Contexte de Corse

La Corse (en corse et en italien : Corsica ; en ligure : Còrsega) est une île située en mer Méditerranée et une collectivité territoriale unique française.

Quatrième île de la mer Méditerranée par sa superficie, la Corse est disputée depuis l'Antiquité entre trois principaux centres d'influence : la côte ligure (représentée au cours du temps par notamment les Étrusques puis les Génois), la côte méditerranéenne française (la cité phocéenne puis le royaume de France), et l'Afrique du nord (Carthaginois puis les Maures). Les habitants eux-mêmes, pauvres et peu nombreux, résistent ou s'accommodent de ces influences. Les Romains tiennent l'île pour pauvre et sauvage, et bien qu'elle soit assez proche de l'Urbs, ils n'y auront, après avoir chassé les carthaginois, que quelques petites villes dans les portions les plus clémentes de la côte. Quand Rome s'effondre, la Corse connaî...Lire la suite

La Corse (en corse et en italien : Corsica ; en ligure : Còrsega) est une île située en mer Méditerranée et une collectivité territoriale unique française.

Quatrième île de la mer Méditerranée par sa superficie, la Corse est disputée depuis l'Antiquité entre trois principaux centres d'influence : la côte ligure (représentée au cours du temps par notamment les Étrusques puis les Génois), la côte méditerranéenne française (la cité phocéenne puis le royaume de France), et l'Afrique du nord (Carthaginois puis les Maures). Les habitants eux-mêmes, pauvres et peu nombreux, résistent ou s'accommodent de ces influences. Les Romains tiennent l'île pour pauvre et sauvage, et bien qu'elle soit assez proche de l'Urbs, ils n'y auront, après avoir chassé les carthaginois, que quelques petites villes dans les portions les plus clémentes de la côte. Quand Rome s'effondre, la Corse connaît son lot d'instabilité, aucun pouvoir ne s'imposant durablement avant que la république de Gênes le fasse à la fin du XIIIe siècle et pour près de quatre siècles.

Lorsque cette puissance s'affaiblit, l'île se révolte à partir de 1729, ce qui ouvre une période de 30 ans de tumultes, au terme desquels le royaume de France finit par en prendre le contrôle en usant habilement du bâton et de la carotte (envoi de troupes, mais aussi d'or, de titres et d'emploi à son service, y compris à ses opposants d'hier). Intervenue d'abord à la demande de Gênes, la France finit par s'y substituer (acquisition formelle des droits génois le , alors que l'île est en fait largement aux mains des indépendantistes) et achève sa conquête avec la bataille de Ponte-Novo le . Entre-temps l'île aura connu une brève indépendance, comme Royaume de Corse du au mois de , et, surtout, comme République corse de 1755 à 1769, avec notamment la première constitution démocratique de l'histoire moderne, reconnaissant aux femmes le droit d'être chef de famille et, dans ce cas, pour la première fois, de voter. Cet épisode reste un élément marquant de nos jours encore.

Département unique à la création des départements en 1790, la Corse est divisée en deux en 1793 avec la création des départements du Golo et du Liamone. Elle redevient partiellement indépendante sous protectorat britannique de 1794 à 1796 avec la création du Royaume anglo-corse. En 1796, la Corse est définitivement française puis réunifiée en 1811 en un unique département, puis de nouveau divisée en 1975 avec la création des départements de Haute-Corse et de Corse-du-Sud. La région Corse est créée en 1982 (en tant que collectivité) et acquiert en 1991, à la suite des revendications locales, un statut de collectivité à statut particulier dénommée « collectivité territoriale de Corse ».

Enfin, depuis le , en application de la loi portant sur la nouvelle organisation territoriale de la République du , la Corse est une collectivité à statut particulier au sens de l’article 72 de la Constitution, de type collectivité territoriale unique, dénommée « collectivité de Corse » et instituée en lieu et place de la collectivité territoriale de Corse et des départements de Corse-du-Sud et de Haute-Corse (en tant que collectivités). Les circonscriptions administratives départementales de Corse-du-Sud et de Haute-Corse, territoires d'exercice des compétences de l'État, restent inchangées, avec les préfectures respectivement à Ajaccio et Bastia.

La Corse compte 350 000 habitants au 1er janvier 2022 d'après les estimations de l'Insee bien que le dernier nombre officiel soit de 343 701 habitants en date du . Cette faible démographie fait de l'île le territoire le moins peuplé de la France métropolitaine.

Dotée d'un riche patrimoine culturel et d'une puissante chaîne de montagne culminant à plus de 2700 mètres d'altitude, qui complique les transports intérieurs, l'île a développé une activité touristique réputée, assurant un emploi sur six et 5 millions de nuitées par an, mais très concentrée sur le littoral et l'été. Les prémices de l'écotourisme, appelé aussi tourisme durable, agrotourisme ou tourisme équitable, également promu dans l'île proche de Sardaigne pour mettre en valeur la richesse de l'intérieur de ces îles montagneuses,, et prévenir la pollution dont souffre ailleurs la mer Méditerranée, ont vu le jour avec la randonnée en climat méditerranéen dès les années 1970.

Plus à propos Corse

Population, Area & Driving side
  • Population 347597
  • Zone 8680
Historique
  • Préhistoire

    Dans son étude sur la Corse, de ses origines à l'expulsion des Sarrasins[1], Xavier Poli se propose de remonter aux sources, de réunir tous les textes des écrivains grecs et romains, et toutes les inscriptions intéressant la Sardinia en général, et la Corsica en particulier. Il commence son ouvrage avec ces propos :

    « Les savantes recherches du capitaine Ferton, du commandant Caziot, des docteurs Deperet et Caujolle, du professeur Testut nous font faire connaissance avec le squelette de l'homme de ces temps reculés et posent des bases sûres à une question qui ne peut manquer de passionner les esprits que l'histoire de la Corse intéresse.

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    Préhistoire

    Dans son étude sur la Corse, de ses origines à l'expulsion des Sarrasins[1], Xavier Poli se propose de remonter aux sources, de réunir tous les textes des écrivains grecs et romains, et toutes les inscriptions intéressant la Sardinia en général, et la Corsica en particulier. Il commence son ouvrage avec ces propos :

    « Les savantes recherches du capitaine Ferton, du commandant Caziot, des docteurs Deperet et Caujolle, du professeur Testut nous font faire connaissance avec le squelette de l'homme de ces temps reculés et posent des bases sûres à une question qui ne peut manquer de passionner les esprits que l'histoire de la Corse intéresse.

    La race néolithique corse aurait été d'assez grande taille. Par son crâne allongé et sous-dolichocéphale, par la ligne âpre et assez saillante de son fémur incarné, par son tibia remarquablement platycnémique, le squelette retrouvé présente les caractères principaux de la race néolithique de l'Europe occidentale.

    Cet homme, ajoute M. Ferton, utilisait pour la confection de ses armes et de ses outils, non seulement les roches du pays : le silex, le quartz et diverses roches des terrains granitiques, mais aussi les os d'animaux, et une roche étrangère à la Corse, l'obsidienne, qu'il devait recevoir du Monte-Arci, en Sardaigne… Les relations de commerce entretenues à Bonifacio, avec les peuplades de la Sardaigne, l'emploi coûteux qu'on y faisait de l'obsidienne, bien que le silex du pays, d'égale valeur, fût connu et utilisé, permettent de supposer que le Bonifacien des temps néolithiques était un immigré venu de la Sardaigne, peut-être originaire de l'Afrique. »

    Et de poursuivre : « La conclusion du capitaine Ferton serait sans réplique s'il était prouvé, après de sérieuses recherches, que l'obsidienne ne se trouve pas en Corse où l'on constate des roches d'origine volcanique. »

    La fréquentation de l'île par des hommes est estimée à -10 000. Vers -6500 la présence humaine sur l'ensemble de l'île laisse des traces a avec la Dame de Bonifacio, et au cap Corse à Pietracorbara. La civillisation proto-corse débute en -5000, elle est issue de peuplements dont l'origine reste encore incertaine. La Corse aurait à cette époque connu l'influence et le peuplement de Ligures et d'Ibères. Certains évoquent également la présence possible de populations venues d'Afrique du Nord (Libyques) durant cette période. En -1500/-1300 la civilisation torréenne débute et les Korsi développent la construction de statues-menhirs ( site de Filitosa) et de tours.

    Antiquité Au VIIe siècle av. J.-C., les Étrusques s'installent en Corse

    En 660 av. J.-C., les Étrusques, installés en Toscane en -780, commercent avec les Vanacini, peuplade du Cap Corse qui travaillaient le fer et cultivaient la vigne et le blé. Près de cinquante ans plus tard, en 616 av. J.-C., les Carthaginois installent des comptoirs en Corse, commerçant avec Cagnano. En 565 av. J.-C., C'est au tour des Phocéens de s'établir en fondant Alalia, la cité du sel (actuelle Aléria). Trente ans plus tard, en 535 av. J.-C., les Étrusques de Toscane alliés aux Carthaginois chassent les Phocéens de la Corse après une longue bataille navale où les Phocéens perdent environ soixante de leurs navires. Cette bataille marque l'effondrement de la thalassocratie phocéenne. Les Corses utilisent l'alphabet qu'ils apportent.

    Au Ve siècle av. J.-C., les Grecs s'installent en Corse

    En 453 av. J.-C., les Syracusains de Sicile menés par Gélon chassent les Étrusques. Apelles, amiral de Syracuse, fonde Syracusenus Portus (actuel Porto-Vecchio). En 384 av. J.-C., Denys (Dionysos) Ier, tyran de Syracuse et successeur de Gélon, décide d'anéantir les prétentions puniques sur toute la mer Tyrrhénienne. Pour cela il occupe les petites îles, les points forts de la côte orientale et fait de Syracusenus Portus une base avancée dont il se sert pour surveiller les régions alentour. Un siècle après (280 av. J.-C.), les Carthaginois, appuyés par des mercenaires torréens servant déjà dans les rangs de l'armée depuis le Ve siècle av. J.-C., chassent les Syracusains.

    Au IIIe siècle av. J.-C., les Romains conquièrent la Corse

    En 259 av. J.-C., à la suite d'une décision prise cinq ans plus tôt au début de la première guerre punique, les Romains entreprennent la conquête de la Corse. À la tête d'une importante flotte, Lucius Cornelius Scipio, surprend Alalia de nuit. À l'époque, il semblerait que la cité était libre, peuplée à la fois d'Étrusques et de Carthaginois. Scipion la brûle et la rebaptise Aleria.

    En 238 av. J.-C., lors d'une seconde expédition romaine menée par Tiberius Gracchus, la Corse est réunie à la Sardaigne et devient la province romaine de Corse-Sardaigne. Les Corses traités en vaincus et non en « libérés » s'insurgent. Trois ans après, une cinquième expédition romaine en Corse est dirigée par Spurius Carvilius Maximus Ruga. D'après les Annales romaines, un jeune Romain nommé Cristinus aurait donné la victoire à Carvilius en 232 av. J.-C.. En 227 av. J.-C., nouvelle révolte. Cette période de guerre se termine en 162 av. J.-C. avec la « paix romaine ».

    La cité de Mariana (au sud de l'actuelle Bastia) est fondée en 105 avant J.-C.

    Sources

    Lorsqu'ils évoquent la Corse, les écrivains antiques sont unanimes à y représenter l'homme — à l'image de la nature qui l'environne — comme hostile[2] :

    « L'île de Cyrnos est connue des Romains sous le nom de Corsica. La vie y est partout misérable, la terre n'est que rocs, la plus grande partie du pays totalement impénétrable. Aussi les bandits qui occupent ces montagnes et vivent de rapines sont-ils plus sauvages que des bêtes fauves. Parfois les généraux romains y font des incursions, et après les avoir vaincus ramènent de très nombreux esclaves, et Rome voit alors avec stupéfaction à quel point ils tiennent du fauve et de la bête d'élevage. En effet, ils se laissent mourir par dégoût de la vie, ou excèdent à tel point leur propriétaire par leur apathie et leur insensibilité qu'ils lui font regretter son achat, si peu qu'il ait dépensé. Il y a cependant certaines portions de l'île qui sont, à la rigueur, habitables, et où l'on trouve même quelque petites villes, telles que Blésinon, Charax, Eniconiae et Vapanes »

    — Strabon, Géographie, V, II, 7

    Haut Moyen Âge
     
    Le port de Bonifacio.

    En 455, l'invasion des Vandales, qui ont conquis l'Afrique romaine, marque la fin de l'occupation romaine. Apparaissent également les premières épidémies de malaria. Sous la domination vandale (455-534), la Corse sert de lieu de relégation pour les évêques d'Afrique hostiles aux Vandales qui sont exilés dans l'île pour couper du bois destiné aux constructions navales[3].

    Pendant l'avril 534, les troupes byzantines[N 1] du général Bélisaire, conquérant du royaume vandale d'Afrique, chassent les Vandales des îles de la Méditerranée occidentale, dont la Corse. Cette victoire byzantine commence l'occupation byzantine de l'île.

    En 550, les Ostrogoths du roi Totila, en guerre contre l'Empire byzantin, font plusieurs incursions dans l'île.

    Durant la période 585-590, l'île est intégrée à l'exarchat de Carthage.

    Le pape Grégoire le Grand s'oppose à la politique de l'empereur byzantin Maurice Ier en Corse et Italie en 590, l'empereur étant hostile au rapprochement entre la Papauté et les Lombards[4].

    Les Lombards envahissent l'île en 725 et la prennent ainsi aux byzantins. Les Lombards auraient introduit dans l'île la faide, un système de vengeance privée d'origine germanique à l'origine de la vendetta[5],[6].

    Vers le milieu du VIIIe siècle les Lombards partent, l'Empire byzantin, qui ne contrôle que la côte de l'île, en récupère le nord; dans le même temps les Sarrasins s'emparent du sud[7].

    La légende du prince romain Ugo Colonna se situe en 771, il aurait été envoyé sur l'île par le pape Étienne III avec 1 000 fantassins et 200 cavaliers, et aurait expulsé les Sarrasins du « roi Negolone » après trente ans de lutte. Dans la même année, les garnisons de l'empereur romain d'Orient « Caballino » perdent définitivement la Corse du Nord au profit des Francs soutenus par les papes.

    En 774, le roi des Francs Charlemagne, devenu roi des Lombards, cède la Corse à la papauté. Si la papauté a théoriquement la suzeraineté de l'île, elle n'a pas les moyens d'en assurer la défense.

    L'année 806 marque une nouvelle incursion sarrasine : une flotte commandée par le comte franc de Gênes, Adhémar[8],[9] est envoyée par Pépin d'Italie pour défendre l'île. C'est de cette expédition victorieuse contre les Sarrasins que les Génois faisaient remonter leurs droits à la souveraineté sur la Corse.

    En 807 a lieu une incursion de musulmans venus d'Espagne ; ils sont délogés par un certain Burchard, un connétable envoyé par Charlemagne. Une bataille navale a lieu aux alentours de Porto-Vecchio coûtant treize navires et des milliers de morts aux envahisseurs.

    L'Annaliste de Saint Bertin de Sithiu écrit que, en 809, les « Maures, partis d'Espagne, envahissent la Corse, et le samedi de Pâques détruisent une cité où ils ne laissent survivre que son évêque et quelques vieillards et infirmes ». Cette cité pourrait être Aléria.

    L'empereur d'Occident Louis le Pieux, l'un des fils de Charlemagne, envoie en Corse son fils Lothaire en 825, puis en 828, le comte Boniface II de Toscane, pour en chasser les Maures. Ce dernier, après avoir reconquis la quasi-totalité de l'île, pourchasse les Maures jusqu'en Afrique. C'est lui qui a fondé Bonifacio en 830.

    À cette époque, les moustiques anophèles ayant été introduits dans les lagunes de l'île et véhiculant la malaria[10], les Corses fuient les côtes et rejoignent la montagne, d'autres s'embarquent pour l'Italie. Une bonne partie d'entre eux sont accueillis à la fin du IXe siècle par le pape Léon IV (845-857), qui les installe dans la ville fortifiée de Porto, à quelques centaines de mètres du port ensablé d'Ostie, à l'embouchure du Tibre[11].

    En 846 : Abu Abbas Muhammad I, émir aghlabide d'Afrique, envahit le sud de l'Italie et pille Rome. Le sud de l'Italie, la Sicile, la Sardaigne et la Corse passent sous contrôle des Aghlabides.

    Avec l'appui des Fatimides, les Siciliens se révoltent et renversent l'État des Aghlabides en 909. Ils déclarent leur obéissance aux Fatimides. L'état des Aghlabides subsistera seulement sur l’île de Malte.

    L'année 1014 marque la dernière incursion sarrasine de l'émir Abu Hosein Mogehid, battu par une flotte pisano-génoise.

    Période de Pise, d'Aragon et de Gênes
     
    Une tour génoise à Pino (Luri).

    Depuis le Xe siècle les marquis Obertenghi détiennent probablement des droits sur la Corse en raison de leur titre de comte de la cité de Luni à laquelle l'île est rattachée[réf. nécessaire]. Le pape cède la Corse, moyennant une redevance annuelle de cinquante livres, monnaie de Lucques, à la république de Pise[12]. En 1018, les marquis de Massa arrivent en Corse[13].

    En 1077, Grégoire VII tente de reconquérir la Corse par son vicaire Landolfo, évêque de Pise. Il le charge de réorganiser les diocèses de l'île. De 1077 à 1092, dans le cadre de la réforme ecclésiastique, un maillage religieux du territoire par un réseau de pièves est mis en place.

    Puis, en 1091, le pape Urbain II inféode la Corse à l'un des successeurs de ce dernier, Daiberto. Urbain II nomme alors archevêque Daibertus évêque de Pise, en 1092, il devient métropolitain-suzerain des six diocèses corses : Nebbio, Mariana, Accia, Sagone, Ajaccio et Aléria.

    En 1095, le marquis Ugo apparaît avec le titre de marquis de Corse et exerce une autorité sur toute l'île[14], il meurt sans doute peu après 1124, sans descendance directe[14].

    Le catholicisme influe sur la Corse: la cathédrale de Mariana est en consacrée en 1119. Sous l'influence de l'Église, les morts jusque-là enterrés aux bords des routes, sont inhumés autour et dans les églises à partir de 1130. Puis, en 1133, les évêchés sont séparés en deux groupes (un pour Gênes et un pour Pise), Gênes obtient à cette occasion du pape Innocent II les diocèses de Nebbio, Mariana, Accia, Pise conservant Sagone, Ajaccio et Aléria.

    La période entre 1150 et 1250 environ, marque la naissance des seigneuries : profitant du déclin de l'autorité du marquis de Massa, l'aristocratie locale s'approprie leurs droits. Les premières fortifications privées sont construites durant cette même période où les Génois s'installent à Bonifacio, en 1195 plus précisément.

    En 1268, Sinucello Della Rocca, dit « Giudice della Rocca » ou de Cinarca, est maître de toute la Corse sauf le Cap Corse et Bonifacio, avec l'aide de Pise, Gênes porte alors la guerre en Balagne et s'installe à Calvi, édifiant une citadelle. Cette guerre conduira à la bataille navale de la Meloria où Enrico Da Mare (fils d'Ansaldo, cosseigneur de Rogliano, amiral de Gênes) défait la marine pisane en 1284. Cette même année la Corse et toute la Ligurie deviennent la propriété de Gênes qui devient dominante en Méditerranée : Pise est évincée.

    Le pape Boniface VIII crée le royaume de Sardaigne et de Corse, concédé en zone inféodée à la couronne d'Aragon, ceci en 1297.

    L'année 1336 marque la mort de Jean Avogari (fils d'Oberto) ; son fief est donc partagé entre ses fils : Brando à Piero, Nonza à Lucchino et Canari à André.

    De 1347 à 1348, la peste noire qui touche toute l'Europe ne laisse en Corse que le tiers des habitants, aux dires du chroniqueur florentin Giovanni Villani[15].

    En 1348, survient la mort de Galeotto Da Mare (dit Giachetto, arrière-petit-fils d'Ansaldo) ; son fief est partagé entre ses enfants : Babiano a tout sauf Centuri pour Crescione ; Morsiglia va à Nicolas (fils de Crescione) mais il est peu après aussi seigneur de Centuri ; Pino va à Bartolomeo (frère de Crescione).

    Sambucucciu d'Alandu dirige une révolte populaire en 1358, il chasse de leurs fiefs les seigneurs, qui sont remplacés par des Caporali. Tous les châteaux sont démolis, à part 6 dont ceux de Nonza et San Colombano. Le peuple s'administre et les communes émancipées s'unissent en une confédération de la Terra del Comune, opposée au Cap Corse et à la Terra dei Signori. Le territoire compris entre Brando et Aléria, Corte et la mer, libéré, s'allie à la république de Gênes en 1359.

    L'année 1363 a été marquée par la persécution des Ghjuvannali. 20 000 personnes sont excommuniées.

    1372 : l'Aragon réalise ses droits sur la Corse. Il aide Arrigo Della Rocca, descendant de Giudice, comte de Corse. Gênes inféode l'île à des gentilshommes génois. Arrigo s'entend avec eux pour fonder la société de la Maona et être gouverneur de la Rocca. 1378 : 27 août, Gênes afferma l'île à une société industrielle et financière, composée de six membres et désignée sous le nom de « Maona ». 1383 : fondation de Bastia par Gênes. 1394 : Arrigo Della Rocca chasse tous les seigneurs de leurs châteaux et se déclara seigneur de l'île tout entière pour former la principauté italienne de Corse, au même titre que les autres régions-états d'Italie. 1397 : Arrigo, maître de presque toute la Corse durant douze ans, est vaincu par Gênes et les Corses qui se soulèvent contre lui. 1401 : mort du comte de Corse Arrigo Della Rocca. Son fils passe dans le camp de Gênes car il s'aperçoit des intentions d'invasion étrangère, sur la Corse en particulier, de la France et du royaume d'Aragon. 1420 : intervention, avec sa flotte, du roi Alphonse V d'Aragon. Vincentello d'Istria prend Bastia, échoue après son siège à Bonifacio dont la population subira la famine, et ne peut conserver longtemps Calvi. Le roi d'Aragon veut conquérir les îles italiennes de Corse, de Sardaigne et de Sicile. 1430 : rejetant la tutelle de Vincentello, les caporali de Terra del Comune proclament Simon 1er da Mare, frère d'Urbain, gouverneur général de la Corse. Ce dernier d'abord battu à Biguglia, bloque Vincentello dans Bastia en 1433. 1434 : le comte et vice-roi de Corse Vincentello d'Istria est décapité à Gênes sur demande du peuple corse qu'il aura affamé dans sa tyrannie et ses guerres. 1434 : Simon Ier Da Mare se retrouve comte de Corse, mais ne règne durant quelques années que sur les deux tiers de l'île, malgré l'appui de Gênes, des Caporali et de son fils Carlo. 1439 : mort de Simon 1er da Mare. 1453 : à la demande des Corses, l'île est gérée par l'Office de Saint Georges avec l'assentiment du pape. La domination génoise devient fondée en droit. 1454 : le château de Petralerata est cédé à l'Office de Saint Georges par son occupant, Carlo di Luciano, suivant une convention ratifiée par l'Office le 13 février. 1455 : après la prise de Constantinople par les Turcs en 1453, les Barbaresques commencent à razzier les côtes (ils le feront durant environ trois siècles). Les villages côtiers commencent à être abandonnés. Pour rassurer les populations, Gênes impose la construction de tours littorales aux frais des pievi et communautés pour protéger la population de l'île qui subit des razzias des maures. 1457 : Gênes conçoit le projet de construire une forteresse à Ajaccio. 1460 : devant la Cortès catalane, Jean d'Aragon jure l'union perpétuelle de la Sicile et de la Sardaigne à la couronne. Il n'est plus question de la Corse. C'est la reconnaissance tacite de la souveraineté génoise. 1464 : Francesco Maletta vient prendre possession de la Corse au nom du duc de Milan ; Polo della Rocca et les seigneurs du Cap Corse lui font leur soumission. 1481 : Rinuccio di Leca soulève le peuple et offre la Corse à Appiano IV, seigneur de Piombino, qui envoie immédiatement son frère Gherardo, comte de Montegna, sur l'île où on l'acclame comte de Corse. 1483 : De nombreux personnages corses prêtent serment de fidélité devant Matteo de Flisco, capitaine général de l'île de Corse, représentant de l'Office de Saint Georges[16]. 1492 : la citadelle d'Ajaccio est en construction. Le 2 mai 1492, Alfonso d'Ornano à qui ont été confiés les travaux, écrit aux Protecteurs de San-Giorgio que les murailles de la ville étaient assez avancées pour « couper les jambes à toute espèce d'ennemis »[15]. 1511 : toute l'île passe sous le contrôle direct de Gênes 1515 : mort en exil à Rome du dernier comte de Corse, Giovan Paolo di Leca 1525 : début d'une période d'épidémie de peste qui dure quatre ans[17]. 1540 : les capucins vinrent pour la première fois dans l'île ; ils y bâtirent six monastères, à Bastia, à Brando, à Luri, en Balagne, dans le Nebbio et en Casinca.Les Génois conduits par Giovanni d'Oria et la flotte du prince Andrea Doria son oncle, capturent à Girolata Dragut, amiral turc et l'un des corsaires les plus célèbres de l'Empire ottoman, avec neuf galères ou galiotes. L'Office de Saint Georges permet aux Niolins de rentrer dans leur pays, à condition qu'ils n'y bâtiraient que des maisons très basses[17].1541 : Dragut racheta sa liberté, puis, avec une flotte plus considérable que la première fois, il pilla et brûla Castellare, en Casinca, Monticello, en Balagne, Sarla, (dans le Delà des Monts), ainsi que beaucoup d'autres villages qu'il rencontra sur son passage[17]. 1544 : l'Office de Saint Georges fait fortifier en toute hâte Calvi où il transporte la résidence du gouverneur Niccolò Imperiale. 1545 : un certain nombre de familles prises dans toutes les localités de l'île, vont établir à Portovecchio et au Niolo. 1547 : 3 septembre, Jacopo da Mare renouvelle tous les engagements pris par son aïeul envers l'Office de Saint Georges[16]. 1551 : Sampiero Corso occupe la Corse avec les Turcs pour le compte de la France 1553 : Paul de La Barthe de Thermes commande les troupes envoyées par le roi Henri II pour conquérir la Corse avec l'aide de Sampiero Corso et les condottiere italiens Pierre Strozzi et Giordano Orsini. Ils se sont alliés aux Turcs commandés par Dragut qui ravagent Bonifacio, et le Cap Corse. Le corsaire turc Acarèse base ses galiotes dans l'anse d'Agnellu et occupe durant plusieurs années le pays d'Ersa. Les Génois interviendront et les chasseront. 1559 : traité du Cateau-Cambrésis. La Corse est rendue à Gênes 1563 : le pape Pie IV réunit le diocèse d'Accia à celui de Mariana. Il supprime Accia. 1569 : Gênes dote l'île de « Statuts civils et criminels » (en vigueur presque jusqu'en 1789). 1571 : octobre - Ambroise de Negroni et quatre felouques cap-corsines construites à Santa Severa participent à la victoire de Lépante (les Ottomans perdent leur légendaire invincibilité et 117 navires). 1573 : le drapeau de la Corse apparaît pour la première fois. Dans un atlas des possessions de Philippe II roi d'Espagne avec des armoiries pour chaque province qu'il établit en 1573, le géographe italien Mainaldi Galerati décide d'y faire figurer la Corse. Comme il n'en connaît pas les armes, il décide d'y mettre une tête de maure[18]. 1579 : épidémie de peste à Gênes et en Corse. 1583 à 1590 : famine et misère en Corse. Les Barbaresques razzient toutes les côtes de l'île. Des personnes sont enlevées, 76 villages sont ruinés ou abandonnés dans le sud, 21 dans le nord. Gènes ne parvient pas à cette période à protéger entièrement l'île car affaiblie par les guerres européennes. 1590 : Orazio Lanfranchi en appelle au Sénat de Gênes contre le tarif des remboursements des dettes contractées par les agriculteurs fixé par le commissaire d'Ajaccio. 1594 : parution de la première histoire de la Corse 1633 : Gênes refuse à Simon Francesco Lanfranchi la concession pour repeupler et exploiter la région de Valle di Prunu. 1676 : 14 mars, arrivent des exilés Grecs à qui les Génois accordent le territoire de Paomia pour protéger les Chrétiens d'Orient. 1715 : les Corses obtiennent l'interdiction des armes moyennant une imposition supplémentaire de deux seini par feu 1725 : naissance de Pascal Paoli. 1726 : Alessandro Saluzzo est élu gouverneur. 1728 : Felice Pinelli qui lui succède, surexcite les Corses par sa maladresse et sa rigueur.La grande révolte des Corses et l’avènement de la république Corse (1729-1816) 1729 : premier soulèvement des Corses contre Gênes à la suite de mauvaises récoltes et de nouvelles taxes dont l'élément déclencheur est attribué à Anton Francescu Lanfranchi[19] 1730 : juin, arrivées du nouveau gouverneur Giovanni Francesco Gropallo, et du commissaire Camillo Doria chargé des pleins pouvoirs militaires. 1730 : en décembre, consulte de Saint-Pancrace et rébellion des Corses contre Gênes ; la Corse déclare son indépendance 1731 : à la demande de Gênes, des troupes impériales commandées par le baron de Wachtendonck arrivent en Corse. 1732 : 14 janvier, le colonel de Vins avec six cents soldats allemands tente d'occuper Calenzana et subit une lourde défaite 1732 : 26 mars, Paolo Battista Rivarola est nommé commissaire général 1732 : 7 avril, Le prince de Wurtemberg arrive à Calvi avec de nouvelles troupes allemandes. 1732 : paix de Corte qui ne sera pas respectée. 1733 : Wachtendonck et les dernières troupes allemandes quittent la Corse
     
    Pascal Paoli.
    1733 : juillet, Paolo Geronimo Pallavicini commissaire général en remplacement de Rivarola 1733 : deuxième soulèvement des Corses contre Gênes. 1734 : début septembre, Ugo Fieschi et Pier Maria Giustiniani, sénateurs, sont nommés commissaires généraux, en remplacement de Pallavicini. Ils s'annoncent comme messagers de paix 1735 : 30 janvier, adoption d'un règlement qui entérine la première déclaration d'indépendance de la Corse par la consulta d'Orezza (la "consulte" de Sébastien Costa) 1735 : 2 mai, Gênes envoie un commissaire général pour l'Au-delà des monts, Ottavio Grimaldi. Felice Pinelli revient en Corse comme commissaire général de l'En-deçà des monts. 1736 : fin janvier, arrive le commissaire général Rivarola. 1736 : un aventurier, Théodore de Neuhoff, ex-espion en Écosse pour étudier le rétablissement des Stuart, devient roi des Corses. 1737 : 10 novembre à Fontainebleau, convention entre la France et Gênes pour l'envoi de troupes en Corse. 1737 : décembre, le marquis Giovan Battista de Mari est nommé commissaire général en remplacement de Rivarola. 1738 : février, Louis de Frétat, comte de Boissieux, maréchal de camp, chef du corps expéditionnaire français arrive en Corse. Il vient négocier, suivant les ordres reçus, et refuse d'ouvrir les hostilités comme le lui demandent les Génois. 1738 : 24 septembre, Frédéric de Neuhoff, neveu du roi Théodore, débarque à Ajaccio et Sagone pour tenter de soulever la Corse occidentale. 1738 : 18 octobre, ratification à Fontainebleau, entre la France et Gênes, d'un Règlement de gouvernement de la Corse. 1738 : 14 décembre, les Français qui se dirigent vers le Borgu, sont attaqués. Le détachement installé dans le village réussit à se dégager. Ils battent en retraite avec des pertes. 1739 : 13 janvier, le lieutenant-général Jean-Baptiste-François des Marets, marquis de Maillebois, reçoit les instructions pour aller commander l'armée du Roi en Corse, en remplacement de Boissieux malade (il meurt dans la nuit du 1er au 2 février). 1739 : avril, Maillebois organise en Balagne, des compagnies de volontaires corses au service de la France. Ces compagnies constituent les premiers noyaux du futur régiment Royal-Corse. 1739 : mai, les pieve de Casinca, Ampugnani, Campulori, ainsi que Corte et le Nebbiu, fournissent des compagnies de volontaires corses à Maillebois, qui disposera avec les six bataillons d'infanterie, des hussards et de l'artillerie débarqués à Bastia, d'une armée de 16 bataillons à 510 hommes chacun, deux escadrons de hussards à 100 hommes et 60 miquelets. Avec les troupes génoises, les effectifs s'élèvent à dix ou onze mille soldats. 1739 : décembre, l'île est en grande partie soumise. Les troupes françaises commencent à réembarquer. 1740 : juin, le marquis Domenico Maria Spinola, ancien doge, est nommé commissaire général en remplacement de Giovan Battista de'Mari. 1740 : 3 octobre, Frédéric de Neuhoff qui s'est soumis, et sa suite quittent la Corse. 1741 : fin juin, publication du dénombrement de la population commandé par Maillebois (promu maréchal le 11 février) : la Corse compte 339 paroisses, 427 villages, 26 854 feux, 120 389 habitants 1741 : 6 septembre, les dernières troupes françaises quittent Calvi pour Antibes.
     
    Le bombardement de Bastia lors de la guerre de Succession d'Autriche en 1745.
    1742 : pour faire face à une agitation naissante, les Génois envoient de nouvelles troupes sur l'île. 1743 : 1er février, Théodore réapparaît à bord d'un vaisseau anglais devant L'Île-Rousse. 1743 : 22 février, mort à Bastia du commissaire Spinola. Gian Benedetto Speroni prend la suppléance. 1743 : 28 février, Théodore est dans le golfe d'Ajaccio avec cinq navires anglais. L'escadre attaque un navire espagnol placé sous la protection des canons génois. Il compte s'emparer d'Ajaccio. Ses partisans commencent le blocus de la ville que la population est autorisée à quitter. La flotte anglaise en repartira le 5 mars. 1743 : dans la nuit du 16 au 17 mars, le Folkestone dépose Théodore à l'embouchure de l'Arno en Toscane. Le roi a quitté la Corse pour toujours. 1747 : seconde intervention française : le commandement supérieur est exercé par le colonel Choiseul-Beaupré ; il est renforcé en 1748 par le marquis de Cursay, colonel du régiment de Tournaisis.Le Gouvernement de Pascal Paoli (1755-1769) | République Corse 1755 : avril, au couvent San Francescu de Caccia, la Cunsulta de Caccia, assemblée de députés convoqués par Pascal Paoli, jette les bases de la Constitution de la future Corse indépendante. 1755 : 14 juillet, Pascal Paoli est proclamé général de la Nation par la consulte de Casabianca. 1755 : Constitution corse, initiée par Pascal Paoli, elle est souvent considérée comme la première constitution démocratique de l'histoire moderne. 1756 : novembre, troisième intervention française. Six bataillons français débarquent en Corse, commandés par le marquis de Castries qui installe son QG à Calvi. Il sera remplacé par le comte de Vaux (1757-59). 1764 : quatrième intervention française sous le commandement supérieur de Marbeuf (1764). 1765 : ouverture de l'Université de Corse. 1767 : Choiseul refuse la donation de l'île proposée par la République de Gênes. 1768 : le 15 mai, Choiseul négocie un traité qui comporte un transfert de souveraineté mais aussi un article par lequel le Roi s'engage à conserver sous son autorité et administration toutes les parties de la Corse qui seront occupées par les troupes françaises jusqu'à ce que la République en demande à la France la restitution[20]. 1768 : 15 mai, par le traité de Versailles Gênes cède provisoirement l'administration de la Corse, que dans les faits elle ne contrôle plus, à la France. Louis XV, qui refuse à dessein de reconnaître la République corse comme légitime, envoie son armée dans le but de prendre possession de l'île. 1768 : 18 mai, le marquis de Chauvelin reçoit le commandement des troupes françaises. 1768 : 15 août, Louis XV proclame officiellement la réunion de la Corse à la France[21]. 1768 : 9 octobre, les troupes paolistes mettent en déroute l'armée française à Borgo. 1769 : 20 février, De Vaux est nommé commandant en chef des troupes françaises en Corse. 1769 : 9 mai, les troupes de Pascal Paoli perdent la bataille de Ponte-Novo. La Corse passe sous administration française. Des philosophes des Lumières, tels que Rousseau et Voltaire, s'indignent de l'injustice de cette guerre qui vient détruire une nation démocratique.La Corse française
     
    Napoléon Ier.
    1769 : 13 juin, Pascal Paoli quitte la Corse pour la Grande-Bretagne. 1769 : 15 août, naissance de Napoléon Bonaparte à Ajaccio. 1769 : Fermeture de l'université de Corte par Louis XV. 1773 : Marbeuf, noble breton, commandant en chef des troupes françaises et gouverneur de l'île, accorde aux Grecs le droit de s'installer à Cargèse 1774 : Niolo, Talcini et Vallerustie se soulèvent. La ferme répression du général Narbonne saccage le Niolo, et six cents Corses sont envoyés au terrible bagne de Toulon. 1786 : Une enfant de Corbara, Marthe Franceschini, enlevée par des pirates en 1778, attire le Sultan alawite du Maroc. Elle deviendra Davia et « impératrice » du Maroc. 1789 : avril, la Corse compte 11 juridictions royales (Aiacciu, Aleria, Bastia, Bonifaziu, Calvi et Balagna, Capicorsu, Corti, A Porta d'Ampugnani, Nebbiu, Sartè, Vicu) et 65 pievi. 1789 : 30 novembre, le décret de réunion de la Corse à la France est adopté par l'Assemblée nationale constituante, sur la proposition de Christophe Saliceti, à la suite de la lecture des lettres de la commune de Bastia et d'habitants d'Ajaccio, réitérant les cahiers de doléances. 1789 : 22 décembre, la Constituante divise la France en 83 départements. 1790 : 21 janvier, dernière réaction des Génois avec une lettre de protestation du doge Pallavicini lue à l'Assemblée nationale. Les anciennes communautés ou paroisses prennent le nom de communes. 1790 : 26 février, par décret la Corse qui était divisée en onze juridictions royales (Aiacciu, Aleria, Bastia, Bonifaziu, Calvi et Balagna, Capicorsu, Corti, A Porta d'Ampugnani, Nebbiu, Sartè et Vicu), est partagée en neuf districts (ex-juridictions) : Bastia, Oletta, A Porta, Cervioni, Corti, l'Isula Rossa, Aiacciu, Tallà et Vicu. Le district est partagé en cantons (ex-pievi), le canton en communes. Le Conseil supérieur, créé en 1768, est supprimé. 1790 : 4 mars, lettres patentes du roi sur le décret du 26 février : « L'île de Corse ne formera provisoirement qu'un seul département. L'assemblée des électeurs se tiendra dans la pieve d'Orezza ». 1790 : 7 juillet, l'Assemblée nationale décide que la Corse n'aura qu'un seul évêque comme les autres départements. Le siège est fixé à Bastia. La Corse comptait auparavant cinq diocèses : Aiacciu, Aleria, Bastia, Mariana et Nebbiu. 1790 : 14 juillet, après avoir été accueilli à Paris, Paoli amnistié rentre en Corse via Macinaggio avec le commandement militaire insulaire. 1790 : 24 septembre, Bastia est choisi provisoirement comme chef-lieu du département, avec possibilité pour le Conseil de se réunir ailleurs suivant les besoins. 1790 : 30 septembre au 14 octobre, à Bastia, première session du premier Conseil général chargé de l'administration du département. Pasquale Paoli est élu président à l'unanimité. 1791 : 27 mai, le département de la Corse obtient six députés pour la prochaine législature. 1791 : 28 juin, l'Assemblée nationale confirme la décision du Directoire du département concernant le transfert du gouvernement de l'île à Corti et fixe le siège provisoire de l'évêché à Aiacciu. 1791 : septembre, les élections envoient à l'Assemblée nationale législative les candidats désignés par Pascal Paoli dont Marius Peraldi et Pozzo di Borgo. 1791 : 29 septembre, en vertu du décret de la Constitution du 18 juin, l'Assemblée fixe le chef-lieu du département à Corti et le siège de l'évêché à Aiacciu. 1791 : 1er juillet, décret de la Convention : « 8° L'île de Corse sera divisée en deux départements, l'un en deçà et l'autre en delà des monts ; le Comité de division fera sans délai son rapport sur l'emplacement des chefs-lieux et sur la division en districts et en cantons ». 1792 : 8-9 avril, pendant les fêtes de Pâques, à Ajaccio, affrontements entre des soldats la garde nationale qui viennent d'élire Napoléon Bonaparte lieutenant-colonel en second, et des habitants d'Ajaccio. 1792 : septembre, Pascal Paoli malade n'ayant pu présider aux opérations électorales, ses candidats à la Convention nationale sont battus par les partisans de la France : Christophe Saliceti, Angelo Chiappe, Luigi Casabianca et le vicaire épiscopal Multedo. 1793 : 11 août, séparation de la Corse en deux départements, le Liamone (chef-lieu : Aiacciu, districts : Aiacciu, Vicu et Sartè), et le Golo (chef-lieu : Bastia, districts : Bastia, Calvi et Corti). 1794 : Horrifié par la Terreur, Pascal Paoli négocie avec les Anglais pour la création d'un Royaume Corse sous la protection de la Grande-Bretagne, après en avoir chassé les Français. Hood aide Paoli à occuper Saint-Florent, Patrimonio, Bastia, Calvi. Mais Hood saccage Centuri et Macinaggio. Les Anglais chassent les Français. Dernier bastion français, Calvi se rendra le 20 août. Mise en place du Royaume de Corse (communément appelé royaume anglo-corse) avec le vice-roi Gilbert Elliot[22]. 1796 : les troupes françaises reprennent l'île qui a été évacuée par les Britanniques. 1796 : la Corse compte 150 000 habitants. 1797 ; le rétablissement des lois contre le clergé provoque en Castagniccia l'insurrection de « La Crucetta » écrasée par le général Vaubois. Le général Augustin Giafferi, 80 ans, chef des insurgés, est fusillé à Bastia. 1801 : tous les diocèses corses sont incorporés au diocèse d'Ajaccio. Le général Joseph Morand est chargé de pacifier l'île. 1804 : Napoléon Bonaparte devient empereur des Français. 1805 : Décret de sur-séance qui accorde un délai pour l'emploi de la langue française dans les actes publics en Corse, région de langue italienne jusqu'en 1858. 1807 : février, mort de Pascal Paoli à Londres. 1808 : à Isolaccio, dans le Fiumorbo le général Joseph Morand fait arrêter 167 hommes, en fusille 9 et envoie au bagne de Toulon les autres[23]. 1811 : Golo et Liamone sont réunis, le département de Corse est restauré avec Ajaccio pour chef-lieu. 1812 : Chaque paroisse ouvre un cimetière, les morts ne sont plus inhumés dans les églises. 1814 : Napoléon Ier abdique ; il devient souverain de l'île d'Elbe. Les Anglais occupent un mois durant Bastia, Calvi, Ajaccio, Bonifacio. Napoléon de retour au pouvoir à Paris, puis battu à nouveau en juin 1815 à Waterloo par l'Europe coalisée, est déporté, cette fois sur l'île de Sainte-Hélène. 1815 : Le marquis de Rivière fut appelé, en novembre, au commandement de la 23e division militaire (la Corse). « Sa prudence et sa fermeté » dissipèrent les troubles insurrectionnels qui désolaient cette île[24]. 1816 : mille Fium'Orbais s'insurgent contre Louis XVIII anti-bonapartiste ; 8 000 soldats ne peuvent les soumettre. Le général Amédée Willot réconcilie tout le monde. 1821 : Napoléon Bonaparte meurt à Sainte-Hélène. 1830 : les cantons ne portent plus les noms des anciennes pieves mais ceux des chefs-lieux. 1840 : voyage de Prosper Mérimée dans l'île. 1849 : 10 août, nomination du premier « Monsieur Corse » de l'histoire de l'île. Louis-Napoléon Bonaparte alors président de la République donne mission à Jacques Pierre Abbatucci (futur garde des Sceaux) de faire un rapport sur les besoins de la Corse, et le charge du suivi des dossiers relatifs à l'Île auprès des différents ministères concernés.

    Le coup d'État du 2 décembre 1851 de Napoléon III est largement soutenu en Corse, département catholique, conservateur et monarchiste ; elle fait même partie des quatre départements où aucun opposant n'est arrêté[25].

    1859 : 4 août, la Cour de cassation réaffirme que la langue française est la seule langue officielle en Corse[26], l'italien étant jusqu'alors la langue la plus utilisée dans l'île[réf. nécessaire]. La langue italienne est désormais interdite dans l'administration[réf. nécessaire] (la langue corse n'étant pas encore écrite et considérée comme une forme de l'italien.) 1880 : construction du gouvernail de la Corse par le génie militaire à Bonifacio ; il s'agissait d'un site de surveillance du port[27]. 1881 : la Corse compte 273 000 habitants. 1890 : en l'espace d'un siècle la population de l'île a presque doublé. 1918 : avec 9800 (réf. site Mémoire des hommes regroupant toutes les fiches des "morts pour la France") au terme de quatre ans de guerre, la Corse est l'un des départements qui paye, proportionnellement à sa population, le plus lourd tribut en vies humaines, le département se situe au 31e rang métropolitain (entre la Haute-Saône et la Meuse) avec un taux de mortalité de 3,6 % (décès dus à la guerre par rapport à la population) 1921 : le 15 mai à 2 heures, le paquebot délabré Rion venant de Constantinople, arrive dans la baie d'Ajaccio avec à son bord 3 422 réfugiés Russes. Après une mise en quarantaine sanitaire, les passagers débarquent. Certains restent définitivement, faisant souche sur l'île. 1939 : interdiction du journal A Muvra, considéré comme pro-italien.La Première Guerre mondiale
     
    Monument aux morts à Marignana (Sevidentro).

    48 000 hommes sont mobilisés en Corse, outre les 9 000 hommes déjà sous les drapeaux au moment où le conflit éclate. Ce chiffre relativement élevé s'explique par le fait que l'île a le statut de « place forte », qui permet l'enrôlement dans l'armée territoriale et dans sa réserve de soldats plus âgés (37 ans au minimum et 48 ans au maximum). La mission de l'infanterie territoriale est la protection des côtes et places fortes, et non l'engagement en première ligne. Toutefois, dans la confusion des premiers mois de guerre, certains soldats plus âgés sont envoyés sur le front continental, ce qui engendre en avril 1915 des protestations à l'Assemblée nationale.

    La mobilisation des conscrits corses obéissait à des règles plus sévères que celles en vigueur en France continentale, ainsi que le déclara le Premier ministre Michel Rocard devant l'Assemblée nationale, lors de la séance de questions au gouvernement du 12 avril 1989[29].

    Selon Sébastien Ottavi, agrégé d'histoire au lycée Fesch d'Ajaccio, ce nombre est situé dans « une fourchette de 12 000 à 15 000 tués », dont 10 000 morts natifs de Corse. Jean-Paul Pellegrinetti et Georges Ravis-Giordani estiment que le nombre de Corses morts au cours de cette guerre est compris entre 10 000 et 12 000 soldats insulaires[30]. Le nombre officiel de Corses morts pour la France est de 9 751[N 2]. Selon le site Mémoire des Hommes du Ministère des Armées, la base de données indique 9 849 mort-nés en Corse[31].

    Ces chiffres ramènent la proportion de pertes chez les Corses à « un pourcentage un peu supérieur à celui enregistré au niveau national, soit 18,2 % contre 16,8 % »[32].

    Parmi les combattants corses de la Marne, de Verdun et d'autres batailles meurtrières, se sont illustrés : le 173e régiment de ligne « Aio Zitelli », le général Grossetti et les aviateurs Jean Casale et Jean-Paul Ambrogi.

    L'arrivée irrégulière des bateaux entraîne de graves problèmes de ravitaillement : pain, sucre, pétrole sont rationnés. La pénurie est aggravée par l'hébergement de 2 000 prisonniers de guerre allemands, cantonnés dans les couvents et pénitenciers, puis utilisés comme main-d'œuvre dans les campagnes. De plus, la Corse devient une terre d'asile pour les réfugiés (4 000 Serbes et Syriens). Pour subvenir aux besoins de la population, les terres abandonnées à la friche sont remises en culture suivant les pratiques traditionnelles. En septembre 1918, la grippe espagnole ravage certains villages et oblige le préfet à prendre des mesures pour limiter l'épidémie (cercueil plombé, ensevelissement profond).

    L'armistice de 1918 est accueilli dans l'allégresse et l'anxiété du retour des blessés. Des souscriptions locales permettront d'élever dans chaque village des monuments en l'honneur des morts. En 1933, la Borne de la Terre sacrée est inaugurée à Ajaccio. Ces pertes humaines affecteront durablement la vitalité de l'île, ce qui accentuera le déclin économique.

    La Seconde Guerre mondiale
     
    Monument aux morts à Bigorno (Costiera).
    1941 : à la demande de l'Italie, l'armée allemande regroupe les prisonniers de guerre corses dans des camps spéciaux : le Stalag VB et l'Oflag VC. novembre 1942 - septembre 1943 : la Corse est occupée par les troupes italo-allemandes. À partir de novembre 1942, 80 000 soldats italiens envahissent la Corse. 14 décembre 1942 : La mission secrète Pearl Harbour débarque par le sous-marin Casabianca en baie de Topiti (Piana). mars 1943 : Fred Scamaroni, prisonnier à la Citadelle d'Ajaccio, se suicide afin de ne pas livrer ses compagnons sous la torture. août 1943 : exécution de Pierre Griffi le 18 août et de Jean Nicoli le 31 août à Bastia. 8 septembre 1943 : à la suite de la chute du régime fasciste à Rome, les troupes allemandes occupent l'île. 9 septembre 1943 au 5 octobre 1943 : la population se soulève, les Italiens (80 000 soldats) rallient les partisans locaux (1 000 combattants) et environ 4 000 soldats français pour combattre la Wehrmacht. Ajaccio devient la première ville française à être libérée. Plus de 700 soldats italiens auront été tués, mais les troupes italiennes laissent à l'armée française l'honneur d'entrer en premier à Bastia. 5 octobre 1943 : 13 000 Allemands fuient l'île, repoussés vers la mer. 8 octobre 1943 : le général de Gaulle proclame à Ajaccio : « Nous devons sur le champ tirer la leçon de la page d'histoire que vient d'écrire la Corse française.... La Corse a la fortune et l'honneur d'être le premier morceau libéré de la France. Ce qu'elle a fait éclater de ses sentiments et de sa volonté, à la lumière de sa libération, démontre que ce sont les sentiments et la volonté de la Nation tout entière. »[33] 1944 : l'île devient une base importante - surnommée l'USS Corsica, le « porte-avion » - pour la poursuite des opérations en Italie puis pour le débarquement en Provence (août 1944). 1944 : l'armée américaine éradique le paludisme, présent en Corse depuis le XIIIe siècle, par épandages de DDT[34]. 1945 : procès contre les irrédentistes. Condamnation de Petru Rocca à 15 ans de prison pour collaborationnisme.La Corse contemporaine

    La Corse voit s'installer au milieu des années 1950 des "villages de toile" au bord des plages, dès 1949 à Calvi puis en 1955 à Porto-Vecchio pour le Club Polynésie et Propriano pour le "Club Corsaire", sur le modèle des villages magiques fondés pour les lectrices du magazine Elle et qui font connaitre les paysages et le potentiel touristique de l'Italie du sud auprès de la clientèle des jeunes touristes français.

    Peu après, la création du Mouvement du 29 novembre 1959, contre la vie chère et l'abandon du chemin de fer, marque une nouvelle ère de la Corse contemporaine, soucieuse d'assurer un développement harmonieux et d'échapper à la désertification.

    Ce Mouvement du 29 novembre obtient par des manifestations l'abandon rapide du projet de site d'expérimentation nucléaire à l'Argentella annoncé en mai 1960 par le Premier ministre Michel Debré puis en automne 1961 un statut fiscal pour les petites entreprise mais maintient le 13 décembre 1961 son mot d'ordre de grève générale des Corses.

    C'est seulement au début des années soixante que s'amorce une remontée démographique[35], tandis que la dépopulation précédente s'était révélée moins forte que dans le Lot, la Creuse, la Corrèze ou l'Ariège[35]. Entre 1962 et 1975, les naissances l'emportent sur décès de 5100[35] et les arrivées du continent sur les départs de 2900[35], l'apport principal étant les 43000 personnes venues hors de métropole, avec un nombre des étrangers passé de 7 000 à 30 000 : la Corse est celle des régions françaises qui en accueille le plus[35].

    L'économie vit une douzaine d'années de transformation rapide dans la décennie qui suit. Environ 30 000 emplois sont créés de 1962 à 1975, soit une progression de 59 %[35] et le trafic de marchandises double, à plus de 1 million de tonnes[35]. L'agriculture en est le coeur: le nombre d'exploitations a diminué de 40 %, au même rythme que la moyenne nationale de 45 %[35], mais la surface agricole moyenne a augmenté de près de 35 %, avec dans la plaine d'Aléria, où le DDT des Américains a éradiqué la malaria entre 1943 et 1945, et où le maquis est défriché à partir de 1957 pour implanter des vergers d'agrumes et du vignoble[35]. C'est l'émergence de grandes exploitations à capitaux importants, en monoculture intensive, employant une main-d'œuvre principalement nord-africaine[35]. En 20 ans, la production annuelle de vin décuple pour atteindre vers 1977 les 2 millions d'hectolitres[35] alors que la surface vinicole a seulement quintuplé[35], à 28 000 hectares dont 17 000 sur le littoral[35], causant une surproduction dont pâtissent les vins de qualité du vignoble traditionnel (Cap Corse, Nebbio, Sartène, Figari, Ajaccio, etc.[35]), qui ne pèse plus que 5 % de la production agricole corse[35].

    La récolte de clémentines, exportée à 85% malgré les risques de dépréciation des prix de vente, causés par une solide concurrence internationale[35], notamment espagnole, grimpe d'une tonne seulement en 1955 à 20800 tonnes en 1977 puis 30 000 tonnes en 1979[35] mais ne pèse toujours que 4,5 % de la production agricole corse[35]. Les autres vergers se limitent à 2000 hectares dont 800 de pêchers et de nectariniers[35].

    Le cheptel corse chute de 40% en deux décennies, passant de 440 000 têtes en 1955 à 270 000 en 1978[35]. Il est divisé par deux pour les moutons, tombant de 217 000 à 131 000 têtes[35], et par quatre pour les chèvres (de 145 000 à 46 000)[35], sans que le reste compense: de 37 000 à 43 000 têtes pour les bovins et de 40 000 à 49 000 côtés porcs[35].

    La baisse est beaucoup moins forte mais réelle pour les fournisseurs des fromageries de Roquefort[35], qui n'achètent plus en 1978 que la moitié des 86000 hectolitres de lait de brebis corses[35] alors que c'était plus de 90 % des 98000 hectolitres de 1962 [35].

    1957 : création de le SETCO (Société pour l'Équipement Touristique de la Corse) afin de favoriser la réalisation de complexes touristiques (hôtels, villages de vacances, etc.). Création de la SOMIVAC (Société pour la mise en valeur agricole de la Corse). 90 % des terres ayant été promises auparavant aux paysans corses seront réservées aux rapatriés d'Algérie. La Corse en accueille 6 000 environ avant 1962 et, on l'a vu, 8 000 après[35]. 1957 : arrivée massive de rapatriés d'Algérie (jusqu'en 1965); attribution de vastes terres agricoles aux agriculteurs pieds-noirs rapatriés, au détriment des agriculteurs locaux. 1959 : fondation du Mouvement du 29 novembre. 1960 : en avril, le gouvernement Debré décide de créer un centre d'expérimentations nucléaires souterraines dans les mines désaffectées de l'Argentella, au sud de Calvi : manifestation de protestation unanime. Le Gouvernement recule. Les essais nucléaires, qui ne peuvent plus se faire en Algérie, se feront désormais en Polynésie. de 1965 à mi-1970 : radicalisation des revendications d'abord régionalistes puis autonomistes et enfin nationalistes. L'île est dans un état d'isolement et de retards techniques considérables : peu de routes, des communications difficiles et coûteuses avec le continent, des installations sanitaires médiocres, une carte scolaire déplorable, pas d'université. 1970 : la Corse est administrativement détachée de Provence-Côte d'Azur et devient la 22e région métropolitaine (décret du 9 janvier 1970). 1972 : « affaire des boues rouges » de la Montedison, déversements de produits toxiques au large du Cap Corse. Après diverses manifestations, un commando clandestin dynamitera le navire pollueur. 1975, 21 août : « affaire d'Aléria » : une douzaine d'hommes armés de fusils de chasse, représentée par le docteur Edmond Simeoni, occupe la ferme d'un viticulteur rapatrié accusé d'être mêlé à un scandale financier. En réaction, 1 200 gendarmes et CRS, des blindés et hélicoptères cernent les bâtiments. Bilan : deux gardes mobiles tués et un militant gravement blessé. Cet événement tragique est considéré comme l'acte de renaissance du nationalisme corse. 1975 : à la suite de cette affaire, entre le 23 et le 26 août, des manifestations nocturnes ont lieu à Bastia. Michel Poniatowski, ministre de l'Intérieur, envoie les blindés sur Bastia. La ville connaît alors des scènes de guerre civile faisant un mort du côté des forces de l'ordre. C'est le début d'une longue période de troubles dont l'île n'émergera qu'au début du XXIe siècle. La loi du 15 mai 1975 portant réorganisation de la Corse divise l'île en deux départements. 1976 : le 5 mai, au cours d'une nuit bleue création du FLNC réclamant la reconnaissance des droits nationaux du peuple corse, le droit à l'autodétermination et un pouvoir populaire démocratique en Corse. 1976 : mise en place de la « bidépartementalisation » : l'île est organisée en deux départements, la Haute-Corse et la Corse-du-Sud. 1981 : ouverture de l'Université de Corse Pascal-Paoli à Corte. 1981 : naissance du premier média audiovisuel indépendant de Corse, radio Alta Frequenza, à Ajaccio. 1982 : les lois du 2 mars et 30 juillet donnent un statut particulier à la région corse et la première assemblée de Corse est élue au suffrage universel direct le 8 août. Les nationalistes jugent ces mesures insuffisantes, le FLNC reprend ses actions. 1989 : entre mars et avril, la Corse est paralysée par une grève des fonctionnaires sans précédent, visant à dénoncer, entre autres, la cherté de la vie sur l'île[36]. 1989-1990 : Le mouvement nationaliste connaît ses premières divisions internes qui aboutissent à des scissions. 1991 : statut Pierre Joxe voté, l'assemblée de Corse dispose de compétences élargies, et en particulier d'un Conseil exécutif. 1992 : aux élections territoriales, les nationalistes (toutes tendances confondues : Corsica Nazione, MPA, etc.) dépassent 25 % des voix. 1992 : le 5 mai, catastrophe de Furiani. 1995/1996 : les deux principales branches issues du FLNC de l'époque, le FLNC Canal Historique et le FLNC-Canal Habituel, se livrent à des règlements de comptes « fratricides » qui font plus d'une quinzaine de morts. 1996 : Plusieurs centaines de militants du FLNC Canal Historique tiennent une conférence de presse à Tralonca pour annoncer un cessez-le-feu. Cette manifestation, qui ressemble plus à une démonstration de force qu'à un message pacifique, en raison de l'arsenal présent (lance-roquettes, fusil d'assaut, etc.) et du nombre impressionnant de militants, provoque l'incompréhension et la stupéfaction générale. Jean-Louis Debré, le ministre de l'Intérieur de l'époque, sera par la suite critiqué pour avoir laissé faire et écarté du « dossier corse » par le gouvernement. 1998 : assassinat du préfet Claude Érignac. 1999 : affaire des paillotes. La paillote « Chez Francis », construite illégalement, est incendiée tout aussi illégalement par les gendarmes du GPS au cours d'une action clandestine sur ordre du préfet Bernard Bonnet. 2000 : en août, le premier ministre Lionel Jospin propose un nouveau statut pour la Corse connu sous le nom de « processus de Matignon » qui est voté par l'Assemblée nationale le 4 décembre. 2002 : loi élargissant à nouveau les compétences de la collectivité territoriale de Corse et lui confiant notamment de nouvelles responsabilités dans des domaines tels la gestion des ports et aéroports, la carte des formations ou la préservation des monuments historiques. 2003 : 6 juillet : rejet par une majorité d'électeurs habitant sur l'île du projet de collectivité unique. Marquant une victoire des républicains anti-nationalistes conduits par Émile Zuccarelli, ce référendum est, selon ces derniers, un tournant décisif dans l'histoire politique récente avec l'arrêt provisoire des réformes institutionnelles. 2007 : lors de l'élection présidentielle, la Corse est l'une des régions de France qui votent le plus massivement en faveur de Nicolas Sarkozy (plus de 61 % des voix), candidat élu. 2008 : 12 janvier: à la suite d'une manifestation nationaliste, ceux-ci, qui devaient initialement se diriger vers la préfecture, occupent l'Assemblée territoriale corse pendant près de trois heures (s'ensuit un incendie qui ravage des bureaux dont celui du président de l'Assemblée). 2009 : le Plan d'aménagement et de développement durable de la Corse (PADDUC) initié par la majorité UMP de l'Assemblée de Corse suscite la polémique sur l'île. Accusé, entre autres, d'être basé sur le tout-tourisme, de ne pas respecter assez l'environnement et d'empêcher le développement de l'agriculture, le projet rencontre une vive opposition. Il est finalement repoussé, et figure parmi les enjeux des élections territoriales de 2010. 2010 : la gauche, menée par Paul Giacobbi, remporte pour la première fois depuis 24 ans les élections territoriales. Les nationalistes, toute tendances confondues (Femu a Corsica, autonomiste, et Corsica Libera, indépendantiste), atteignent le score historique 36 % des voix et se positionnent au centre du débat politique. Dans les mois qui suivent, l'Assemblée de Corse jette les bases d'une nouvelle politique foncière et évoque des mesures qui devront s'insérer dans un nouveau statut de la Corse, que l'Assemblée devra négocier avec l'État. La gauche y est majoritairement favorable, tout comme les partis nationalistes. La gauche républicaine aujourd'hui minoritaire, y reste hostile. La droite, elle, s'abstient. Le débat institutionnel est relancé. 2012 : novembre : à la suite des assassinats de l'avocat Antoine Sollacaro et du Président de la Chambre de Commerce de Corse-du-Sud Jacques Nacer, le gouvernement français reconnait pour la première fois l'existence d'une mafia en Corse, et promet des mesures judiciaires spécifiques. 2013-2014: L'Assemblée de Corse vote plusieurs propositions allant dans le sens d'une nouvelle évolution institutionnelle et d'une autonomie élargie pour la Corse. Le 17 mai 2013, au terme d'un vote largement majoritaire (36 voix sur 51, soit 70 % des votants), elle vote l'adoption d'un statut de coofficialité pour la langue corse, assorti d'un programme de revitalisation linguistique. L'opinion corse, de son côté, est quasi unanimement favorable au bilinguisme et à la réintroduction de la langue (90 % des personnes interrogées, selon un sondage Opinion of Corsica publié en avril 2013)[37]. Le 27 septembre de la même année, les élus corses se prononcent pour une nouvelle évolution des institutions de l'île par le biais de l'inscription d'une mention spécifique à la Corse dans la Constitution (à 46 voix sur 51)[38]. Le 25 avril 2014, à l'issue d'un vote majoritaire de 29 voix sur 51, les conseillers territoriaux proposent l'adoption d'un statut de résident permanent d'au moins cinq ans pour devenir propriétaire dans l'île afin de contrer la flambée des prix et la spéculation foncière et immobilière[39]. Le 31 octobre, un nouveau PADDUC (initié cette fois-ci par la majorité territoriale de gauche), est adopté par l'Assemblée de Corse. Plus consensuel que le précédent, le projet fait cependant l'objet de longues et intenses discussions. Le texte est adopté à une large majorité, voté par 38 élus sur 51. Et enfin, le 12 décembre 2014, l'Assemblée de Corse adopte à 42 voix sur 51 un projet de réforme institutionnelle visant à faire de la Corse une collectivité unique, projet qui prévoit notamment la fusion de la Collectivité territoriale de Corse et des deux conseils départementaux (Haute Corse et Corse du Sud). À la suite de ces nouvelles propositions, un timide dialogue s'ouvre à nouveau entre les élus corses et le gouvernement français. S'il est ouvert sur la question de la collectivité unique (le Ministre de l'Intérieur d'alors, Bernard Cazeneuve, donne son feu vert au projet à l'occasion d'une visite dans l'ile début 2015[40]), le gouvernement se montre cependant beaucoup plus réticent concernant les autres propositions. 2014 : 25 juin : dans un communiqué envoyé à la presse locale, le FLNC annonce l'abandon de la lutte armée. L'organisation déclare « sans préalable et sans équivoque aucune » avoir décidé « unilatéralement d'enclencher un processus de démilitarisation et une sortie progressive de la clandestinité » et estime qu'il est temps « de passer à une phase nouvelle : celle de la construction d'une force politique pour gouverner la Corse et la conduire à l'indépendance »[41]. L'annonce est historique, et accueillie positivement par la classe politique insulaire qui y voit le début d'une nouvelle ère dans les rapports politiques en Corse. 2015 : 1er juillet : l’Assemblée nationale adopte le projet de collectivité unique pour la Corse, voté un an plus tôt par les élus corses. L'entrée en vigueur de ce nouveau statut pour l'île est prévue pour le 1er janvier 2018. 2015 : 13 décembre : Victoire des nationalistes à l'issue du second tour des élections territoriales, la liste unie "Pè a Corsica" (fusion des autonomistes de Femu a Corsica et des indépendantistes de Corsica Libera) menée par Gilles Simeoni arrive en tête avec plus de 35 % des voix. Pour la première fois depuis la création de la Collectivité territoriale de Corse les nationalistes accèdent aux responsabilités territoriales. 2017 : 10 décembre : La coalition nationaliste Pè a Corsica est réélue à une large majorité (plus de 56 % des voix) à l'issue du second tour des élections territoriales (ces élections ont lieu seulement deux ans après celles de 2015, en raison de la mise en place de la Collectivité unique au 1er janvier 2018). Pour la première fois une force politique obtient la majorité absolue à l'Assemblée de Corse. Forts de cette victoire, les nationalistes espèrent l'ouverture d'un dialogue avec l'État en vue d'une véritable autonomie pour la Corse et d'une solution politique globale[42]. 2018 : 1er janvier : Entrée en vigueur officielle de la collectivité unique, baptisée Collectivité de Corse. 2022 : plusieurs manifestations pour Yvan Colonna, militant indépendantiste corse mortellement agressé en prison, ont dégénéré en violents affrontements[43].
    Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées X. Poli Strabon, Géographie, V, II, 7. Olivier Jehasse, Corsica classica : la Corse dans les textes antiques du VIIe siècle av. J.-C. au Xe siècle de notre ère, La Marge, 1986, p. 54. Dictionnaire encyclopédique du christianisme, V. 1, Paris, Cerf, 1990, p. 1103. Pierre Da Passano, Histoire de l'annexion de la Corse, cf. 3. « La société corse au début du deuxième millénaire », Horvath (Le Coteau), 1990. René Sédillot, La Grande aventure des Corses, Fayard, 1969, p. 46 (« Quand les Lombards importent la vendetta »). Hans-Erich Stier (dir.), « Grosser Atlas zur Weltgeschichte », Westermann 1985, (ISBN 3-14-100919-8), p. 49, 54, 57. Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, chez Arthus Bertrand, Paris, 1824, tome 3, Famille d'Adhémar, page 3 (lire en ligne) (en)Medieval Lands : Conti di Genova Delvert J. : L'Expansion des moustiques Anopheles dans le bassin méditerranéen (Ve-IXe siècles) et ses conséquences démographiques et économiques, ORSTOM, 1987. Philippe Pergola de l'Institut pontifical d'archéologie chrétienne (de) à Rome in Archéologie et Société - Cervioni, août 1979. Prosper Mérimée,Notes d'un voyage en Corse - Imprimerie de H. Fournier et comp., 14 bis rue de Seine Paris 1840 p. 9. Lucien Auguste Letteron in Histoire de la Corse Tome I, Bulletin de la Société des sciences historiques & naturelles de la Corse – Imprimerie et Librairie Veuve Eugène Ollagnier - Bastia, 1888 - Note de bas de p. 143. ↑ a et b « Il est possible que le prélat cède à son tour une partie de ses droits au marquis Ugo en 1095. - Daniel Istria in Pouvoirs et fortifications dans le nord de la Corse : du XIe siècle au XIVe siècle, Éditions Alain Piazzola, Ajaccio 2005. ». ↑ a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Cesari-Rocca ↑ a et b Bull. de la Société des Sciences historiques et naturelles de la Corse 1884 - Serment de fidélité prêté par divers personnages corses... . ↑ a b et c Marc' Antonio Ceccaldi in Histoire de la Corse, Chronique, traduction de l'Abbé Letteron - Tome II, p. 4. Les origines du drapeau corse U Ribombu. Pierre Antonetti, Histoire de la Corse, Paris, Robert Laffont, 1973, p.305 La grande révolte des Corses contre Gênes (1729-1769) Chronologie recueillie par Antoine-Dominique Monti ADECEC 1979 Paul Louis Albertini et Joseph Marinetti, Corse, Éditions G. L. D., 1969, p. 221 [1] [2] L'Histoire de la Corse par les dates. « De RIVIÈRE, (Charles-François marquis, puis duc) », dans Jean-Baptiste-Pierre Jullien de Courcelles, Histoire généalogique et héraldique des pairs de France : des grands dignitaires de la couronne, des principales familles nobles du royaume et des maisons princières de l'Europe, précédée de la généalogie de la maison de France, vol. 12 vol., 1822-1833 [détail de l’édition] Histoire généalogique et héraldique des pairs de France, des grands, vol. VIII, 1827, 378 p. (lire en ligne), p. 181-184. Jacques Olivier Boudon, Les Bonaparte : regards sur la France impériale. La Documentation photographique, dossier 8073, janvier-février 2010, p. 11 (carte de Gilles Pécout). Le français et les langues historiques de la France, par Hervé Abalain, Éditions Jean-Paul Gisserot, p. 113, (ISBN 2877478815). « Le Gouvernail à Bonifacio », sur Office de tourisme de Bonifacio (consulté le 19 juin 2021) Assemblée nationale, « Constitution Du 4 octobre 1958 » [PDF], sur archives.assemblee-nationale.fr, juillet 2008 (consulté le 1er mai 2018). « Je veux qu'à travers ma réponse, chacun, là-bas, sache que le Gouvernement connaît l'histoire, sait la souffrance de cette terre, et notamment que, pendant la guerre de 1914-1918, à la différence de la Seconde Guerre mondiale, les critères de mobilisation n'étaient pas les mêmes sur tout le territoire : la Corse fut la seule à voir mobiliser jusqu'aux pères de six enfants. Elle y a perdu, par millier d'habitants, deux fois plus de ses fils que n'importe quel département de la France continentale, et elle ne s'en est pas remise du point de vue de l'activité agricole. »[28]. Jean-Paul Pellegrinetti et Georges Ravis-Giordani, Les monuments aux morts de la Première Guerre mondiale en Corse, Cahiers de la Méditerranée, 81-2010, p. 239-251. « Base de données des morts pour la France du site Mémoire des hommes du Ministère des Armées » Accès libre , sur Mémoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le 17 mars 2022) Sébastien Pisani, « Ajaccio La Corse en première ligne a payé un lourd tribut à la Grande Guerre », sur Corse-Matin, 11 novembre 2008 (consulté le 1er mai 2018). Medias libres, Discours de Gaulle, octobre 1943.. Pierre Gazin, « Laveran et l’éradication du paludisme en Corse », Revue de la société francophone de médecine tropicale et santé internationale,‎ 6 février 2023, p. 1-6 (lire en ligne) ↑ a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z et aa Nadine Salkazanov et Alain Viénot, « La Corse en mutation », Économie et statistique, 1980 [3] https://www.universalis.fr/evenement/15-30-mars-1989-greve-des-fonctionnaires-en-corse/ https://www.corsematin.com/article/assemblee-de-corse/la-coofficialite-de-la-langue-votee-par-lassemblee-de-corse.994161.html. https://www.corsematin.com/article/france/lassemblee-de-corse-pour-inscrire-lile-dans-la-constitution.1158002.html. https://www.corsematin.com/article/derniere-minute/corse-il-faudra-resider-depuis-au-moins-cinq-ans-pour-devenir-proprietaire.1356246.html. « Le "chiche" de Bernard Cazeneuve à la Corse », sur Francebleu.fr, 6 février 2015 (consulté le 16 juillet 2020). https://www.corsematin.com/article/derniere-minute/le-flnc-corse-annonce-labandon-de-la-lutte-armee.1428059.html. « Gilles Simeoni appelle à "un véritable dialogue" avec Paris », sur RTL.fr (consulté le 16 juillet 2020). « En Corse, nouvelles violences lors d'une manifestation pour Yvan Colonna », sur france24.com, 4 avril 2022 (consulté le 4 avril 2022).


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