Contexte de Sahara occidental

Le Sahara occidental (arabe : الصحراء الغربية) est un territoire de 266 000 km2 du Nord-Ouest de l'Afrique, bordé par la province marocaine de Tarfaya au nord, l'Algérie au nord-est, la Mauritanie à l'est et au sud, tandis que sa côte ouest donne sur l'Atlantique. Territoire non autonome selon l'ONU, cette ancienne colonie espagnole n'a toujours pas trouvé de statut définitif sur le plan juridique depuis le départ des Espagnols, en 1976.

Le territoire est revendiqué à la fois par le Maroc et par la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par le Front Polisario en 1976. Ce dernier est un mouvement dont l'objectif est l'indépendance totale du Sahara occidental, revendication soutenue par l'Algérie. Devenu un enjeu global illustrant la rivalité entre le Maroc et l'Algérie, le dossier saharien bloque to...Lire la suite

Le Sahara occidental (arabe : الصحراء الغربية) est un territoire de 266 000 km2 du Nord-Ouest de l'Afrique, bordé par la province marocaine de Tarfaya au nord, l'Algérie au nord-est, la Mauritanie à l'est et au sud, tandis que sa côte ouest donne sur l'Atlantique. Territoire non autonome selon l'ONU, cette ancienne colonie espagnole n'a toujours pas trouvé de statut définitif sur le plan juridique depuis le départ des Espagnols, en 1976.

Le territoire est revendiqué à la fois par le Maroc et par la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par le Front Polisario en 1976. Ce dernier est un mouvement dont l'objectif est l'indépendance totale du Sahara occidental, revendication soutenue par l'Algérie. Devenu un enjeu global illustrant la rivalité entre le Maroc et l'Algérie, le dossier saharien bloque toujours la construction de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Le Polisario s'appuie sur un « consensus écrasant parmi les Sahraouis vivant sur le territoire en faveur de l'indépendance et en opposition à l'intégration avec tout pays voisin », tel que décrit dans un rapport de l'ONU en 1975. Le Maroc fonde sa revendication sur les accords de Madrid et sur la base de liens d'allégeance passés entre les tribus sahraouies et les sultans du Maroc. En effet, la position marocaine met en avant l'appartenance du territoire aux différentes dynasties comme les Almoravides, issus de ce même Sahara, et les Almohades dont la monarchie actuelle est l'héritière et qualifie le conflit de relique de la colonisation.

Depuis le cessez-le-feu de 1991, le Maroc contrôle et administre environ 80 % du territoire, tandis que le Front Polisario en contrôle 20 % laissés par le Maroc derrière une longue ceinture de sécurité, le « mur marocain », devenu aujourd'hui la frontière de facto. La Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental patrouille dans l'ensemble du territoire.

Plus à propos Sahara occidental

Informations de base
Population, Area & Driving side
  • Population 582000
  • Zone 266000
  • Côté conduite right
Historique
  • Période précoloniale

    En 1048, des Berbères sanhadjas de l'ouest du Sahara (actuelle Mauritanie) se coalisent sous l'impulsion d'un prédicateur malikite, Abdellah ben Yassin et d'un chef local et fondent le mouvement almoravide. Ils conquièrent et unifient les tribus du Sahara occidental entre 1042 et 1052, puis s'emparent du Maroc actuel (alors éclaté en petits émirats à la suite de la chute de l'empire chérifien des Idrissides) et d'une grande partie de la péninsule Ibérique (Al-Andalus). Les Almoravides ont pour capitale et base Marrakech. À leur chute aux mains des Almohades (1147), le territoire perd son organisation.

    À partir de 1514, avec l'avènement de la dynastie marocaine des Saadiens, l'ascendant marocain devient effectif sur le Sahara occidental[1]. Aux XVe et XVIe siècles, les Portugais et les Espagnols installent des forts sur la côte, mais en sont chassés après quelques décennies.

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    Période précoloniale

    En 1048, des Berbères sanhadjas de l'ouest du Sahara (actuelle Mauritanie) se coalisent sous l'impulsion d'un prédicateur malikite, Abdellah ben Yassin et d'un chef local et fondent le mouvement almoravide. Ils conquièrent et unifient les tribus du Sahara occidental entre 1042 et 1052, puis s'emparent du Maroc actuel (alors éclaté en petits émirats à la suite de la chute de l'empire chérifien des Idrissides) et d'une grande partie de la péninsule Ibérique (Al-Andalus). Les Almoravides ont pour capitale et base Marrakech. À leur chute aux mains des Almohades (1147), le territoire perd son organisation.

    À partir de 1514, avec l'avènement de la dynastie marocaine des Saadiens, l'ascendant marocain devient effectif sur le Sahara occidental[1]. Aux XVe et XVIe siècles, les Portugais et les Espagnols installent des forts sur la côte, mais en sont chassés après quelques décennies.

    Sahara espagnol
     
    Sahara espagnol.

    En 1884 l'Espagne place ce territoire sous son protectorat ; la prise de contrôle est confirmée par la conférence de Berlin de 1884-1885. Elle établit des comptoirs commerciaux et une présence militaire. Les frontières ne sont pas clairement définies, jusqu'aux traités entre la France et l'Espagne, datant du début du XXe siècle (traité de Paris de 1900, convention de Madrid de 1912 qui fait suite au traité de Fès instaurant un protectorat français). Les tribus locales luttent contre la puissance coloniale avec l'aide du sultan marocain. Cet appui cesse lorsque ce dernier est soumis à un protectorat franco-espagnol en 1912. Le Sahara espagnol est créé à partir des territoires de Rio de Oro et de Seguia el-Hamra en 1924. Il est administré en commun avec le territoire de Cap Juby (Tarfaya), séparément des territoires marocains sous protectorat espagnol. L'Espagne réorganise ces territoires en Afrique occidentale espagnole (1946-1958), puis en Sahara espagnol.

    Entre octobre 1957 et avril 1958, le Maroc à la suite de l'indépendance de sa partie nord en 1956, tenta de libérer Ifni, Tarfaya et le Sahara occidental de l'occupation espagnole, en soutenant l'Armée de libération nationale du Maroc sud, formée d'irréguliers marocains et de tribus sahraouies. À l'issue de la guerre d'Ifni, le Maroc récupère quelques territoires (le Cap Juby, aussi désigné comme région de Tarfaya, ainsi que la majeure partie du territoire d'Ifni, excepté Ifni elle-même). Toutefois, l'opération conjointe franco-espagnole – dite en français opération « Écouvillon » – met en échec les irréguliers marocains de l'Armée de libération nationale au Sahara occidental, les forçant à évacuer les villes d'Edchera, Tafurdat et Es-Semara, qu'ils contrôlaient[2].

    En 1963, le Maroc fait inscrire ce territoire sur la liste des territoires non autonomes de l'ONU. Celle-ci essaie alors, en ordre dispersé de convaincre l'Espagne de décoloniser ce territoire ainsi que Cap Juby et l'enclave d'Ifni, et de négocier pour cela avec le Maroc. La résolution 2072 du 17 décembre 1965, appelant à la décolonisation, est ainsi votée malgré l'opposition de l'Espagne et du Portugal et l'abstention de la France, du Royaume-Uni, des États-Unis et de l'Afrique du Sud. À ce manque de consensus d'une part importante des grandes puissances s'ajoute le conflit ouvert entre l'Algérie et le Maroc, qui culmine dans la guerre des Sables de 1963. De plus, le Maroc et la Mauritanie, non reconnue par celui-là (certains éléments, à commencer par Allal El Fassi, représentant de l'aile droite du Parti de l'Istiqlal et ministre entre 1961 et 1963, espérant former un Grand Maroc qui inclurait cette dernière), ont aussi des revendications territoriales opposées sur ce territoire. De ce fait, les trois voisins du Sahara occidental ne parviennent pas à créer un front commun face à l'Espagne, qui, moyennant concessions (la décolonisation d'Ifni en 1969, conformément à la résolution 2072 de l'ONU), perpétue ainsi sa domination jusqu'à la mort de Franco, en 1975. Le règlement du conflit algéro-marocain et la reconnaissance de la Mauritanie par le Maroc en 1969 permettent d'unifier le front anti-espagnol. Parallèlement, plusieurs groupes locaux se lancent dans la résistance armée aidé par l'armée de libération nationale marocaine[3] issue de la lutte populaire marocaine contre l'occupation hispano-française du Maroc.

    Conflits armés (depuis 1973) Guerre du Sahara occidental (1975-1991)
     
    Sahara occidental.

    En 1975, un avis consultatif de la Cour internationale de justice confirme l'existence de liens historiques entre les populations du Sahara occidental et le Maroc, ainsi que l'ensemble mauritanien :

    « Les éléments et renseignements portés à la connaissance de la Cour montrent l'existence, au moment de la colonisation espagnole, de liens juridiques d'allégeance entre le sultan du Maroc et certaines des tribus vivant sur le territoire du Sahara occidental. Ils montrent également l'existence de droits, y compris certains droits relatifs à la terre, qui constituaient des liens juridiques entre l'ensemble mauritanien, au sens où la Cour l'entend, et le territoire du Sahara occidental. »

    Cependant, l'avis conclut qu'ils ne sont pas de nature à empêcher un référendum d'autodétermination, en y rendant inapplicable la notion de terra nullius. Dans son avis, la Cour précise :

    « (...) En revanche, la Cour conclut que les éléments et renseignements portés à sa connaissance n'établissent I'existence d'aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental d'une part, le Royaume du Maroc ou l'ensemble mauritanien d'autre part. »

    Quelques jours après cet avis, Hassan II, Roi du Maroc organise la marche verte (6 novembre 1975) pour marquer la volonté d'une souveraineté marocaine sur ce territoire. Ceci amène l'Espagne à signer les accords de Madrid avec le Maroc et la Mauritanie, le 14 novembre 1975, pour officialiser le partage du territoire. Le Maroc obtient les deux tiers nord, et la Mauritanie le tiers sud ; l'Algérie et les Sahraouis ne sont pas consultés. Le retrait des troupes espagnoles, décidé peu avant la mort de Franco, s'effectue entre 1975 et 1976.

    Le 27 février 1976, la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est proclamée par le Front Polisario à Bir Lahlou[4], au lendemain du départ du dernier soldat espagnol du territoire. Dans le même temps, la lutte armée du Front Polisario attaque par des incursions éclairs les forces marocaines et mauritaniennes qu'il considère comme de nouvelles forces d'occupation. La bataille d'Amgala en 1976 entre forces marocaines et algériennes sur le territoire du Sahara occidental montre le soutien actif de l'Algérie au Polisario. Entre fin 1975 et 1976, des dizaines de milliers de Sahraouis quittent le Sahara occidental, fuyant la guerre vers les camps de réfugiés de Tindouf en Algérie, encadrés par le Polisario.

    Après le putsch en Mauritanie qui renverse Moktar Ould Daddah en juillet 1978, le Front Polisario déclare un cessez-le-feu unilatéral avec Nouakchott[5]. Le cessez-le-feu est approuvé par l'ONU[6] et le 10 août 1979 un traité de paix est signé dans lequel la Mauritanie cède sa partie du Sahara au Front Polisario[5]. Le 14 août 1979, le Maroc annonce l'annexion de l'ancien territoire mauritanien.

    Dans les années 1980, le Maroc érige un mur de défense qui sépare le territoire en deux, les 20 % à l'est du mur étant désormais sous le contrôle du Front Polisario[7]. Une guerre d'embuscades avec le Front Polisario prend fin en 1991 à la suite d'un cessez-le-feu favorisé par la médiation de l'Organisation des Nations unies ; un référendum organisé par les Nations unies sur le statut final a été reporté à plusieurs reprises.

    Après le cessez-le-feu (depuis 1991)

    En novembre 2010, les forces de l'ordre marocaines procèdent au démantèlement du campement de Gdeim Izik, lequel abrite 20 000 personnes. Les affrontements avec des manifestants sahraouis font entre 13 (selon les autorités marocaines) et 36 morts (selon le Front Polisario) et donnent lieu à des dizaines d'arrestations suivies de lourdes condamnations[8].

    En 2020, le Maroc lance une opération militaire dans la zone tampon de Guerguerat[9] en réponse aux "provocations du polisario". En effet 200 routiers ont été bloqués trois semaines à ce poste-frontière par des milices du polisario comprenant quelque 70 hommes armés. Un haut responsable des Affaires étrangères marocaines soulignant que jusque là "le Maroc a fait preuve de retenue" mais "les appels de la Minurso et du secrétaire général de l'ONU (...) sont malheureusement restés vains" et affirmant que l'ONU, la Mauritanie et "d'autres pays impliqués dans le dossier" avaient été prévenus de l'opération[10].

    S. Makariou, G. Martinez-Gros et D. Soulié, Les 3 empires orientaux et l'expansion saadienne - 1630, Atelier de cartographie de sciences Po, 2010. Elsa Assidon, « A vingt ans d’intervalle, la stratégie française en Afrique occidentale – De l’opération « Ecouvillon » à l’intervention en Mauritanie », Le Monde diplomatique,‎ février 1978, p. 33 (lire en ligne). Laurent Pointier, Sahara occidental : la controverse devant les Nations Unies, KARTHALA, 2004, 226 p. (lire en ligne), p. 66. (en) Anthony G. Pazzanita et Tony Hodges, Historical Dictionary of Western Sahara, Scarecrow Press, 1994, p. 276. ↑ a et b Laurent Pointier, Sahara occidental : la controverse devant les Nations Unies, KARTHALA, 2004, 226 p., p. 209. « Résolution 33/31 de l'assemblée générale de l'ONU », sur un.org, 13 décembre 1978. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées lm Hicham Mansouri, « Sahara occidental. Gdeim Izik, douleurs et mystères », sur Orient XXI, 16 novembre 2020 Le Figaro avec AFP, « Sahara occidental: le Polisario affirme que «la guerre a commencé» », sur Le Figaro.fr, 13 novembre 2020 (consulté le 13 novembre 2020) « Opération de l'armée marocaine dans une zone-tampon au Sahara occidental », sur France 24, 13 novembre 2020 (consulté le 13 novembre 2020)
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