Estación Internacional de Canfranc

( Gare internationale de Canfranc )

La gare internationale de Canfranc est une gare ferroviaire frontalière des lignes de Pau à Canfranc (côté frontière française) et de Saragosse à Canfranc (coté frontière espagnole), située dans les Pyrénées, sur le territoire de la commune espagnole de Canfranc, dans la province de Huesca en communauté autonome d'Aragon.

Cette gare aux dimensions monumentales — aussi grande que la gare parisienne de Saint-Lazare — par rapport à la modeste localité desservie, située à près de 1 200 mètres d'altitude, est mise en service en 1928 mais ne connaîtra jamais le trafic escompté. Depuis 1970 et l'interruption du trafic côté français, la gare n'est plus qu'un terminus de la ligne espagnole. Le bâtiment principal qui n'est plus utilisé comme gare est longtemps laissé à l'abandon avant de connaître une rénovation dans les années 2000 et 2020 en vue d'une transformation en hôtel et avec la réouverture espérée de la ligne côté français.

Histoire

Au XIXe siècle, lors de la naissance et du développement des liaisons ferroviaires, il est estimé que la chaîne des Pyrénées est trop difficile à franchir : les lignes passent donc à ses extrémités, à l'ouest (Hendaye-Irun) comme à l'est (Perpignan-Barcelone). Cependant, dès 1865, le Service spécial d'études du chemin de fer pyrénéen est chargé de se pencher sur la création d'une nouvelle ligne qui traverserait les Pyrénées. Après plusieurs débats, le choix de faire passer la ligne par le col du Somport est arrêté[1].

Construction
Entrée du tunnel ferroviaire du Somport côté espagnol en 2015.

La convention franco-espagnole du 18 août 1904, relative aux chemins de fer transpyrénéens, avait fixé l'emplacement d'une gare internationale côté français aux Forges d'Abel[2], dans la vallée d'Aspe, c'est finalement sur le versant espagnol qu'est construite la monumentale gare internationale de Canfranc[3]. Si les travaux de construction du tunnel du Somport sont achevés en 1915 (tunnel de 7 875 m de long), c'est en octobre 1922 que commencent les travaux de construction de la gare, douze ans après les débuts des travaux de terrassement de l'emplacement, sur les plans de l'ingénieur Fernando Ramírez de Dampierre[4]. Les ingénieurs du ministère espagnol de l'Équipement imposent des modifications, par exemple concernant les matériaux des façades. Côté français, la jonction Oloron - Bedous ouvre en 1914 et côté espagnol, la ligne Saragosse - Canfranc est inaugurée en 1922[1].

Mise en service le 11 juillet 1928, la gare est inaugurée le 18 juillet[4] par le président Gaston Doumergue et le roi Alphonse XIII[1].

Le bâtiment est d'une taille comparable à celui de la gare de Paris-Saint-Lazare[1]. Pour sa construction, il a été nécessaire de réaliser un travail d'ingénierie important à travers les zones forestières, du fait des avalanches et glissements de terrain constants sur les pentes. Ceci s'est traduit par une réhabilitation de l'hydrologie de ces zones forestières, qui est considéré comme l'un des meilleurs exemples connus de restauration hydrologique de la forêt. En stabilisant le terrain par la plantation d'arbres, ceci a permis la construction du chemin de fer qui relie les deux côtés des Pyrénées.

Durant la période de desserte internationale
Quais côté français en 1994.

Le fonctionnement de cette gare, de statut international, est régi par une convention franco-espagnole de 1928[5]. Malgré l'intégration de l'Espagne à l'Union européenne, et la suppression du trafic ferroviaire entre la France et l'Espagne par le tunnel du Somport, celle-ci est toujours restée en vigueur.

L'exploitation de la ligne est cependant une déception malgré sa modernité (électrification complète et transbordement de marchandises automatisé). Il faut en effet une longue journée pour effectuer les 310 km séparant Pau de Saragosse. La longueur du trajet s'explique par le changement de train obligatoire en gare de Canfranc, en raison de l'écartement différent des rails entre l'Espagne (1,6 m) et la France (1,435 m, norme de l'Union internationale des chemins de fer). Les formalités douanières sont aussi en cause[1].

En septembre 1931, un incendie occasionne d'importants dégâts[6]. S'étant déclaré dans le hall, il se propage à la bibliothèque, détruisant en totalité le restaurant et affectant la charpente en bois[6]. Si la cause est initialement identifiée comme un court-circuit, l'on parle ensuite d'un incendie spontané[6].

La guerre civile espagnole, en 1936, provoque la fermeture de la frontière franco-espagnole[4]. Les Franquistes prennent le contrôle de la gare le 20 juillet 1936[4]. Le trafic reprend puis est interrompu en août, le tunnel est muré en novembre[4],[1].

Le trafic reprend en mars 1940, et de nombreux échanges de marchandises transitent par la gare jusqu'en 1944, notamment entre l'Espagne, le Portugal et la Suisse, pays non engagés dans le conflit[4],[7]. Des convois de minerais de fer et de tungstène quittent l'Espagne vers l'Allemagne nazie, et de l'or transite en compensation dans le sens inverse[4],[7]. Il s'agit probablement de la seule période d'activité intense de l'histoire de la ligne[1]. Des centaines de Juifs et de Résistants utilisent cette voie pour fuir la France, aidés par le chef des douanes de Canfranc, Albert Le Lay[1]. Après l'invasion de la zone libre en novembre 1942, ses soldats allemands occupèrent la partie française de la gare, alors que la ligne y menant est utilisée par de nombreuses personnes quittant la France mais est aussi sabotée par des Résistants[4],[7].

À la Libération française, le tunnel est à nouveau muré par les autorités espagnoles, pour éviter l'arrivée de combattants anti-franquistes[4]. Le trafic reprend en 1948, mais le franchissement de la frontière est alors compliqué[4]. Le trafic voyageurs est caractérisé par des trains de pèlerinage et celui de marchandises par l'exportation d'agrumes vers la France[4].

À son apogée, le trafic voyageurs international ne dépasse pas la cinquantaine de voyageurs par jour pour un trafic fret limité[réf. nécessaire].

Fermeture de la section Oloron - Canfranc

Le 27 mars 1970, le déraillement d'un train de marchandises français parti en dérive entraîne la destruction du pont de l'Estanguet à proximité de la gare de Lescun - Cette-Eygun. Ce pont n'est pas reconstruit. Le trafic ferroviaire côté français est dès lors limité à Bedous avant l'abandon de la desserte de la section Oloron - Bedous. En effet, le déficit d'exploitation de la ligne, victime de la concurrence du transport de marchandises par camion, a raison du caractère provisoire de la suspension de la ligne initialement décidée par la SNCF, celle-ci devenant finalement définitive[1].

Les navettes routières en provenance de la France se pérennisent et sont intégrées aux dessertes par car du réseau TER Nouvelle-Aquitaine.

La gare est donc désormais un simple terminus espagnol, le trafic ayant été stoppé du côté français. La gare n'accueille en 2020 que vingt voyageurs par jour, sur un petit autorail qui effectue seulement deux allers-retours quotidiens. À l'inverse de la France, l'Espagne continue en effet de respecter la convention de 1928, qui interdit à chacun des pays d'interrompre son trafic sans l'aval de l'autre. Cela dit, le côté espagnol comporte moins d'ouvrages d'art à entretenir[1].

Galerie photographique de la gare

Photographies de la gare entre 2010 et 2015 :

Entrée du passage souterrain en août 2010.

Quai couvert en août 2010.

Quai couvert en août 2010.

Train de voyageurs espagnol désaffecté en gare en août 2010.

Couloir d'une des voitures.

Un compartiment de première classe.

Entrée de la gare en août 2013.

Quais en août 2013.

Rotonde ferroviaire en juin 2013.

Hall en septembre 2014.

La gare façade sur quais en 2015.

↑ a b c d e f g h i et j François Delétraz, « Canfranc, la renaissance d'une gare fantôme », Le Figaro Magazine, semaine du 3 avril 2020, p. 42-46. s:Convention relative à l'établissement de communications par voies ferrées à travers les Pyrénées s:Arrangement portant modification des articles 4 et 5 de la convention du 18 août 1904 relative à l'établissement de communications par voies ferrées à travers les Pyrénées ↑ a b c d e f g h i j et k Pascal Desmichel, « La gare monumentale de Canfranc à l’épreuve des temps. Grandeur et décadence d’un patrimoine ferroviaire de la montagne aragonaise (Espagne) », sur cybergeo.revues.org (consulté le 16 février 2011) s:Convention internationale pour le fonctionnement de la gare internationale de Canfranc et de la voie de jonction de cette gare avec la station française des Forges-d'Abel ↑ a b et c (es) « Incendio en la estación internacional de Canfranc », La Vanguardia,‎ 23 septembre 1931 (lire en ligne, consulté le 1er octobre 2014). ↑ a b et c (es) Laura Puy Muguiro, « Los nazis estuvieron en Canfranc », Diario de Navarra,‎ 7 juillet 2011 (lire en ligne, consulté le 2 octobre 2014).
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