Cet itinéraire est aujourd'hui la voie normale. Deux accidents, dont un qui fait la première victime depuis vingt ans, obligent l'expédition à rebrousser chemin[13].
Carte du tracé de l'itinéraire emprunté par la neuvième expédition britannique à l'Everest de 1953.En 1953, une nouvelle expédition est lancée. Elle est dirigée par le Britannique John Hunt. Il est accompagné des alpinistes Charles Evans, G. Band, T. Bourdillon, A. Gregory, Edmund Hillary, W.G. Lowe, C. Noyce, Michael Ward, M. Westmacott, C.G. Wylie et du Sherpa Tensing Norgay. Le 22 avril, l'expédition atteint la cascade de glace. Le camp VI est installé vers 7 000 mètres d'altitude au pied du Lhotse. Le col Sud est atteint par la voie ouverte à l'automne précédent. Ils bénéficient même des vivres et des réserves d'oxygène laissés par les Suisses. Le 26 mai, la première tentative d'atteindre le sommet est réalisée par Evans et Bourdillon mais ils font demi-tour après avoir atteint le sommet Sud situé à 8 751 mètres d'altitude[16]. Ils laissent toutefois des réserves d'oxygène pour la paire suivante. Le même jour, des Sherpas montent, à la demande de Hunt, le camp IX sur l'arête Sud-Est, à 8 500 mètres d'altitude. Finalement, le 29 mai, une seconde tentative permet à Edmund Hillary et Tensing Norgay de poser le pied au sommet. Partis du camp IX à 6 h 30, ils franchissent le sommet Sud à 9 h 0 et atteignent leur objectif à 11 h 30[13]. Norgay admettra deux années plus tard que Hillary l'a devancé au sommet[17]. Là, ils prennent plusieurs photographies et ensevelissent quelques sucreries ainsi qu'une petite croix. De retour au col Sud, ils sont accueillis par Lowe. Hillary s'exclame alors :
« Well, George, we knocked the bastard off! (Eh bien, George, on se l'est fait le salaud !)[13] »
— Edmund Hillary
Les nouvelles du succès de l'expédition parviennent rapidement à Londres le matin du 2 juin 1953, jour du couronnement de la reine Élisabeth II. De retour à Katmandou, quelques jours plus tard, Hunt, citoyen britannique, et Hillary, sujet de la reine souveraine de la Nouvelle-Zélande au sein du royaume du Commonwealth, découvrent qu'ils ont été faits chevaliers de l'ordre de l'Empire britannique[18]. Le Népalais Tensing Norgay reçoit la George Medal[17].
Popularisation et conséquences Exploits successifs Photographie de groupe des membres de la première expédition à réaliser une ascension hivernale de l'Everest en 1980.20 mai 1965 : le Népalais Nawang Gombu est le premier homme à atteindre le sommet à deux reprises, d'abord avec une expédition américaine puis indienne. 16 mai 1975 : la Japonaise Junko Tabei est la première femme au sommet. 8 mai 1978 : l'Autrichien Peter Habeler et l'Italien Reinhold Messner réalisent la première ascension sans assistance respiratoire[19]. 15 octobre 1978 : première ascension par une expédition française dirigée par Pierre Mazeaud, avec Jean Afanassieff, Nicolas Jaeger et Kurt Diemberger. Afanassieff et Jaeger établissent un record d'altitude en descendant à ski à partir de 8 300 m[20]. 16 octobre 1978 : la Polonaise Wanda Rutkiewicz devient la première Européenne et troisième femme au sommet. 20 août 1980 : Reinhold Messner réussit la première ascension en solitaire, sans assistance respiratoire[19]. 17 février 1980 : première ascension hivernale d'un sommet de plus de 8 000 mètres par une expédition polonaise composée de Leszek Cichy et Krzysztof Wielicki. 4 mai 1982 : première ascension en conditions nocturnes par l'équipe soviétique de Mikhaïl Turkevitch et Sergeï Bershov[7]. 8 octobre 1983 : Lou Reichardt, Kim Momb et Carlos Buhler sont les premiers alpinistes à venir à bout de la face du Kangshung[21]. 30 août 1986 : les Suisses Erhard Loretan et Jean Troillet atteignent le sommet en style alpin et sans assistance respiratoire par le couloir Hornbein dans la face nord en 43 heures aller-retour réalisant un record de vitesse. 26 septembre 1988 : Michel Metzger est le premier Français à réussir l'ascension sans assistance respiratoire ; le Français Jean-Marc Boivin s'envole en parapente du sommet et met douze minutes pour rejoindre le camp de base[22]. 26 septembre 1988 : le Français Marc Batard réussit l'ascension en solitaire, sans assistance respiratoire, en 22 heures et 30 minutes depuis le camp de base (face Sud)[23]. 5 octobre 1990 : Christine Janin, docteur en médecine, devient la première Française à atteindre le sommet avec Marc Batard (chef d'expédition) et Pascal Tournaire (photographe) 13 mai 1995 : la Britannique Alison Hargreaves est la première femme à gravir l'Everest en solitaire, sans assistance respiratoire[24]. 7 octobre 2000 : le Slovène Davo Karnicar réalise la première descente intégrale à skis[20]. 23 mai 2001 : le Français Marco Siffredi est le premier à réaliser la descente du couloir Norton en snowboard. Il meurt l'année suivante en voulant descendre le couloir Hornbein[25]. 30 mai 2004 : une équipe russe ouvre une nouvelle voie dans la face Nord[26]. 25 mai 2006 : Christian Stangl gravit la face Nord sans assistance respiratoire et sans aide en seulement 16 heures et 42 minutes, battant le record de Hans Kammerlander, ancien équipier de Reinhold Messner au début des années 1980, de 18 minutes[27]. 22 mai 2010 : Jordan Romero devient, à 13 ans, le plus jeune alpiniste à avoir gravi le sommet de l'Everest. Il nourrissait l'espoir de réaliser cet exploit, après avoir vu un poster de l'Everest à l'école, alors qu'il n'avait que neuf ans[28]. Il détrône ainsi Ming Kipa, une jeune Népalaise âgée de 15 ans lors de son ascension en 2003[29]. 20 mai 2017 : Kílian Jornet, atteint le sommet de l'Everest en 26 heures, depuis le monastère de Rongbuk à 5 100 m, par la voie normale tibétaine, en « style alpin », sans bouteilles d'oxygène, sans cordes fixes et sans l'aide de sherpas. Au total, l'ascension et le retour au campement de base avancé (il n'a pas pu continuer jusqu'au point de départ comme prévu) est réalisé en un peu plus de 38 h[30]. Depuis le camp de base avancé (6 500 m), il effectue une nouvelle ascension de l'Everest quelques jours plus tard, toujours sans bouteilles d'oxygène, sans cordes fixes et sans l'aide de sherpas, en 17 h[31]. 21 mai 2017 : Arunima Sinha devient la première amputée à atteindre le sommet[32]. 15 mai 2019 : Kami Rita Sherpa atteint le sommet pour la 23e fois à l'âge de 49 ans ; il détient le record du monde du nombre d'ascensions, sa première datant de 1994[33].Conquête aérienneEn avril 1933, Lucy Houston, une ancienne danseuse de cabaret britannique devenue millionnaire, fonde le Houston Everest Flight of 1933 afin de survoler pour la première fois le sommet. La formation aérienne décolle de Purnia, à 250 kilomètres au sud, en Inde. Elle est menée par le marquis Douglas Douglas-Hamilton, futur duc de Hamilton, aux commandes de Westland Wallace. Les avions tournent près de quinze minutes autour du sommet pour réaliser des photographies[34],[35],[36].
Le 21 octobre 1991, deux montgolfières s'envolent vers l'Everest. L'une d'elles survole le sommet à près de 10 300 mètres d'altitude[37]. Le 24 mai 2004, un Britannique, Richard Meredith-Hardy, accomplit le premier survol de l'Everest en ULM ; il y avait eu jusque-là trois tentatives infructueuses[38].
Le 14 mai 2005, un Eurocopter AS-350 Écureuil atterrit pour la première fois au sommet et recommence le lendemain. Ce record est validé par la Fédération aéronautique internationale[39].
Le 1er février 2014, un planeur Stemme piloté par Klaus Ohlmann survole pour la première fois le sommet[40].
Accidents en sérieLe 10 mai 1996 est la journée la plus noire de l'histoire de l'ascension de l'Everest, jusqu'à l'avalanche de 2014. Des alpinistes amateurs entament la montée avec des guides chevronnés, Scott Fischer et Rob Hall, tous deux travaillant pour des agences différentes mais choisissant de faire l'ascension ensemble. Ils négligent les conditions météorologiques qui se dégradent[41] et parviennent au sommet entre 13 h 0[42] et 15 h 45. Ce retard est imputable à l'amateurisme des « touristes »[43]. Au sommet, une violente tempête de neige s'abat. Un des clients de Rob Hall s'écroule et le guide reste avec lui. L'alpiniste meurt rapidement et, isolé, Rob Hall ne peut résister au froid et s'engourdit : disposant d'une radio, il communiquera avec son épouse enceinte, jusqu'à sa mort. Scott Fischer succombe pendant la descente, en proie à un sévère mal aigu des montagnes entraînant un œdème cérébral ; aucun de ses compagnons, trop épuisés, n'a pu lui porter secours. Les touristes sont éparpillés dans la nuit sans pouvoir trouver les tentes, pourtant à quelques mètres d'eux. Un alpiniste kazakh chevronné, Anatoli Boukreev, s'élance dans l'obscurité malgré les températures avoisinant −40 °C et ramène un à un les égarés, sauf deux agonisants[Note 1], la Japonaise Yasuko Namba, sans doute déjà morte, et l'Américain Beck Weathers, inconscient et en difficulté respiratoire. La surprise est pourtant grande quand le lendemain arrive au camp Beck Weathers, réveillé de son coma, membres et visage gelés. Toutefois, huit personnes périssent ce jour-là, toutes expéditions confondues, portant le bilan à quinze victimes pour l'année 1996[44].
Une analyse scientifique rendue publique dans New Scientist en mai 2004 a révélé que des conditions météorologiques particulières ont pu provoquer une chute du taux d'oxygène dans l'air de 6 % qui se traduit pour l'organisme par 14 % d'oxygène en moins dans le sang[45].
Jon Krakauer, membre de l'expédition, délégué par le magazine américain Outside, a rapporté avec précision ce drame dans Tragédie à l'Everest[46]. Une polémique a éclaté avec Anatoli Boukreev sur la façon dont Krakauer a relaté les événements ce qui vaudra au Kazakh de publier sa version des faits[47]. Plusieurs autres survivants ont également fait connaître la façon dont ils ont vécu cette journée. Quoi qu'il en soit, cette tragédie a eu un vaste retentissement et a suscité de nombreuses questions sur la commercialisation de l'Everest.
Affirmation d'un symbole nationalLa république populaire de Chine a élargi la piste de 100 kilomètres de long menant au camp de base tibétain à 5 154 mètres d'altitude, au pied du glacier du Rongbuk, dans le but de faciliter l'acheminement du nombre croissant de touristes. Les travaux ont commencé le 18 juin 2007 et se sont achevés en avril suivant pour un budget évalué à 150 millions de yuans soit environ 15 millions d'euros. Ces aménagements ont été réalisés malgré les protestations concernant la dégradation écologique. En outre, une antenne-relais de China Telecom pour la téléphonie mobile a été installée à 1 500 mètres du camp de base pour couvrir le sommet avec un réseau et un confortable hôtel a été construit à une heure de marche en aval[48].
À l'occasion des Jeux olympiques d'été de 2008 à Pékin, la flamme a été acheminée le 8 mai, avec deux semaines de retard, au sommet de l'Everest par dix-neuf alpinistes chinois, dont une majorité de Tibétains, et une équipe de tournage de huit personnes[49]. La montée, télévisée, tout comme la descente se sont déroulées par le col Nord. La flamme — en fait une réplique pendant que l'originale continuait son parcours — a dû être protégée du manque d'oxygène et du vent par une lampe de mineur spéciale[50]. Au sommet, les alpinistes d'origine han se sont exclamés « Nous avons réussi ! » et « Pékin vous accueille[51]. »
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