Pic d'Aneto

( Aneto )

Le pic d'Aneto (jusqu'au XIXe siècle : Néthou) est le point culminant de la chaîne des Pyrénées avec une altitude de 3 404 m. Il se situe en Espagne, au nord-est de l'Aragon et de la province de Huesca, dans la comarque de Ribagorce.

En plein centre du parc naturel de Posets-Maladeta, il fait partie du massif de la Maladeta dont il constitue la partie sud-est avec le pic Russell.

 Face sud : sommet de l'Aneto vue depuis l'Ibón moyen des Couronnes. Abri de la Rencluse, cabane de berger, en 1895. Face nord : glacier du Nethou au XIXe siècle

L'Aneto n'a pas été le premier sommet du massif à intéresser les pyrénéistes : près de l'Aneto plus au nord-ouest se trouve la Maladeta, qui sans être parmi les cinq sommets les plus hauts des environs, s'est approprié le toponyme qui faisait allusion à tout le massif ainsi que le plus grand intérêt des alpinistes au début du XVIIIe siècle. Cela s'explique par une question de perspective, puisque depuis la haute vallée de l'Esera ou en arrivant depuis la France son sommet reste au premier plan tandis que la crête des cols dissimule la véritable dimension de son voisin du sud-est, plus haut et avec un plus grand glacier. C'est seulement une fois après que Friedrich Parrot[1] eut atteint en 1817 le sommet de la Maladeta, qu'on vit que l'Aneto et ses voisins, le pico del Medio, la pointe d'Astorg, le pic Maudit et l'aiguille Schmidt Endell, étaient plus élevés et dominaient toute la chaîne des Pyrénées. Auparavant le mont Perdu était considéré comme le plus haut. L'intérêt alors soudain pour ce massif fut pourtant accompagné d'une mauvaise renommée : plusieurs catastrophes dans les glaciers, quelques-unes mortelles, ont dissipé l'intérêt pour le gravir. La mort en 1824 dans la rimaye du glacier de la Maladeta de Pierre Barrau de la Compagnie des guides de Luchon, considéré alors comme le doyen et expert de la zone, provoqua une véritable émotion parmi les guides locaux : ces derniers déjà très effrayés par les risques du glacier furent alors paniqués par cette montagne qu'ils considéraient désormais comme maudite[2],[3].

 Alpinistes au pont de Mahomet.

De fait, la première ascension fut longtemps différée et compliquée par la crainte du glacier. Le 18 juillet 1842, Platon de Tchihatcheff, officier russe qui était en vacances à Bagnères-de-Luchon, son guide Pierre Sanio de Luz, les guides luchonnais Jean Sors, Bernard Arrazau et Pierre Redonnet dit « Nate », Albert de Franqueville, un botaniste normand, et son guide Jean Sors « Argaròt », partent depuis le versant français des Pyrénées pour conquérir l'Aneto : ils empruntent le chemin de l'Hospice de France, franchissent le port de Vénasque et passent la nuit à l'abri de la Rencluse, alors simple construction de pierres sèches. Le lendemain, essayant un itinéraire qui évite délibérément les glaciers, ils arrivent à franchir un col vers le col d'Albe mais se perdent sur le versant sud au niveau du lac de Gregueña. Le soir, à bout de forces, ils trouvent refuge dans une cabane vers la vallée de Malibierne. Au lever du jour, après une courte nuit de repos, les voilà repartis vers le col Coroné. Malgré la peur des crevasses, ils décident finalement de tenter le sommet par le glacier. Le dernier passage d'une arête très effilée à quelques dizaines de mètres du sommet leur donnera énormément de difficultés au point qu'Albert de Franqueville le baptisera le « pont de Mahomet » en référence à une tradition orale musulmane qui raconte que l'entrée au paradis est étroite comme le fil d'une lame de cimeterre sur laquelle ne peuvent passer que les justes. « Nous sommes séparés du pic de Néthou par une arête extrêmement aiguë ; à droite, un abîme au fond duquel se déroule le glacier de Coroné et les eaux noirâtres de son lac ; à gauche, à une profondeur un peu moins grande, la partie orientale du Néthou s'abaisse par une pente des plus rapides. Pour comble de difficultés, le sommet de cette arête est encombré de fragments de granit désagrégés par la gelée ou disloqués par les coups de foudre, et très dangereux par leur manque de stabilité. Ce pont de Mahomet est pourtant la seule voie qui s'offre à nous pour arriver au but après lequel nous courons depuis si longtemps… » Finalement, et après une marche longue de trois jours, ils conquièrent le point culminant des Pyrénées le 20 juillet 1842 : un cairn est érigé et une bouteille contenant le nom des premiers ascensionnistes est laissée au sommet.

En haut, Tchihatcheff voulut ouvrir une voie plus directe pour le retour à travers le glacier, mais ses compagnons refusèrent, l'obligeant à céder. Mais, poursuivant le même objectif d'ascension directe que ses premiers compagnons avaient refusé, il refait l'ascension quatre jours plus tard avec Pierre Sanio, Bernard Arrazau dit « Ursule », Pierre Redonnet dit « Nate » et Auguste Laurent. En traversant le portillon, vu les crevasses qui parcouraient le glacier, il fut sur le point de subir une mutinerie, mais finalement après s'être tous attachés à un grand câble ils franchirent les cimes et le pont de Mahomet fut vaincu pour la deuxième fois le 24 juillet 1842[3]. Cet itinéraire direct par la Rencluse et le glacier reste encore aujourd'hui la « voie normale ».

 Ascension Beraldi de 1900. Photographie d'Eugène Trutat sur les moraines du Néthou.

Depuis lors, l'Aneto entra dans la dynamique de divulgation et popularisation des sommets des Pyrénées. En France, sa montée est devenue un grand classique et tout touriste thermal de Bagnères-de-Luchon se devait d'essayer. Le livre de Henry Spont, intitulé simplement Le Néthou, est le reflet de ce moment où il décrit l'excursion, l'horaire et le matériel recommandés[2]. La première ascension féminine absolue est celle d'Ernestine Tavernier, le 10 août 1849. En 1864, Henry Russell, qui n'aimait rien tant que sortir des sentiers battus, atteint le Nethou par le sud-ouest en passant par le col d'Albe, le lac de Creguena et le pic Coronas. En 1876, il trouve une autre voie à l'est via le trou du Toro, le lac et le glacier de Barrancs, et l'Espalda. Le 1er mars 1879, Roger de Monts, Barthélémy Courrèges, B. et V. Paget en font la première ascension hivernale. Ce sera José Nariño, en 1879, qui parviendra le premier à passer par la face sud de l'Aneto. Vers 1935 on avait déjà ouvert toutes les voies de difficulté[3].

Au début du XXe siècle est inauguré le refuge de la Rencluse, création du Barcelonais Juli Soler. Peu de temps après, la foudre mettra un terme à la vie du guide barbastrais José Sayó et son client, sur le pont de Mahomet, en 1916[3]. Après la croix de Sayó de 1917, le Centre d'Excursions de Catalogne a édifié une grande croix en 1951, qui a correspondu avec une Vierge du Pilier en 1956 et par un Saint Martial en 1981. Aucun de ces monuments n'a connu la tranquillité, étant donné les intempéries et les ennemis des symboles qu'ils représentent[3].

Liste des premières ascensions

Les noms des pionniers dans chaque discipline[2] :

Par la vallée de Corones : Platon de Tchihatcheff, Albert de Franqueville, Jean Sors Argarot, Pierre Sanio, Bernard Arrazau Ursule, et Pierre Redonnet Nate (20 juillet 1842) ; Par le glacier de l'Aneto : Platon Tchihatcheff, Auguste Laurent, Pierre Sanio, Bernrad Arrazau Ursule et Pierre Redonnet Nate (24 juillet) ; Féminine absolue : Ernestine Tavernier (10 août 1849) ; Espagnole : Jean Manuel et Françoise Manuel de Harreta (août 1855) ; Nocturne dans la partie supérieure : Henry Russell, capitaine Hoskins et Jean Capdeville (17 juillet 1865) ; En solitaire : Henry Russell (9 août 1871) ; Par la vallée de Barrancs : Henry Russell, Firmin Barrau et César Cier (7 juillet 1876) ; Hivernale : Roger de Monts, Bertrand et Barthèlèmy Courrèges et Victor Paget Chapelle (12 mars 1879) ; Par la face sud : José Nariño, Jean Haurillon et Pierre Cantaloup (1er septembre 1879) ; Par le flanc de l'Aneto : Georges, Henri, Albert, Edouard et Charles Cadier (8 août 1901) ; Féminine espagnole : Montserrat Mestre de Baladia (19 septembre 1902) ; Avec skis : Louis Falisse, Maurice Heïd, Louis Robach et Charles Aubry (4 avril 1904) ; Par l'arête des Descalzos : Jaume Oliveras et Antoni Arenas (24 juillet 1906) ; Par la Crête de Llosás : Roger et Henri Brulle, et Germain Castagné (16 juillet 1913) ; Arête de Salenque au pic Margalide : Jean Arlaud et Charles Laffont (1922) ; Face nord du pic des Tempêtes : Jean Arlaud et Pierre Abadie (1927) ; Par la crête nord-est : René Grange et Pedro Borés (14 juillet 1934) ; Par la face nord : Jean Escudier, Jean-Victor Parant et Jean Grelier (6 septembre 1935) ; Vol en parapente : Nil Bohigas et Monste Soteras (avril 1987) ; En autonomie depuis l'océan Atlantique par Louis-Philippe Loncke (19 août 2020)[4].
Johann Jacob Friedrich Wilhelm Bonn Parrot, né en 1791 à Karlsruhe, mort en 1841, médecin, naturaliste et un grand voyageur, était le fils de Georges-Frédéric Parrot, le premier recteur de l'Université de Tartu (1767-1852). Il a été professeur d'Histoires naturelles et de philosophie à l' Université impériale de Dorpat (aujourd'hui Tartu) en Estonie sous le règne du Tzar Alexandre Ier, ami de son père. Après avoir dessiné des cartes du Caucase en 1811, à l'âge de 20 ans, il a servi dans l'armée du tsar contre Napoléon. Plus tard, il est admis à l'Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg comme chirurgien. ↑ a b et c Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées historiatres ↑ a b c d et e Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées historia « Le Mouscronnois Louis Philippe Loncke a atteint le toit des Pyrénées », sur Édition digitale de Mouscron, 20 août 2020 (consulté le 13 septembre 2020)
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