Contexte de Philippines

Les Philippines, en forme longue la république des Philippines (en philippin Pilipinas et Republika ng Pilipinas, en espagnol Filipinas et República de Filipinas, en anglais Philippines et Republic of the Philippines, en ilocano Filipinas et Republika ti Filipinas, en cebuano Pilipinas et Republika sa Pilipinas), est un pays d'Asie du Sud-Est constitué d'un archipel de 7 641 îles dont onze totalisent plus de 90 % des terres et dont un peu plus de 2 000 seulement sont habitées, alors qu'environ 2 400 îles n'ont même pas reçu de nom.

On distingue trois zones géographiques : l'ile Luçon, l'archipel des Visayas et l'ile Mindanao. Luçon est l'île la plus vaste et la plus septentrionale, et qui abrite sa capitale, Manille, et la pl...Lire la suite

Les Philippines, en forme longue la république des Philippines (en philippin Pilipinas et Republika ng Pilipinas, en espagnol Filipinas et República de Filipinas, en anglais Philippines et Republic of the Philippines, en ilocano Filipinas et Republika ti Filipinas, en cebuano Pilipinas et Republika sa Pilipinas), est un pays d'Asie du Sud-Est constitué d'un archipel de 7 641 îles dont onze totalisent plus de 90 % des terres et dont un peu plus de 2 000 seulement sont habitées, alors qu'environ 2 400 îles n'ont même pas reçu de nom.

On distingue trois zones géographiques : l'ile Luçon, l'archipel des Visayas et l'ile Mindanao. Luçon est l'île la plus vaste et la plus septentrionale, et qui abrite sa capitale, Manille, et la plus grande ville du pays, Quezon City. Au centre, le groupe dense des Visayas comprend les îles de Negros, Cebu, Bohol, Panay, Masbate, Samar et Leyte. Au sud, Mindanao est la deuxième île par sa superficie ; ses principales villes sont Davao, Marawi, Zamboanga et Cagayán de Oro. Au sud-ouest de Mindanao se trouvent les îles de Sulu, telles que Basilan, Jolo et Tawi-Tawi, proches de Bornéo. Enfin, à l'ouest des Visayas, s'étend l'archipel de Palawan, qui compte à lui seul plus de 1 700 îles. Luçon, l'île la plus proche du continent asiatique, se situe à 650 kilomètres au sud-est des côtes chinoises. C'est l'un des deux seuls pays à dominante catholique en Asie (avec le Timor oriental) et l'un des plus occidentalisés. L'Espagne et les États-Unis, qui ont tous deux colonisé le pays, ont chacun eu une grande influence sur la culture philippine qui est un mélange unique d'Orient et d'Occident.

L'archipel philippin se situe entre 116° 40′ et 126° 34′ de longitude est et 4° 40′ et 21° 10′ de latitude nord. Il s'étend sur 1 652 km du nord au sud et sur 1 066 km d'est en ouest. Au sud est située l'île de Célèbes tandis qu'au sud-sud-est se trouve l'archipel des Moluques, tous deux appartenant à l'Indonésie. Au sud-ouest la mer de Sulu baigne l'archipel et le sépare de Bornéo, île partagée entre la Malaisie, le Brunei et l'Indonésie. Au nord, on trouve Taïwan et, à environ 500 km à l'est, les îles Palaos.

Plus à propos Philippines

Informations de base
  • Devise Peso philippin
  • Indicatif d'appel +63
  • Domaine Internet .ph
  • Mains voltage 220V/60Hz
  • Democracy index 6.56
Population, Area & Driving side
  • Population 109035343
  • Zone 343448
  • Côté conduite right
Historique
  • Préhistoire
    Préhistoire

    La vallée de Cagayan au nord et au centre de Luçon contient de nombreux outils préhistoriques de pierre qui témoignent de la présence d'hominidés chasseurs de grand gibier comme le stégodon (éléphant préhistorique), le rhinocéros, le crocodile, la tortue, le sanglier et le daim, certains de ces outils dateraient de 709 000 ans[1]. Dans la grotte de Callao, sur l'île de Luzon, une nouvelle espèce humaine a été trouvée, qui serait les ancêtres des négritos philippins[2]. La grotte de Tabon, située sur l'île de Palawan, montre des traces d'installation qui remontent à plus de 30 500 ans ; ces chasseurs-cueilleurs utilisaient des éclats de silex comme outils[3]. Sur Mindanao, ces outils préhistoriques sont en abondance, ce que le héros national José Rizal remarque lui-même dans les années 1880, grâce à ses nombreuses connaissances scientifiques et à ses contacts avec la communauté archéologique espagnole et allemande[4][réf. souhaitée].

    Après la dernière ère glaciaire, le niveau de la mer s'élève d'environ 35 mètres submergeant ainsi l'isthme reliant les Philippines au continent, tout en donnant naissance aux mers peu profondes situées au nord de Bornéo.

    Les flux de populations ne deviennent possibles que grâce à l'utilisation de pirogues de type prao, construites à partir de troncs d'arbres évidés par des piochons (NdT adze en anglais). Il y a 5 000 ans, des habitants du littoral de la Chine du Sud, cultivateurs de millet et de riz, commencent à traverser le détroit pour s'installer à Taiwan. Vers 2000 av. J.-C., des migrations ont lieu de Taiwan vers les Philippines. De nouvelles migrations commencent bientôt des Philippines vers Célèbes et Timor et de là, les autres îles de l'archipel indonésien. Vers 1500 av. J.-C., un autre mouvement mène des Philippines en Nouvelle-Guinée et au-delà, les îles du Pacifique. Les Austronésiens sont sans doute les premiers navigateurs de l'histoire de l'humanité. De nos jours, le mot en philippin qui désigne village — barangay — a une étymologie proche du mot bateau.

    Peuples de la mer

    La mer de Chine méridionale possède des courants qui tournent dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. De fait, lors de la mousson du sud-ouest, entre juin et septembre, la navigation à partir des côtes ouest des Philippines jusqu'au nord de la mer de Chine méridionale se trouve simplifiée. Lors de la mousson de nord-est, de décembre à février, c'est la navigation entre la mer de Chine méridionale et le Viêt Nam qui devient plus facile. À partir du Viêt Nam, les navigateurs peuvent ainsi voyager vers l'est le long des latitudes 11 et 14 degrés, à destination de Palawan ou Mindoro, dans des bateaux à faible tirant d'eau.

    Les zones d'habitation sont choisies pour leurs ressources en eau douce, mais comme la terre est abondante, le commerce avec les autres peuples de la mer fournit un support aux échanges culturels et religieux.

    Jarres enterrées

    Le fait d'enterrer des jarres est une coutume pratiquée du Sri Lanka jusqu'à la plaine de Jarres du Laos mais aussi au Japon. On retrouve également des traces de ces pratiques dans les grottes de Tabon, à Palawan. Un exemple d'une telle jarre, utilisée comme urne funéraire lors de funérailles secondaires, est conservé au Musée National des Philippines. Ce trésor national est une jarre dont le couvercle est surmonté par deux figures, l'une représentant le défunt avec les bras croisés et les mains touchant les épaules, l'autre représentant un timonier. Tous deux sont assis dans un prao dont le mât est absent. À cette période, les rites funèbres secondaires sont pratiqués dans toutes les Philippines : les os sont enterrés une seconde fois, et certains dans des jarres prévues à cet effet. Soixante-dix-huit poteries en terre cuite à vocation funéraire ont également été retrouvées dans la grotte de Manunggul, à Palawan.

    Troc et échanges

    Une pièce de musée — un piochon de cérémonie en jade (adze en anglais), de près de 7 cm de long et d'une remarquable qualité pour un outil primitif — est un indice sur les sources de richesse des Philippines. Mais on ignore exactement ce que ces peuples de navigateurs échangeaient à part peut-être du jade et de l'or.

    Au début, les objets les plus prisés sont les jarres, symbole de richesse dans toute l'Asie du Sud, puis par la suite, le métal, le tabac et le sel. Ceux-ci sont échangés contre du cuir, des cornes de rhinocéros, des becs de calao, de la cire d'abeille, des nids d'oiseaux, de la résine.

    Commerce maritime asiatique

    Depuis le IIIe siècle, les peuples des Philippines sont en contact avec les autres peuples d'Asie du Sud-Est, en particulier d'Indochine, Bornéo et Sumatra. Avec l'avènement de la dynastie Ming, ils passent dans la sphère d'influence chinoise. C'est la thalassocratie ou gouvernance des côtes qui prévaut.

    Histoire préhispanique
     
    Jeune fille atie, originaire de l'île de Panay.

    Les Négritos, dont une population subsiste encore aux Philippines ainsi qu'en Indonésie, ont été considérés comme les premiers habitants des Philippines. Originaires du sud-est de l'Asie, ils auraient atteint l'archipel en franchissant des ponts de glace au cours de la dernière période glaciaire. Toutefois, les découvertes archéologiques des dernières décennies mettent en évidence la présence d'un groupe antérieur aux Négritos.[réf. nécessaire].

    Des fouilles effectuées dans la vallée de Cagayan ont mis au jour les restes fossilisés d'animaux accompagnés d'outils. Il existait donc une espèce humaine, peut-être aussi ancienne que l'Homme de Pékin et l'Homme de Java, bien avant l'arrivée des Négritos. Cependant, à ce jour, aucun ossement humain n'y a été exhumé. Les plus anciens restes humains connus sont ceux de l'homme de Tabon (environ 22 000 ans av. J.-C., découvert en 1962 dans la grotte de Tabon, au nord de l'île de Palawan. Dans cette grotte, située dans une falaise face à la mer de Chine méridionale, on a retrouvé un crâne fossilisé, d'autres ossements humains et d'animaux (oiseaux, chauves-souris) et des outils en pierre taillée par éclats qui remonteraient à la fin du Pléistocène. Les Négritos auraient donc succédé à ce groupe avant qu'eux-mêmes ne soient repoussés vers les montagnes par les migrations indonésiennes (VIIIe-IIIe millénaire av. J.-C.) puis malaises (IIe siècle av. J.-C. – XIIIe siècle ap. J.-C.).

    Jusque vers l'an 1000 de l’ère chrétienne, les Philippines possédaient une population organisée en tribus dispersées, sédentarisées pour la plupart dans de petits villages isolés ou vivant une existence semi-nomade dans les régions montagneuses de l'intérieur. Ces tribus tiraient leur subsistance de la culture de riz et de la pêche, ou, pour les nomades, de la chasse, de la cueillette et de la culture sur brûlis. Des immigrés malais importèrent le fer et le tissage.

    Les contacts de ces peuplades avec le monde extérieur, jusqu'alors très réduits, se multiplièrent à partir de l'an 1000, avec l'arrivée de plus en plus fréquente de marchands chinois, indiens, arabes et indonésiens qui troquaient céramiques, textiles, métaux et certainement toutes sortes de verroteries contre des perles, du corail, de l'or, du riz et du poisson séché. Les Chinois, qui avaient établi des échanges commerciaux dès le IXe siècle, installèrent des communautés permanentes au XIIe siècle. Les Philippines passèrent ensuite sous la domination des royaumes maritimes indo-malais de Sri Vijaya, sur l'île de Sumatra, puis de Majapahit, sur l’île de Java. Les musulmans sont arrivés aux Philippines dans l'archipel Sulu dès le début des années 1300. Tout au long du XIVe siècle, plusieurs vagues d'immigration malaise diffusèrent l'islam plus largement, à partir des îles de Sulu, jusqu'à Mindanao, pour arriver plus au nord, à Luçon et dans les Visayas.

    Un document pourrait renverser les théories admises pour l'histoire des Philippines. Il s'agit d'une plaque de cuivre découverte en 1989 dans la baie de Laguna près de Manille, et qu'on a baptisée « Laguna copperplate ». Écrite dans un alphabet similaire à celui des inscriptions javanaises de la même époque, elle porte la date de 822 de l'ère Saka, soit 900 apr. J.-C. Elle présente les particularités suivantes par rapport aux inscriptions de Java :

    On n'y trouve pas de mention du roi Balitung, qui régnait sur le centre de Java à l'époque (899-910). La langue utilisée est un mélange de sanskrit, de vieux-javanais, de vieux-malais et de vieux-tagalog[5]. L'inscription semble avoir été martelée dans le cuivre, alors qu'à Java, on écrivait alors sur le cuivre chauffé.

    L'archipel de Sulu dans le sud des Philippines se trouve sur une route maritime qui va de la Chine aux Moluques. Le commerce avec les marchands chinois fait sa prospérité. Le royaume de Sulu est sans doute fondé à la fin du XIVe siècle.

    Colonisation espagnole
     
    Récolte de la sève de l'hévéa dans une plantation des Philippines, archives historiques du National Museum of Health and Medicine.
     
    Pirate iranun (XIXe siècle).

    Fernand de Magellan (Fernão de Magalhães), explorateur portugais voyageant pour le compte de l'Espagne, est le premier Européen à arriver aux Philippines, le 16 mars 1521. Il y est tué le 27 avril sur l'Île de Mactan. Les îles ont été nommées ainsi en l'honneur de l'infant d'Espagne, futur roi Philippe II, par Ruy López de Villalobos peu après leur découverte. L'archipel est entré dans l'empire colonial espagnol à partir de 1565 avec la conquête officielle par Miguel López de Legazpi qui fonde Manille en 1571. La conquête est longue, la communauté espagnole reste réduite et réside principalement à Manille.

    En 1578, l'Espagne lance une expédition contre le sultanat de Sulu. Sulu réplique en pillant les villes côtières des Visayas et Luzon, dominées par les Espagnols. Le gouvernement colonial envoie au moins cinq expéditions punitives contre Sulu. En 1638, il occupe la capitale, Jolo, et y laisse une garnison. En 1646, cette garnison est rappelée à Manille et Sulu est abandonnée.

    En 1611, la première institution d'enseignement espagnole des Philippines, mais aussi d'Asie, est fondée : c'est une fondation de l'ordre des dominicains qui prend d'abord le nom de Colegio de Nuestra Señora del Santísimo Rosario, puis Colegio Santo Tomás. Elle obtient du pape le titre d'université en 1645. Aujourd'hui la Pontifical and royal University of Santo Tomas est l'une des grandes universités manilènes.

    Manille et son port, Cavite, deviennent rapidement un centre d'échanges commerciaux entre l'Asie et l'Amérique espagnole. Le Galion de Manille qui part d'Acapulco au Mexique transporte l'argent américain destiné à acheter des biens chinois ou japonais. Ces derniers sont au retour transportés à Acapulco, puis vendus sur tous les marchés d'Amérique : les soies et les porcelaines chinoises, les paravents (biombos) et autres objets laqués, se trouvent à Mexico, Guadalajara, Lima, etc.[6].

    Ce territoire sud-asiatique constitue pour les Castillans une tête de pont pour l'évangélisation de la Chine et du Japon. Le premier saint philippin, Lorenzo Ruiz, est d'ailleurs un Indio[Quoi ?] emmené avec lui par saint François-Xavier. Si l'objectif religieux a échoué à la suite des réactions, négatives pour le moins, des empires chinois et japonais envers la présence chrétienne, l'Église a été rapidement investie aux Philippines, par les monarques espagnols, de pouvoirs étendus (justice, ordre public, collecte des impôts). C'est ce que les historiens philippins évoquent par le vocable de friocracy – le règne des frères (au sens des ordres religieux).

    De fait, jusqu'au début du XIXe siècle, l'autorité officielle dans l'archipel a été exercée depuis le lointain Mexique, où résidait le vice-roi chargé des Philippines. Éloignement de Mexico, éloignement de Madrid : l'influence de l'Église n'en a été que plus forte, avec un certain nombre de conséquences encore visibles aujourd'hui : un chapelet d'édifices religieux uniques en Asie (et dans le monde, si l'on songe à l'architecture typique des églises philippines); une économie dominée par l'importance de la propriété immobilière (lorsque les ordres se sont séparés de leurs biens après l'indépendance de 1898, ils les ont vendus à quelques grandes familles blanches ou métisses toujours puissantes); une culture à la fois relativement non violente et conservatrice sur le plan du contrôle des naissances, notamment. Le professeur Teodoro A. Agoncillo, auteur d'une History of the Filipino people (8e éd. 1990) parle à ce sujet d'un phénomène d'amalgamation of Church and State. La mainmise des pouvoirs religieux est finement décrite et analysée dans les romans de José Rizal (1861–1896).

    Dans les années 1840, l'intérêt des puissances coloniales pour Sulu s'accroît. Le gouvernement colonial espagnol occupe de nouveau Jolo en 1851. Le sultanat s'étendait sur l'archipel de Sulu et la côte nord-est de Bornéo (soit l'est de l'actuel Sabah en Malaisie). En 1877, le sultan, qui s'était réfugié sur une autre île, donne ses possessions de Bornéo en bail à la British North Borneo Chartered Company. Après une longue résistance, Sulu accepte de devenir vassal de l'Espagne en 1878. L'Espagne évacue Sulu en 1899.

    En 1889, les Philippines sont encore le quatrième exportateur mondial de café (16 millions de livres, environ 32 000 tonnes[7]), mais leur production est entièrement rayée de la carte entre 1889 et 1892[7] par la rouille du caféier.

    À la fin du XIXe siècle s'est développé un mouvement de libération, dont l'un des personnages clés fut le poète et écrivain José Rizal. Chirurgien ophtalmologue formé en Europe (Espagne, France et Allemagne), il nourrit son projet révolutionnaire d'une conception inspirée par ses lectures de Don Quichotte. Surnommé le Don Quichotte des Philippines, il est exécuté par les autorités espagnoles en 1896. Il devient aussitôt un martyr national, ce qui renforce la résistance au régime colonial.

    Colonisation américaine
     
    Datu Amil, leader influent des Tausūg avec le capitaine W.O. Reed, du 6e régiment américain de cavalerie durant la campagne Moro.

    Bien que semblant dans un premier temps encourager le mouvement d'indépendance, les États-Unis se décident à intervenir militairement aux Philippines en 1898 (guerre hispano-américaine). Le 10 décembre 1898, le traité de Paris met fin au conflit, contraignant l'Espagne à vendre les Philippines aux États-Unis pour 20 millions de dollars ; le 4 février 1899, une nouvelle guerre oppose les indépendantistes philippins aux États-Unis (guerre américano-philippine). Entre 200 000 et 1 million de civils ont été tués pendant la guerre, en grande majorité à cause du choléra. La plupart des historiens estiment entre 200 000 et 250 000 morts[8],[9],[10]. Pendant la guerre, de nombreux massacres ont été commis par les Américains[11].

    Commence alors une période intensive de déshispanisation au profit d'une anglicisation de la culture.

    En 1935, les États-Unis accordent au Commonwealth des Philippines un statut de semi-autonomie destiné à accompagner le pays vers son indépendance. À partir de cette date, un président élu les représente au niveau international. Le premier est Manuel Quezón, qui a donné son nom à l'une des villes de l'agglomération de Manille, actuellement la plus grande ville du pays.

    En 1937, sur proposition du National Language Institute, le président Quezon fait du tagalog, le dialecte parlé autour de la capitale et de la rivière Pasig, la langue nationale. Cinquante ans plus tard, la Constitution de 1987 (article XIV, section 6) précise que la langue nationale est le philippin, notion plus large que le tagalog. L'anglais a néanmoins sa place : « for purposes of communication and instruction, the official languages [à distinguer de national language, langue nationale] are Filipino and English » (article XIV, section 7).

    Occupation japonaise

    En 1942, lors de la Seconde Guerre mondiale, le pays passe sous occupation japonaise, les mouvements de résistance sont très actifs et la répression japonaise féroce. Les forces d'occupation commettent de nombreuses atrocités dont la marche de la mort de Bataan (environ 20 000 morts) et le massacre de Manille en février 1945, où plus de 100 000 civils trouvent la mort. Le général Douglas MacArthur, qui ne réussit pas à repousser l'invasion initiale et doit fuir en Australie en abandonnant ses hommes, prend sa revanche en 1944-1945 et libère l'archipel. Le pays obtient son indépendance le 4 juillet 1946.

    Après guerre

    Entre 1948 et 1954 principalement, le Hukbalahap, insurrection paysanne d'inspiration communiste, combat le gouvernement philippin et les milices des grands propriétaires terriens. En mars 1948, le Parti communiste et Hukbalahap sont déclarés hors-la-loi. Le nombre de militants, estimé à 15 000, recule nettement à partir de 1954 après des offensives gouvernementales. Le gouvernement philippin eut recours à des unités spécialisées dans la contre-insurrection, qui propagèrent la terreur parmi les populations civiles des régions rurales soupçonnées de sympathie pour la rébellion. Avec l'aide militaire des États-Unis, notamment en matière d'action psychologique, le gouvernement parvint à affaiblir le mouvement qui disparut dans les années 1960[12].

    À l'issue de la guerre, les Philippines sont malgré tout l'un des pays les plus développés d'Asie.[réf. nécessaire] Par la suite, le développement prend du retard à cause d'une faible croissance économique, d'une démographie galopante et d'un fort taux de corruption. La classe politique est composée d’hommes souvent compromis avec les Japonais – à commencer par Manuel Roxas qui est élu Président en avril 1946. Au contraire, les députés issus de la résistance à l'occupation japonaise sont interdits de siéger au Congrès afin de garantir une majorité nécessaire à l’adoption, durant l’été 1946, d’un amendement constitutionnel indispensable à l’application d’une loi favorable aux intérêts économiques américains[12].

    Dans les régions rurales, les grands propriétaires font cultiver leurs exploitations par des métayers aux conditions de vie misérables. Ils prélèvent une part considérable des récoltes – la moitié en général – et deviennent souvent les créanciers de ces paysans lourdement endettés. Les contentieux entre propriétaires et paysans sont fréquents, et les autorités les tranchent avec une partialité qui exaspère un peu plus ces derniers[12].

    Dictature de Marcos

    La vision du « Bagong Lipunan » (Nouvelle Société), prônée par Ferdinand Marcos, similaire à l’Ordre Nouveau qui fut imposé en Indonésie par Suharto, fut poursuivie pendant les années de loi martiale. Celle-ci fut décrétée le 23 septembre 1972 face à la contestation de son pouvoir, au nom de la lutte contre le communisme[13]. Quelque 70 000 opposants sont emprisonnés, 34 000 sont torturés et au moins 3 200 trouvent la mort[14],[13].

    Il s'agissait d'un mouvement incitant la société à travailler pour le but commun du pauvre comme du privilégié, et à atteindre la libération des Filipinos par leur propres efforts (self-realization). Marcos s’empara d'entreprises appartenant à des dynasties familiales pour les redistribuer à des personnes en affaires depuis peu de temps. Il a aussi saisi des terres pour les redistribuer à des paysans locaux. On constata cependant que les redistributions faites dans le cadre du Bagong Lipunan profitaient en général aux proches du président Marcos. Tout au long de la période de loi martiale, ces proches ont aussi bénéficié d’avantages politiques considérables.

    Après Marcos

    Au cours des années de pouvoir de Marcos, son régime a sombré dans la corruption et la mauvaise gestion de ses proches. Le point culminant fut l'assassinat de Benigno Aquino. Marcos peut être considéré comme un modèle en ce qui a trait au détournement de fonds : il aurait détourné des milliards de dollars du Trésor philippin. Il s'est aussi rendu célèbre pour son népotisme, employant sa famille et ses amis aux postes clé de son gouvernement.

    Sa santé au cours de son 3e mandat était fragile et il fut souvent absent plusieurs semaines pour traitement. Il n'était pas vraiment remplacé pendant ces absences. Considérant les troubles politiques, plusieurs personnes se sont demandé s’il était toujours en mesure de gouverner. Dans ce contexte, l'assassinat d'Aquino en 1983 constitue l’élément déclencheur de la chute de Marcos.

    En 1986, Marcos déclencha des élections et se représenta avec Arturo Tolentino (en) comme vice-président. L'opposition était alors unie derrière la veuve d'Aquino, Corazon Aquino et Salvador Laurel (en) comme vice-président. À la suite des élections, Marcos et Aquino se déclarèrent tous deux vainqueurs. L’élection a été généralement entachée de fraudes de la part des deux partis. Avec le support de l'armée (commandée par Juan Ponce Enrile, ancien ministre de la défense et Fidel Ramos, ancien général sous Marcos), du mouvement Lakas ng Bayan (en) et des mécontents de tous les secteurs, le scrutin est dénoncé comme frauduleux par l'Église qui en répand rapidement la nouvelle, l'élément moteur étant l’évêque Francisco Claver. Rapidement, la résistance s'organise dans un premier temps pour valider ou non le scrutin par une surveillance accrue par des bénévoles. Ensuite, les opposants refusent de payer leurs factures, leurs impôts. Une radio libre est ouverte. Le ministre de la défense, le général Ramos et ses hommes se joignent à la contestation le 22 février 1986. Le cardinal Sin les soutient ouvertement et lance un appel sur la radio du diocèse afin de protéger les nouveaux insurgés. Spontanément, une foule de dizaines de milliers de personnes munie de foulards jaunes bloquent les accès à la caserne où se sont réfugiés Ramos et ses hommes. Dès le lendemain des chars arrivent devant la foule qui ne bouge pas. Des religieuses se mettent à genoux devant les tanks, les jeunes filles offrent des bouquets de fleurs aux militaires. Lorsque les militaires reculent, la foule est de 2 millions de personnes. Le 25 février, le général Ver veut faire tirer sur le peuple mais le général Marcos refuse et part en exil[15].

    Marcos et son épouse, Imelda Marcos, partirent en exil à Hawaï et ont par la suite été accusés de détournement de fonds par les États-Unis. Marcos est mort à Honolulu (Hawaï) en 1989. Il fut enterré dans un mausolée privé au temple Byodo-In sur l'île d'Oahu, visité quotidiennement par sa famille et ses amis. Ses derniers hommes forts sont maintenant enterrés dans une crypte réfrigérée à Ilocos Norte, où son fils, Bongbong Marcos, et sa fille, Imee, sont respectivement devenus depuis gouverneur local et représentante du gouvernement. Imelda Marcos fut acquittée en 1990 du chef de détournement de fonds par les États-Unis, mais fut condamnée pour corruption lors d’un procès aux Philippines en 1995.

    Période contemporaine

    Comme les autres pays asiatiques, les Philippines ont bénéficié au début des années 1990 d'un afflux massif de capitaux étrangers[16] qui se retirent ensuite, déstabilisant la monnaie puis l'économie des pays[17].

    Un accord est conclu en 1990 entre le nouveau gouvernement philippin et les États-Unis concernant le maintien des bases militaires américaines. En 1992, le président Fidel V. Ramos, ancien ministre de la Défense du dictateur Ferdinand Marcos, constitue un gouvernement proche des milieux d'affaires, qui se rend rapidement impopulaire. Un accord conclu avec les banques à Londres met fin à une crise de l'endettement qui remontait au début des années 1980[18].

    En 1996, les participants au forum de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique, qui se tient à Manille, décident de préparer la mise en place d'une vaste zone de libre-échange pour l'an 2000. Les États-Unis sont les principaux bénéficiaires de cet accord en obtenant notamment la suppression des tarifs douaniers sur le secteur des technologies de l'information[18].

    Des émeutes font six morts à Manille en mai 2001. La présidente Gloria Macapagal-Arroyo dénonce une tentative de coup d’État mettant en cause des partisans de l'ancien président Joseph Estrada, emprisonné pour corruption. En mars 2003, l'approbation inconditionnelle par le gouvernement philippin de l'invasion de l'Irak par les États-Unis témoignent du resserrement des liens entre les deux gouvernements. Les Philippines reçoivent peu après le statut d'allié majeur non-membre de l'OTAN. En 2005, la présidente Arroyo, accusée de fraude électorale lors de l'élection présidentielle de 2004, est de plus en plus contestée. Dix ministres démissionnent et réclament son départ ; le Parti libéral, allié clé de la coalition gouvernementale, annonce son intention de soutenir la procédure de destitution. Des manifestations rassemblent régulièrement des dizaines de milliers de personnes dans les rues de la capitale pour protester contre le gouvernement. En février 2006; des militaires, des policiers et des opposants politiques sont incarcérés, accusés d'avoir préparé un coup d'État[18].

    Jusqu'en 2010, la croissance y est modérée par rapport aux pays voisins du Sud-Est asiatique, essentiellement portée par les contributions d'une importante population de travailleurs émigrés (2,2 millions en 2019), les OFW (Oversea Filipino Workers, souvent installés à Hong-Kong, à Singapour, dans les pays du golfe Persique, mais aussi aux États-Unis et en Europe[19]) ainsi que par les investissements directs étrangers. Ces investissements ont lieu dans les secteurs des technologies de l'information et de la communication (NTIC), mais aussi dans les secteurs qui demandent une main-d'œuvre à faible coût.

    Le sud du pays, en particulier l'île de Mindanao, connaît une crise politique due à des mouvements séparatistes musulmans comme Abou Sayyaf et le Front Moro islamique de libération, s'opposant depuis les années 1970 au pouvoir de Manille, très proche de l'Église catholique.

    « Préhistoire des Philippines il y a 709 000 ans - Hominidés », sur www.hominides.com (consulté le 21 septembre 2019) « Une nouvelle espèce humaine découverte aux Philippines », sur CNRS Le journal (consulté le 21 septembre 2019) (fr + es) Corny, Julien, « Les ossements humains de la grotte de Tabon (Palawan, Philippines): Répartition spatiale et étude d’une collection d’ossements inédite », https://www.researchgate.net/publication/259758340_Les_ossements_humains_de_la_grotte_de_Tabon_Palawan_Philippines_Repartition_spatiale_et_etude_d'une_collection_d'ossements_inedite,‎ janvier 2010 Taya Forde, Défi Vet-Monde - PHILIPPINES, 50 p., p24-25 « Philippines : 2. Données historiques », sur www.axl.cefan.ulaval.ca (consulté le 7 avril 2021) (en) Schurtz, William Lytle, Galion de Manille, New York, E.P. Dutton, 1939. ↑ a et b McCook. Clodfelter, Micheal, Warfare and Armed Conflict: A Statistical Reference to Casualty and Other Figures, 1618–1991 Benjamin A. Valentino, Final solutions: mass killing and genocide in the twentieth century (2005) p. 27 Spencer C. Tucker, The Encyclopedia of the Spanish-American and Philippine-American Wars: A Political, Social, and Military History, 2009 (ISBN 9781851099528, lire en ligne), p. 477 (en) Guillermo, Emil, « A first taste of empire », Milwaukee Journal Sentinel,‎ 8 février, 2004, p. 03J(en) (author inconnu), « Kipling, the 'White Man's Burden,' and U.S. Imperialism », Monthly Review, vol. 55,‎ premier november, 2003, p. 1. ↑ a b et c |Les Philippines, laboratoire de la contre-insurrection ? La révolte des Huks et sa répression (1946-1954), Jean-Philippe Baulon, 2012 ↑ a et b (en) Kate Pedroso, Minerva Generalao, « September 1972: Recalling the last days and hours of democracy », sur newsinfo.inquirer.net (consulté le 28 novembre 2019) Lina Sankari, « Philippines. Ferdinand « Bongbong » Marcos Jr, au nom du père », sur L'Humanité, 17 octobre 2021 Jean Marichez, « Renversement d’une dictature puissante - Philippines 1986 », sur www.irenees.net, juillet 2006 (consulté le 28 octobre 2018). Pieter Van Dijk, « Flux financiers et marchés émergents en Asie », Revue d'économie financière,‎ 1999 (lire en ligne). (en) Paul Hirst et Grahame Thompson, Globalisation in Question, Cambridge, Polity Press, 1999, p. 134-162. ↑ a b et c Les Essentiels d'Universalis volume 23, Le Monde, pages 442-447, 2009 (en) « Total Number of OFWs Estimated at 2.2 Million »
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