Contexte de Bolivie

La Bolivie, en forme longue l'État plurinational de Bolivie (en espagnol : Bolivia et Estado Plurinacional de Bolivia, en quechua : Bulibiya et Bulibiya Mama llaqta, en aymara : Wuliwya et Wuliwya Suyu, en guarani : Volívia et Tetã Volívia), est un pays enclavé d'Amérique du Sud entouré par le Brésil au nord-est, le Paraguay au sud-est, l'Argentine au sud, le Chili au sud-ouest et le Pérou à l'ouest-nord-ouest.

Avant la colonisation européenne, le territoire bolivien appartenait à l'empire inca, qui était le plus grand État de l'Amérique précolombienne. L'Empire espagnol a conquis la région au XVIe siècle. ...Lire la suite

La Bolivie, en forme longue l'État plurinational de Bolivie (en espagnol : Bolivia et Estado Plurinacional de Bolivia, en quechua : Bulibiya et Bulibiya Mama llaqta, en aymara : Wuliwya et Wuliwya Suyu, en guarani : Volívia et Tetã Volívia), est un pays enclavé d'Amérique du Sud entouré par le Brésil au nord-est, le Paraguay au sud-est, l'Argentine au sud, le Chili au sud-ouest et le Pérou à l'ouest-nord-ouest.

Avant la colonisation européenne, le territoire bolivien appartenait à l'empire inca, qui était le plus grand État de l'Amérique précolombienne. L'Empire espagnol a conquis la région au XVIe siècle. Pendant la période coloniale espagnole, la région s'appelle « le Haut-Pérou » ou « Charcas ». Après la déclaration d'indépendance en 1809, 16 années de guerre se déroulent avant la mise en place de la République de Bolivie, nommée en l'honneur de Simón Bolívar.

La Bolivie est une république démocratique unitaire, divisée en neuf départements. Sa géographie est variée, comprenant des territoires de la cordillère des Andes, de l'Altiplano, de l'Amazonie et du Gran Chaco. Le taux de pauvreté est d'environ 39 %. Les principales activités économiques sont l'agriculture, la sylviculture et la pêche, les produits manufacturiers, comme le textile, l'habillement, les métaux raffinés, et le pétrole raffiné. La Bolivie est ainsi très riche en métaux comme l'étain, l'argent, ou encore le lithium.

La population bolivienne est multiethnique avec des Amérindiens, des Métis, des Européens, des Asiatiques et des Africains. La langue principale est l'espagnol, les langues aymara et quechua sont également fréquentes. La constitution bolivienne de 2009 reconnaît 37 langues officielles (aymara, araona, baure, bésiro, canichana, cavineña, cayubaba, chácobo, chimán, ese 'ejja, espagnol, guarani, guarasu’we, guarayu, itonama, kallawaya, leco, machineri, maropa, mojeño-trinitario, mojeño-ignaciano, moré, mosetén, movima, pacahuara, péquina, quechua, siriono, tacana, tapieté, toromona, uru-chipaya, wichi, yaminahua, yuki, yuracaré et zamuco), faisant de la Bolivie le pays avec le plus de langues officielles au monde. En raison de cultures différentes, la Bolivie jouit d'une grande diversité dans des domaines comme l'art, la cuisine, la littérature et la musique.

La Bolivie est membre de l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA) depuis 2006, après en être brièvement sortie au moment de la crise post-électorale bolivienne de 2019 jusqu'au 20 novembre 2020, date de sa réintégration.

Plus à propos Bolivie

Informations de base
  • Devise Boliviano
  • Nom natif Bolivia
  • Indicatif d'appel +591
  • Domaine Internet .bo
  • Mains voltage 230V/50Hz
  • Democracy index 5.08
Population, Area & Driving side
  • Population 11051600
  • Zone 1098581
  • Côté conduite right
Historique
  • Période précolombienne

    Avant la conquête espagnole, les Andes étaient habitées par de nombreuses cultures, dont la plus importante fut certainement la civilisation de Tiahuanaco (aussi écrit tiwanaku). Au XVe siècle, les Incas intégrèrent une partie de l'actuelle Bolivie dans leur empire.

    Colonisation espagnole

    Les Espagnols découvrirent à leur arrivée au XVIe siècle, une très grande quantité d'argent (dans les mines de Potosí). La Bolivie fit d'abord partie de la vice-royauté du Pérou avant de passer sous le contrôle de la vice-royauté du Río de la Plata. Avant l'arrivée des Espagnols, les hauteurs de la Bolivie étaient peuplées de polythéistes (religions incas), puis ces derniers y imposèrent graduellement le catholicisme. Aujourd'hui, la majorité de la population est catholique.

    Indépendance et l'ère des caudillos (1825-1884)

    Les luttes pour l'indépendance débutent en 1809 et celle-ci est acquise en 1825, grâce aux armées de Bolívar, en hommage duquel la Bolivie prit son nom. La Bolivie et le Pérou constituent, sous le nom de Confédération péruano-bolivienne, un seul pays pendant une courte période de temps (1836-1839). Comme le Pérou, le Chili, Mexique, ou la Colombie, le pays fait appel à la Bourse de Londres pour financer des sociétés minières[1]. Bolivar nationalise pour cinq millions de pesos de mines abandonnées, le 2 août 1825[1], pour les revendre, et créer la Potosi, La Paz and Peruvian Mining Association, qui sera liquidée après le krach de décembre 1825 et a pour agent James Paroissien, médecin anglais et officier bolivariste[2].

    La Bolivie connaît tout au long du XIXe siècle une période d'instabilité politique, marquée par de fréquents coups d'État et l'intervention répétée de l'armée qui ne totalise alors pas moins des deux tiers des dépenses publiques de l'État central[3]. Dans l'ère des caudillos qui s'étend sur une large partie du XIXe siècle, on distingue traditionnellement la période des caudillos letrados, courant de l'indépendance de 1825 à 1848, de celle des caudillos barbaros (1848 à 1884). Là où les premiers caudillos étaient majoritairement issus de la bourgeoisie créole, parfois instruits (letrados) à l'école militaire espagnole, à l'image des généraux Sucre et Santa Cruz, les seconds, d'origine plus populaire et indigène, ne devaient leur position qu'à leur ascension dans la hiérarchie militaire[4] ; ils sont restés célèbres pour leur cruauté et leur gestion approximative des affaires publiques.

    À l'issue des premiers revers de la guerre du Pacifique (1879-1884) menée contre le Chili, la Bolivie se dote en 1880 d'une Onzième Constitution depuis son indépendance.

    Démocratie « restreinte » (1884-1920)
     
    Les territoires perdus par la Bolivie au fil des conflits qui l'opposèrent à ses voisins.

    En 1884 a lieu l'élection du président Gregorio Pacheco qui inaugure une nouvelle période politique, caractérisée par l'instauration d'un corps électoral qui reste toutefois restreint[note 1]. Un parti conservateur et un parti libéral se structurent, en s'appuyant respectivement sur l'oligarchie minière de l'argent et de l'étain qui deviendra au début du XXe siècle la principale source de richesse du pays. Le coup d'État « libéral » de 1899 voit s'imposer durablement cette seconde tendance qui tiendra les rênes du pays jusqu'en 1920[6].

    En 1903, la Bolivie vend la région d'Acre au Brésil par le traité de Petrópolis. En 1904, elle perd une partie de son territoire et son unique accès à la mer des suites de la guerre du Pacifique contre le Chili[7].

    Un système d'instruction publique se développe, accompagné d'un anticléricalisme modéré : le catholicisme perd en 1906 son statut de seule religion reconnue par l’État et le mariage civil est adopté en 1911. Le libéralisme bolivien perd cependant nettement de son caractère progressiste pour coexister avec les intérêts des nouvelles fortunes de l'étain (l'ère libérale est parfois aussi considérée comme l'ère de l'étain, la production de celui-ci ayant considérablement augmentée), des propriétaires terriens et de l'armée. Inspiré par l'exemple de la révolution libérale menée par Eloy Alfaro en Équateur, un nouveau libéralisme va s'organiser et manifester quelques préoccupations sociales contre la domination de l'oligarchie libérale.

    Entre démocratie et dictatures (1920-1952) Dictature militaire (1920-1926) Présidence d'Hernando Siles Reyes (1926-1930)

    Le soulèvement de 1920, initié par le Parti républicain, d'inspiration nationaliste, initie une nouvelle période d'instabilité, renforcée par la crise économique consécutive au krach de 1929 ; elle conduit le président Salamanca à engager son pays dans la très meurtrière guerre du Chaco contre le Paraguay, avec lequel un conflit larvé existait depuis le milieu des années 1920[note 2].

    Présidence de Daniel Salamanca Urey et guerre du Chaco (1931-1935)

    La défaite après la guerre du Chaco (1932-1935) met fin à une rétraction constante du territoire bolivien depuis l'indépendance acquise en 1825. Le président Daniel Salamanca Urey est déposé par les militaires en 1935. La cession effective du Chaco est actée par un traité signé trois ans plus tard, en 1938.

    Dictature militaire (1935-1940)

    La fin de la guerre du Chaco marque une reprise en main des militaires. Le colonel Toro initie en 1937 la première nationalisation du pétrole en Amérique latine. La période se caractérise surtout par un renouvellement du paysage politique.

    Présidence d'Enrique Peñaranda (1940-1943) Dictature militaire (1943-1946) Démocratie (1946-1951) Refus de la victoire de Víctor Paz Estenssoro et révolution de 1952 (1951-1952) Mouvement nationaliste révolutionnaire (1952-1964)

    Le Mouvement nationaliste révolutionnaire (Movimiento Nacionalista Revolucionario), qui sera amené à jouer un rôle pivot dans la vie politique du pays jusque dans les années 1960, est créé en 1941. Malgré l'opposition de l'armée, il accède au pouvoir en avril 1952 après une nouvelle période d'instabilité politique. Il octroie le suffrage universel[9], entame sous la pression paysanne une réforme agraire en 1953[10] et nationalise, moyennant de fortes indemnisations, les mines des trois principaux « barons de l'étain » du pays[11]. Sa politique interventionniste s'infléchit progressivement et s'ouvre largement à l'influence des États-Unis dont l'aide représente en 1958 le tiers du budget national[12].

    Dictatures militaires (1964-1982)
     
    En 1971, Hugo Banzer Suárez, soutenu par la CIA, chassa de force le président Torres lors d'un coup d'État.

    En 1964, le coup d'État du général Barrientos ouvre une longue période de dictatures militaires qui ne s'achèvera qu'en 1980. Le 7 novembre 1966, le révolutionnaire argentino-cubain Che Guevara commence une guérilla armée avec la création de l'Armée de libération nationale de Bolivie (Ejército de Liberación Nacional de Bolivia, ELN) pour lutter contre cette dictature soutenue par la CIA, et pour la liberté et l'amélioration des conditions de vie du peuple bolivien. Après une dernière embuscade avec seize hommes, il fut capturé par une troupe de 1 800 soldats boliviens. Il est exécuté le 9 octobre 1967 à La Higuera par l'armée bolivienne, grâce à l'appui important des agents de la CIA et d'instructeurs de l'armée américaine formés au Viêt Nam.

    Barrientos meurt dans un accident d'avion en 1969, et son vice-président, le civil Luis Adolfo Siles Salinas, lui succède. Celui-ci est renversé en fin d'année et l'armée reprend le pouvoir.

    Après l'intermède de gauche du général Torres (1970-1971)[13], la dictature du général Banzer (1971-1978) est marquée par l'adoption de la « doctrine de sécurité nationale » qui se traduit par l'interdiction institutionnalisée de toute activité politique et syndicale[14]. Après la chute de Banzer, la Bolivie connaît entre 1978 et 1980 trois scrutins présidentiels annulés et huit présidents, dont six sont des généraux. Ainsi, les présidents par intérim Wálter Guevara Arze puis Lidia Gueiler Tejada tentent sans succès de restaurer la démocratie avant d'être tour à tour renversés par l'armée. En juin 1980, alors que le candidat de gauche Hernán Siles Zuazo sort vainqueur d'un nouveau scrutin, le général Luis García Meza Tejada s’empare du pouvoir (il s'agit alors du 190e coup d’État depuis l'indépendance). La Centrale ouvrière bolivienne, qui tentait d'opposer une résistance au putsch, est violemment réprimée. Plus d'un millier de personnes sont tuées en moins d'un an. Cousin de l'un des plus importants narco-trafiquant du pays, Luis García Meza Tejada favorise la production de cocaïne ce qui conduit à la rupture des relations diplomatiques avec les États-Unis et contraint les militaires à soutenir un processus démocratique qui porte, après vingt-deux ans de dictatures quasiment ininterrompues, Hernán Siles Zuazo au pouvoir[15].

    Présidence de Hernán Siles Zuazo (1982-1985) Libéralisation de l'économie (1985-2000)

    Les différents présidents qui se succèdent à partir de 1985 — Víctor Paz Estenssoro, Jaime Paz Zamora, Gonzalo Sánchez de Lozada, l'ancien ministre de l'Économie du premier cité, et l'ancien dictateur Banzer — suivront durant une quinzaine d'années une ligne de conduite conforme à l'orthodoxie des institutions financières internationales : lutte contre l'inflation, réduction du déficit budgétaire, réduction du périmètre du secteur nationalisé seront les contreparties d'un réaménagement de la dette du pays[16].

    Crise sociale récurrente (2000-2005)

    En 2000, un gisement de gaz naturel, estimé à 1,58 milliard de mètres cubes, est découvert dans la région de Tarija. Pour construire un gazoduc vers la mer, deux options étaient possibles : soit passer par le Pérou, soit passer par le Chili. Le choix de privilégier la voie chilienne, plus facile du point de vue technique, mais critiquée en raison des ressentiments remontant aux guerres du XIXe siècle, cristallise un mécontentement social latent qui se traduit par un mouvement protestataire d'ampleur nationale. Des manifestations contre les hausses de prix ayant suivi les privatisations tournent parfois à l'émeute et sont durement réprimées (80 morts et 500 blessés)[17]. L'ampleur des mobilisations contraint le président Sánchez de Lozada à démissionner en octobre 2003[18].

    L'arrivée au pouvoir du vice-président Carlos Mesa ne stabilise pas une situation sociale explosive. En juillet 2004, sous la pression du Mouvement vers le socialisme (MAS) du syndicaliste paysan Evo Morales, il organise un « référendum du gaz » au cours duquel la population se prononce en majorité pour une nationalisation des hydrocarbures. Devant l'opposition du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et des multinationales, il déclare que cette loi est « impossible » à mettre en œuvre[17]. Le 6 juin 2005, à la suite de nombreuses manifestations, Carlos Mesa démissionne, laissant sa place au chef du Tribunal suprême, Eduardo Rodríguez[19]. Cependant le retour au calme est fragile, les mouvements populaires, essentiellement indiens, continuant de réclamer (entre autres) la renationalisation des réserves de pétrole et de gaz du pays, exploitées par des firmes américaines ou européennes.

    Présidence d'Evo Morales (2006-2019)

    Evo Morales remporte l'élection présidentielle de 2005 avec 53,7 % des voix[20] contre son concurrent l'ex-président de la Bolivie Jorge Quiroga[21]. Le 22 janvier 2006, le congrès le nomme officiellement président ; il devient alors le premier président bolivien d'origine amérindienne depuis le XIXe siècle et le mandat d'Andrés de Santa Cruz y Calahumana (1829-1839). Des élections législatives normalement prévues pour le 4 décembre 2005 sont reportées au 18 décembre 2005 et remportées par le MAS, le parti présidentiel. L'élection d'Evo Morales vit donc une nouvelle restructuration du paysage politique avec l'avènement d'un fort parti de gouvernement[22].

    Réformes économiques

    Le 1er mai 2006, Evo Morales a annoncé par décret la nationalisation des hydrocarbures et la renégociation de tous les contrats des entreprises étrangères dans un délai de 180 jours. L'objectif est que 82 % des revenus des hydrocarbures soient réservés à l'État. La compagnie nationale Yacimientos Petrolíferos Fiscales Bolivianos (YPFB) devient ainsi la seule instance autorisée à commercialiser les hydrocarbures[23]. Cette initiative affecte au premier chef la société brésilienne Petrobras.

    Les revenus dégagés par ces nationalisations permettent de financer plusieurs mesures sociales : la Renta Dignidad (ou minimum vieillesse) pour les personnes âgées de plus de 60 ans ; le bon Juana Azurduy (du nom de la révolutionnaire Juana Azurduy de Padilla, 1780-1862), qui assure la prise en charge complète des frais médicaux aux femmes enceintes et à leur enfant afin de combattre la mortalité infantile ; le bon Juancito Pinto (du nom d’un enfant héros de la guerre du Pacifique, 1879-1884), une aide versée jusqu’à la fin du secondaire aux parents dont les enfants sont scolarisés afin de lutter contre la désertion scolaire, ou encore le Système unique de santé qui depuis 2018 offre à tous les Boliviens la gratuité des soins médicaux[24].

    Les réformes adoptées ont fait du système économique bolivien le plus réussi et le plus stable de la région. Entre 2006 et 2019, le PIB est passé de 9 milliards à plus de 40 milliards de dollars, le salaire réel a augmenté, le PIB par habitant a triplé, les réserves de change sont à la hausse, l’inflation a été pour l'essentiel éliminée, et l’extrême pauvreté a chuté, passant de 38 % à 15 %, ce qui constitue une baisse de 23 points[25],[26].

    Question de l'autonomie départementale
     
    En vert, les départements revendiquant leur autonomie.

    Le 2 juillet 2006, se tiennent simultanément un référendum sur l'autonomie départementale et l'élection des représentants à une Assemblée constituante[27]. La décentralisation était une des revendications essentielles des protestations exprimées en 2005 par les mouvements de la région de Santa Cruz. À l'inverse, les mouvements d'origine amérindienne dénoncent cette volonté autonomiste, qui servirait selon eux la minorité oligarchique du pays.

    Le MAS remporte 55 des 70 circonscriptions uninominales avec 50,7 % des suffrages exprimés au niveau national lors de l'élection de la Constituante. Si le « non », pour lequel le MAS s'était fortement mobilisé, l'emporte largement au niveau national lors du référendum pour l'autonomie départementale (57,6 % des voix), les résultats locaux trahissent la fracture territoriale est-ouest du pays. Les départements de Santa Cruz, Tarija et Pando se prononcèrent en effet largement pour l'autonomie avec respectivement 74 %, 61 % et 58 % des voix en faveur du « oui »[28].

    Réforme constitutionnelle

    Les travaux de l'Assemblée constituante, présidée par l'Indienne quechua Silvia Lazarte (es), devaient initialement prendre fin en août 2006 ; émaillés de nombreux incidents, ils ont été prolongés jusqu'à la fin de l'année 2007. Les députés du MAS ont approuvé le texte de la Constituante le 9 décembre 2007 à Oruro, en présence de 164 des 255 constituants. Le parti PODEMOS n'a pas souhaité prendre part au vote, estimant que l'assemblée n'avait pas réuni les conditions d'un débat démocratique. Un référendum national concernant cette nouvelle Constitution a été convoqué par le président Morales pour mai 2008 mais la Cour électorale a refusé de valider cette convocation, arguant que cette dernière n'avait pas suivi la voie légale[29]. La nouvelle constitution fut adoptée par voie de référendum le 25 janvier 2009, à 58,7 %, selon un sondage de sortie des urnes d'Ipsos Apoyo pour le quotidien La Razón et ATB[30]. Cette Constitution novatrice, qui ne remettait pas en cause les prérogatives dévolues à l'exécutif, modifiait cependant les principes constitutionnels en vigueur en Bolivie jusqu'à présent[31]. L'esprit de cette Constitution était affiché dans son préambule qui mettait en exergue les valeurs des peuples indigènes de Bolivie et remettait en cause « l'État colonial, républicain et néolibéral au profit d'un État unitaire social de droit plurinational communautaire »[32]. L'élection d'Evo Morales en 2005 et l'approbation de la Constitution de 2009 prouvaient la volonté du peuple de consacrer un pouvoir exécutif soumis au contrôle des électeurs par des élections mais disposant de marges de manœuvre importantes allant parfois au-delà du texte même de la Constitution ; ainsi, Evo Morales qui bénéficiait dès son élection de l'ensemble du pouvoir législatif dans le pays, avec plus de deux tiers des représentants à l'Assemblée législative plurinationale, précisa que sa priorité résidait dans le vote des lois organiques à l'Assemblée législative plurinationale pour l'application de la nouvelle Constitution approuvée en 2009[33].

    Crise politique et menaces sécessionnistes

    Les réformes économiques et constitutionnelles mises en œuvre par la majorité présidentielle rencontrent de vives résistances au sein des élites économiques créoles du croissant est du pays qui concentre les richesses gazières boliviennes. Ces dernières ont, depuis le début des années 2000, traduit leur opposition au pouvoir central par des revendications autonomistes, portées par un ensemble d'organisations dont le Comité civique de Santa Cruz est l'une des plus actives. Les préfets élus des départements de Santa Cruz, Beni et Pando soutiennent ce mouvement pour une autonomie élargie.

    Un référendum portant sur un statut d'autonomie régionale, et déclaré illégal par le pouvoir central, s'est tenu en mai 2008 dans le département de Santa Cruz à l'initiative de son préfet, Rubén Costas[34]. En réponse à ce qui peut apparaître comme une remise en cause de sa légitimité électorale, le président Morales a décidé de remettre son mandat en jeu lors d'un référendum qui s'est tenu le 10 août 2008[35]. Morales gagna ce référendum avec 67 % des voix[36], bien que certains médias d'opposition aient laissé entendre de possibles fraudes de la part de membres du MAS. Les sondages à la sortie des urnes effectués par des instituts d'enquête privés, pour le compte de ces mêmes journaux, donnaient toutefois sensiblement le même résultat (entre 62 et 64 %[37],[38]).

    En décembre 2010, sous l’impulsion des communautés locales andines et du président Evo Morales, la Bolivie a introduit une « Loi des droits de la Terre Mère » qui accorde des droits à la nature, à l’instar des droits de l’homme.

    Crise politique de 2019

    En novembre 2019, une crise éclate dans le cadre d’une contestation des résultats officiels des élections générales d'octobre qui proclament la réélection d’Evo Morales, dont le parti était parvenu à revenir judiciairement sur le référendum de 2016 interdisant au chef de l’État de briguer un quatrième mandat. Des manifestations menées notamment par le Comité civique de Santa Cruz se déroulent dans plusieurs villes contrôlées par le MAS. Au cours de ces troubles, trois personnes trouvent la mort.

    Après la conclusion de l’enquête de l’Organisation des États américains faisant état de fraudes, Evo Morales annonce la tenue de nouvelles élections, mais l'armée l'appelle à démissionner. Il décide de quitter le pays, tout comme le vice-président, en dénonçant un coup d'État[39]. Après la démission d’autres personnalités amenées à succéder à Morales dans l’ordre protocolaire, Jeanine Áñez, deuxième vice-présidente de la Chambre des sénateurs, devient présidente de la République, mais sa légitimité est contestée par le MAS[40]. Des manifestations éclatent dans les régions majoritairement indigènes et font des dizaines de morts[41].

    Une étude de trois chercheurs indépendants, rapportée par le New York Times du 7 juin 2020, montre que l'enquête diligentée par l'OEA présente des problèmes méthodologiques, et conteste les accusations de fraude[42].

    Retour du MAS au pouvoir (depuis 2020)

    Après deux reports d'élection, des nouvelles élections générales ont finalement lieu le 18 octobre 2020, et Luis Arce, le candidat du MAS, est élu au premier tour avec 55,10 % des voix.  

    ↑ a et b (en) John Lynch, Simón Bolívar : A Life, Yale University Press, 2007 (ISBN 978-0-300-12604-4, lire en ligne), p. 206 (en) Desmond Gregory, Brute New World : Rediscovery of Latin America in the Early 19th Century, British Academic Press, 1992 (ISBN 978-1-85043-567-9, lire en ligne) Rudel 2006, p. 85. Rudel 2006, p. 93. Rudel 2006, p. 110. Rudel 2006, p. 96. Rudel 2006, p. 97. Rudel 2006, p. 104. Rudel 2006, p. 111. Rudel 2006, p. 112. Rudel 2006, p. 114. Rudel 2006, p. 118. Rudel 2006, p. 123. Rudel 2006, p. 126. Maurice Lemoine, Les enfants cachés du général Pinochet. Précis de coups d’État modernes et autres tentatives de déstabilisation, Don Quichotte, 2015, p. 122-127. Rudel 2006, p. 133. ↑ a et b « Lignes de fracture en Amérique latine », sur Risal, juin 2005 Rudel 2006, p. 144. Rudel 2006, p. 147. Hervé Do Alto et Franck Poupeau, « Affrontements autour de la nouvelle Constitution : « Révolution hors la révolution » en Bolivie », Le Monde diplomatique,‎ février 2008, p. 18-19.. Jean-René Garcia, La Bolivie, histoire constitutionnelle et ambivalence du pouvoir exécutif, France, L'Harmattan, 2012, 286 p. (ISBN 978-2-296-11502-6), p. 2130 Jean-René Garcia, La Bolivie, histoire constitutionnelle et ambivalence du pouvoir exécutif, France, L'Harmattan, 2012, 286 p. (ISBN 978-2-296-11502-6), p. 214. « Evo Morales nationalise les hydrocarbures boliviens », Le Monde,‎ 2 mai 2006. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées :2 « Économie. Le miracle économique de la Bolivie », sur Courrier international, 9 août 2019 « Prodigieuse métamorphose de la Bolivie », sur www.medelu.org. Daniel Dory, « Polarisation politique et fractures territoriales en Bolivie », Hérodote, no 123,‎ 4e trimestre 2006, p. 82. Daniel Dory, « Polarisation politique et fractures territoriales en Bolivie », Hérodote, no 123,‎ 4e trimestre 2006, p. 86. AFP, « Mobilisation internationale pour sortir la Bolivie de la crise politique », 5 avril 2008 (es) « Un país dividido aprueba la nueva CPE con el 58,7 % », La Razón,‎ 26 janvier 2009 (lire en ligne, consulté le 26 janvier 2009). Jean-René Garcia, La Bolivie, histoire constitutionnelle et ambivalence du pouvoir exécutif, France, L'Harmattan, 2012, 286 p. (ISBN 978-2-296-11502-6), p. 216. Cité dans Jean-René Garcia, La Bolivie, histoire constitutionnelle et ambivalence du pouvoir exécutif, L’Harmattan, France, 2012, p. 216. Jean-René Garcia, La Bolivie, histoire constitutionnelle et ambivalence du pouvoir exécutif, France, L'Harmattan, 2012, 286 p. (ISBN 978-2-296-11502-6), pp. 220-221. « Santa Cruz met la pression sur Morales », Le Soir, 6 mai 2008, p. 13. « La Bolivie risque d'éclater », La Presse, 15 mai 2008, p. A20 http://www.vicepresidencia.gob.bo/IMG/pdf/referendum_revocatorio.pdf Ipsos, http://www.la-razon.com/versiones/20080811_006361/nota_249_649342.htm Non cité, « http://www.eldeber.com.bo/2008/2008-08-10/index.php »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?) (consulté le 22 janvier 2015). « Bolivie: Morales quitte la présidence et dénonce un «coup d’État» », sur Mediapart, 11 novembre 2019 (consulté le 20 novembre 2019). « En Bolivie, la présidente Jeanine Añez campe sur ses positions conservatrices », sur RFI, 16 novembre 2019 (consulté le 20 novembre 2019). « Au moins 23 personnes sont mortes depuis le début de la crise en Bolivie », sur Le Huffington Post, 17 novembre 2019 (consulté le 20 novembre 2019). Romain Houeix, « Présidentielle en Bolivie : une étude statistique conteste les accusations de fraude d'Evo Morales », sur France 24, 9 juin 2020 (consulté le 10 juin 2020)


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