Calakmul

Calakmul (qui s'orthographie également Kalakmul, ainsi qu'avec d'autres variantes moins répandues) est le nom moderne de l'une des plus anciennes et des plus puissantes cités mayas découvertes dans les basses terres. Elle est située sur les 7 200 km2 de la réserve de biosphère de Calakmul dans l’État mexicain de Campeche, au fond de la jungle de la grande région du bassin du Petén, au centre de la péninsule du Yucatán, à 35 km au nord de la frontière du Guatemala. Dans les temps anciens le cœur de la ville était connu sous le nom d’Ox Te' tuun. Cette puissante cité maya fut habitée pendant plus d'un millénaire, avant d’être engloutie par la jungle après son abandon. À son apogée, Calakmul administrait un vaste domaine marqué par l’inscription largement répandue de son glyphe-emblème, qui est caractérisé par le signe de la tête de...Lire la suite

Calakmul (qui s'orthographie également Kalakmul, ainsi qu'avec d'autres variantes moins répandues) est le nom moderne de l'une des plus anciennes et des plus puissantes cités mayas découvertes dans les basses terres. Elle est située sur les 7 200 km2 de la réserve de biosphère de Calakmul dans l’État mexicain de Campeche, au fond de la jungle de la grande région du bassin du Petén, au centre de la péninsule du Yucatán, à 35 km au nord de la frontière du Guatemala. Dans les temps anciens le cœur de la ville était connu sous le nom d’Ox Te' tuun. Cette puissante cité maya fut habitée pendant plus d'un millénaire, avant d’être engloutie par la jungle après son abandon. À son apogée, Calakmul administrait un vaste domaine marqué par l’inscription largement répandue de son glyphe-emblème, qui est caractérisé par le signe de la tête de serpent et qui se lisait Kaan. Calakmul était le siège de ce que l'on a appelé le Royaume du Serpent. Ce Royaume du Serpent a régné, comme Tikal, au cours de la plus grande partie de la période classique. On estime que Calakmul elle-même avait une population de 50 000 personnes et contrôlait des localités situés à une distance allant jusqu’à 150 km. Il existe 6 750 structures anciennes identifiées à Calakmul, dont la plus importante est la grande pyramide du site. La Structure 2 a plus de 45 m de haut, ce qui en fait une des plus hautes pyramides de la civilisation maya. Quatre tombes ont été localisées dans la pyramide. Comme de nombreux temples ou pyramides de Mésoamérique, la pyramide de Calakmul s’est agrandie en s'appuyant sur le temple existant pour atteindre sa taille actuelle. La superficie de la zone centrale est d'environ 2 km2 et l'ensemble du site, couvert essentiellement d’un habitat résidentiel dense, est d'environ 20 km2.

Redécouverte par exploration aérienne par le biologiste Cyrus Longworth Lundell de la Société mexicaine d’exploitation Chicle le 29 décembre 1931, son existence a été signalée à Sylvanus Morley de l’Institut Carnegie à Chichén Itzá en mars 1932. Selon Lundell, qui a baptisé le site, « "ca" en Maya, signifie "deux", "lak" signifie "à côté", et "mul" signifie une colline ou une pyramide artificielle, de sorte que "Calakmul" est la "ville des deux pyramides adjacentes" ».

Calakmul a une longue histoire d’occupation humaine et les fouilles ont fourni des vestiges de peuplement dès la période préclassique moyenne jusqu’à la période postclassique[1]. Le réseau de routes qui reliait Calakmul aux villes d’El Mirador, de Nakbe et d’El Tintal suggère l’existence de solides liens politiques entre les quatre villes qui peuvent trouver leur origine à la période préclassique, lorsque Calakmul et El Mirador étaient toutes deux des villes importantes, et a perduré pendant la période classique lorsque Calakmul elle-même était la plus puissante ville de la région[2].

Période préclassique

Calakmul était déjà une grande ville au cours de la période préclassique[3]. Les débuts de l'histoire de Calakmul sont obscurs, mais une lignée dynastique a été reconstituée qui remonte à un passé ancestral. Cette dynastie a été reconstruite en partie à partir des céramiques de la période classique tardive, retrouvées dans les villes les plus puissantes de la région au cours de la période préclassique, El Mirador et Nakbe[4],[5]. Cela pourrait signifier que Calakmul a finalement hérité de son autorité politique d'une de ces villes, avec à sa tête une dynastie originaire du bassin de Mirador de la période préclassique tardive, qui se serait réfugiée à Calakmul au cours de la période classique, après l'effondrement des anciennes cités dominantes[4],[5].

Période classique ancienne  Stèle 43 datée de 514, au cours de la période préclassique[6]. Le nom du souverain est devenu illisible.

Calakmul et Tikal étaient toutes deux des villes importantes de la période préclassique qui ont maintenu leur position pendant la période classique[3]. Les premiers textes hiéroglyphiques des stèles trouvées dans la structure 2 relatent l'intronisation probable d'un roi de Calakmul en l'an 411 et rapportent également celle du dirigeant d’un site non-royal en 514[3]. Après cela, il existe une lacune dans les documents hiéroglyphiques pendant plus d'un siècle, bien que la dynastie Kaan ait connu une expansion majeure de sa puissance à cette époque. Le manque d'inscriptions rapportant les événements de cette période pourrait être dû, soit au fait que la dynastie Kaan aurait installé son siège ailleurs à cette époque, soit peut-être au fait que les monuments ont été détruits[3]. Les premiers textes lisibles se référant aux rois de la dynastie Kaan proviennent des fouilles conduites dans la grande ville de Dzibanché au Quintana Roo, très loin au nord de Calakmul[3]. Une frise d’escalier couverte de hiéroglyphes représente des captifs entravés, avec l’inscription de leurs noms et des dates auxquelles ils ont été capturés et l’indication du roi Yuknoom Ch'een I, bien que le contexte exact de citation du nom du roi ne soit pas clair - les prisonniers pourraient avoir été ses vassaux capturés par un ennemi ou bien des rois capturés par le souverain de Calakmul. Les dates sont incertaines, mais deux d'entre elles pourraient remonter au Ve siècle de notre ère[3]. Le site proche d’El Resbalón au Quintana Roo contient un texte hiéroglyphique endommagé, indiquant la date de 529, qui prouve que la ville était alors contrôlée par la dynastie Kaan[7].

Au milieu du VIe siècle ap. J.-C. Calakmul fédérait une alliance politique de grande envergure, position qui a amené la ville à entrer en conflit avec la grande ville de Tikal[8]. L'influence de Calakmul s’étendait profondément dans le bassin du Petén ; le roi K'altuun Hix de Calakmul a supervisé l'intronisation d’Aj Wosal à la tête du royaume de Naranjo en 546[8]. Un autre vassal de K'altuun Hix a été capturé par Yaxchilan sur les rives du Río Usumacinta en 537[8].

En 561, le souverain connu maintenant sous le sobriquet de «Contemplateur du Ciel» a installé un roi sur le site de Los Alacranes[8]. « Contemplateur du Ciel » a joué un rôle majeur dans les événements politiques de la région maya, il est devenu le seigneur de la ville de Caracol, cité située au sud de Naranjo et qui avait été auparavant une ville vassale de Tikal[8].En 562, selon un texte de Caracol en mauvais état de conservation, « Contemplateur du Ciel » défit Tikal elle-même et sacrifia son roi Wak Chan K'awiil, mettant ainsi fin à une branche de la dynastie royale de Tikal[8]. Cette défaite catastrophique a été le point de départ d’un hiatus de 130 années pour Tikal, reflet d’une longue période de domination pour Calakmul[8]. Cet événement est utilisé comme marqueur pour séparer la période classique ancienne de la période classique tardive[9]. « Contemplateur du Ciel » est également mentionné à Yo'okop, un site situé beaucoup plus au nord dans le Quintana Roo[8]. La dernière référence à « Contemplateur du Ciel » a été retrouvée à Caracol et est datée de 572. Le texte est abimé, mais fait probablement référence à la mort de ce puissant roi[8].

Période classique récente Guerre contre Palenque

« Contemplateur du Ciel » a été rapidement remplacé par Yax Yopaat, qui est mentionné dans un texte de Dzibanche célébrant la fin du K'atun de 573[8]. Yax Yopaat a régné environ six ans[8]. Ensuite Uneh Chan est devenu roi de Calakmul en 579[10]. Uneh Chan entreprit une expédition guerrière dans la région Maya occidentale et attaqua Palenque le 23 avril 599 avec son allié Lakam Chak, seigneur de la petite ville de Santa Elena, située à 70 km à l’est de Palenque, et parvint à vaincre la reine de Palenque, Yohl Ik'nal, avant de mettre la ville à sac[11]. La défaite est consignée à Palenque même dans une série de hiéroglyphes et l'événement a été le point de départ d’une haine tenace envers Calakmul[12]. La reine Yohl Ik'nal a survécu à la bataille et a continué à régner pendant plusieurs années, même si elle a peut-être payé tribut à Calakmul[13].

Uneh Chan a conservé les alliances avec les villes de l'Est et il est représenté sur la stèle 4 de Caracol comme présidant une cérémonie concernant le roi de cette cité, Yajaw Te' K'inich, événement qui aurait eu lieu avant 583[10]. Palenque fut à nouveau mise à sac le 7 avril 611 par les troupes de Calakmul, agissant sous le commandement personnel de Uneh Chan[14]. Palenque était alors gouvernée par le roi Ajen Yohl Mat qui avait arraché à Calakmul une certaine forme d'indépendance, ce qui avait provoqué la nouvelle invasion[13]. La suite immédiate de cette seconde victoire sur Palenque a été la mort des deux seigneurs les plus importants de la ville, Ajen Yohl Mat lui-même et Janaab' Pakal, un membre de haut rang de la famille royale et peut-être même le co-souverain de la cité. Janaab' Pakal est mort en mars 612 et Ajen Yohl Mat quelques mois plus tard. Le fait que leur mort soit survenue si tôt après le saccage de la ville donne à penser que leur décès était directement lié au triomphe de Calakmul[15]. Après cette date, Palenque subit une période de déclin prolongé, avant de parvenir à se remettre de sa guerre désastreuse contre Calakmul[16]. Les guerres contre Palenque auraient été menées par Uneh Chan dans le but de prendre le contrôle des routes commerciales très actives qui traversaient la partie occidentale de la zone maya[17].

Rébellion de Naranjo

Le roi Yuknoom Ti' Chan de Calakmul supervisa une cérémonie à Caracol en 619[18]. La Stèle 22 de Caracol rapporte l'accession de Tajoom Uk'ab' K'ak' au trône de Calakmul en 622[18]. Deux stèles ont été érigées à Calakmul en 623, mais leurs textes sont trop endommagés pour qu’on puisse y déceler le nom du couple royal concerné[18]. Vers cette époque Naranjo, une cité vassale de Calakmul, a rompu l’alliance quand son roi Aj Wosal est mort, relativement peu de temps après la mort de Uneh Chan de Calakmul[18]. Naranjo avait pris son indépendance vis-à-vis de Calakmul, au moins jusqu’en 626, quand elle a été battue deux fois par Caracol et Yuknoom Ti' Chan a peut-être pensé que le moment était propice pour que Calakmul reprenne le contrôle de Naranjo. Ces tentatives ont été interrompues par sa mort en 630[18]. En 631, «Yuknoom-Tête», le nouveau roi de Calakmul, a finalement mis la main sur Naranjo. Les textes rapportent que le roi de Naranjo était déjà en captivité à Calakmul, le jour où sa cité a été envahie et son châtiment, subi le jour même, est décrit par le mot k'uxaj dont le sens est soit torturé, soit mangé[18].«Yuknoom-Tête» a également conquis une autre ville en Mars 636, bien que le nom du site soit inconnu[18].

Apogée

Les plus grandes réalisations de Calakmul datent du règne du roi Yuknoom Ch'een II, parfois appelé Yuknoom le grand par les chercheurs[19]. Yuknoom Ch'een II avait 36 ans lorsqu’il monta sur le trône de Calakmul en l'an 636[19]. Une augmentation significative de la production de stèles a commencé dans la cité, sous son règne, et 18 stèles ont été commandées par le roi[19].Yuknoom Ch'eeen II était probablement responsable de la construction de l’ensemble de palais qui forment la majeure partie du cœur du site[19].

Calakmul et Dos Pilas

En 629, Tikal avait fondé Dos Pilas dans la région de Petexbatun, à quelque 110 km au sud-ouest, comme un avant-poste militaire destiné à contrôler le commerce transitant sur le Rio Pasión[20]. B'alaj Chan K'awiil est monté sur le trône du nouvel avant-poste à l'âge de quatre ans, en 635 et, pendant de nombreuses années, a servi son frère le roi de Tikal comme un vassal loyal et a combattu pour lui[21]. En l'an 648 Calakmul attaqua Dos Pilas et remporta une victoire écrasante marquée par la mort d'un seigneur de Tikal[22]. B'alaj Chan K'awiil fut capturé par Yuknoom Ch'een II mais, au lieu d'être sacrifié, il a été rétabli sur son trône comme vassal du roi de Calakmul[23], et s’est joint à une attaque contre Tikal en 657, ce qui a obligé Nuun Ujol Chaak, alors roi de Tikal, à abandonner temporairement la cité. Les deux premiers rois de Dos Pilas ont continué à utiliser le Glyphe-emblème de Tikal et ils ont probablement pensé qu’ils pouvaient avoir un droit légitime sur le trône de Tikal même. Pour une raison quelconque, B'alaj Chan K'awiil n'a pas été installé comme nouveau roi de Tikal, au contraire il est resté à Dos Pilas. Tikal lança une contre-attaque contre Dos Pilas en 672, contraignant B'alaj Chan K'awiil à un exil qui dura cinq ans[24]. Calakmul tenta d'encercler Tikal situé au centre d'une zone dominée par ses alliés, tels que El Perú, Dos Pilas et Caracol[25] et attaqua à nouveau Dos Pilas en 677, chassant le roi de Tikal et réinstallant B'alaj Chan K'awiil sur son trône[22]. En 679 Dos Pilas, probablement aidé par Calakmul, a remporté une importante victoire sur Tikal, et les textes hiéroglyphiques rapportent que la bataille a été un bain de sang, laissant sur le terrain des monceaux de têtes[22].

Les troubles se sont poursuivis dans l'Est, après une reprise du conflit entre Naranjo et Caracol. Naranjo a définitivement vaincu Caracol en 680, mais la dynastie de Naranjo a disparu au cours des deux ans qui ont suivi et une fille de B'alaj Chan K'awiil a fondé une nouvelle dynastie en 682, ce qui indique que Calakmul était probablement intervenu de manière décisive pour placer un fidèle vassal sur le trône[26]. Le patronage de Yuknoom Ch'een II comme suzerain est entré en vigueur dans une série de villes importantes, y compris El Péru où il a supervisé l'installation comme roi de K'inich B'alam qu’il a marié à une princesse de Calakmul pour renforcer les liens entre les deux cités[26]. Le pouvoir de Calakmul s'étendait alors jusqu'à la rive nord du Lac Petén Itzá, où Motul de San José a été son vassal au VIIe siècle, bien que la cité ait été traditionnellement un allié de Tikal[27]. Yuknoom Ch'een II s’assura de la loyauté de trois générations de rois de Cancuen, situé à 245 km vers le sud et supervisa l'intronisation d'au moins deux d'entre eux, en 656 et 677[26]. Le roi Yuknoom Ch'een II a été impliqué, directement ou indirectement, dans le couronnement d'un roi à Moral à l'ouest du Tabasco et l'un des nobles de l’entourage de Yuknoom a supervisé un rituel à Piedras Negras sur la rive guatémaltèque du Río Usumacinta[26]. Yuknoom Ch'een II mourut octogénaire, probablement au début de 686. Quand il mourut, Calakmul était la ville la plus puissante des basses terres du pays mayas central[26].

Yuknoom Yich'aak K'ak succéda à Yuknoom Ch'een II, son couronnement, le 3 avril 686 a été inscrit sur les monuments de Dos Pilas et d’El Péru[28]. Il est né en 649 et était probablement le fils de son prédécesseur. Il avait déjà occupé de hautes fonctions avant de devenir roi et avait peut-être été responsable des succès majeurs de la dernière partie du règne de Yuknoom Ch'een II[28]. Il a bénéficié de la fidélité de K'inich B'alam d'El Péru et de B'alaj Chan K'awiil de Dos Pilas et obtenu celle de K'ak' Tiliw Chan Chaak en 693, quand il est monté sur le trône de Naranjo, à l'âge de cinq ans[28]. Cependant, les textes sculptés sur les monuments ne révèlent pas toute la complexité de l'activité diplomatique, comme l'a révélé un vase en céramique peinte de Tikal qui représente un ambassadeur du roi de Calakmul agenouillé devant le roi intronisé de Tikal qui lui payait tribut[28]. Quatre ans plus tard, en août 695, les deux États sont à nouveau entrés en guerre. Yuknoom Yich'aak K'ak' a conduit ses guerriers contre Jasaw Chan K'awiil I dans une bataille catastrophique qui a vu la défaite de Calakmul et la capture de l'effigie d'une divinité de Calakmul nommée Yajaw Maan[29]. On ne sait pas ce qu’il est advenu de Yuknoom Yich'aak K'ak, une sculpture en stuc de Tikal montre un captif et le roi est mentionné dans la légende qui l'accompagne, mais il n'est pas certain que le captif et le roi soient la même personne[30]. Cet événement a marqué la fin de l'apogée de Calakmul, comme en témoigne la chute de l'activité diplomatique et la diminution du nombre de villes reconnaissant le roi de Calakmul comme suzerain[30]. Aucune stèle restée debout dans le cœur du site ne mentionne Yuknoom K'ak Yich'aal, mais certaines font partie du groupe Nord-Est et 2 stèles brisées ont été enterrées dans la structure 2[30].

Derniers rois

Le roi suivant, « Split Earth », est mentionné sur une paire d'os sculptés découverte dans la tombe du roi de Tikal Jasaw Chan K'awiil I. Il a régné à partir de novembre 695, mais on ignore s'il s’agissait d’un membre légitime de la dynastie de Calakmul ou bien d’un prétendant placé sur le trône par Tikal[30].

 Yuknoom Took' K'awiil, stèle 89

Le nom du roi suivant présentait plusieurs variantes, et il était désigné sous des noms différents à l'intérieur et à l'extérieur de Calakmul[31]. Son nom abrégé est Yuknoom Took' K'awiil[31]. Il a érigé sept stèles pour célébrer un événement calendaire en 702 et son nom a été inscrit à Dos Pilas cette année-là, sans doute pour démontrer que Dos Pilas était encore une cité vassale de Calakmul. El Péru était également encore un vassal et Yuknoom Took' K'awiil y a installé un nouveau roi à une date inconnue[31]. Naranjo est également restée fidèle[31]. Yuknoom Took' K'awiil a commandé sept autres stèles à l'occasion de la fin du Katun de 731[31]. Une nouvelle défaite infligée par Tikal est attestée par un autel sculpté dans cette ville, dont la datation permet de le situer probablement entre 733 et 736 et qui représente un seigneur lié à Calakmul et peut-être nommé Yuknoom Took' K'awiil[32].

Calakmul et Quiriguá

Au-delà de cette date, les chroniques historiques de Calakmul deviennent très lacunaires, tant en raison du mauvais état des monuments fortement érodés de la cité elle-même que du déclin de sa présence politique sur l'ensemble de la scène Maya[33]. Une mention d'un souverain de Calakmul, peut-être appelé Wamaw K'awiil, provient de Quiriguá [33]. Quiriguá était traditionnellement un vassal de son voisin du sud Copán, et en 724 Uaxaklajuun Ub'aah K'awiil, roi de Copán, installa son vassal K'ak' Tiliw Chan Yopaat sur le trône de Quiriguá[34]. Vers 734 K'ak' Tiliw Chan Yopaat montra qu'il n'était plus le subordonné docile de Copán, quand il commença à se définir comme k'ul ahaw, Seigneur Saint, au lieu d'utiliser le terme plus modéré d’ahaw, seigneur subordonné; en même temps il a commencé à utiliser un Glyphe-emblème propre à Quiriguá[35]. Cet acte de rébellion locale semble n’avoir été qu’un épisode de la grande lutte politique entre Tikal et Calakmul. En 736, seulement deux ans plus tard, K'ak' Tiliw Chan Yopaat reçut la visite de Wamaw K'awiil de Calakmul, alors que Copán était l'un des plus anciens alliés de Tikal. Le timing de cette visite du roi de Calakmul est hautement significatif, car elle se situe entre l'accession de K'ak' Tiliw Chan Yopaat au trône de Quiriguá comme vassal de Copán et la rébellion pure et simple qui allait suivre. Ceci suggère fortement que Calakmul a parrainé la rébellion de Quiriguá dans le but d'affaiblir Tikal et d'accéder à la riche route commerciale de la vallée du Motagua[36]. Il est probable que le contact avec Calakmul ait été renoué peu de temps après que K'ak' Tiliw Chan Yopaat eut accédé au trône[37]. En 738 K'ak' Tiliw Chan Yopaat captura le roi, puissant mais âgé, de Copán, Uaxaclajuun Ub'aah K'awiil[38]. Une inscription de Quiriguá, bien que difficile à interpréter, suggère que la capture a eu lieu le 27 avril 738, lorsque Quiriguá a confisqué et brûlé les images en bois des divinités tutélaires de Copán[39]. Le seigneur capturé a été ramené à Quiriguá et le 3 mai 738, il a été décapité rituellement en public[40].

Dans la période classique tardive, l'alliance avec Calakmul était souvent associée à une promesse de soutien militaire. Le fait que Copán, une ville beaucoup plus puissante que Quiriguá, n'ait pas pu exercer de représailles contre ses anciens vassaux implique qu'elle craignait l'intervention militaire de Calakmul. Calakmul elle-même était assez éloignée de Quiriguá pour que K'ak' Tiliw Chan Yopaat n'ait pas peur de tomber directement sous sa coupe comme État vassal, même s’il est probable que Calakmul a envoyé des guerriers pour contribuer à la défaite de Copán. L'alliance semble plutôt avoir eu des avantages pour les deux cités : Calakmul réussissait à affaiblir un allié puissant de Tikal alors que Quiriguá obtenait son indépendance[41].

Effondrement

Cinq grandes stèles ont été élevées en 741, bien que le nom du roi qui l’ait fait ériger soit illisible sur chacune d'elles, il a été considéré comme étant celui du souverain[33]. La présence de Calakmul dans l’ensemble de la zone Maya a continué à décliner, à la suite des défaites de deux des principaux alliés de la ville vaincus par Tikal[33]. El Péru a été défaite en 743 et Naranjo un an plus tard et ce qui a entraîné l'effondrement final du réseau d’alliances de Calakmul autrefois hégémonique, tandis que Tikal a connu un regain de puissance[33].

En 751 le souverain Z a érigé une stèle qui n'a jamais été terminée, appariée avec une autre portant le portrait d'une reine[42]. Un escalier hiéroglyphique mentionne à peu près à la même époque le nom de B'olon K'awiil[42] qui régnait en 771 quand les deux stèles ont été érigées et qui a été inscrit également à Toniná en 789[42]. Les sites localisés au nord de Calakmul montrent des témoignages d’une réduction de son influence à cette époque, avec l’apparition de nouveaux styles architecturaux influencés par des sites construits plus au nord dans la péninsule du Yucatán[42].

Un monument a été érigé en 790, bien que le nom du dirigeant responsable de sa construction n'ait pas été conservé. Deux autres ont été dressés en 800 et trois en 810[42]. Aucun monument n’a été érigé pour commémorer l'importante fin de Bak'tun en 830 et il est probable que le pouvoir politique s’était déjà effondré à ce moment[42]. Des villes importantes telles que Oxpemul, Nadzcaan et La Muñeca qui ont été à un certain moment des vassales de Calakmul érigeaient alors leurs propres monuments, là où auparavant ils en avaient élevé très peu, certaines ont continué à édifier de nouveaux monuments assez tard, jusqu’en 889[42]. Cela a été un processus qui s’est déroulé en parallèle aux événements de Tikal[42]. Cependant, il existe des preuves solides de la présence d'une élite dans la ville jusqu'à l'an 900, peut-être même plus tard[43].

En 849, Calakmul a été mentionnée à Seibal, où un roi nommé Chan Pet a assisté à la cérémonie de clôture du K'atun, son nom a également été inscrit sur une céramique brisée retrouvée à Calakmul même. Toutefois, il est peu probable que Calakmul existait encore comme un État organisé d’une manière significative à cette date tardive[42]. Un regain final d'activité a eu lieu à la fin du IXe siècle ou au début du Xe siècle. Une nouvelle stèle a été érigée, bien que l’inscription ne mentionne que le jour, et non pas la date complète. Le jour inscrit peut correspondre, soit à l’année 899, soit à l’année 909, cette dernière date étant la plus probable[42]. Quelques monuments semblent être encore plus tardifs, même si leur style est brut, ils représentent les efforts de la population restante pour conserver la tradition maya classique. Cependant les inscriptions sur ces monuments ne sont que des imitations dépourvues de sens de l'écriture originelle[42].

Les céramiques datant de la période classique tardive sont rares en dehors du cœur du site, ce qui suggère que la population s’était réfugiée dans le centre-ville au cours de la dernière phase d'occupation de Calakmul[43]. La majorité de la population survivante était probablement constituée de roturiers qui avaient occupé les habitations destinées à l’élite, au centre du site, mais la construction de stèles a continué au début du Xe siècle et la présence de produits importés de grande valeur, tels que les métaux, l'obsidienne, le jade et les coquillages, indique une poursuite de l'occupation par la famille royale jusqu'à l'abandon définitif de la cité[43].

Histoire moderne

Calakmul a d'abord été explorée en 1931 par Cyrus Lundell qui[44], un an plus tard, informa Sylvanus Morley de l'existence du site et de la présence de plus de 60 stèles[44]. Morley lui-même a visité les ruines, au nom de l'Institution Carnegie de Washington en 1932[44]. Dans les années 1930 les chercheurs ont cartographié le site principal et répertorié 103 stèles[44]. Les fouilles se sont arrêtées en 1938 et les archéologues ne sont pas retournés sur le site avant 1982, lorsque William J. Folan a dirigé un programme de recherche au nom de la Universidad Autónoma de Campeche, pour travailler à Calakmul jusqu'en 1994[45]. Calakmul est maintenant l'objet d'un projet de grande envergure de l'Institut Institut national d'anthropologie et d'histoire (INAH) sous la direction de Ramón Carrasco[46].

Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Folan_p310 Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Folan_p313 ↑ a b c d e et f Martin & Grube 2000, p.103. ↑ a et b Martin & Grube 2000, p.102. ↑ a et b Sharer & Traxler 2006, p.357. Folan et al 1995a, p.326. Martin & Grube 2000, pp.103-104. ↑ a b c d e f g h i j et k Martin & Grube 2000, p.104. Miller 1999, p.89. ↑ a et b Martin & Grube 2000, p.105. Martin & Grube 2000, p.105, 159-160. Stuart & Stuart 2008, pp.140-141, 143. Stuart & Stuart 2008, p.141. ↑ a et b Stuart & Stuart 2008, p.142. Martin & Grube 2000, pp.105, 161. Stuart & Stuart 2008, p.142. Stuart & Stuart 2008, p.145. Stuart & Stuart 2008, pp.145-146. Stuart & Stuart 2008, p.143. ↑ a b c d e f et g Martin & Grube 2000, p.106. ↑ a b c et d Martin & Grube 2000, p.108. Salisbury et al 2002, p.1. Salisbury et al 2002, pp.2-3. ↑ a b et c Sharer & Traxler 2006, p.387. Salisbury et al 2002, p.2. Sharer & Traxler 2006, p.387. Webster 2002, p.276. Hammond 2000, p.220. ↑ a b c d et e Martin & Grube 2000, p.109. Reents-Budet et al 2007, p.1421. Martin & Grube 2000, pp. 45-46. ↑ a b c et d Martin & Grube 2000, p.110. Martin & Grube 2000, pp.110-111. ↑ a b c et d Martin & Grube 2000, p.111. ↑ a b c d et e Martin & Grube 2000, p.112. Martin & Grube 2000, p.113. ↑ a b c d et e Martin & Grube 2000, p.114. Drew 1999, p.241. Looper 2003, p.79. Drew 1999, p.241. Looper 2003, p.79. Sharer & Traxler 2006, p.482. Looper 2003, p.79. Webster 2002, p.300. Drew 1999, p.240. Looper 2003, p.78. Miller 1999, pp.134–35. Looper 2003, p.76. Looper 1999, p.271. Looper 2003, p.81. ↑ a b c d e f g h i j et k Martin & Grube 2000, p.115. ↑ a b et c Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Braswell_p165 ↑ a b c et d Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Sharer,Traxler_p356 Sharer & Traxler 2006, p.356. Martin & Grube 2000, p.101. Sharer & Traxler 2006, p.356. Martin & Grube 2000, p.101.
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